dimanche 22 décembre 2024

 

Histoire des calendriers

Invention de l'ère chrétienne... et oubli de l'An zéro

Dans les temps anciens, on comptait généralement les années à partir de l'année d'intronisation du souverain régnant (ce système prévaut encore dans l'empire du Japon).

Cette monnaie romaine en or (aureus) est à l'effigie de l'empereur Hadrien. Au verso, elle célèbre les Jeux de l'an 121, ou 874 après la fondation de la Ville(ANN DCCCXXIIII AB URB COND)Les Romains préféraient toutefois les compter à partir de la fondation de Rome, selon l'expression latine AUC ab urbe condita, ce qui signifie : « depuis la fondation de la ville ». Devenu chrétien, l'empire romain conserve cette tradition et ce sont des querelles de clercs qui vont y mettre fin.


À chacun son calendrier

À la fin de l'empire romain comme au début du Moyen Âge, en Occident, les calendriers varient en fonction des métiers, ainsi que le souligne l'historien Bruno Dumézil : « C’est le cas des métiers judiciaires : les tribunaux ferment pendant les moissons, les vendanges, ou les anniversaires des membres de la famille impériale. Du point de vue religieux, les calendriers chrétien et judaïque cohabitent. Mais, au sein même des communautés chrétiennes, les temps forts de l’année varient en fonction des saints que l’on célèbre. Enfin, n’oublions pas les calendriers agricoles, qui rythment l’année en fonction des saisons et des travaux des champs, et qui ont leurs propres fêtes comme celles de la Saint-Jean. ».
La semaine de sept jours prend le pas sur les douze mois de l'année dans la vie quotidienne, le septième étant consacré au repos et à la prière, conformément aux enseignements de la Genèse (« Dieu bénit le septième jour et le consacra »). C'est le dimanche (dies dominicus« jour du Seigneur ») marqué par la célébration de l'eucharistie (la messe), rythme le temps liturgique des chrétiens et très vite le repos dominical s'imposa afin que chacun puisse célébrer comme il convient le Jour du Seigneur.
La journée est elle-même rythmée par les huit heures canoniales indiquées par les cloches des monastères et scandées par la prière des moines : matines, laudes, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies.

L'Église invente l'ère chrétienne

Sitôt que le christianisme est devenu religion officielle de l'Empire romain, le clergé a eu soin de christianiser les traditions païennes. C'est ainsi qu'en 354, le pape Libère établit au 25 décembre la fête de Noël, qui célèbre la naissance du Christ, en remplacement des Saturnales romaines et de la fête du soleil vainqueur (Sol invictus). C'est une manière de rappeler que Jésus est la « Lumière du monde ».

À partir du VIIe siècle, l'Église organise l'année liturgique autour des grandes fêtes christiques (Noël, Pâques, Ascension, Pentecôte) ainsi que des fêtes mariales (Annonciation et Assomption) et sanctorales (la Saint-Jean, 24 juin).

Pour fixer la date de Pâques, principale fête chrétienne, qui célèbre la résurrection de Jésus-Christ trois jours après sa mort sur la croix, les premiers chrétiens s'en remettent à la tradition juive, fondée sur un calendrier lunaire. Mais cette solution finit par déplaire à l'Église, désireuse de s'émanciper du judaïsme.

- Denys le Petit date la naissance du Christ :

Portrait de Denys le Petit (Dionysius Exiguus) d'après une miniature du VIe siècleDésireux de mettre un terme aux « querelles pascales » qui agitent l'Église, quelques moines se mettent en quête d'une passerelle entre le calendrier lunaire des juifs et le calendrier solaire des Romains.

C'est ainsi qu'en 532 de notre ère, au temps de l'empereur Justinien, un moine scythe réfugié à Rome, Denis le Petit, situe l'année de la naissance du Christ 753 ans après la fondation de Rome, l'année de référence des anciens Romains. 

Cela dit, on pense aujourd'hui qu'il s'est trompé de 5 ans, le roi Hérode, contemporain de la naissance du Christ, étant mort en l'an 750 de la création de Rome ; le Christ serait donc né entre l'An 3 et l'An  6 avant l'ère chrétienne.

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