mercredi 10 février 2021

TÉMOIGNAGE




 


Kévin Escoffier, au moment où il est recueilli en pleine mer par la Marine nationale, après quelques jours de rescapé sur le bateau de Jean Le Cam, qui l’a sauvé.





Préambule : Sabrina Millien est une femme de la mer. Elle travaille dans ce milieu de la voile et de la course au large depuis longtemps. Elle a écrit elle-même ce récit, précis, qui détaille heure par heure le déroulé des événements du naufrage et du sauvetage de son homme, Kévin Escoffier, le 30 novembre, sur le Vendée Globe. C’est un récit détaillé de ce qu’elle vit à terre à ce moment-là, pendant les longues heures passées entre la première information et le sauvetage de Kévin Escoffier.


Sabrina Millien a autorisé Voiles et Voiliers à publier ce récit écrit de sa main. Nous l’en remercions. Et nous n’oublierons pas cette image sur une vidéo d’arrivée de Jean Le Cam aux Sables-d’Olonne, où on la devine emmitouflée sous la pluie et qui interpelle discrètement Jean Le Cam en ces termes : « Jean, le suis la compagne de Kévin. Merci de me l’avoir ramené. »

Voici le texte de Sabrina :

15h, je reçois ce coup de fil tant redouté par toutes les femmes et maris de marins

Lundi 30 novembre.


Sabrina Millien a autorisé Voiles et Voiliers à publier ce récit écrit de sa main. Nous l’en remercions. Et nous n’oublierons pas cette image sur une vidéo d’arrivée de Jean Le Cam aux Sables-d’Olonne, où on la devine emmitouflée sous la pluie et qui interpelle discrètement Jean Le Cam en ces termes : « Jean, le suis la compagne de Kévin. Merci de me l’avoir ramené. »

Voici le texte de Sabrina :

15h, je reçois ce coup de fil tant redouté par toutes les femmes et maris de marins

Lundi 30 novembre.


Sabrina Millien a autorisé Voiles et Voiliers à publier ce récit écrit de sa main. Nous l’en remercions. Et nous n’oublierons pas cette image sur une vidéo d’arrivée de Jean Le Cam aux Sables-d’Olonne, où on la devine emmitouflée sous la pluie et qui interpelle discrètement Jean Le Cam en ces termes : « Jean, le suis la compagne de Kévin. Merci de me l’avoir ramené. »

Voici le texte de Sabrina :

15h, je reçois ce coup de fil tant redouté par toutes les femmes et maris de marins

Lundi 30 novembre.


15h : Je reçois ce coup de fil tant redouté par toutes les femmes et maris de marin : « Tu es où ? Tu es toute seule ? Sab, Kévin a déclenché sa balise détresse. Pour le moment nous n’avons pas plus d’infos. Je te rappelle. »

Tout s’effondre. Les jambes tremblent. Les larmes montent. Mais il faut se reprendre

Et là tout s’effondre. Les jambes tremblent. Les larmes montent. Mais il faut se reprendre et prévenir le reste de la famille avant que l’info sorte publiquement.

16h. Ma maman Cathy Millien et Anne-Laure Gahinet arrivent à la maison.

Et là il faut attendre. Nous n’avons pas de nouvelles, nous ne savons pas si Kévin va bien, où il est, si il est en vie, où est le bateau…

Je me raccroche à̀ des faits : il a eu le temps d’envoyer un message à̀ l’équipe, il a eu le temps de déclencher sa balise, ça veut dire qu’il est conscient et qu’il a dû avoir le temps de se préparer.

17h. Nouveau coup de fil de Jean-Jacques Laurent, le patron de PRB : « Sab Jean l’a trouvé, il est dans son radeau ». L’émotion de ce moment, je ne suis pas près de l'oublier.

On craque de nouveau, mais cette fois de soulagement. Il va bien. Il est en vie. Maintenant il faut attendre que Jean Le Cam le récupère. Je me souviens écrire à nos proches : le prochain message que je vous envoie, il est à bord du bateau de Jean. Ça va aller.

Mon téléphone commence à exploser de messages. La nouvelle est publique. Ne sachant pas combien de temps cela prendra, Anne-Laure va chercher Inès à l’école pour la sortir de la garderie avant que des gens lui en parlent.

