Le jour où tu as disparu, le 12 septembre 2019, c’est comme si j’avais été précipitée d’une falaise dans la mer…
Une haute falaise, avec une petite plage inaccessible à ses pieds. La mer est violente même par beau temps. C’est la mer de mes émotions.
Mon premier réflexe, un geste de survie, c’est de te voir nager autant que tu le peux vers le rivage, à contre-courant, malgré la force des vagues, jour et nuit…mais c’est moi qui ai sombré tandis que tu étais emporté au large…
Voici un an maintenant que c’est moi qui « nage », espérant toujours pouvoir rejoindre la plage, la falaise de mon passé.
Une petite voix en moi commence à perdre l’espoir, je suis fatiguée de lutter contre ces courants violents.
Je suis seule au milieu de la tempête
Et le mirage s’éloigne petit à petit…
Je suis impuissante devant la force de la vie.
Malgré moi, elle m’emporte
Je dois quitter des yeux l’image de notre bonheur passé, de ma vie « d’avant »
Il n’y a rien à faire, je suis emportée, épuisée par cette lutte
Je lâche prise, contrainte et forcée
Obligée malgré moi de laisser s'éloigner le territoire du passé
Pour aller où ?
Vers quelle nouvelle terre invisible et peut-être inexistante ?
Les jours semblent des semaines, les semaines des mois et les mois des années
Pourtant c’était hier, il y a un an, le 12 septembre 2019, un jeudi midi
Moi aussi ce jour-là c’est comme si j’étais tombée dans la mer
Du haut d’une falaise
Tu me manques, mon phare, mon roc, mon continent
Tu as disparu
J’en rêve encore
Un jour, un rocher va émerger devant moi…
Un tout petit rocher
J’y grimperai
Il n’y a pas encore beaucoup de vie mais je pourrai m’y poser et m'y reposer quelques instants.
Les vagues m’obligeront à quitter ce point de repos
Jusqu’au rocher suivant, un peu plus grand
La mer m’emportera chaque fois un peu plus loin de mon passé
Un matin, debout sur le dernier rocher, il me semblera apercevoir un îlot
C’est un petit bout d’île,
C’est le début d’un archipel,
C’est la pointe d’un nouveau continent
Un continent inconnu, qui accueillera une naufragée de la vie
Une inconnue
En chemin j’aurai perdu des certitudes, de la confiance, des soi-disant amis et trouvé de nouveaux, inattendus, surprenants, formidables nouveaux amis...
J’aurai trouvé une certaine philosophie, un autre ordre du monde, ô combien fragiles
Merci à tous pour vos bons souhaits d'anniversaire !
La marée, je l'ai dans le cœur qui me remonte comme un signe. Je meurs de ma petite sœur, de mon enfance et de mon cygne. Un bateau, ça dépend comment on l'arrime au port de justesse. Il pleure de mon firmament des années lumières et j'en laisse. Je suis le fantôme Jersey celui qui vient les soirs de frime te lancer la brume en baiser et te ramasser dans ses rimes comme le trémail de juillet où luisait le loup solitaire. Celui que je voyais briller aux doigts de sable de la terre.
Rappelle-toi ce chien de mer que nous libérions sur parole et qui gueule dans le désert des goémons de nécropole.
Je suis sûre que la vie est là avec ses poumons de flanelle quand il pleure de ces temps-là, le froid tout gris qui nous appelle.
Je me souviens des soirs là-bas et des sprints gagnés sur l'écume. Cette bave des chevaux ras, au ras des rocs qui se consument. Ô l'ange des plaisirs perdus. Ô rumeurs d'une autre habitude. Mes désirs dès lors ne sont plus qu'un chagrin de ma solitude.
Et le diable des soirs conquis avec ses pâleurs de rescousse. Et le squale des paradis dans le milieu mouillé de mousse.
Reviens fille verte des fjords. Reviens violon des violonades. Dans le port fanfarent les cors pour le retour des camarades.
Ô parfum rare des salants dans le poivre feu des gerçures. Quand j'allais, géométrisant mon âme au creux de ta blessure, dans le désordre de ton cul poissé dans des draps d'aube fine.
Je voyais un vitrail de plus, et toi fille verte, mon spleen.
