samedi 13 avril 2013

LES TONTONS FLINGUEURS

 Le film, sorti il y a cinquante ans, juste après l'assassinat de Kennedy, a connu un beau succès en salle - près de 500000 entrées mais ce n'était pas non plus le triomphe des triomphes. « Le corniaud », par exemple, peu après, allait faire davantage.

 Ce film est la memoire d'une France ressuscitee et qui retrouve toutes les raisons de croire en elle. C'est la France du Gaullisme, qui donne encore des lecons au jeune Kennedy. Qui refuse de s'aligner sur l'Amerique, reconnait la Chine de Mao, tourne la page du colonialisme, ouvre avec l'Allemagne la page exaltante de la construction europeenne. C'est la France du Mirage et du Concorde, du nucleaire percu comme une puissance et une modernite, la France du plein emploi et du boom economique. La France du nouveau Franc et de la stabilite gouvernementale. La France du Cinema, de la litterature, mondialement admiree... Formidable optimisme qui unit la generation des Francais Libres (Ventura incarne un tankiste de la deuxieme DB) et celle du babyboom qui connait les boums, la mob, la voiture, l'accession a la sexualite liberee (la pillule) en meme temps qu'elle beneficie d'une excellente education (le Bac) qui lui ouvre les portes de la modernite. Enfin, c'est une France qui s'amuse, qui s'envoie en l'air, formidable d'optimisme dans un monde ou les instances internationales (FMI, Nations-Unies) vont, croit-on, reguler le monde et le sortir de la misere et de la guerre. A ce rappel, on comprend que tous ceux qui ont connu ce temps insouciant et rit aux eclats avec les Tonton en gardent a jamais la nostalgie, qui n'est plus ce qu'elle etait, bien sur.




 
Quelques répliques culte pour animer vos réunionsImprimerEnvoyer
Culture - Cinéma
Écrit par Vincent MARTIN
articles
Année après année,
«Les Tontons Flingueurs » renforcent leur statut de film culte, et les dialogues de Michel Audiard font toujours autant mouche.
Petit florilège commenté de répliques cultes, par ordre d’apparition dans le film. Pratiques pour détendre l’atmosphère en réunion. Celui qui a le plus de points à la fin de la réunion gagne le droit de faire le compte-rendu.


1. « C’est curieux, chez les marins, ce besoin de faire des phrases. »
(Francis Blanche après que Lino Ventura ait proprement expédié à la baille le conducteur de la péniche où a lieu la réunion des cadres, « façon meeting ».)
Utile pour insinuer qu’un tel parle trop ou dit n’importe quoi. Facile à caser (5 pts).
2. « Dis donc t'essaierais pas de nous faire porter le chapeau des fois ? Faut le dire tout de suite, hein ! Il faut dire : « Monsieur Raoul vous avez buté Henri, vous avez même buté les deux autres mecs ; vous avez peut être aussi buté le Mexicain, et puis aussi l'archiduc d'Autriche... »
(Bernard Blier à Horst Franck (Théo) en réponse à sa remarque sur le « climat » (« Trois morts depuis hier. Si ça doit tomber comme à Stalingrad… »)
Difficile à caser en intégralité. A moduler selon le contexte et votre sens de l’exagération (vous avez bousillé le serveur, planté le projet, fait couler la boîte, etc.). Franc succès (200 pts).
3. « Non, mais ça va pas recommencer, j’ vais pas encore endosser le massacre. »
(Bernard Blier à Lino Ventura qu’il insinue qu’il est responsable de la mort d’Henri.)
Drôle si vous avez la réputation d’être un peu parano. Pratique pour juger qu’un reproche est exagéré. Soigner le ton : au choix excédé ou geignard (10 pts).
4. « Des explications, M. Fernand, y’en a deux : récession et manque de main d’œuvre. »
(Dominique Davray (Madame Mado) à Lino Ventura lui demandant quelques explications sur ses quelques « embarras dans la gestion de ses affaires ».)
Utile au chef de projet pour expliquer pourquoi son projet part en sucette. Facile d’emploi (un tel en congés, pas les bonnes ressources, etc.). A dire de préférence à quelqu’un ayant déjà vu le film (10 pts).
5. « Tu vas voir que c’est pas possible, j’ai choisi le système le plus simple. »
(Lino Ventura à Bernard Blier pour lui demander les mêmes résultats que l’année d’avant.)
Facile d’utilisation. Tombe à plat si personne ne la connaît (10 pts)
6. « Le prix s’oublie, la qualité reste. »
(Mac Ronay (Bastien) après que Venantino Venantini (Pascal) lui ait montré « le petit dernier de chez Beretta ».)
A utiliser (en dernier recours) lorsque l’option que vous proposez est jugée trop chère par le client. Statistiquement, peu de chances de succès. Vous collera à la peau pour le restant de vos jours (50 pts).
7. « Vous êtes sur la pente fatale, les gars, vous vous endettez. »
(Lino Ventura à Jean Lefebvre et Bernard Blier après avoir réchappé au mitraillage du camion de pastis frelaté.)
Utile pour souligner la mauvaise gestion de l’équipe projet. Privilégier les équipes avec le sens de l’humour (20 pts).
8. « Il y en a qui gaspillent, il y en a d’autres qui collectent. »
(Lino Ventura à Francis Blanche après avoir mis sur la table la sacoche avec « l’encaissement en retard ».)
Cf. réplique précédent. Utile pour insister sur la bonne gestion de votre projet. Ou a contrario sur le côté dispendieux de la solution de votre concurrent (20 pts).
9. « Les cons, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît. »
(Juste après la précédente. Lino Ventura à Francis Blanche après que celui-ci lui ait demandé si les Volfoni oseraient venir chez eux.)
Utile pour descendre une proposition improbable ou inappropriée, par exemple proposée par un concurrent. A utiliser avec parcimonie. Sens de l’humour et connaissance du film sont requis pour une pleine appréciation (10 pts).
10. « Mais, au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse. »
(Jean Lefebvre répondant à Bernard Blier arguant qu’ils ne sont pas venus là « pour beurrer des sandwiches ».)
Pour convaincre de l’utilité d’une tâche jugée dégradante ou peu valorisante. A citer d’un ton hautain et méprisant. Succès garanti (50 pts).
11. « Ca, faut reconnaître, c’est du brutal ! »
(Bernard Blier, après avoir bu le tord-boyaux du Mexicain. Fameuse scène de la cuisine.)
En réponse à une proposition un poil surdimensionnée. Peut également être utilisé au café si le robusta est un peu trop corsé (20 pts).
12. « Y’a aut’ chose. »
(Jean Lefebvre, en train d’analyser le « vitriol » du Mexicain.)
Facile mais intéressant pour mieux connaître vos collègues. Si l’un d’entre eux répond : « Ca serait pas des fois de la betterave, hein ? », alors vous jouez dans la même catégorie (5 pts).
13. « Alors, il dort, le gros con ? »
(Bernard Blier, en train de poser son « ordonnance » dans la voiture de Lino Ventura, à Jean Lefebvre à qui il a demandé de vérifier qu’il s’était recouché.)
Utile pour réveiller un participant un peu somnolent ou « n’ayant plus sa tête ». Facile d’emploi, mais grossier et inconvenant. Succès facile (-20 pts).
14. « C’est marrant que t’aies gardé ce côté maquisard. »
(Venantino Venantini (Pascal) à Mac Ronay (Bastien) lorsque celui-ci lui explique pourquoi il a emporté sa mitrailleuse.)
Pratique pour flinguer celui qui propose une solution trop laborieuse ou qui veut se coller à une tâche ingrate. Pas facile à caser (20 pts).
 