L’heure tourne… Les minutes me paraissent des heures, je décide de ne rien dire aux enfants pour le moment

Le squad de la famille et des amis s’organise pour faire bloc autour de nous, s’occuper des enfants, me soutenir. Des amies arrivent pour dormir à la maison. Je décide de ne rien dire aux enfants pour le moment. Je ne sais pas quoi dire. On ne sait pas. Inès part dormir chez mes parents « comme d’habitude ».

20h. Toujours rien… De plus en plus de bateaux sont déroutés pour venir en aide à Jean et retrouver Kévin. Le stress monte. Et on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé. Est-il blessé ? Le bateau a-t-il coulé ?15h : Je reçois ce coup de fil tant redouté par toutes les femmes et maris de marin : « Tu es où ? Tu es toute seule ? Sab, Kévin a déclenché sa balise détresse. Pour le moment nous n’avons pas plus d’infos. Je te rappelle. »

Tout s’effondre. Les jambes tremblent. Les larmes montent. Mais il faut se reprendre

Et là tout s’effondre. Les jambes tremblent. Les larmes montent. Mais il faut se reprendre et prévenir le reste de la famille avant que l’info sorte publiquement.

16h. Ma maman Cathy Millien et Anne-Laure Gahinet arrivent à la maison.

Et là il faut attendre. Nous n’avons pas de nouvelles, nous ne savons pas si Kévin va bien, où il est, si il est en vie, où est le bateau…

Je me raccroche à̀ des faits : il a eu le temps d’envoyer un message à̀ l’équipe, il a eu le temps de déclencher sa balise, ça veut dire qu’il est conscient et qu’il a dû avoir le temps de se préparer.

17h. Nouveau coup de fil de Jean-Jacques Laurent, le patron de PRB : « Sab Jean l’a trouvé, il est dans son radeau ». L’émotion de ce moment, je ne suis pas près de l'oublier.

On craque de nouveau, mais cette fois de soulagement. Il va bien. Il est en vie. Maintenant il faut attendre que Jean Le Cam le récupère. Je me souviens écrire à nos proches : le prochain message que je vous envoie, il est à bord du bateau de Jean. Ça va aller.

Mon téléphone commence à exploser de messages. La nouvelle est publique. Ne sachant pas combien de temps cela prendra, Anne-Laure va chercher Inès à l’école pour la sortir de la garderie avant que des gens lui en parlent.

L’heure tourne… Les minutes me paraissent des heures, je décide de ne rien dire aux enfants pour le moment

Le squad de la famille et des amis s’organise pour faire bloc autour de nous, s’occuper des enfants, me soutenir. Des amies arrivent pour dormir à la maison. Je décide de ne rien dire aux enfants pour le moment. Je ne sais pas quoi dire. On ne sait pas. Inès part dormir chez mes parents « comme d’habitude ».

20h. Toujours rien… De plus en plus de bateaux sont déroutés pour venir en aide à Jean et retrouver Kévin. Le stress monte. Et on ne sait toujours pas ce qu’il s’est passé. Est-il blessé ? Le bateau a-t-il coulé ?h


Le récit du sauvetage en vidéo par Polaryse

Je pense à Jean, Yannick, Sébastien, Simon, qui cherchent Kévin

Je pense à Jean (Le Cam), à Yannick Bestaven, à Sébastien Simon, à Boris Herrmann. Je n’imagine pas ce qu’ils vivent : l’angoisse le stress de ne pas trouver Kévin, la fatigue de manœuvrer ce type de bateau pour quadriller la zone. Tout au long de ces longues heures, je tiens au courant nos familles et nos amis via le groupe WhatsApp que j’avais créé et sur lequel je donnais des nouvelles régulières du bord.

Rassurer les autres me rassurait. Ils ont le droit de savoir. Kévin est mon chéri, le père de ma fille, mais c’est aussi leur fils, leur frère, leur ami

Les tenir au courant, leur donner des infos factuelles, m’a aidé à tenir, à ne pas sombrer dans la panique, dans l’angoisse. Les rassurer me rassurait. Et ils ont le droit de savoir. Kévin est mon chéri, le père de ma fille mais c’est aussi leur fils, leur frère, leur ami. Et l’angoisse que je vis, ils la vivent aussi. Quand je vois ce que je vis, je ne peux pas les laisser dans cette angoisse.

