Enfin nous
sommes de nouveau au mouillage après avoir caréné 15 jours au chantier de la
marina Bahia Redonda à Puerto la Cruz.
L'eau a été
coupée, et ne coulait qu'une heure de temps à autre ; idem pour
l’électricité !alors pas de wifi non plus du coup ! quand il y a l’eau il faut
aussitôt faire ce qu’on a à faire avec (nettoyage du pont, lessives et
lessivages, etc.). Sinon, à la laverie de la marina, la machine, qui était
déjà passée en 6 mois de 15 bolos à 20 bolos (ça n’a
l’air de rien bien sûr, mais si on calcule c’est quand même 30% d’augmentation
vient encore d’augmenter au 1er novembre : 30 bolos ! De même au
minimart de la marina la bouteille de « pchitt » est passée de 10 à 12 bolos
1l1/2 = + 20% ! depuis le 1er novembre là aussi passage à 14 bolos le
litre1/2. De toute façon en France il va y avoir maintenant une taxe sur les
sodas !
Nous sommes
donc partis heureux, passant entre les îles d'en face avec leurs couleurs
fantastiques :
Malheureusement,
au moment de dérouler les voiles, rien ne se passe : les commandes ne
répondent pas ! ce qui veut dire qu’il y a quelque part une fuite
dans le système hydraulique ! allons-nous rentrer au port réparer ? Nenni que
diantre !
Jean s’arme
d’une manivelle ad hoc et entreprend de dérouler les voiles à
l’huile de coude, ça va pas vite mais on est pas pressés par contre on
est parti et pis c tout !
En principe,
pour arriver le matin à la Blanquilla (100 milles) nous allons
partir au lever du soleil, passer une nuit en mer et être au mouillage de El
Yaque au petit jour du lendemain. En plus, avec la pleine lune, on verra très
clair cette nuit, c’est agréable les quarts au clair de lune…
Aujourd'hui les dieux du
vent et de la mer sont avec nous : pour le moment nous avançons
bien sauf que ce n'est pas très confortable car la houle nous prend de
travers... ça roule gentiment d'un bord sur l'autre et toute activité ménagère
devient compliquée... On s'accroche d'une main et on travaille de l'autre
!
Les marins disent - et
notre Tabarly national himself aussi - "une main pour soi, une autre pour
le bateau". Enfin, lui il aurait pu faire attention …
Et puis il faut faire
attention en cuisinant... on aurait vite fait de s'ébouillanter avec
l'eau des pâtes ou le café ! on a vu les dégâts que cela pouvait causer
sur certains équipier(e)s croisé(e)s aux escales par-ci par-là. Bien sûr la
gazinière est sur cardans : elle bouge en même temps que le bateau, en laissant
la casserole à l'horizontale quel que soit l'angle de gîte . Mais on n'est
jamais à l'abri d'un gros coup de roulis qui renverserait la gamelle!
Nous avons mis
la ligne de traîne : le leurre file à 7 nœuds dans le sillage du bateau, c'est
un petit poulpe rose. Enfin c'est mon avis ! espérons qu'il plaira aux poissons
Tout à coup ça mord.
Vite... remonter la ligne : Jean remonte deux beaux pagres de 5/6 kilos. Super
! Des protéines fraîches ! Ce n'est pas tous les jours fête car
nous ne sommes pas très bons pêcheurs, on dépense même plus cher en
matériel qu'en poissons !
Mais revenons à notre thon
qui rend son dernier soupir sous le poignard de Jean : le plaisir suprême avec
le poisson frais c'est de le manger cru à la tahitienne; La
recette est toute simple : on le coupe en petits dés de 1cm, on le passe sous
l'eau fraîche et on le laisse égoutter, puis on presse des citrons verts, on
verse le jus dans un saladier où on a mis le thon égoutté. On
laisse un bon 1/4 d'heure au frais avant de servir ; on sale et on poivre au
moulin et on mange immédiatement... Mmm...on peut améliorer la recette en
ajoutant des légumes coupés en dès et du lait de coco, un vrai
régal!...
Un passager clandestin
s’invite à bord, intéressé par nos manœuvres …
La nuit est étoilée et
très claire, le quart se passe bien, sauf que pendant les orages, habituels la
nuit dans cette zone, on ne peut pas réduire puisque c’est en panne ! alors ça
gîte… j’ai quand même du prendre du Mercalm…
On a
pile cap au nord : 360°
Le point à minuit indique
qu’il ne reste que 25 milles.