Louis : Oui, chez moi quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent.

Paul Volfoni : Ecoute, on te connait pas, mais laisse nous te dire que tu te prépares des nuits blanches, des migraines, des "nervous breakdown" comme on dit de nos jours.

Pascal : La psychologie y en a qu'une : défourailler le premier.

Fernand Naudin :
C'est quand même marrant les évolutions. Quand je l'ai connu "le mexicain", il recrutait pas chez tonton.
Pascal : Vous savez ce que c'est, non ?! L'âge, l'éloignement. A la fin de sa vie il s'était penché sur le reclassement des légionnaires.
Fernand Naudin : Ah ! Si c'est une oeuvre alors là, là c'est autre chose.

Théo : La bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer.

Pascal : A l'affût sous les arbres ils auraient eu leurs chances. Seulement de nos jours il y a de moins en moins de techniciens pour le combat à pied. L'esprit fantassin n'existe plus. C'est un tort.

Pascal : Maitre Follas sait toujours où me joindre : j'habite chez ma mère.

Pascal :
Qu'est-ce que je vois là, ça !
le cousin : Eh, je l'avais pris en cas qu'il aurait fallu tirer en rafale : dès fois qu'ils seraient tous sortis d'un coup : tatatatata hop.
Pascal : c'est marrant que t'ai gardé ce coté maquisard, t'es pas en âge d'arrêter tes momeries ?

Fernand Naudin : Les cons ça ose tout. C’est même à ça qu’on les reconnaît.

Raoul Volfoni : Mais dis donc on n’est quand même pas venu pour beurrer des sandwichs !
Maître Folace
: Il date du Mexicain, du temps des grandes heures, seulement on a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles. Alors ça faisait des histoires...

C’est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases !

Raoul Volfoni : C’est du brutal.



Les Tontons flingueurs


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Les Tontons flingueurs est un film français de Georges Lautner sorti en 1963. Les dialogues ont été écrits par Michel Audiard.