Les coquillages figurant sous les sunlights cassés liquides, jouent de la castagnette tant qu'on dirait l'Espagne livide.
Dieux de granit, ayez pitié de leur vocation de parure, quand le couteau vient s'immiscer dans leur castagnette figure.
Et je voyais ce qu'on presse quand en pressant l'entrevoyure entre les persiennes du sang et que les globules figurent une mathématique bleue, sur cette mer jamais étale d'où me remonte peu à peu cette mémoire des étoiles.
Cette rumeur qui vient de là, sous l'arc copain où je m'aveugle. Ces mains qui me font du fla-fla, ces mains ruminantes qui meuglent.
Cette rumeur me suit longtemps comme un mendiant sous l'anathème, comme l'ombre qui perd son temps à dessiner mon théorème.
Et sous mon maquillage roux s'en vient battre comme une porte cette rumeur qui va debout dans la rue aux musiques mortes.
C'est fini la mer c'est fini. Sur la plage le sable bêle comme des moutons d'infini... Quand la mer bergère m'appelle.
Texte et musique sont de Ferré. Ce texte émminemment poétique tient dans le répertoire de Léo Ferré une juste place à côté des poèmes de Baudelaire, Rimbaud, Aragon ... On ignore la véritable nature d'un poème. La poésie est d'abord et surtout dans la musique des mots.
Parue sur le volume 1 de l'album "Amour Anarchie" (1970), La Mémoire et la Mer est une chanson emblématique de Léo Ferré, considérée souvent comme l'une de ses chansons les plus mystérieuses et fascinantes.
Ce texte est considéré à juste titre comme étant difficile à comprendre. En effet, l'écriture de Ferré fait ici appel à des images complexes et à des éléments autobiographiques que l'artiste imbrique dans un fil d'Ariane difficile à suivre pour le profane. Mais Dieu que c'est joli et troublant ce balancement des mots ...
Dans ce poème, le lyrisme de Ferré atteint la maestria et sa versification est empreinte d'une grande rigueur. L'artiste se sert d'une palette marine pour établir, tout au long de la chanson, des parallèles entre la vie portuaire et insulaire et ses propres souvenirs.
Cette chanson éblouissante de sensualité nous raconte le rivage breton mais c'est aussi un chant d'amour déchirant. Dans un double sens filant, Léo Ferré emmêle la mer envoutante et l'amour impudique et pourtant mystique, conjuguant le mystère de la chair à celui de la mer dans chaque image.
On entend dans la musique des mots, le déferlement des vagues bien sûr, mais aussi la complainte d'amour d'une femme, et de leur écho mutuel émerge une mémoire organique et originelle de la Vie, une mémoire matricielle que Ferré contemple du haut de ses années, avec mélancolie, comme le fruit de sa jeunesse, les réminiscences chimériques de son existence.
La mer est omniprésente dans le texte, comme une déchirure, comme pour rappeler ces marins fatigués, aux mains et aux lèvres gercées mais qui reviennent heureusement à bon port. Pour eux aussi, la mer, nourricière, est une matrice comme le ventre d'un femme. Cette mise en parallèle persiste tout au long du poème.
Pour comprendre le sens primaire, quelques bribes d'explication ... Un "trémail" est un filet de pêche. Le "loup solitaire" est un poisson autrement nommé "bar" qu'un jour Ferré a pêché ou a vu être pêché puis ce poisson a été rejeté à la mer. Son texte fait allusion au "Fort du Guesclin", bâtisse située sur une minuscule ile au large des côtes bretonnes dont il a fait l'acquisition en 1959. Léo Ferré plante donc le décor d'une partie de pêche où est capturé un bar, dont les écailles sont brillantes par la magie de l'éclat lunaire.
Le fantôme Jersey est un phénomène naturel, une ligne brumeuse que l'on aperçoit au lointain quand on se trouve sur l'île Du Guesclin, et qui laisse à penser qu'il s'agit là d'une émanation fantômatique de l'île anglo-normande qu'est Jersey.
