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A partir de 15 heures devant une Assemblée sans majorité, le Premier ministre a pris la parole pour détailler ses priorités et la méthode qu'il compte appliquer depuis Matignon. Un discours de politique générale très attendu près de quatre semaines après sa nomination par Emmanuel Macron. Plusieurs partis, y compris au sein du camp présidentiel, ont déjà mis en garde Michel Barnier contre des "lignes rouges" qu'il ne devrait pas franchir sous peine de perdre leur soutien, voire de déclencher le vote d'une motion de censure. Le chef du gouvernement devait donner des gages à sa coalition hétéroclite et présenter des solutions pour redresser en premier lieu les finances publiques. Le déficit dépasse les 6 % du PIB cette année.
Pour tenter de ramener "le déficit à 5 % du PIB en 2025 et sous les 3 % en 2029", Michel Barnier a annoncé "une contribution exceptionnelle" des "Français les plus fortunés" et un "effort ciblé, limité dans le temps" supporté par les "grandes et très grandes entreprises qui réalisent des profits importants". Le chef du gouvernement a également mis l’accent sur la nécessité de faire des économies. "Le premier remède de la dette, c'est la réduction des dépenses" a-t-il déclaré mettant en avant l’importance de " l'efficacité de la dépense publique" et l’importance de développer "une culture de l’évaluation". En ce sens il souhaite "mutualiser et regrouper des agences", ainsi que "mieux détecter les cas de sur-transposition des normes européennes" pour une "simplification" des normes. Il a par ailleurs annoncé la fusion de "France Stratégie avec le Haut-Commissariat au plan. Il y a dans les services de l’Etat de l’intelligence et de l’expertise, qui peuvent être utilisées sans avoir recours aux cabinets de conseils privés" a-t-il souligné.
Le chef du gouvernement a également placé au cœur de son action la "dette écologique". "Nous pouvons et nous devons faire plus pour lutter contre le réchauffement climatique", citant "l'économie circulaire", la "décarbonation des usines", "l'encouragement aux innovations". "Je crois depuis longtemps à une écologie des solutions", a-t-il affirmé, promettant par ailleurs de poursuivre "résolument le développement du nucléaire", "des énergies renouvelables", de "la biomasse".
Michel Barnier s’est ensuite dit "prêt à une réflexion" sur "le scrutin à la proportionnelle". Il a évoqué la nécessité de reprendre "dialogue sur les retraites" et a proposé "aux partenaires sociaux de réfléchir à des aménagements raisonnables de la loi." En matière de pouvoir d’achat, le SMIC sera revalorisé "de 2 % dès le 1er novembre" a-t-il expliqué.
Le Premier ministre a également fixé "cinq grands chantiers prioritaires" pour la France : le niveau de vie, les services publics, la sécurité au quotidien, la fraternité et l’immigration.
Ma politique sera "indissociable du respect de l’État de droit" a enfin assuré le Premier ministre alors que les déclarations de Bruno Retailleau, le nouveau ministère de l'Intérieur, ont déclenché une polémique depuis ce week-end. En affirmant d’abord que "l’immigration n’est pas une chance" et en estimant ensuite que "l’État de droit, ça n’est pas intangible ni sacré". La gauche mais aussi une partie du bloc présidentiel, dont plusieurs membres sont au gouvernement, avaient vivement dénoncé ces déclarations. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a par exemple rappelé que l'Etat de droit "protège[ait] notre démocratie", se disant "inquiète" des propos de l'ancien patron des sénateurs LR. Le député MoDem Erwan Balanant a, de son côté, appelé le chef du gouvernement à "recadrer" son ministre de l’Intérieur. Avant de prévenir : "Le peuple souverain sans l’État de droit, c’est la dérive immédiate vers le populisme et le rêve des extrêmes".
Une avalanche de réactions qui a poussé Bruno Retailleau à publier un communiqué ce mardi matin. "Bien sûr qu’il ne peut y avoir de démocratie sans État de droit, sans que la puissance publique ne respecte le droit et les libertés. C’est là le fondement de notre République" a-t-il écrit. Avant de marteler, à nouveau, son ambition réformatrice : "Lorsque les textes en vigueur ne garantissent plus tous les droits - à commencer par le premier d'entre, le droit d’être protégé -, ils doivent évoluer, dans le plein respect des institutions de notre République". Puis l’ex-chef de file des sénateurs Les Républicains a assuré que c’est "ce que nous ferons sous l'autorité du Premier ministre".
Alors que retenez-vous de ce discours de politique générale ? Qu’est-ce qui se dessine ? Comment l’exécutif compte-t-il boucler le budget 2025 ? Quelle politique en matière d’immigration ?
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