Sommaire

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[modifier] Mots d'acteurs

[modifier] Raoul Volfoni

Dis donc, t'essaierais pas de nous faire porter le chapeau des fois ? Faut le dire tout de suite, hein. Il faut dire Monsieur Raoul vous avez buté Henri, vous avez buté les deux autres mecs ; vous avez peut être aussi buté le Mexicain, puis aussi l'archiduc d'Autriche !
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Mais y connaît pas Raoul ce mec ! Y va avoir un réveil pénible, j'ai voulu être diplomate à cause de vous tous, éviter que le sang coule. Mais maintenant c'est fini, je vais le travailler en férocité, le faire marcher à coup de lattes, à ma pogne je veux le voir ! Et je vous promets qu'il demandera pardon et au garde-à-vous!
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Si on bricolait plus souvent, on aurait moins la tête aux bêtises.
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Il a osé me frapper. Il se rend pas compte.
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Bougez pas ! Les mains sur la table. Je vous préviens qu'on a la puissance de feu d'un croiseur et des flingues de concours.
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Mais dis donc, on n'est quand même pas venus pour beurrer les sandwichs.
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Y'a vingt piges, le Mexicain, tout le monde l'aurait donné à cent contre un : flingué à la surprise. Mais c't'homme là, ce qui l'a sauvé, c'est sa psychologie.
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Non mais t'as déjà vu ça ? En pleine paix ? Il chante et puis crac, un bourre-pif ! Il est complètement fou ce mec. Mais moi, les dingues, je les soigne. Je vais lui faire une ordonnance et une sévère… Je vais lui montrer qui c'est Raoul. Aux quatre coins de Paris qu'on va le retrouver, éparpillé par petits bouts, façon Puzzle. Moi, quand on m'en fait trop je correctionne plus : je dynamite, je disperse, je ventile !
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Alors, y dort le gros con ? Ben y dormira encore mieux quand il aura pris ça dans la gueule ! Il entendra chanter les anges, le gugusse de Montauban ! Je vais le renvoyer tout droit à la maison mère, au terminus des prétentieux…
(« Le terminus des prétentieux » était un des titres envisagés pour le film)
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


On vous apprend quoi à l'école, mon petit chat ? Les jolies filles en savent toujours trop. Vous savez comment je l'vois votre avenir ? Vous voulez le savoir ? […] L'Égypte c'est pas commun ça l'Égypte. C'qui a d'bien c'est qu’là-bas, l'artiste est toujours gâté. […] J'disais l'Egypte comme ça ! J'aurais aussi bien pu dire… le Liban !
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard


Dis donc, elle est maquée à un jaloux ta nièce ? J'faisais un brin de causette, le genre réservé, tu m'connais : mousse et pampre, voilà tout d'un coup qu'un petit cave est venu me chercher, les gros mots et tout !
  • Bernard Blier, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard

Monsieur Fernand

Et pourquoi pas de la quinine et un passe-montagne ? On croirait vraiment que j'pars au Tibet.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Vous avez quand même pas besoin de moi pour aligner 10 tracteurs dans un stand, non ? Hein ? ... Tâchez plutôt qu'elle tombe pas en panne comme la dernière fois.
- Qu'est ce qui a été en panne?
- La dépanneuse.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





“Louis de retour. Présence indispensable.” Présence indispensable ! Après quinze ans de silence, y'en a qui poussent un peu, quand même ! Quinze ans d'interdiction de séjour ! Pour qu'il abandonne ses cactus et qu'il revienne à Paris, il faut qu'il en arrive une sévère au vieux Louis. Ou qu'il ait besoin de pognon ou qu'il soit tombé dans une béchamel infernale !
  • Lecture du télégramme.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





J'ai pas entendu dire que le Gouvernement t'avait rappelé, qu'est ce qui t'a pris de revenir ?
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Dis-donc, j'tiens plus en l'air, moi ! T'aurais pas une bricole à grignoter là ?
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





J'ai une santé de fer. Voilà quinze ans que je vis à la campagne : que je me couche avec le soleil, et que je me lève avec les poules.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Trois morts subites en moins d'une demi-heure, ah ça part sévère les droits de succession.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Ça va changer vite, c'est moi qui vous le dis ; la boîte que je vais lui trouver, va falloir qu'elle y reste, croyez-moi ! Ou sinon, je vais la filer chez les vraies sœurs, les vraies, pension au bagne avec le réveil au clairon et tout le toutim, non mais sans blague !?
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Patricia, mon petit… je ne voudrais pas te paraître vieux jeu ni encore moins grossier. L'homme de la pampa, parfois rude, reste toujours courtois, mais la vérité m'oblige à te le dire : ton Antoine commence à me les briser… MENUES !
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





C'est jamais bon de laisser dormir les créances, et surtout de permettre au petit personnel de rêver.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Je ne rêve pas en couleur, je ne rêve pas en noir, je ne rêve pas du tout, je n'ai pas le temps !
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Les cons ça osent tout ! C'est même à ça qu'on les reconnaît.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





On ne devrait jamais quitter Montauban.
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Happy beurzday to you... Happy beurzday to you !.. Happy beurzday to you-ouuuuu !.. Happy beurzday to... *Flanque une volée à Raoul Volfoni*
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Quand la protection de l'enfance coïncide avec la crise du personnel, faut plus comprendre, faut prier !
  • Lino Ventura, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard

 

Maître Folace

Le lion est mort, les chacals se disputent l'empire. Enfin, on peut pas demander plus aux frères Volfoni qu'aux fils de Charlemagne.
  • Francis Blanche, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





C'est curieux chez les marins ce besoin de faire des phrases…
  • Francis Blanche, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Touche pas au grisbi, salope !
  • Francis Blanche, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





On a dû arrêter la fabrication, y a des clients qui devenaient aveugles : ça faisait des histoires.
  • Francis Blanche, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Y'a deux solutions : ou on se dérange ou on méprise... Oui, évidemment, n'importe comment, une tournée d'inspection ne peut jamais nuire, bien sûr !
  • Francis Blanche, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Jean