La "mathématique bleue" est peut-être le tableau des horaires des marées affiché devant les plages sur un fond bleu tellement typique des côtes françaises. Mais certains pensent que "mathématique bleue","mémoire des étoiles"et"théorème" font référence à Pythagore qui avait une philosophie basée sur l'universalité, l'harmonie des sphères et les mystères. Ici Ferré nous montre une mer qui ne se définit pas à la seule perception humaine que nous pouvons en avoir. Il nous fait ressentir la mer comme faisant partie de quelque chose de bien plus vaste, comme un élément naturel d'où la Vie est apparue un jour, un corps vivant du Cosmos : la mer qui donne la vie comme la mère qui donne la vie.
C'est l'exemple type du texte "Ferréien" qu'on dit hermétique, parce qu'il comporte plusieurs niveaux de compréhension, dont certains ne sont accessibles qu'avec les clés biographiques de la vie de l'artiste, d'autres avec la simple sensibilité poétique qui nous conduit de rime en rime, de ligne en ligne, de mot en mot. Le rattachement de mots qui ne font pas toujours sens, fait en effet appel à une mémoire. Cette écriture imagée, évocatrice, intègre notre propre mémoire, met en mouvement des reminiscences. La mer fonctionne comme une mémoire, par réminiscence. En cela, au sens littéral, c'est la plus émouvante chanson de Ferré. Son testament poétique, énigmatique ... Lui-même a dit un jour, que cette chanson (ou ce poème) ne pouvait être compris que par lui-même ou quelqu'un de très proche, qu'il s'agissait d'un rébus avec des clefs biographiques.
Personnellement, bien qu'ayant lu assez récemment le roman autobiographique de Léo Ferré (paru en 1970, "Benoît Misère"), je n'ai aucune envie d'aller plus avant dans le décryptage de "La mémoire et la mer". Nul besoin de faire de la chirurgie littéraire, aussi l'énigme et le mystère seront pour moi à jamais des composantes intrinsèques de la beauté de ce poème.
"La mémoire et la mer" a été maintes fois reprise. De nombreux artistes l'ont interprétée, avec plus ou moins de bonheur. Citons Catherine Lara,
Catherine Ribeiro,
Christiane Courvoisier
Renée Claude,
Ann Gaytan,
Camélia Jordana,
Annick Cisaruk,
Ute Lemper, Mônica Passos (cette dernière étant remarquable, je vais y revenir).
Citons aussi Bernard Lavilliers,
Michel Jonasz,
Ian Dayeur
et l'extrêmement touchante version parlée de Philippe Léotard. Selon Wikipédia, cette chanson occupe la septième place d'un palmarès de chansons établi en 2012 par 276 artistes contemporains de la variété francophone et 69 critiques.
L'interprétation que je préfère est, de loin et haut la main, celle de Monica Passos, dont je n'avais jamais entendu parler jusqu'à la rédaction de ce billet. Fabuleuse découverte ! Pour l'expression, on trouve un phrasé impeccable, une sonorité gutturale des "r" qui fait opportunément son effet, en faisant glisser un souffe rauque et virtuose sur les mots "cette bave des chevaux ras, au ras des rocs qui se consument". Pour la musique, étonnante, une rumba froufroutante, virevoltante, carrément inattendue, fait cascader les mots sur l'auditoire "du haut des cimes où l'âme se tient, la tragédie n'est plus" (Nietzsche). La version de Monica Passos est à la fois suave et dansante, un goût sucré, non plutôt doux-amer. Sa revisite de Ferré m'enchante ...
Selon Paul Guimard, éditeur du seul roman autobiographique de Léo Ferré, "après avoir lu ce livre, on n'entend plus beaucoup de chansons de Léo Ferré tout à fait de la même oreille parce qu'on sait davantage d'où elles viennent".
Retour à la version originale, tragique et torturée mais inoubliable, de Léo Ferré, avec cette voix qui lui vient des tripes et nous arrache les nôtres, "la marée, je l'ai dans le coeur ..."
L'analagie entre la mémoire et la mer se retrouve fréquemment en littérature, non sans raison ...
Avec son tablier immaculé de «bonne du curé», ses nattes articulées de «Frida Oum Papa» et son truc en plume de «Tata Yoyo», la reine du music-hall français a consacré sa vie à la scène où elle ne voulait donner «Que du bonheur», titre d’un spectacle jazz et swing qu’elle donna au Casino de Paris et à l’Olympia.
