IMPARABLE !
Article de PIERRE JOURDE - 20/10/2020
Aux musulmans, et en particulier aux Ă©lĂšves et parents d’Ă©lĂšves qui dĂ©sapprouvent les caricatures de Mahomet
Chers concitoyens musulmans,
Ne nous voilons pas la face : il y a un problÚme. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?
A la fin du Moyen-Ăge, tous les pays chrĂ©tiens et musulmans vivaient sous le mĂȘme rĂ©gime d’intolĂ©rance. Un simple soupçon de blasphĂšme ou d’impiĂ©tĂ© pouvait vous mener Ă l’Ă©chafaud. Les gens des autres religions ne disposaient pas des mĂȘmes droits et Ă©taient Ă peine tolĂ©rĂ©s. On peut mĂȘme dire que les pays musulmans, l’empire ottoman en particulier, Ă©taient un peu plus tolĂ©rants envers les juifs et les chrĂ©tiens que les pays chrĂ©tiens ne l’Ă©taient envers les juifs et les musulmans.
Et puis, en Europe, il s’est passĂ© deux phĂ©nomĂšnes, Ă©troitement liĂ©s, qui ont fait la sociĂ©tĂ© oĂč nous vivons aujourd’hui, la France, et plus gĂ©nĂ©ralement les pays occidentaux : la naissance de l’esprit scientifique et la philosophie des lumiĂšres. Cela a mis quatre siĂšcles pour aboutir, du XVIe siĂšcle au dĂ©but du XXe siĂšcle, le travail a Ă©tĂ© long, douloureux et sanglant. Au bout de ce travail, il y a, entre autres, le droit au blasphĂšme.
L’esprit scientifique a cherchĂ© Ă expliquer rationnellement le monde, par l’observation et la logique, sans s’en tenir aux vĂ©ritĂ©s religieuses. Il a d’abord fallu faire admettre aux autoritĂ©s chrĂ©tiennes que la terre tournait sur elle-mĂȘme et autour du soleil. GalilĂ©e a Ă©tĂ© obligĂ© par l’Eglise de renoncer Ă ses dĂ©couvertes. Au XIXe siĂšcle encore, les dĂ©couvertes de Darwin Ă©taient refusĂ©es au nom de la Bible. Mais l’esprit scientifique a fini par s’imposer. GrĂące Ă lui, on en sait plus aujourd’hui sur l’univers, l’homme et la nature. Mais il a aussi permis l’essor technique : si vous avez un tĂ©lĂ©phone portable, la tĂ©lĂ©vision, une voiture, la lumiĂšre Ă©lectrique, si vous prenez l’avion, le train, si vous pouvez vous faire vacciner, passer une radio, c’est grĂące au dĂ©veloppement de l’esprit scientifique tel qu’il s’est dĂ©veloppĂ© en Europe, et qui a dĂ» lutter des siĂšcles contre la religion et ses soi-disant vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es.
L’esprit des lumiĂšres s’est opposĂ© aux persĂ©cutions religieuses, au fanatisme religieux, Ă la superstition. Voltaire a luttĂ© pour faire rĂ©habiliter Calas, condamnĂ© Ă l’atroce supplice de la roue, parce qu’il Ă©tait protestant et qu’on le soupçonnait d’avoir tuĂ© son fils parce qu’il voulait se convertir au catholicisme. Voltaire a luttĂ© pour faire rĂ©habiliter le Chevalier de la Barre. Ce garçon de vingt ans est torturĂ© et dĂ©capitĂ© pour blasphĂšme. On lui cloue sur le corps un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire et on le brĂ»le.
La RĂ©volution française, puis les lois de la laĂŻcitĂ©, qui s’imposent Ă la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, vont dans le mĂȘme sens : empĂȘcher la religion catholique, qui est pourtant celle de l’immense majoritĂ© des Français, d’imposer sa vĂ©ritĂ©, son pouvoir, de torturer et de tuer pour impiĂ©tĂ© ou pour blasphĂšme, et faire en sorte que toutes les religions aient les mĂȘmes droits, sans rien imposer dans l’espace public. Car c’est cela, la laĂŻcitĂ©.