Tiens, vous avez sorti le vitriol ?
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Yes sir !
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Welcome Sir ! My name is John !
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Your room is ready sir !
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Hé ben moi j'aurais donné à mademoiselle 20/20, et en cotant vache.
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Allons vite messieurs, quelqu'un pourrait venir, on pourrait se méprendre, et on jaserait. Nous venons déjà de frôler l'incident.
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





On demande monsieur au téléphone. Un appel de Montauban. L'interlocuteur me semble, comment dirais-je, un peu rustique. Le genre agricole.
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





(prenant un pistolet dans une boite de biscuits) Quand ça change, ça change... Faut jamais se laisser démonter.
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





(donnant un pistolet à Fernand) Je ne demande pas à monsieur si monsieur sait s'en servir.
  • Robert Dalban, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Paul Volfoni

Écoute : on te connaît pas. Mais laisse-nous te dire que tu te prépares des nuits blanches, des migraines, des nervousses brékdones comme on dit de nos jours.
  • Jean Lefebvre, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





J'te disais que cette démarche ne s'imposait pas. Au fond maintenant, les diplomates prendraient plutôt le pas sur les hommes d'action. L'époque serait aux tables rondes et à la détente. Hein ? Qu'est ce que t'en penses ?
  • Jean Lefebvre, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Pourquoi pas ? Au contraire, les tâches ménagères ne sont pas sans noblesse.
  • Jean Lefebvre, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Théo

C'est pas ma marque préférée.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





La bave du crapaud n'empêche pas la caravane de passer !
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Monsieur Fernand, le transport clandestin ne réclame pas seulement des compétences, mais de l'honnêteté, contrairement aux affaires régulières, on paye comptant et en liquide. Ça peut tenter les âmes simples.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Das Leben eines Mannes, zwischen Himmel und Erde, vergeht wie der Sprung eines jungen weissen Pferdes über einen Graben : ein Blitz... pfft, es ist vorbei... (La vie d'un homme, entre ciel et terre, passe comme le bond d'un poulain blanc au-dessus d'un fossé : un éclair... pfft... c'est fini...) Chine IVème siècle avant Jesus-Christ
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Il faut bien admettre qu'exceptionnellement, Dieu n'est pas avec nous ! (Gott mit uns)
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage !
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Moins qu'avant : la jeunesse française boit des eaux pétillantes, et les anciens combattants, des eaux de régime. Puis, surtout, il y a le whisky… C'est le drame ça, le whisky.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Y'a des impulsifs qui téléphonent, y'en a d'autres qui se déplacent.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Seulement, maintenant, on a le droit pour nous (...) Légitime défense, avec moi ça pardonne pas.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Une fois Stalingrad, ça suffit.
  • Horst Frank, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Madame Mado

J'dis pas que Louis était toujours très social, non, il avait l'esprit de droite. Quand tu parlais augmentation ou vacances, il sortait son flingue avant que t'aies fini. Mais il nous a tout de même apporté à tous la sécurité.





Une bonne pensionnaire, ça devient plus rare qu'une femme de ménage. Ces dames s'exportent, le mirage africain nous fait un tort terrible ; et si ça continue, elles iront à Tombouctou à la nage.





Antoine Delafoy

Monsieur Naudin, vous faites sans doute autorité en matière de bulldozer, de tracteur et caterpillar, mais vos opinions sur la musique moderne et sur l'art en général, je vous conseille de ne les utiliser qu'en suppositoire. Voilà ! Et encore, pour enfants…
  • Claude Rich, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Rêvez-vous en couleur ?
  • Claude Rich, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Je préfère m'en tenir à Freud, c'est plus rigolo.
  • Claude Rich, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Je ferai donc mon panégyrique moi-même, c'est parfois assez édifiant et souvent assez drôle, car il m'arrive de m'attribuer des mots qui sont en général d'Alphonse Allais et des aventures puisées dans La Vie des Hommes illustres.
  • Claude Rich, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





...ce qu'il est convenu d'appeler un grand honnête homme. Porté sur la morale et les soubrettes, la religion et les jetons de présence.
  • Claude Rich, Les Tontons flingueurs (1963), écrit par Michel Audiard





Pascal

Le Mexicain l'avait achetée en viager à un procureur à la retraite. Après trois mois, l'accident bête. Une affaire.





Seulement, de nos jours, il y a de moins en moins de techniciens pour le combat à pied. L'esprit fantassin n'existe plus, c'est un tort.





La psychologie, y en a qu'une : défourailler le premier !
Le prix s'oublie, la qualité reste.
  • Réplique du cousin de Pascal, en parlant de son nouveau pistolet…





J'peux pas l'dire, j'ai promis, ce serait mal.

Tomate, tu devrais envoyer Freddy faire un tour, il y a une charrette dans le parc avec deux gars dedans... Ça fait désordre !





Louis le Mexicain

Henri, fais tomber cent sacs au toubib !





Je suis revenu pour caner ici, et pour me faire enterrer à Pantin avec mes vioques. Les Amériques c'est chouette pour y prendre du carbure. On peut y vivre, aussi, à la rigueur. Mais question de laisser ses os, hein, y'a que la France !





Chez moi, quand les hommes parlent, les gonzesses se taillent !





