Les discussions autour du budget 2025 vont-ils virer à la foire d'empoigne, alors que le gouvernement Barnier se retrouve directement face à une Assemblée où il n'est pas majoritaire et où il sera difficile de convaincre tout le monde ? "Il y aura du débat, je veux qu'il y ait du débat, le plus longtemps possible", assure le ministre en première ligne. Le 49.3, "je ne le souhaite absolument pas ! Les institutions françaises fonctionnent très bien ainsi : on propose un texte, et le Parlement en débat, Assemblée nationale et Sénat. Le calendrier est de 70 jours pour un projet de loi de finances. Nous avons besoin de débattre, entre le gouvernement et le Parlement, entre groupes parlementaire, pour savoir quelles sont les contre-propositions."
"Le texte sorti en commission était irresponsable et inacceptable"
Un débat sur lequel il pose quand même une "ligne rouge", et pas des moindres : "Qu'on redresse les comptes publics et que l'objectif de 5 % de déficit en 2025 soit tenu. Il faut aussi que ce soit fait de façon raisonnable en termes de proportion entre la baisse de la dépense et les impôts." Laurent Saint-Martin tacle au passage "le texte sorti hier en commission, irresponsable et inacceptable" selon lui. Le débat oui, mais dans les limites de ce que le ministre juge raisonnable.
Difficile dans ces conditions d'imaginer éviter un 49.3, avec le risque, à nouveau, d'une motion de censure. "Je fais confiance au Parlement. Les débats n'ont même pas commencé ! Il y aura des modifications nécessaires sur le texte", reconnaît Laurent Saint-Martin, qui espère toutefois qu'elles permettront de "garder l'objectif de réduction des dépenses. Je ne désespère pas que le Parlement prenne ses responsabilités là-dessus."
Cette baisse des dépenses fait aussi des mécontents au sein de l'exécutif. Des ministres comme Didier Migaud ou Agnès Pannier-Runacher mettent même leur démission dans la balance si leur budget devait trop baisser. Mais, assure Laurent Saint-Martin, "tous les ministres qui ont accepté de rentrer dans ce gouvernement connaissaient l'état de nos finances publiques et la nécessité urgente de les redresser". "Qu'il y ait des demandes de négociations budgétaires ministère par ministère, c'est classique. Chacun doit prendre ses responsabilités. Le budget de la transition écologique, il est en hausse, fortement ! Là où Agnès Pannier-Runacher a raison de discuter, c'est sur les changements à l'intérieur des priorités."
Dérapage budgétaire : "Ne pas laisser prospérer une mauvaise musique de dissimulation"
Sur l'origine de la situation actuelle, avec un dérapage budgétaire sévère ces derniers mois, et la création d'une commission d'enquête sur le sujet pour identifier les responsabilités de chacun, Laurent Saint-Martin "trouve assez détestable de considérer que ceux qui étaient au gouvernement avant nous [donc son camp politique, NDLR] seraient coupables de mensonge ou de dissimulation". "C'est pas une question de mensonge, mais de difficulté à prévoir les recettes fiscales, tout simplement parce qu'au lendemain des crises, il y a une difficulté à prévoir le juste rebond en termes de recettes."
Le ministre dit toutefois se réjouir qu'une commission d'enquête puisse "poser les bonnes questions et aller plus dans le détail". "Ce qu'il ne faut pas, c'est laisser prospérer une mauvaise musique de dissimulation. Si la commission d'enquête permet d'avancer là-dessus, c'est très bien."
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