Cette angoisse, nous apprenons, nous proches de marins, à vivre avec. Mais on l’enfoui quelque part au fond, pour pouvoir continuer de vivre et dormir normalement pendant ces temps de course.

Mais quand ce coup de fil arrive : cette angoisse remonte et explose. C’est d’une violence inouïe. Envie de vomir. Des frissons.

C’est d’une violence inouïe. Envie de vomir. Des frissons

21h : Jean ne l’a pas plus en visu. Je le sais. Je demande confirmation à l’équipe. : « Non Sab on ne va pas te mentir : il ne le voit plus » Et là la panique me gagne. Je deviens livide. Des idées atroces me traversent l’esprit.

L’attente est interminable

Je suis en train de flancher. Je confie mon téléphone à mes amies pour ne plus gérer les appels, ne plus voir les messages, je n’ai pas la place pour absorber l’angoisse de toutes les personnes qui m’écrivent.

23h : l’info m’arrive comme quoi Kévin et en combinaison de survie.

Cette info me fait « reprendre le dessus » : il est dans son radeau, il est en combinaison de survie, il a vu Jean et donc il sait que les secours sont en route. C’est un warrior. Ça va le faire.

00h30 : ma tête est au bord d’exploser, nous sommes dans le canapé chez nous avec 3 amies Ion Lmc, Nolwenn Le Cloërec et Anne-Laure qui sont restées dormir et on regarde un film. On essaye par tous les moyens de se « distraire l’esprit ». Ce film en fond occupe l’espace, apporte une présence. Elles font bloc autour de moi. Je les sens paniquées, je le vois dans leur regard, mais elles ne montrent rien pour me préserver.

Dans ma tête je dis à Kévin de s’accrocher, je n’ai pas la force d’annoncer aux enfants que papa ne rentrera pas. Je lui dis que ça va aller, que je suis avec lui

Je finis par fermer les yeux. J’ai envie de dormir. Cela paraît incroyable mais je ferme les yeux, ça me fait du bien et dans ma tête je parle à Kévin. Je lui dis de s’accrocher, que je n’ai pas la force d’annoncer aux enfants que papa ne rentrera pas, que ça va aller, que je suis avec lui.

2h13 : Mes amies se relaient pour qu’il y en ait toujours une en veille sur mon téléphone. Le téléphone sonne, on me réveille « Sab ! Sab ! »

Je prends le téléphone et j’entends : « Sab c’est bon. Il est à bord avec Jean. »

Fin du cauchemar.




ET PENDANT CE TEMPS...






Vendée Globe. Sam Davies : « Plus que deux semaines à tenir ! »

Sam Davies poursuit sa remontée de l’Atlantique, hors course. Elle devrait bientôt être accompagnée par Isabelle Joschke qui boucle elle aussi le parcours du Vendée Globe malgré son abandon. Heureuse de cette compagnie, mais inquiète pour sa quille qui montre des signes de faiblesse, Sam nous donne des nouvelles fraîches du bord.

Je suis dans une zone de l’Atlantique Sud où les conditions sont agréables. Il fait beau, il fait chaud. J’avance doucement mais dans la bonne direction. La navigation est agréable, c’est bon pour le moral et je peux récupérer. Le bateau va toujours bien même si mon vérin de quille se dévisse, il y a de plus en plus de jeu dans le système.

Je stresse en permanence de ne pas pouvoir finir

Voiles et Voiliers : Ce souci de quille est une source d’inquiétude importante pour toi ?

Sam Davies : Oui, cela gâche un peu le plaisir de la navigation. Je stresse en permanence de ne pas pouvoir finir. La quille fait un bruit permanent et très désagréable, surtout au près. Cela ne m’aide pas à oublier le souci. Il ne me reste plus que deux semaines à tenir pour arriver aux Sables-d’Olonne. Je lève le pied pour que le bateau ne tape pas trop et que le jeu dans le système de quille ne s’aggrave pas. J’espère que ça résistera jusqu’au bout. Les membres de mon équipe m’assurent que oui, alors je leur fais confiance.

Voiles et Voiliers : Tu ne trouves pas le temps long, hors course depuis Cape Town ?

Sam Davies : Ça dépend des moments. Actuellement je suis dans un endroit sympa, j’ai des belles conditions et c’est agréable de naviguer. C’est ce souci de quille qui me rend impatiente et me fait trouver le temps long. J’ai juste envie d’arriver avant que quelque chose casse. Et puis Romain [Attanasio, son compagnon] a passé la ligne d’arrivée hier. Cela me donne envie de le rejoindre et de retrouver notre fils Ruben.