                             Les scènes mythiques

La scène de la cuisine

Paul Volfoni : L'alcool à c't'âge-là !
Monsieur Fernand : Non mais c'est un scandale hein ?
Raoul Volfoni : Nous par contre, on est des adultes, on pourrait peut-être s'en faire un petit ? Hein?
Monsieur Fernand : Ça... le fait est... Maître Folace ?
Maître Folace : Seulement, le tout-venant a été piraté par les mômes. Qu'est ce qu'on fait ? on se risque sur le bizarre ?... Ça va rajeunir personne. (Il sort la bouteille)
Raoul Volfoni : Ben nous voilà sauvés.
Maître Folace : Sauvés... Faut voir !
Jean : Tiens, vous avez sorti le vitriol ?
Paul Volfoni : Pourquoi vous dites ça ?
Maître Folace : Eh !
Paul Volfoni : Il a pourtant un air honnête.
Monsieur Fernand : Sans être franchement malhonnête, au premier abord, comme ça, il… a l'air assez curieux.
Maître Folace : Il date du Mexicain, du temps des grandes heures, seulement on a dû arrêter la fabrication, y'a des clients qui devenaient aveugles. Alors, ça faisait des histoires !
(ils trinquent puis boivent prudemment)
Raoul Volfoni : Faut r'connaître... c'est du brutal !
Paul Volfoni : (les larmes aux yeux) Vous avez raison, il est curieux, hein ?
Monsieur Fernand : J'ai connu une Polonaise qu'en prenait au p'tit déjeuner. Faut quand même admettre : c'est plutôt une boisson d'homme… (il tousse)
Raoul Volfoni : Tu sais pas ce qu'il me rappelle ? C't'espèce de drôlerie qu'on buvait dans une petite taule de Bien Hoa, pas tellement loin de Saïgon. "Les volets rouges"... et la taulière, une blonde comac... Comment qu'elle s'appelait, nom de Dieu ?
Monsieur Fernand : Lulu la Nantaise.
Raoul Volfoni : T'as connu ?
(Monsieur Fernand lève les yeux au ciel)
Paul Volfoni : J'lui trouve un goût de pomme.
Maître Folace : Y'en a.
Raoul Volfoni : Eh bien c'est devant chez elle que Lucien "le cheval" s'est fait dessouder.
Monsieur Fernand : Et par qui ? Hein?
Raoul Volfoni : Ben v'la que j'ai plus ma tête.
Monsieur Fernand : Par Teddy de Montréal, un fondu qui travaillait qu'à la dynamite.
Raoul Volfoni : Toute une époque !





(ils sont tous ivres)
Maître Folace : D'accord, d'accord, je dis pas qu'à la fin de sa vie Jo Le Trembleur il avait pas un peu baissé. Mais n'empêche que pendant les années terribles, sous l'occup', il butait à tout va. Il a quand même décimé toute une division de Panzers.
Raoul Volfoni : Ah ? Il était dans les chars ?
Maître Folace : Non, dans la limonade, sois à c'qu'on t'dit !
Raoul Volfoni : J'ai plus ma tête ! J'ai plus ma tête !





Maître Folace : Et … Et … Et … 50 kilos de patates, un sac de sciure de bois, il te sortait 25 litres de 3 étoiles à l'alambic ; un vrai magicien Jo. Et c'est pour ça que je me permets d'intimer l'ordre à certains salisseurs de mémoire qu'ils feraient mieux de fermer leur claque-merde !
Paul Volfoni : Vous avez beau dire, y a pas seulement que d'la pomme… y'a autre chose… ça serait pas des fois de la betterave ? Hein ?
Monsieur Fernand : Si, y en a aussi !





Théo cherche un chauffeur

Théo : Vous n'êtes jamais en proie au vague à l'âme, Monsieur Fernand ?
Fernand : Ma foi, j'en abuse pas, non.
Théo : Vous n'avez peut être pas les mêmes raisons. Vous avez gagné la guerre, vous...
Fernand : Bon, d'accord, j'ai gagné la guerre... mais si je me suis dérangé exprès, c'est pas pour défiler, hein ?





Théo : Imaginez : la nuit, en plein milieu de la route, un homme armé, en uniforme qui agite une lanterne et qui crie halte... qu'est ce que vous faites ?
Monsieur Fernand : J'm'arrête bien sûr, je passe pas dessus !
Théo : Eh bien, c'est pour ça que vous avez encore votre permis. Moi pas !
Monsieur Fernand : Bon, les papiers du bahut sont en règle au moins, oui ?
Théo : Tout est en ordre ! Mais, Monsieur Fernand, vous ne prétendez pas ...
Monsieur Fernand : ... Quand y'a six briques en jeu, j'prétends n'importe quoi. J'ai conduit des tracteurs, des batteuses, et toi qui parlais de guerre, j'ai même conduit un char Patton.
Théo : C'est pas ma marque préférée...





Tentative d'assassinat près de chez Tomate

Pascal : Je serais d'avis qu'on aborde molo, des fois qu'on soit un peu attendus… mais, sans vous commander, si vous restiez un peu en retrait… hein ?
Monsieur Fernand : N'empêche qu'à la retraite de Russie, c'est les mecs qui étaient à la traîne qui ont été repassés !





Dans la chambre du Mexicain

Louis : Du point de vue oseille, je te laisse de quoi faire ce qui faut pour la petite. Oui, j'ai des affaires qui tournent toutes seules. Maître Folace, mon notaire, t'expliquera. Tu sais combien ça laisse une roulette ! 60 % de velours !
Fernand : Et, sur le plan des emmerdements, 36 fois la mise, hein !
  • Louis propose à Fernand de prendre la succession de ses affaires.