Mais le catholicisme n’a pas abandonnĂ© si facilement la partie, mĂȘme aprĂšs avoir perdu le pouvoir, il voulait encore rĂ©gner sur les esprits, censurer la libre expression, imposer des visions rĂ©trogrades de l’homme et, surtout, de la femme. En 1880, puis encore en 1902, il a fallu expulser de France tous les ordres religieux catholiques qui refusaient de se plier aux lois de la rĂ©publique. Pas quelques imams : des milliers de moines et de religieuses. Ăa ne s’est pas passĂ© sans rĂ©sistance et sans violences.
La critique, la satire, la moquerie, le blasphĂšme ont Ă©tĂ© les moyens utilisĂ©s pour libĂ©rer la France de l’emprise religieuse. Tant que la religion Ă©tait religion d’Ă©tat, ceux qui le faisaient risquaient leur vie. Puis l’Eglise catholique a fini par accepter d’ĂȘtre moquĂ©e et caricaturĂ©e. Elle a acceptĂ© les lois de la dĂ©mocratie. Les caricatures et les blasphĂšmes Ă©taient infiniment plus durs et plus violents que les caricatures assez sages de Mahomet, chez les ancĂȘtres de Charlie Hebdo, qui s’appelaient par exemple L’Assiette au beurre, et plus rĂ©cemment, il y a une cinquantaine d’annĂ©es, Hara-Kiri, et de nos jours dans Charlie Hebdo, beaucoup plus durs avec le Christ qu’avec Mahomet. Imaginez qu’un artiste comme FĂ©licien Rops reprĂ©sentait le Christ nu, en croix, en Ă©rection, avec un visage de dĂ©mon ! Et « Hara-Kiri » la sainte vierge heureuse d’avoir avortĂ© ! Personne ne les a assassinĂ©s. Au contraire, en 2015, une revue catholique a publiĂ© des caricatures du Christ par Charlie Hebdo ! Pour montrer qu’ils Ă©taient capables de les accepter.
Si vous ĂȘtes libres de pratiquer votre religion en France, si vous avez les mĂȘmes droits que les chrĂ©tiens, c’est grĂące au blasphĂšme, qui a empĂȘchĂ© une religion d’imposer sa loi. Les musulmans sont redevables de leur libertĂ© aux blasphĂ©mateurs.
Beaucoup de gens aujourd’hui refusent l’idĂ©e de blasphĂšme, pas seulement les musulmans. Il faudrait « respecter » les religions. Mais c’est justement parce qu’on ne les a pas respectĂ©es que nous sommes libĂ©rĂ©s de l’emprise religieuse, et que nous vivons en dĂ©mocratie, dans un pays oĂč toutes les religions sont acceptĂ©es. Charlie Hebdo ne va pas trop loin, Charlie Hebdo fait avec courage son travail de journal satirique, qui s’en prend Ă tout le monde, sans distinction de religion ou d’origine, parce qu’en dĂ©mocratie on a le droit de se moquer de tout et de tout le monde. Sachez que Charlie Hebdo, qui est plutĂŽt classable Ă l’extrĂȘme gauche, s’en est pris au racisme, Ă l’extrĂȘme droite, au christianisme, aux hommes politiques de tous bords. Et Ă l’islam, donc, Ă Ă©galitĂ© avec les autres. Pourquoi auraient-ils dĂ» faire une exception uniquement pour l’islam ?
En France, on peut critiquer avec virulence tout le monde, les partis politiques, les institutions, les hommes politiques, les artistes, etc. Faut-il faire une exception pour les religions ?
En France, on peut moquer le catholicisme, le judaĂŻsme, le bouddhisme, sans risquer sa vie. Pourquoi ne peut-on moquer l’islam sans risquer sa vie ? L’islam serait-il une exception ?
L’islam peut ĂȘtre critiquĂ© et moquĂ©, comme toutes les autres religions, comme toutes les croyances, comme toutes les opinions, car en dĂ©mocratie, une religion est une opinion, elle n’est pas sacrĂ©e. Si vous n’admettez pas cela, alors vous n’admettez pas la dĂ©mocratie. Cela signifie que vous souhaitez vivre dans une sociĂ©tĂ© sans libertĂ© d’expression, oĂč on ne critiquera plus rien ni personne, dans une sociĂ©tĂ© sans blasphĂšme, oĂč la religion dictera aux gens leur maniĂšre de vivre, les limites de leur comportement et de leur parole. C’Ă©tait la France au Moyen-Ăge. C’est l’Arabie saoudite aujourd’hui.