Sans cette collision, je ne sais pas si j’aurais réussi à suivre la cadence du groupe de tête jusqu’au bout, en tout cas mon bateau aurait été en excellent état

Voiles et Voiliers : Justement, que t’inspire la performance de Romain, qui a terminé 14e du Vendée Globe ?

Sam Davies : Je suis super heureuse pour lui. Il a eu beaucoup de soucis techniques mais malgré tous ses handicaps, il a fait une très jolie course. J’étais fière en le voyant passer la ligne d’arrivée. C’est un soulagement de le revoir à la maison, notre fils n’est plus tout seul et mes parents vont pouvoir partir en vacances [rires]. C’est un stress de moins pour moi.


Sam Davies : J’ai suivi depuis le bateau, c’était magnifique, impressionnant. Forcément j’étais un peu frustrée de ne pas avoir pu être dans ce match. Je me sentais envieuse, d’autant que j’étais encore très loin de l’arrivée à ce moment-là. Sans cette collision, je ne sais pas si j’aurais réussi à suivre la cadence du groupe de tête jusqu’au bout, en tout cas mon bateau aurait été en excellent état. Quand je vois les dégâts sur certains Imoca à l’arrivée, je me dis que j’aurais pu jouer avec eux.

LIRE AUSSI : Vendée Globe. Le carnet de bord de Sam Davies, hors course : « Si je n’avais pas eu ce choc… »

Toutes nos actualités consacrées au Vendée Globe

Voiles et Voiliers : Tu vas pouvoir terminer le parcours au contact d’Isabelle Joschke, repartie de Salvador de Bahia hors course. Bon pour le moral ?

Sam Davies : Oui, d’autant plus que nous sommes copines. Je lui ai proposé qu’on termine ensemble car c’est plus sympa et plus « safe ». Je lui ai donné mes routages et mes positions pour qu’elle puisse caler son départ en fonction. Elle a quitté Salvador de Bahia un peu plus tard que ce que je pensais. Je vais l’attendre un peu, je ne suis pas pressée. J’ai hésité à faire demi-tour pour aller la chercher, mais je vais juste ralentir et nos routes vont converger. Nous serons toutes les deux bien contentes d’avoir quelqu’un à proximité. Nous avons rencontré des problèmes similaires, avec le vérin de quille, et nous naviguons toutes les deux avec des bateaux aux potentiels diminués.

Je suis très fière de mon projet, c’est la dimension solidaire qui m’a donné la force de repartir hors course

Voiles et Voiliers : Tu étais partie des Sables-d’Olonne avec un double objectif, sportif et humanitaire. Si la dimension sportive n’a pas été au rendez-vous jusqu’au bout, l’aspect solidaire est en revanche une grande réussite…

Sam Davies : Oui, aujourd’hui 67 enfants ont déjà pu être sauvés grâce aux dons des partenaires à l’association Mécénat Chirurgie Cardiaque*. Nous avons déjà dépassé notre objectif de départ qui était de sauver 60 enfants. Finalement, le fait que mon aventure prenne plus de temps que prévu a une conséquence positive, cela permet de lever davantage de fonds. Je suis très fière de mon projet, c’est la dimension solidaire qui m’a donné la force de repartir hors course. Beaucoup d’enfants sont déjà arrivés en France pour se faire opérer. Je vois que mon engagement est très concret.

Voiles et Voiliers : Tu dois aussi énormément apprendre en réalisant ce tour du monde ?

Sam Davies : Oui bien sûr j’apprends beaucoup sur moi, le mental, l’engagement, la motivation, la météo, le parcours du tour du monde… En revanche, j’ai un peu moins appris sur le bateau car je n’étais pas au contact d’autres concurrents, je n’ai pas pu me comparer en termes de vitesse. Hors course, il n’y a pas de raison de prendre des risques, de naviguer aux limites du bateau. Il me reste donc encore des choses à voir de ce côté-là.

*L’association Mécénat Chirurgie Cardiaque, dont Sam Davies est l’une des ambassadrices, œuvre pour que des enfants souffrant de malformations cardiaques puissent se faire opérer en France lorsque cela est impossible chez eux faute de moyens techniques ou financiers.