Fernand : Arrête un peu, hein ! Depuis plus de vingt piges que je te connais, je te l'ai vu cent fois faire ton guignol, alors hein ! Et à propos de tout : de cigarettes, de came, de nanas. La jérémiade ça a toujours été ton truc à toi ! Une fois je t'ai même vu chialer, tu ne vas quand même pas me servir ça à moi, non !
Louis : Si ! Ben, tu te rends pas compte, saligaud, qu'elle va perdre son père, Patricia. Que je vais mourir !
Fernand : Oh je te connais : tu en es bien capable. Voilà dix ans que t'es barré, tu reviens et je laisse tout tomber pour te voir et c'est pour entendre ça ? Et moi comme une pomme… (on frappe à la porte)





Bastien et Pascal rendent leur tablier

Bastien : Ah, forcément, t'as pas donné à Monsieur Fernand mes références : première gâchette chez Volfoni, cinq ans de labeur, de nuit comme de jour, et sans un accroc !
Pascal : Vous la voyez, ce coup-là, l'embrouille ? Dans le monde des caves, on appelle ça, un "cas de conscience". Nous, on dit : un "point d'honneur". Entre vous et les Volfoni, il va faire vilain temps. En supposant que ça tourne à l'orage, Bastien et moi, on est sûrs de se retrouver face à face, flingue en pogne, avec l'honnêteté qui commande de tirer... Ah, non ! un truc à décimer une famille !





Fernand et Pascal dans la voiture pour aller chez Tomate

Fernand : Ben... Et l'autre, là, le coquet ?
Pascal : L'ami Fritz ? Il s'occupe de la distillerie clandestine.
Fernand : C'est quand même marrant l'évolution. Quand je l'ai connu, le Mexicain, il recrutait pas chez Tonton.
Pascal : Vous savez ce que c'est, non ? L'age, l'éloignement... A la fin de sa vie, il s'était penché sur le reclassement des légionnaires.
Fernand : Ah !... Si c'est une oeuvre, alors là, c'est autre chose !





Maitre Folace explique à Fernand le "recrutement" de Jean

Fernand : Dites donc, il picole pas un peu votre british ?
Maitre Folace : Oh, lala !... Et il est pas plus british que vous et moi. C'est une découverte du Mexicain.
Fernand : Il l'a trouvé où ?
Maitre Folace : Ici... Il l'a même trouvé devant son coffre-fort, il y a 17 ans de ça. Avant d'échouer devant l'argenterie, l'ami Jean avait fracturé la commode Louis XV. Le Mexicain lui est tombé dessus juste au moment où l'artiste allait attaquer les blindages au chalumeau.
Fernand : Je vois d'ici la petite scène.
Maitre Folace : Vu ses principes, le patron ne pouvait pas le donner à la police... Ni accepter lui-même de régler les dégâts. Résultat : Jean est résté ici 3 mois au pair comme larbin pour régler la petite note. Et puis la vocation lui est venue... Le style aussi... Peut-être, également, la sagesse. Dans le fond : nourri, logé, blanchi, 2 costumes par an... Pour un type qui passait la moitié de sa vie en prison !...
Fernand : ...Il a choisi la liberté quoi !





 






Dans le même genre d'exercice :





 

Affiche du film "Les Tontons flingueurs" - 1963© - 2013 / Jean-François Siry
 
Pourquoi, comment "Les Tontons flingueurs" ont-ils décroché l'auréole de film-culte ? On en connaît qui, plusieurs fois l'an, regardent le DVD - dernière version soigneusement restaurée, évidemment. D'autres en ont moins besoin, c'est qu'ils connaissent toutes les répliques par cœur. Sur Facebook, le groupe dédié, c'est cinquante milliers d'amis. Ce printemps, "Le Point" sort un numéro hors-série - il est vrai que « Télérama » en a déjà consacré un à Louis de Funès. Et dans le catalogue des commémorations nationales de 2013, deux pages. Alors que le centenaire du grand philosophe Paul Ricœur n'est pas même mentionné !
Une explication ? On va être pédant comme Antoine Delafoy dans le film. Ricœur recommande de ne pas ployer sous la mémoire et de faire sa place à l'oubli. Mais la France n'entend pas déposer au vestiaire ses souvenirs des Trente Glorieuses. Et quel autre film les incarnerait-il mieux. "Les Tontons flingueurs"aspirent à l'ordre, le réfrigérateur Kelvinator ronronne dans la cuisine, encore un moment et ils vont pouvoir passer à table. Et surtout, rien n'a encore vraiment changé dans les mœurs. Les femmes sont toujours à leur place. Les hommes disent : « Moi, je connais qu'une loi, celle du plus fort ». Le confort moderne et les valeurs traditionnelles, quoi de mieux que les Trente Glorieuses ?