L’islam est critiquable justement parce qu’il a encore du mal Ă accepter la libertĂ© d’expression et la libertĂ© des femmes. Connaissez-vous des massacres et des attentats de mĂȘme ampleur, partout dans le monde, au nom du christianisme ? L’islam est la seule religion aujourd’hui au nom de laquelle on tue des centaines d’innocents partout dans le monde. Combien de massacres en France, l’Hyper Cacher, Charlie Hebdo, le Bataclan, le carnaval de Nice, les petits enfants juifs tuĂ©s par Mohammed Merah, le professeur de Conflans, et bien d’autres encore ? Combien d’attentats aux Etats-Unis, en Espagne, en Angleterre, en Belgique, tous aux cris de « Allah est grand » ? Et les organisations totalitaires islamiques, comme Daech, Al QaĂŻda, les Tribunaux islamiques somaliens ou les Talibans, qui lapident, dĂ©capitent et crucifient au nom d’Allah les chrĂ©tiens, les musulmans chiites, les juifs, les zaĂŻdites, les homosexuels, les femmes adultĂšres et les blasphĂ©mateurs ? Et dans combien de pays islamiques les autres religions sont-elles persĂ©cutĂ©es, les femmes considĂ©rĂ©es comme mineures, des jeunes gens exĂ©cutĂ©s pour n’avoir pas respectĂ© la religion?
Ces pays et ces gens ont manquĂ© la rĂ©volution scientifique et l’esprit des lumiĂšres. Ils ont manquĂ© de blasphĂšme !
Critiquer l’islam n’est pas de l’« islamophobie », maladie imaginaire crĂ©Ă©e pour empĂȘcher justement toute critique, encore moins du racisme, qui n’a rien Ă voir. Est-ce que critiquer l’extrĂȘme droite est de l’extrĂȘme-droitophobie ? Est-ce que critiquer le capitalisme est de la capitalistophobie ? Est-ce que critiquer le catholicisme est de la catholicismophobie ?
Critiquer l’islam, c’est le mettre sur le mĂȘme plan que toutes les autres religions et opinions. C’est donc le respecter. Ne pas le critiquer, c’est penser qu’il est incompatible avec la dĂ©mocratie, comme on prĂ©serve la sensibilitĂ© d’un petit enfant qui ne peut pas endurer la mĂȘme chose que les adultes.
Les caricatures de Charlie Hebdo, celles des journaux danois, attaquaient l’islam justement sur le sujet de la violence et de l’intolĂ©rance. Et c’est bien un problĂšme, ne le pensez-vous pas ? Les rĂ©actions violentes ont montrĂ© qu’ils avaient raison ! Les assassins de Charlie Hebdo dĂ©montrent qu’ils avaient raison, qu’il y a lĂ un problĂšme. Le jour oĂč l’islam acceptera de se confronter Ă ses problĂšmes au lieu de tout renvoyer Ă l’islamophobie, le jour oĂč il acceptera de rire de lui-mĂȘme, et de prendre la moquerie avec une indulgence souriante, il montrera qu’il est compatible avec la dĂ©mocratie, capable d’autocritique, comme l’a Ă©tĂ© le catholicisme. Ce jour-lĂ , une simple petite caricature ne donnera plus lieu Ă des massacres.
Je souhaite vivement, je ne sais par quel canal, ĂȘtre entendu de vous, surtout ceux que choquent les caricatures. Qu’ils comprennent enfin que c’est la loi dĂ©mocratique, que c’est au prix de cette insolence qui rĂ©veille les esprits qu’on peut rĂ©flĂ©chir, se remettre en question et avancer. Et si les religions avaient enfin de l’humour ? Si la Grande MosquĂ©e de Paris organisait une expo Charlie Hebdo ? On peut rĂȘver…
Je tiens Ă prĂ©ciser que cette chronique est libre, non rĂ©munĂ©rĂ©e, qu’elle reflĂšte mes opinions et non celles du site qui m’hĂ©berge.IMPARABLE !