     
 









Sam Davies profite de conditions agréables et fera bientôt son retour dans l’hémisphère nord.
SAM DAVIES / INITIATIVES COEUR
     
 










mardi 9 février 2021

MÉTÉO MARTINIQUE

 




Quelques paquets nuageux porteurs d'averses approchent de l'arc antillais. Le 1er foyer devrait intéresser la Martinique en cours de nuit et influencer plus durement le ciel jusqu'en début ou milieu d'après-midi de mardi (rafales de vent jusqu'à 60/65 km/h sous les grains). Attention au débordement des cours d'eau. Le second plus au Nord possiblement sur St-Barth et St-Martin en matinée et le troisième entre mardi soir et mercredi matin. La Guadeloupe devrait passer entre les gouttes mais quelques pluies localisées possible, plus marquées sur les reliefs.


La disparition de MDO peut être évitée, soutien sur

 https://www.leetchi.com/c/mdo

ASSOCIATION DES PLAISANCIERS EN MARTINIQUE

Mise à jour mardi 9 février 2021


Bonjour à tous

Il faut savoir qu'il a été rapporté qu'il n'y a pas obligation pour un maire d'affilier un plaisancier au CCAS de sa ville si celui-ci n'a pas un lien direct avec celle la ( un travail sur le territoire de la ville peut-être considéré comme un lien). 

Maintenant certaines villes acceptent  les plaisanciers d'autres non pour des motifs plus ou moins avouables. Le mieux est d'avoir une boîte postale et de s'inscrire au ccas d'une ville qui accepte encore en précisant que vous avez une boîte postale ce qui rassurera les employés municipaux du ccas déjà tellement surchargés de travail, c'est bien connu. D'ailleurs le maire se réfugit souvent derrière l'argument de surcroît de travail pour refuser votre demande.


Quand  à  l'argumentaire des maires pour " réguler" entendez "faire cracher" le plus possible les plaisanciers aux bassinets de leurs villes, il releve de l'adage qui dit que quand on veut tuer son chien il a la rage. 

La pollution est en Martinique le fait d'un système d'égouts et de stations d'épuration obsolète et inadaptés mais chut! Ce n'est pas politiquement correct.  La remise à niveau demanderait un tel effort financier de la part des communes et de la région qu'ils est beaucoup plus facile et fédérateur de taper sur les plaisanciers.

Quand à la pollution sonore, je ne savais pas que la dunette, paille coco, le rendez-vous était des bateaux! Et que dire des campements sauvages sur les plage le samedi soir!

D'ici qu'ils nous obligent à porter un pavillon  jaune il faut s'y attendre ! On verra fleurir des bouées et balisages comme autant de miradors et barbelés maritimes.

Bonne journée à tous et carpe diem !



 Synthèse de la réunion du 01/02/21 en mairie de Ste-Anne


Une réunion s'est tenue lundi 1er février à la mairie de Ste-Anne en présence du maire de Ste-Anne,  du maire du Marin, accompagné d'un adjoint et de personnes chargées de l’aménagement du territoire, ainsi que deux consultants du cabinet Eurotrans chargé d'un audit sur l’aménagement de la baie du Marin - audit dont nous n’avons pas bien compris les objectifs.

Notons qu’une information erronée a été transmise le matin même (par qui ?) sur le canal 8 : cette réunion n’est pas publique. Les personnes qui se sont présentées n’ont pu y participer.

Cette réunion faisait suite à une demande de rendez-vous de notre part au maire de Ste-Anne dans le but de présenter l’association des plaisanciers en Martinique ALPM en cours de constitution. 

Nous étions quatre représentants des plaisanciers :

* Thierry Lescouet en tant que créateur du groupe Facebook « voiliers confinés en Martinique » fort de 2200 membres.

* Frédéric Schlechter, Président de l'ALPM.

* Yves Fabre, Trésorier adjoint de l'ALPM et responsable de l'amicale des plaisanciers (180 membres) qui organise une sortie marche chaque jeudi.

* Catherine Saintot, secrétaire adjointe de l'ALPM.

L'objectif de cette réunion était d’établir un contact avec des représentants des plaisanciers dans le cadre de l'audit en cours. La cible affichée est de mettre en place des zones de mouillage sur bouées et d’interdire le mouillage forain. Cet espace doit permettre d’accueillir les bateaux de passage aussi bien que ceux qui restent plus longtemps.