Encore un orage : 30 nœuds
A 3h Jean
s’attache pour aller à l’avant enrouler le génois à la manivelle pendant que je
donne progressivement du mou à l’écoute. Tout se passe bien mais il est quand
même un peu mouillé… puis c’est au tour de la GV. Et là on entend un
grand bruit : la balancine vient de péter : encore une réparation , et il
va falloir monter en tête de mât ! mais pas en mer !…
« maniana ! »
On voit bien les lumières
du camp militaire installé au sud de l’ile, et au mouillage El Yaque :
il y a un bateau de pêche et deux voiliers, dont le catamaran Inoui de
marie-Noëlle et Didier dont j’ai fait la connaissance à Bahia Redonda la
semaine dernière.
La Blanquilla
Située à 70 milles au Nord
Ouest de l'île de Margarita, l'île de la Blanquilla est une des îles les moins
fréquentées
du secteur
bien qu'étant un havre de paix habité par un petit groupe
de garde-côtes et par quelques pêcheurs.
Cette île
doit son nom à la blancheur de son sable constitué d'une poudre blanche de
corail., et à ses eaux très
cristallines qui nous
accueillent pour un snorkeling inoubliable!
C’est une île
déserte, basse et aride. Seuls quelques douaniers et des ânes sauvages y
résident à l'année. La côte est superbe, entrecoupée de granit et de calcaire
corallien. L'eau y est bleu turquoise et le sable est si blanc et si fin qu'il
fait penser à de la farine.
Lors de nos
promenades à terre, pour échapper aux terribles épines des cactus "sauteurs",
nous avons suivi les chemins tracés par les ânes. Cela ne nous a pas empêchés
d'être "agressés" plusieurs fois !
Des pêcheurs viennent de façon
intermittente à La Blanquilla et le soir ils sont au mouillage à nos côtés
troquant thon contre vin et chocolat ! Les jours s'écoulent, paisibles, loin de
tout. De temps en temps, nous captons RFI et nous ne comprenons pas (plus ?) ce
qui mène la terre et tout ce gaspillage…
Aujourd’hui
les « Costguards » sont venus nous voir et vérifier tous nos papiers puis nous
demander combien de temps on restait : on a dit qu’on savait pas, que ça
dépendait du temps, car depuis ce matin le vent est nettement NE ce qui n’est
pas vraiment favorable pour aller sur la Martinique ! Nos voisins de Inoui sont
partis cette nuit et nous sommes seuls au mouillage : je regonfle ma bouée de
plongée, ressort mes palmes, mon masque et son tuba et « plouf » dans l’eau
cristalline, d’abord pour aller voir si l’ancre est bien enfoncée dans le sable,
puis pour le plaisir d’aller voir les petits poissons…c’est très clair, un
régal…
Quelques
plongées PMT (Palmes-Masque-Tuba, NdL’auteur) appelé aussi snorkeling, pour
revoir encore tous ces fonds magnifiques et attrapé les dernières
bêtes à cornes de la saison : on ne s’en lasse pas…
Encore des
réparations de faites : il a fallu que Jean monte en haut du mât pour réparer la
drisse de balancine : c’est le mousqueton qui avait lâché, complètement éclaté !
Faut pas avoir le vertige… Ensuite voir où il y a une fuite
d’huile dans le circuit hydraulique pour comprendre pourquoi les enrouleurs
n’enroulent plus…Jean n’a rien trouvé de suspect, mais il a quand même dû
rajouter un galon d’huile (3,7 l) donc c’est qu’il y a bien une fuite quelque
part…
On a fait de
chouettes balades sur la plage et dans l’eau : les fonds sont toujours aussi
beaux, c’est vraiment une escale agréable. Les pêcheurs viennent nous voir de
temps en temps pour essayer d’avoir des cigarettes ou de la bière : pas de
chance, mauvaise pioche : on ne fume pas et on ne boit pas !
Beaucoup
d’orages la nuit, si bien que si je m’endors dehors je suis réveillée par les
gouttes de pluie !
