Quand un discours est bon...
pourquoi se priver ....
Ancien député européen, il a longtemps été un proche collaborateur de la candidate du Front national !
" Ces termes, d'inspiration gaulliste, sont ceux de mon ouvrage "L'Europe vers la Guerre" (1997) " a déclaré Paul-Marie Couteaux
Il y a pourtant très longtemps eu ses entrées. Conseiller ministériel de la gauche dans les années 80, Paul-Marie Coûteaux se tourne ensuite vers le RPR, puis vers le Mouvement pour la France de Philippe de Villiers, parti qui lui permet de devenir député européen en 1999. En 2004, il est l'auteur d'un livre de correspondances, «Ne laissons pas mourir la France», avec Nicolas Dupont-Aignan, alors député UMP.
Son évolution vers la droite l'amène à créer en 2011 un micro-parti, baptisé Souveraineté, Indépendance et Libertés (Siel), chargé de soutenir le Front national. Officieusement, Paul-Marie Coûteaux est déjà un conseiller très actif de Marine Le Pen. L'énarque, qui aimait se présenter comme «le DRH du FN», est l'homme qui a joué les entremetteurs entre Florian Philippot et la fille de Jean-Marie Le Pen. En 2010, il s'improvise même professeur particulier de l'actuelle candidate frontiste, lui écrivant une lettre, dénichée par «Le Point», pour lui recommander une liste d'ouvrages à lire afin de parfaire sa culture.
Condamné pour avoir suggéré de «concentrer» les Roms «dans des camps»
Mais rapidement, Coûteaux devient gênant dans l'entreprise de dédiabolisation du FN. En 2012, il dérape sur le plateau de «Ce soir ou jamais», estimant que «le mariage homosexuel est une violence faite à la nature». Deux ans plus tard, alors qu'il est candidat du Front national aux municipales dans le VIe arrondissement de la capitale, il publie une note sur son blog où il suggère de «concentrer» les Roms «dans des camps». Des propos qui amènent Marine Le Pen à rompre le contact avec lui et qui lui vaudront une condamnation à 3 000 euros d'amende.
Evincé de son poste de président du Siel, il se refuse pourtant à rompre avec le monde politique. Présent au grand meeting parisien de François Fillon en avril, ce défenseur de l'union des droites a entretenu des échanges avec Bruno Retailleau, soutien du candidat des Républicains, et Philippe Olivier, beau-frère de Marine Le Pen. «Je suis là pour aider François à vaincre Emmanuel Macron», expliquait-il alors à «L'Obs». Un mois plus tard, son poulain a changé mais l'objectif demeure. Tout comme ses mots.
VIDEO. Les similitudes des discours de Fillon et Le Pen
Si sur le plan juridique, Marine Le Pen ne risque absolument rien après son plagiat du discours de François Fillon, qu'en est-il au plan politique ?
"Un clin d'œil assumé". Très vite lundi soir, plusieurs ténors du Front national, comme Florian Philippot, Louis Aliot ou David Rachline, se sont précipités dans les médias pour assurer que ce plagiat n'était en fait qu'un "clin d'œil assumé à un bref passage touchant d'un discours sur la France" de la part "d'une candidate de rassemblement qui montre qu'elle n'est pas sectaire". Même son de cloche, et mêmes éléments de langage chez Gaëtan Dussausaye, directeur national du FNJ, interrogé sur CNews lundi soir. Mardi matin, Nicolas Bay en remet une couche. Interrogé par Sud Radio/Public Sénat, le secrétaire général du Front national évoque à son tour "un clin d'œil assumé, un petit emprunt". La stratégie de communication est en place.
La pirouette du Front national. Pour Arnaud Mercier, professeur en communication politique à l'université Panthéon-Assas, "certes, ils ont été pris les doigts dans le pot de confiture. Mais cela aurait été beaucoup plus gênant, voire même carrément ridicule, s'ils avaient fait un mea culpa". Là, le Front national réalise une pirouette : rendre acceptable, et même utile, un plagiat pourtant bien peu déontologique. Et finalement, cette pirouette pourrait même profiter à la candidate frontiste. Pour Arnaud Mercier, "la polémique permet à Marine Le Pen de donner du relief à un discours qui, sans ça, serait passé inaperçu". "C'est 'l'effet Streisand'", précise-t-il, c'est-à-dire mettre en lumière quelque chose que l'on n'aurait pas vu sans la controverse.
Un "épiphénomène" de la campagne. Dans une campagne électorale aux multiples rebondissements, et à la veille du débat télévisé de l'entre-deux tours, difficile d'imaginer un quelconque chambardement côté FN. "C'est un épiphénomène. Ça fait le buzz, mais ça n'aura pas d'incidence sur la fin de la campagne", assure Arnaud Mercier. Marine Le Pen, bien que visée par une enquête, n'a jamais souffert de la défiance de ses supporters. Ce plagiat, "épiphénomène de cette campagne", selon Arnaud Mercier, ne risque aucunement de faire basculer les électeurs : ceux qui la détestent continueront à la critiquer, et ceux qui l'aiment continueront à la soutenir.