Article de PIERRE JOURDE - 20/10/2020
Aux musulmans, et en particulier aux Ă©lĂšves et parents d’Ă©lĂšves qui dĂ©sapprouvent les caricatures de Mahomet
Chers concitoyens musulmans,
Ne nous voilons pas la face : il y a un problÚme. Tant de morts, tant de souffrances pour de simples caricatures. Comment en est-on arrivés là ?
A la fin du Moyen-Ăge, tous les pays chrĂ©tiens et musulmans vivaient sous le mĂȘme rĂ©gime d’intolĂ©rance. Un simple soupçon de blasphĂšme ou d’impiĂ©tĂ© pouvait vous mener Ă l’Ă©chafaud. Les gens des autres religions ne disposaient pas des mĂȘmes droits et Ă©taient Ă peine tolĂ©rĂ©s. On peut mĂȘme dire que les pays musulmans, l’empire ottoman en particulier, Ă©taient un peu plus tolĂ©rants envers les juifs et les chrĂ©tiens que les pays chrĂ©tiens ne l’Ă©taient envers les juifs et les musulmans.
Et puis, en Europe, il s’est passĂ© deux phĂ©nomĂšnes, Ă©troitement liĂ©s, qui ont fait la sociĂ©tĂ© oĂč nous vivons aujourd’hui, la France, et plus gĂ©nĂ©ralement les pays occidentaux : la naissance de l’esprit scientifique et la philosophie des lumiĂšres. Cela a mis quatre siĂšcles pour aboutir, du XVIe siĂšcle au dĂ©but du XXe siĂšcle, le travail a Ă©tĂ© long, douloureux et sanglant. Au bout de ce travail, il y a, entre autres, le droit au blasphĂšme.
L’esprit scientifique a cherchĂ© Ă expliquer rationnellement le monde, par l’observation et la logique, sans s’en tenir aux vĂ©ritĂ©s religieuses. Il a d’abord fallu faire admettre aux autoritĂ©s chrĂ©tiennes que la terre tournait sur elle-mĂȘme et autour du soleil. GalilĂ©e a Ă©tĂ© obligĂ© par l’Eglise de renoncer Ă ses dĂ©couvertes. Au XIXe siĂšcle encore, les dĂ©couvertes de Darwin Ă©taient refusĂ©es au nom de la Bible. Mais l’esprit scientifique a fini par s’imposer. GrĂące Ă lui, on en sait plus aujourd’hui sur l’univers, l’homme et la nature. Mais il a aussi permis l’essor technique : si vous avez un tĂ©lĂ©phone portable, la tĂ©lĂ©vision, une voiture, la lumiĂšre Ă©lectrique, si vous prenez l’avion, le train, si vous pouvez vous faire vacciner, passer une radio, c’est grĂące au dĂ©veloppement de l’esprit scientifique tel qu’il s’est dĂ©veloppĂ© en Europe, et qui a dĂ» lutter des siĂšcles contre la religion et ses soi-disant vĂ©ritĂ©s rĂ©vĂ©lĂ©es.
L’esprit des lumiĂšres s’est opposĂ© aux persĂ©cutions religieuses, au fanatisme religieux, Ă la superstition. Voltaire a luttĂ© pour faire rĂ©habiliter Calas, condamnĂ© Ă l’atroce supplice de la roue, parce qu’il Ă©tait protestant et qu’on le soupçonnait d’avoir tuĂ© son fils parce qu’il voulait se convertir au catholicisme. Voltaire a luttĂ© pour faire rĂ©habiliter le Chevalier de la Barre. Ce garçon de vingt ans est torturĂ© et dĂ©capitĂ© pour blasphĂšme. On lui cloue sur le corps un exemplaire du Dictionnaire philosophique de Voltaire et on le brĂ»le.
La RĂ©volution française, puis les lois de la laĂŻcitĂ©, qui s’imposent Ă la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle, vont dans le mĂȘme sens : empĂȘcher la religion catholique, qui est pourtant celle de l’immense majoritĂ© des Français, d’imposer sa vĂ©ritĂ©, son pouvoir, de torturer et de tuer pour impiĂ©tĂ© ou pour blasphĂšme, et faire en sorte que toutes les religions aient les mĂȘmes droits, sans rien imposer dans l’espace public. Car c’est cela, la laĂŻcitĂ©.
Mais le catholicisme n’a pas abandonnĂ© si facilement la partie, mĂȘme aprĂšs avoir perdu le pouvoir, il voulait encore rĂ©gner sur les esprits, censurer la libre expression, imposer des visions rĂ©trogrades de l’homme et, surtout, de la femme. En 1880, puis encore en 1902, il a fallu expulser de France tous les ordres religieux catholiques qui refusaient de se plier aux lois de la rĂ©publique. Pas quelques imams : des milliers de moines et de religieuses. Ăa ne s’est pas passĂ© sans rĂ©sistance et sans violences.
La critique, la satire, la moquerie, le blasphĂšme ont Ă©tĂ© les moyens utilisĂ©s pour libĂ©rer la France de l’emprise religieuse. Tant que la religion Ă©tait religion d’Ă©tat, ceux qui le faisaient risquaient leur vie. Puis l’Eglise catholique a fini par accepter d’ĂȘtre moquĂ©e et caricaturĂ©e. Elle a acceptĂ© les lois de la dĂ©mocratie. Les caricatures et les blasphĂšmes Ă©taient infiniment plus durs et plus violents que les caricatures assez sages de Mahomet, chez les ancĂȘtres de Charlie Hebdo, qui s’appelaient par exemple L’Assiette au beurre, et plus rĂ©cemment, il y a une cinquantaine d’annĂ©es, Hara-Kiri, et de nos jours dans Charlie Hebdo, beaucoup plus durs avec le Christ qu’avec Mahomet. Imaginez qu’un artiste comme FĂ©licien Rops reprĂ©sentait le Christ nu, en croix, en Ă©rection, avec un visage de dĂ©mon ! Et « Hara-Kiri » la sainte vierge heureuse d’avoir avortĂ© ! Personne ne les a assassinĂ©s. Au contraire, en 2015, une revue catholique a publiĂ© des caricatures du Christ par Charlie Hebdo ! Pour montrer qu’ils Ă©taient capables de les accepter.
Si vous ĂȘtes libres de pratiquer votre religion en France, si vous avez les mĂȘmes droits que les chrĂ©tiens, c’est grĂące au blasphĂšme, qui a empĂȘchĂ© une religion d’imposer sa loi. Les musulmans sont redevables de leur libertĂ© aux blasphĂ©mateurs.
Beaucoup de gens aujourd’hui refusent l’idĂ©e de blasphĂšme, pas seulement les musulmans. Il faudrait « respecter » les religions. Mais c’est justement parce qu’on ne les a pas respectĂ©es que nous sommes libĂ©rĂ©s de l’emprise religieuse, et que nous vivons en dĂ©mocratie, dans un pays oĂč toutes les religions sont acceptĂ©es. Charlie Hebdo ne va pas trop loin, Charlie Hebdo fait avec courage son travail de journal satirique, qui s’en prend Ă tout le monde, sans distinction de religion ou d’origine, parce qu’en dĂ©mocratie on a le droit de se moquer de tout et de tout le monde. Sachez que Charlie Hebdo, qui est plutĂŽt classable Ă l’extrĂȘme gauche, s’en est pris au racisme, Ă l’extrĂȘme droite, au christianisme, aux hommes politiques de tous bords. Et Ă l’islam, donc, Ă Ă©galitĂ© avec les autres. Pourquoi auraient-ils dĂ» faire une exception uniquement pour l’islam ?
En France, on peut critiquer avec virulence tout le monde, les partis politiques, les institutions, les hommes politiques, les artistes, etc. Faut-il faire une exception pour les religions ?
En France, on peut moquer le catholicisme, le judaĂŻsme, le bouddhisme, sans risquer sa vie. Pourquoi ne peut-on moquer l’islam sans risquer sa vie ? L’islam serait-il une exception ?
L’islam peut ĂȘtre critiquĂ© et moquĂ©, comme toutes les autres religions, comme toutes les croyances, comme toutes les opinions, car en dĂ©mocratie, une religion est une opinion, elle n’est pas sacrĂ©e. Si vous n’admettez pas cela, alors vous n’admettez pas la dĂ©mocratie. Cela signifie que vous souhaitez vivre dans une sociĂ©tĂ© sans libertĂ© d’expression, oĂč on ne critiquera plus rien ni personne, dans une sociĂ©tĂ© sans blasphĂšme, oĂč la religion dictera aux gens leur maniĂšre de vivre, les limites de leur comportement et de leur parole. C’Ă©tait la France au Moyen-Ăge. C’est l’Arabie saoudite aujourd’hui.