17
novembre ; à RFI ce
matin (13.640 ou bien 17.618 AM) ils annoncent toujours des vents de NE ce qui
ne nous convient pas. La radiodiffusion des bulletins de météo marine pour
l’Atlantique Nord sera interrompue à partir du 1er janvier 2012 ! ça
va me manquer et il va falloir s’organiser pour avoir la météo autrement, avec
Skymate peut-être, je vais me renseigner auprès des autres bateaux quand on sera
au Marin. Il est rai que ces bulletins concernent entre 1000 voire 2000
personnes maximum : ceux qui traversent (dans les deux sens) et sont en escale :
en descendant à Madère, aux Canaries et aux Iles du Cap Vert ; ceux qui
remontent à Est Bermudes et aux Açores. Cela ne fait pas tellement de monde mais
c’était vraiment très précieux pour les navigateurs. Déjà depuis plus d’un an
les infos avaient été supprimées (on réussissait à capter trois minutes juste
avant la météo sur certaines fréquences) mais c’était bien sympa d’avoir les
nouvelles quand on ne capte plus rien (sinon la BBC). Y aura-t-il des mouvements
de colère, en particulier au moment du salon Nautique de Paris en décembre ? A
suivre…
18
novembre : départ ! nous
entreprenons la plus grosse partie de notre remontée sur la Martinique, espérant
ne pas être trop au près ! Faut pas rêver ! Cette fois-ci c’est vraiment « hasta
luego » Venezuela, sans doute à l’an prochain… A RFI ils ont annoncé que la ZIC
(zone intertropicale de convergence) était très ouest ce qui nous
vaut tous ces orages, genre « pot-au-noir ». La remontée de l’ancre s’est faite
sans problème, donc le circuit hydraulique fonctionne, d’ailleurs les voiles se
déroulent facilement aussi. En avant toutes ! A midi le point nous dit qu’il
faut faire du 57° alors que nous peinons à maintenir un près au
22° ! ça promet !
19 : j’ai eu un beau quart
avec un magnifique lever de croissant de lune pile à l’est, c’était très beau…on
se sent tout petit dans ces moments-là… j’ai lu hier « l’homme aux semelles de
vent », assez difficile je trouve, et aujourd’hui je commence « la rêveuse
d’Ostende », plus abordable…Cinq nouvelles qui se suivent et qui valent par leur
chute, tout à fait inattendue.
Le pilote commence à faire
des siennes : Eolis se met bout au vent et ne corrige pas sa trajectoire, il
faut mettre en « stand-by » et corriger à la main…ON VIRE !
On a bien marché : déjà 115 milles de faits depuis la
Blanquilla , c’est pas si mal… malheureusement on n’est pas au cap ! le Marin
n’est qu’à 216 milles, mais au 80°, et on fait du 0°…c’est mal barré tout ça… ON
VIRE…
Bequia est par le travers…
à 177 milles...à
Bon, surtout ne pas se laisser aller : et un bon
cassoulet toulousain à la graisse de porc !
20
novembre : on est
dimanche et c’est notre troisième jour de mer…je suis en train de lire la revue
« Schnock » , c’est assez poilant, ça défrise quoi, puis j’attaque des nouvelles
«à chute », encore, j’adore ! Il faut barrer pratiquement en
permanence, le pilote ne tient pas son cap et le Cap’ lui veut
(peut ?) pas
réparer en route... c’est comme ça... A RFI est prévu du E/NE 2 à
3 (4 à 5 sous grains) – On a l’Ile Ronde par le travers tribord …à 110 milles !
ON VIRE ! Je barre d’une main et lis de l’autre, ça plaît pas au Cap’ mais tant
pis…
21 : Fort-de-France…à 90
milles au 56 (et on fait du N). Si on regarde en ligne droite La Blanquilla
n’est qu’à 173 milles derrière nous, mais n a bien fait le double avec les bords
qu’on a tirés ! Un peu de moteur, car en plus le vent a faibli : encore à 85
milles de FdF…au 70°. ON VIRE
mardi 22
novembre :l’ambiance commence à se
dégrader…On longe les Grenadines et je
capte quelques infos : Danièle Mitterrand est décédée, 87 ans, comme maman…ON
VIRE ! je fais ¼ de 6h1/2 à 13h15 : le Marin à 67 milles au 45° (et on fait du
18°), et on est vachement au large, il y a un sacré courant qui
nous emporte vers l’ouest…ON VIRE !
nous sommes survolés deux
fois par un petit avion à rayures tricolores, genre douanes, alors
que nous tirons un bord dans le canal de Ste Lucie… ?on a dû être pris en
photo !
A 17h ON VIRE : on est allé trop
haut ! il reste 36 milles pour Grande Anse au 90° ! on se rapproche, courage
moussaillon ! Pfuiuuuit ! 18h : le vent tourne de 90° ! ON VIRE !
mercredi 23 :
6ème jour…un genre d’échassier est
à bord, très mignon : il aime bien le pain de mie…
Gros orage (oh rage !…) le
vent force et passe NE…on est toujours par le travers de Ste Lucie…à 15
milles…et voilà la pluie maintenant, vite, aller chercher les cirés…ON VIRE !
moteur…Sainte Anne à 30 milles…on va y arriver…
le rocher
du Diamant est enfin en vue, c’est bon signe !
ON VIRE
13h : arrivés !
bain+Couscous merguez et dodo…
Allez, c’était quand même
une belle traversée…