Le député achetait de la drogue dans le métro
Le député La France insoumise Andy Kerbrat a été interpellé à Paris le 17 octobre dernier alors qu'il achetait de la drogue à Paris. L'élu a reconnu les faits. Il a expliqué dans un communiqué publié mardi être "à disposition de la justice" et vouloir "entamer un protocole de soins" pour soigner son addiction. Les policiers ont découvert sur le parlementaire 1,35 gramme de 3MMC, une drogue de synthèse aussi baptisée nouvelle cocaïne, en plein essor en France. L'élu de la 2e circonscription de Loire-Atlantique est poursuivi pour usage de stupéfiants et convoqué pour notification d'une ordonnance pénale.
Cette affaire, d’abord révélée par Valeurs actuelles et Le Parisien, suscite de nombreuses réactions sur les réseaux sociaux et à l’Assemblée Nationale. Si la gauche soutient le parlementaire et insiste sur les questions de prise en charge de la toxicomanie, plusieurs membres du gouvernement lui demandent de démissionner. Parmi ceux qui ont réagi rapidement pour exiger son départ de l’hémicycle, se trouve Bruno Retailleau. "Alors que le narcobanditisme s’installe en France avec son cortège de violences, il n'est pas tolérable de voir un député de la République acheter des drogues de synthèse à un dealer de rue" a écrit sur X le ministre de l’Intérieur. Avant de juger qu'un parlementaire a "un devoir d’exemplarité" qui nécessite pour Andy Kerbrat de "tirer les conséquences de ses actes".
À l’inverse plusieurs élus du NFP ont salué sa volonté de rentrer dans un protocole de soin et rappellent que "les addictions touchent toute la société, parlementaires et ministres inclus". Ce n'est d’ailleurs pas la première fois qu'un député est mis en cause pour sa consommation de drogue. Avant Andy Kerbrat, le député Emmanuel Pellerin, alors membre du parti présidentiel, avait reconnu en janvier 2023 auprès de Mediapart avoir "consommé de la cocaïne avant et après son élection à l’Assemblée en juin" 2022. Le sénateur centriste Joël Guerriau, qui a été mis en examen pour "administration d'une substance" afin de commettre "un viol ou une agression sexuelle" en novembre dernier, a exclu toute démission en dépit de la demande du président de la chambre haute Gérard Larcher et d'une centaine d'élus. L'élu avait été testé positif aux amphétamines, au cannabis, à la cocaïne, à la méthadone et à la MDMA. Dans le sillage de cette affaire, la députée Caroline Janvier avait évoqué dans les colonnes de Paris Match des "pratiques addictives" des élus et autres responsables, assurant que la politique génère des "comportements déviants".
Selon le rapport 2022 de l'Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT), la France compterait 5 millions d'usagers de cannabis (ceux qui ont consommé au moins une fois le produit dans l'année). Parmi eux, environ 1,3 million seraient des consommateurs réguliers (plus de dix fois par mois) et 850.000 des utilisateurs quotidiens. La consommation de cocaïne arriverait en seconde position, avec 600.000 utilisateurs au moins une fois dans l'année. Les drogues de synthèse concerneraient, elles, environ 400.000 usagers par an. D’après les données de l'office anti-stupéfiants (Ofast), 240.000 personnes vivraient directement ou indirectement du trafic de stupéfiants en France, dont 21.000 à temps plein.
Un narcotrafic qui submerge aujourd’hui le pays d’après les conclusions publiées en mai dernier par une commission d’enquête sénatoriale. Dans les Palais de justice, le nombre de dossiers à traiter, notamment liés au trafic de drogues, se multiplient. Alors certaines juridictions cherchent des parades, pour avancer plus vite : au tribunal correctionnel de Bobigny, certaines affaires conséquentes sont jugées lors d’audiences de comparution immédiate. Les équipes de C dans l’air ont exceptionnellement pu se glisser dans l’une de ces audiences.
Outre la consommation de drogues, les autorités évoquent également l’inquiétante hausse de la consommation d’antidépresseurs chez les jeunes. Elle a bondi de 60 % chez les 12-25 ans entre 2019 et 2023, d’après un récent rapport de l’Assurance-maladie. Quatre ans après le premier confinement pendant la crise sanitaire, les spécialistes de la santé mentale alertent : le mal-être des jeunes continue à s'aggraver et les structures de prise en charge sont surchargées.
Nous en parlerons dans #cdanslair à 17.45 sur France 5. Retrouvez la présentation des experts de ce soir sur notre site. Vous pouvez dès maintenant nous poser vos questions en commentaire !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire