Immigration, droit du sol : la course à droite est lancée !
Le sujet a enflammé l'Assemblée nationale cette semaine. A l'origine, une proposition de loi des Républicains visant à restreindre le droit du sol à Mayotte.
À l'issue d'un débat âpre, marqué par plusieurs suspensions de séance, la proposition de loi a été adoptée jeudi à 162 voix contre 93. Marine Le Pen s'est réjouie d'une "petite victoire". Alors qu'à gauche, Eric Coquerel de la France insoumise dénonce "l'extrême-droitisation du débat. Mais certains ministres veulent aller bien plus loin. Le Garde des sceaux Gérald Darmanin s'est dit "favorable à ce que les Français puissent trancher ce genre de question lors d’une élection présidentielle en 2027 ou lors d’un référendum ". Déjà auteur d'une formule très critiquée sur une prétendue "subversion migratoire", le Premier ministre François Bayrou souhaite, lui, élargir le débat sur "qu'est-ce que c'est qu'être français". Une manière de donner des gages à la droite, après avoir négocié le budget avec la gauche. Très engagé sur l'immigration, le très droitier ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau espère bien profiter de ce débat pour gagner en popularité dans son camp.
Ajoutée discrètement dans le budget, une autre mesure politique a provoqué un mini séisme cette semaine. En quête de recettes pour faire passer son projet de loi de finances, le gouvernement souhaitait abaisser le seuil d'exemption de la TVA pour les auto-entrepreneurs. Mais la mobilisation des fédérations de micro-entrepreneurs a contraint Bercy à faire machine arrière, en dénonçant "une complexification majeure pour tous ceux qui vont passer à la TVA" et en particulier les "presque 250 000 auto-entrepreneurs et 100 000 indépendants". Le président de l’Union des autoentrepreneurs (UAE), François Hurel estime même qu'une telle mesure en pousserait certains à sous-déclarer leur chiffre d'affaires annuel pour rester en-dessous du seuil de 25 000 euros. Face à l'indignation, le gouvernement a retiré sa mesure, mais la mèche a déjà été allumée. Marc Sanchez, secrétaire général du syndicat des indépendants et des TPE y voit "le pire des signaux qui pouvaient être adressés à l’activité entrepreneuriale". Un constat terrible, lorsqu'on sait à quel point Emmanuel Macron avait fait de la liberté entrepreneuriale son cheval de bataille depuis 2017.
Signe de la perte de popularité d'Emmanuel Macron, les troupes du parti présidentiel Renaissance ont fondu comme neige au soleil. De 450 000 en 2017, le nombre d'adhérents est passé à 35 000 en 2023 et moins de 10 000 aujourd'hui. Manque de clarté sur la ligne politique, réforme des retraites, dissolution... Les raisons du désamour entre Renaissance et sa base sont nombreuses.
Pour relancer cette machine, le nouveau secrétaire général Gabriel Attal a lancé les "états généraux" du parti à la mi-janvier : pendant un mois, environ 500 réunions dans les comités locaux, où les militants et adhérents sont invités à s’exprimer sur les forces et les faiblesses du parti, pour que cela soit remonté au bureau exécutif. L'ancien Premier ministre a aussi lancé une nouvelle campagne de tracts aux messages offensifs : "Non au désordre, ni LFI ni RN, le sursaut maintenant". Le parti présidentiel semble même déjà tourner la page d'Emmanuel Macron : sa figure a complètement disparu des nouveaux tracts.
Que cherche François Bayrou en remettant le thème de l'identité nationale au centre de la table ? Le gouvernement a-t-il trahi les auto-entrepreneurs ? Et le parti présidentiel Renaissance peut-il renaître de ses cendres ?
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