Les contraintes festives du calendrier ne présentent pas que des inconvénients. La parution avancée de ce numéro du « Canard », le 31 décembre au matin, nous prive, certes, des vœux solennels à la nation présentés ce soir par Macron. Mais elle nous offre d’autres possibilités : celle, par exemple, de se pencher sur ceux de l'an passé pour en mesurer la fiabilité...
2024, un grand millésime où Macron entendait « agir et agir encore dans l’intérêt de la nation » !
Sur fond de jardin de l’Elysée avec des drapeaux européens accrochés comme sur une corde à linge, Macron, dans son adresse aux Français, nous scandait sans hésiter que 2024 serait une « année de détermination, de choix, de régénération et de fierté ». Et, du même élan, il s’emballait : « A nous de faire ensemble, à nous de choisir plutôt que de subir, à nous de tracer la route plutôt que de suivre… » .
Tout un programme !
Sauf qu’il ne s’est pas exactement déroulé comme annoncé.
Pour sa « détermination » à vouloir croire envers et contre toutes les analyses à une victoire de son camp aux européennes, on a vite mesuré ce qu’il en a été.
Quant à son « choix » et à sa « fierté » de théâtraliser la baffe électorale en prenant non pas « ensemble » mais seul, encouragé par deux ou trois séides, la décision de la dissolution, là encore aucun de ses vœux n’a été exaucé, c’est tout le contraire qui est arrivé.
Horizon brouillé
Macron ne « choisit » plus son Premier ministre. Après Barnier, il « subit » Bayrou en ayant dû se résoudre à céder aux sempiternelles menaces de rupture de ce dernier. Ce qui lui tenait lieu de majorité ne cesse de se déliter, et le voilà désormais lui-même à couteaux tirés avec Gabriel Attal, son ex-Premier ministre et « petit frère » à la tête du parti présidentiel. Et, s’il peut encore (lire également p. 2) être soupçonné de rayer des noms sur une liste de ministrables, il ne « trace » plus grand-chose mais se retrouve obligé de suivre un chemin qui n’est plus vraiment le sien… Lui qui annonçait, dans son envolée votive, 2024 comme « une année où beaucoup de notre avenir allait se déterminer » n’avait pas complètement tort en ce qui concerne celui de la fin de son second quinquennat, à l’horizon plus que brouillé par les mauvaises décisions précitées. Mais, excepté pour les Jeux olympiques et la restauration de Notre-Dame, pour tous ses autres vœux de l’année passée, il s’est lourdement planté.
Que ce soit pour « rendre notre République plus forte », pour « œuvrer à la paix au Proche-Orient », pour « arrêter la Russie » en Ukraine, ou encore pour que « notre écologie à la française » puisse « se déployer comme un modèle »… chacun des chers « Françaises, Français de métropole, de nos Outre-Mers et de l’étranger » à qui Macron adressait ses meilleurs vœux a pu constater ce qu’il en était un an plus tard.
Les mêmes nous excuseront ainsi de ne pas traiter dans ce numéro du journal les vœux de Macron pour 2025. S’ils sont aussi efficaces que ceux de 2024, nous pourrons sans problème patienter jusqu’à la semaine prochaine.
Pour autant, ce n’est en aucun cas une raison pour ne pas vous souhaiter un joyeux réveillon et une fort belle et bonne année.
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