«Elle a fait un malaise vers 18 heures. Les pompiers sont arrivés très vite, ont tout tenté pour la ranimer», a indiqué sa nièce, Michèle Lebon, qui vivait avec elle depuis des années. «Elle est partie en quelques minutes», a-t-elle ajouté.
«Elle avait des problèmes de mémoire, je ne suis pas très surpris, mais profondément triste», a réagi son ami, le chanteur Dave, interrogé sur BFMTV, soulignant combien Annie Cordy incarnait «l’énergie».
Annie Cordy est morte ce vendredi, à l’âge de 92 ans. Populaire et rigolote, dotée d’une force de travail spectaculaire, Annie Cordy ne fut pas seulement l’interprète de “Tata Yoyo” et de “La Bonne du curé”. Artiste complète – chanteuse, danseuse, actrice –, elle aimait se définir comme une saltimbanque et jouer sur tous les registres, du cinéma d’auteur au music-hall.
Elle aura tout fait, tout joué : des opérettes, des films, des sketchs, des rôles tragiques et des claquettes, des chansons douces, des farces et du french cancan. Pimpante, souriante, fantaisiste, Annie Cordy, née Léonie Cooreman, décida très jeune de consacrer sa vie à l’art de divertir.
Née en Belgique wallonne dans une famille modeste et heureuse – père ébéniste, mère épicière –, Annie Cordy a tout juste 18 ans au sortir de la guerre. Et d’emblée, elle monte sur les planches : elle démarre comme meneuse de revue au Bœuf sur le toit, à Bruxelles ; elle est vite débauchée par les patrons du Lido puis du Moulin-Rouge, à Paris. C’est là qu’elle rencontre son imprésario, François-Henri Bruneau, dit Bruno, qu’elle épouse quelques années plus tard et qui sera son seul amour. Démarrage en fanfare.
Bourvil, Jean-Pierre Cassel, Darry Cowl, Luis Mariano…
Car rapidement, elle va s’imposer comme une chanteuse de premier plan. Au début des années 1950, Annie Cordy enregistre ses premiers grands succès Les Trois Bandits de Napoli, Bonbons caramels, Fleur de papillon, Léon, Tantina de Burgos, La Ballade de Davy Crockett… La jeune femme aime rire, et sur les plateaux de cinéma, elle se lie avec ceux qui deviendront ses meilleurs amis : Bourvil, Jean-Pierre Cassel, Darry Cowl, et surtout Luis Mariano. Après un film de Sacha Guitry (Si Versailles m’était conté) en 1953, elle joue, entre autres, dans Poisson d’avril, avec Bourvil et Louis de Funès (1954) et Bonjour sourire !, avec Henri Salvador (1955).
Le succès du film Le Chanteur de Mexico, en 1956, avec Luis Mariano et Bourvil, la fait même repérer jusqu’aux Etats-Unis. Après une tournée réussie, Hollywood lui propose un contrat ; mais son mari s’oppose à cette carrière américaine. Motif : on mange trop mal, dans ce pays ! « J’aimais mon mari, c’est normal, alors je l’ai suivi et je suis revenue à Paris », racontera-t-elle dans ses Mémoires.
Tant pis pour l’Amérique, la France ne la lâche pas. Jamais à la mode, mais toujours populaire, Annie Cordy résiste à la déferlante yéyé, qui fit sombrer tant d’autres artistes de sa génération. Elle traverse les années 1960 en assurant de copieuses tournées à travers tout le pays : « Je ne suis pas mondaine, ni parisienne, dit-elle au Figaro, en 2005. Je suis une saltimbanque, ravie d’être toujours sur les routes, prête à faire mon métier par tous les temps, dans tous les lieux, à toutes les sauces. »
Le goût du divertissement
Ce « petit clown du music-hall », surnom qu’on lui donne parfois, excelle dans l’art de faire le pitre. Toujours partante pour le hula-hoop, le yoyo, le kazoo. Pour se déguiser en cafetière, porter un nez qui s’allume, des plumes dans les cheveux, des chapeaux ridicules et des tresses qui se dressent toutes seules, Annie Cordy a incontestablement le goût du divertissement. Sans complexe, elle ose grimacer, adopter des postures grotesques, sautiller, se désarticuler. « Il faut donner au public ce qu’il est venu voir, en l’occurrence de la bonne humeur. Il a assez à faire de ses soucis pour prendre les miens en charge », se justifie-t-elle en 2006 lors d’une interview au Progrès.