L’islam est critiquable justement parce qu’il a encore du mal Ă accepter la libertĂ© d’expression et la libertĂ© des femmes. Connaissez-vous des massacres et des attentats de mĂȘme ampleur, partout dans le monde, au nom du christianisme ? L’islam est la seule religion aujourd’hui au nom de laquelle on tue des centaines d’innocents partout dans le monde. Combien de massacres en France, l’Hyper Cacher, Charlie Hebdo, le Bataclan, le carnaval de Nice, les petits enfants juifs tuĂ©s par Mohammed Merah, le professeur de Conflans, et bien d’autres encore ? Combien d’attentats aux Etats-Unis, en Espagne, en Angleterre, en Belgique, tous aux cris de « Allah est grand » ? Et les organisations totalitaires islamiques, comme Daech, Al QaĂŻda, les Tribunaux islamiques somaliens ou les Talibans, qui lapident, dĂ©capitent et crucifient au nom d’Allah les chrĂ©tiens, les musulmans chiites, les juifs, les zaĂŻdites, les homosexuels, les femmes adultĂšres et les blasphĂ©mateurs ? Et dans combien de pays islamiques les autres religions sont-elles persĂ©cutĂ©es, les femmes considĂ©rĂ©es comme mineures, des jeunes gens exĂ©cutĂ©s pour n’avoir pas respectĂ© la religion?
Ces pays et ces gens ont manquĂ© la rĂ©volution scientifique et l’esprit des lumiĂšres. Ils ont manquĂ© de blasphĂšme !
Critiquer l’islam n’est pas de l’« islamophobie », maladie imaginaire crĂ©Ă©e pour empĂȘcher justement toute critique, encore moins du racisme, qui n’a rien Ă voir. Est-ce que critiquer l’extrĂȘme droite est de l’extrĂȘme-droitophobie ? Est-ce que critiquer le capitalisme est de la capitalistophobie ? Est-ce que critiquer le catholicisme est de la catholicismophobie ?
Critiquer l’islam, c’est le mettre sur le mĂȘme plan que toutes les autres religions et opinions. C’est donc le respecter. Ne pas le critiquer, c’est penser qu’il est incompatible avec la dĂ©mocratie, comme on prĂ©serve la sensibilitĂ© d’un petit enfant qui ne peut pas endurer la mĂȘme chose que les adultes.
Les caricatures de Charlie Hebdo, celles des journaux danois, attaquaient l’islam justement sur le sujet de la violence et de l’intolĂ©rance. Et c’est bien un problĂšme, ne le pensez-vous pas ? Les rĂ©actions violentes ont montrĂ© qu’ils avaient raison ! Les assassins de Charlie Hebdo dĂ©montrent qu’ils avaient raison, qu’il y a lĂ un problĂšme. Le jour oĂč l’islam acceptera de se confronter Ă ses problĂšmes au lieu de tout renvoyer Ă l’islamophobie, le jour oĂč il acceptera de rire de lui-mĂȘme, et de prendre la moquerie avec une indulgence souriante, il montrera qu’il est compatible avec la dĂ©mocratie, capable d’autocritique, comme l’a Ă©tĂ© le catholicisme. Ce jour-lĂ , une simple petite caricature ne donnera plus lieu Ă des massacres.
Je souhaite vivement, je ne sais par quel canal, ĂȘtre entendu de vous, surtout ceux que choquent les caricatures. Qu’ils comprennent enfin que c’est la loi dĂ©mocratique, que c’est au prix de cette insolence qui rĂ©veille les esprits qu’on peut rĂ©flĂ©chir, se remettre en question et avancer. Et si les religions avaient enfin de l’humour ? Si la Grande MosquĂ©e de Paris organisait une expo Charlie Hebdo ? On peut rĂȘver…
Je tiens Ă prĂ©ciser que cette chronique est libre, non rĂ©munĂ©rĂ©e, qu’elle reflĂšte mes opinions et non celles du site qui m’hĂ©berge.