BORIS VIAN


Boris Vian, Équarrisseur de première classe

Satrape et Promoteur Insigne de l'Ordre de la Grande Gidouille
Par Nicole Bertolt et Anne Mary
« Vous savez que Jarry considère les lois générales de la physique comme un ensemble d'exceptions non exceptionnelles et par conséquent sans intérêt. […]L'Exception exceptionnelle seule [a] un intérêt. »Boris Vian

La 'Pataphysique

Le Collège de ‘Pataphysique a été fondé par Emmanuel Peillet, en mai 1948 (de l’ère vulgaire, car il n’y a pas encore de calendrier pataphysique), et on trouve ses références et son organisation dans l’ouvrage d’Alfred Jarry Gestes et Opinions du docteur Faustroll, pataphysicien, paru après le décès de l’auteur, en 1911. Jarry fait précéder le terme de « pataphysique » d’une apostrophe afin d’éviter « un facile calembour ». Le Collège en propose plusieurs définitions. De la plus directe, « la science des solutions imaginaires », à la plus complexe : « La ‘Pataphysique est à la métaphysique ce que la métaphysique est à la physique », voire « la plus vaste et la plus profonde des Sciences, celle qui d’ailleurs les contient toutes en elle-même, qu’elles le veuillent ou non », ou bien encore : « La ‘Pataphysique est l’équivalence des contraires » ; pour résumer : « La ‘Pataphysique est la substance même de ce monde.»

Vian et la 'Pataphysique

Principes antinomiques, farfelus ? Certainement pas pour Boris Vian : c’était exactement ce genre de définitions qu’il appréciait et défendait. Il s’agissait pour lui de se réaliser à travers ces principes et de repousser ainsi les murs de la connaissance afin d’en découvrir d’autres. Toujours prêt à tout essayer, il estimait que, d’une façon générale, l’homme avait de multiples compétences non exprimées et donc non exploitées, et que le Collège était là pour les révéler.
Les statuts du Collège – expliquant que tout postulant doit avoir un cerveau d’au moins trente grammes, deux yeux au plus, doit pouvoir présenter au moins trois cents cheveux et quarante-cinq poils de barbe – avaient achevé de le convaincre car la distance avec les sujets traités était de mise pour l’écrivain.
Lors d’une émission de radio, en mai 1959, Boris Vian expliqua qu’il faisait de la ‘Pataphysique depuis qu’à l’âge de neuf ans il avait été marqué par une phrase dans une pièce de Robert de Flers et Gaston Arman de Cavaillet, La Belle Aventure: « Je m’applique volontiers à penser aux choses auxquelles je pense que les autres ne penseront pas. » Il devait toujours garder en lui cette clé jusqu’à ce qu’il trouve la porte du Collège.
Les liens entre Boris Vian et le Collège de ‘Pataphysique se nouèrent en juin 1952. Il y avait eu l’intérêt suscité par sa pièce L’Équarrissage pour tous auprès des pataphysiciens, le 13 avril 1950 (jour de la fête des Polyèdres de l’année 77 en calendrier pataphysique), et Vian fut reçu parmi eux avec le titre d’« Équarrisseur de première classe ». La critique s'était montrée impitoyable envers cette farce sur la guerre, qui présente la vie d’une famille normande le jour du débarquement du 6 juin 1944 ; ces débats plaisaient à Boris Vian, augmentant ainsi sa prédisposition pataphysicienne, et le Collège ne s’y trompa pas. On peut lire dans le « Dossier 12 » du Collège : « On sortait à peine de cette étrange période qui suivit la Libération et que l’on pouvait caractériser en l’appelant l’époque du silence sacré… » Dès le 11 mai 1953, Vian fut nommé « Satrape » et « Promoteur Insigne de l’Ordre de la Grande Gidouille ». Ses diplômes du Collège sont encadrés et accrochés au mur de son appartement à côté de celui qui porte la mention d’ingénieur de l’École centrale des arts et manufactures.