Plus de trente ans plus tôt, en 1974, elle s’était parfaitement acquitée de sa tâche en interprétant, en petit tablier blanc, La Bonne du curé, personnage de bretonne délurée et bébête, dont les paroles sont devenues cultes : « J’voudrais bien mais j’peux point… » Enorme tube : trois millions d’exemplaires vendus.
A réécouter sa prolifique discographie – sept cents titres enregistrés, deux mille interprétés ! –, on repère un penchant pour les chansons-onomatopées : Cho Ka Ka O, Frida oum papa, Hop Digui Di, Oh la la!, Ouah ouah!, Cha ba di, Nick nack paddy whack, Cot cot coin coin, Tu tu tu, Oh yé !, et bien sûr… Tata Yoyo ! L’une de ses plus grosses ventes de disques, en 1981. Moins anecdotique qu’elle y paraît, car elle ajoute une corde à l’arc de la chanteuse : outre son grand chapeau, sa Tata Yoyo porte un « grand boa, une robe à fleurs et des faux cils »… et voilà comment Annie Cordy devint une icône second degré de la culture gay.
Cinéma, théâtre, comédies musicales…
Ses succès populaires et comiques ne dissuadent pas les cinéastes de lui confier des rôles tragiques. En 1970, Annie Cordy joue dans Le Passager de la pluie, de René Clément, et dansLa Rupture, de Claude Chabrol. Mais c’est l’année suivante qu’elle décroche l’un de ses rôles les plus marquants : aux côtés de Simone Signoret et de Jean Gabin, dans Le Chat, de Pierre Granier-Deferre ; elle y incarne la patronne d’un hôtel de passe parisien où Gabin vient se réfugier après que sa femme (Simone Signoret) a tué son chat… On la reconnaît à peine, tant son interprétation, sobre, tout en retenue, sans un sourire, tranche avec son énergie habituelle.
Autre style mais même reconnaissance : en 1972, elle triomphe dans Hello Dolly !, adaptation française du musical américain – côté comédies musicales, il y aura encore Nini la chance (1976) et Envoyez la musique ! (1982). La comédie lui va décidément bien. Car dans les années 190, elle brille encore au théâtre, dans le rôle de Madame Sans-Gêne, ancienne blanchisseuse promue duchesse, se montrant ainsi l’égale de ses illustres prédécesseures dans ce rôle – Mistinguett, Arletty et Jacqueline Maillan.
En 2015, dans le film Les Souvenirs, de Jean-Paul Rouve, elle se révèle bouleversante en grand-mère rebelle, qui s’évade de la maison de retraite où elle ne supporte pas d’être enfermée. A ces grands rôles s’ajoute une quantité impressionnante de participations à des téléfilms, doublages, séries, et même des publicités (« Javel Dose, la Javel sans l’eau, c’est grandiose ! ») : l’hyperactive Cordy ne s’arrête jamais ! Elle prétend, ne plaisantant qu’à moitié, qu’elle a plus souvent vécu dans sa voiture que dans sa propre maison…
La baronne Annie Cordy
Anoblie par le roi des Belges, Albert II, en 2004, la baronne Annie Cordy se choisit pour devise : « La passion fait la force ». D’une condition physique impressionnante – à 80 ans, elle pouvait toujours mettre sa jambe derrière sa tête –, elle continua jusqu’au bout d’accepter les invitations des plateaux de télévision, des galas de charité, de remplir les salles d’un bout à l’autre de la France. « Je suis tellement occupée que, quand je serai morte, je ne m’en rendrai même pas compte ! » plaisantait-elle dans Paris Match, en 2015.
Ces dernières années, quand on lui demandait ce qu’elle regrettait le plus, elle répondait invariablement : « De ne pas avoir fait d’études, bien plus que de ne pas avoir eu d’enfant. » Et sa plus grande fierté ? « D’avoir touché le plus grand nombre et d’avoir rendu les gens heureux. » C’est bien ce qui compte, non ?