Lettres 'pataphysiciennes

Il envoya plusieurs lettres-études au Collège, trois à Henri Robillot, Provéditeur-Éditeur, et une au Baron Mollet. Il s’agit de la Lettre au Provéditeur-Éditeur sur la Sagesse des Nations (dans laquelle il décompose le proverbe « Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse ») en 1953, de la Lettre au Provéditeur-Éditeur sur un problème quapital et quelques autres (« Retirez le Q de la coquille : vous avez la couille, et ceci constitue précisément une coquille ») en 1955, de la Lettre au Provéditeur-Éditeur sur quelques équations morales (« À bon chat bon rat ») la même année, et de la Lettre à Sa Magnificence le Vice- Curateur Baron sur les truqueurs de la guerre en 1959. Il écrivit également un Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu par des méthodes simples et fausses (1955).
D’autres textes, qui ne furent pas directement soumis au Collège, sont empreints de ‘Pataphysique : Le Lampiste est le vrai coupable, ainsi que le texte de la conférence « Approche discrète de l’objet »1 reprennent des sujets chers à Boris Vian, la guerre pour le premier, et l’utilité de l’objet pour le second, dont il argumente ainsi l’intérêt : « Il est absolument nécessaire de parler de l’objet et de ne parler que de lui si l’on veut éviter de faire une conférence sans objet, et rester inattaquable. » Boris Vian défend ensuite un point de vue plus ardu, non sans ironie envers les philosophes : « … il y a progrès lorsque l’on passe du sujet à l’objet et que, pour parler plus simplement, l’être ne se transcende qu’en s’objectivant selon une ligne de son choix. »
Vian se sert à la fois de sa virtuosité pour jouer avec les mots dans les diverses lettres au ProvéditeurÉditeur et au Vice-Curateur, et de sa formation d’ingénieur dans le Mémoire concernant le calcul numérique de Dieu. Alors que, découragé, il cessait d’écrire des romans, la ‘Pataphysique lui ouvrit un autre espace de création, et lui permit de laisser libre cours à son esprit inventif et systématique. C’est pourquoi, selon Vian, le proverbe « À bon chat bon rat » se prête à « de mirificques transformations. […] Puis la lumière se fit (dans les quinze watts, car je ne suis pas riche), et je me dis que l’“at” pouvait sans inconvénient être retranché des deux termes de cette sorte d’égalité. […] Ainsi, mathématiquement, l’égalité À bon ch bon r est parfaitement correcte ; et mes 15 watts en firent bientôt 25, lorsque je me mis en devoir d’ajouter des quantités égales et positives, imaginaires ou réelles, aux deux termes. Or, voyez ma découverte : il y a là une source quasi infinie de nouveaux proverbes ».
Latis rappelle aussi que Boris Vian travaillait sur un projet de Traité de civisme, s’essayant à comparer les théories, notamment sur le travail, thème déjà abordé dans L’Écume des jours. Il semble aussi qu’il ait mentionné un « Traité de morale mathématique » à certains de ses amis, sans avoir eu cependant le temps de l’offrir à un prochain cahier du Collège.
Outre ses études, qui réjouissaient ses amis pataphysiciens, Vian correspondait régulièrement avec plusieurs d’entre eux, notamment avec Emmanuel Peillet, alias Jean-Hugues Sainmont, avec qui il collabora pour le fonctionnement du Collège. Cette correspondance chaleureuse et technique entre Boris Vian et Latis, Covice-Rogateur et secrétaire particulier du Baron Mollet, témoigne d’une collaboration fructueuse, surtout en ce qui concerne les éditions du Collège et l’organisation des rencontres. Malgré sa fatigue, Boris Vian s’investit, puisant dans cette nouvelle activité énergie et enthousiasme.

La société des 'pataphysiciens

Les publications du Collège furent pour Boris Vian d’un grand réconfort, et il les soutint ardemment, proposant des textes, présentant d’éventuels nouveaux membres, accueillant chez lui, sur la terrasse de la cité Véron, les Satrapes et Optimates. Bien qu’épuisé en ce mois de juin 1959, il eut un immense plaisir à organiser la fête pour l’Acclamation solennelle de Sa Magnificence, c’est-à-dire la nomination du Vice-Curateur du Collège, le Baron Jean Mollet. Ce 11 juin 1959, il régla lui-même tous les détails de la cérémonie et, avec son épouse, la régente Ursula Kübler, il profita de chacun de leurs invités : Raymond Queneau, Eugène Ionesco, Jacques Prévert, Joan Miró, René Clair, Marcel Duchamp, Max Ernst, Michel Leiris, Jean Dubuffet, Henri Jeanson, Henri Salvador, Siné, Jean Ferry, Raymond Fleury, Latis, François Caradec, Noël Arnaud… Et le champagne coula à flots car un des plus anciens membres du Collège portait un nom célèbre dudit breuvage. Boris Vian décéda douze jours plus tard.
Un an après sa mort, le Collège rendit un hommage d’importance à Boris Vian, en lui consacrant un numéro, le « Dossier 12 » des Dossiers acénonètes du Collège de ‘Pataphysique (juin 1960). Ses amis, forts de leur enthousiasme pour son œuvre, travaillèrent à la faire mieux connaître, à partager leur passion, et les publications posthumes s’échelonnèrent dans le temps : Zoneilles (1961), Le Goûter des généraux (1962), Le Calcul numérique de Dieu (1977)… Ainsi, dans la redécouverte de l’œuvre de Vian, le Collège joua un rôle majeur, aux côtés d’Ursula Vian-Kübler. Mais est-il la peine de rappeler que, la ‘Pataphysique se situant partout, on peut la retrouver dans presque tous les écrits de Boris Vian ?
1. Cette conférence est donnée le vendredi 4 juin 1948, à l'occasion d'un cycle de conférences sur le thème « L'Objet et la poésie ». Avant Boris Vian, Maurice Merleau-Ponty est venu parler de « l'homme et l'objet », et après lui Jacques Lacan, Jean Cocteau, Max-Pol Fouchet et Roland Manuel s'expriment également sur ce sujet. Le texte de la conférence de Vian est publié après sa mort dans le « Dossier 12 » qui lui est consacré par le Collège de 'Pataphysique.




Avec des acteurs de la Comédie Française qui préparent un "Cabaret Vian", rendez-vous chez l’auteur de l’écume des jours, au 6 bis, cité Véron, Paris 18ème..
Son appartement situé près du Moulin rouge à Paris est intact..

Suivez-nous dans l’atelier fantôme de Boris Vian…













Programmation musicale :
- "On n'est pas là pour se faire engueuler" Boris Vian
- "La complainte du progrès" par Boris Vian
- "Je bois" par Boris Vian
- "Basin Street Blues" standard de jazz joué par Boris Vian
- "Pretty Woman" par Duke Ellington

Chez Boris Vian© Radio France - 2013 / Vincent Josse


Chez Boris Vian© Radio France - 2013 / Vincent Josse



Serge Bagdassarian chez Boris Vian© Radio France - 2013 / Vincent Josse