L'objectif de l'ALPM est de favoriser l’intégration des plaisanciers dans un esprit constructif et coopératif (voir extrait des statuts ci-après). 

Sa priorité actuelle est de faire valoir le droit des plaisanciers à s'inscrire au CCAS pour obtenir une adresse officielle. 

Dès le début de la réunion Thierry a demandé aux deux maires leur position sur ce point. 

Leur position est claire : les CCAS n'acceptent que les plaisanciers de la marina ou sur bouée (donc personne à Ste-Anne). 

Leur argument est que les plaisanciers sont hors du territoire de la municipalité (300m) et que cela représente une charge importante pour le CCAS. 

Thierry a réaffirmé que les CCAS sont dans l'obligation légale d'accepter les plaisanciers. 

Fréderic a souligné l’importance pour les plaisanciers sans adresse d’obtenir cette adhésion car, sans elle, ils ne peuvent faire aucune démarche administrative. Thierry a signalé que des actions sont prévues par des personnes à titre privé. Le maire de Ste-Anne a affirmé qu’il est favorable à une action en justice car cela permettrait de clarifier les droits de chacun et d’impliquer les pouvoirs publics et notamment la Direction de la Mer. Cette position étant maintenant affirmée publiquement, l’ALPM fera des actions pour faire avancer ce dossier dans le respect du droit.

Le débat a ensuite porté sur la surpopulation des mouillages et la nuisance que cela entraîne. 

Les arguments écologiques ont été échangés : pollution des eaux de baignade principalement, nuisance visuelle, nuisance sonore les week-ends, etc. Il a été rappelé que les nuisances proviennent également de la terre et, de notre point de vue, de manière plus importante.

Thierry a d’abord rappelé que la surpopulation actuelle est due aux mesures de restriction des mouvements imposées aux bateaux. Il décrit la diversité des populations de plaisanciers pour mettre en évidence des comportements et des problématiques différents : 

. bateaux habités par des familles qui travaillent ici et scolarisent leurs enfants, 

. bateaux de voyage bloqués ici depuis la crise du covid19, 

. bateaux en escale touristique plus ou moins longue, 

. bateaux en escale technique, 

. bateaux à l’abandon, 

. bateaux de location, 

. vedettes rapides venant faire la fête à Ste-Anne le week-end…

L’aspect économique a été abordé. 

Yves a fait remarquer vertement qu’il ne faut pas prendre les plaisanciers uniquement pour des parasites car ils contribuent très largement à l’économie locale.  Il a déploré qu’aucun artisan et commerçant du monde nautique ne soit installé à Ste-Anne. Le maire du Marin a réfuté l’argument économique au motif que ce n’est pas l’activité nautique qui fait vivre la ville… 

Les auditeurs nous ont posé deux questions pour lesquelles ils nous demandent de faire des propositions :

Combien de bateaux sont acceptables à Ste-Anne ?

Comment faire contribuer les plaisanciers aux charges de la collectivité, principalement les ordures ?




Annexe : Objectifs de l’ALPM

Article 2

But de l’association

Cette association a pour but de :

Développer une aide aux plaisanciers de Martinique dans leur recherche d’intégration à la population de la Martinique.

Permettre au plus grand nombre de plaisanciers de découvrir des sites naturels au moyen de diverses activités qui viseront également à sensibiliser les participants au respect de la personne et de l’environnement.

Favoriser la découverte de la culture martiniquaise.

Fédérer les différents groupes ou associations sur des projets communs.

L’association développera si possible des partenariats avec des organismes de protection de la nature.


dimanche 7 février 2021

1984 ORWELL

 

L’œuvre de George Orwell a toujours été pertinente et d’actualité. Comme 1984 est considéré comme une dystopie satirique, on l’a classé parmi les écrivains prophètes de science-fiction, mais il pratiquait avant tout un journalisme d’élite, qui tient de l’ethnographie et de la sociologie. Orwell était un militant démocrate, proche des courants libertaires et anarchistes, et c’est dans ses essais, en particulier dans  Écrits de combat, qu’il exprime le plus clairement et le plus éloquemment sa vision de la société. Sa critique fine et convaincante du capitalisme s’applique parfaitement au monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. On peut comparer Orwell à saint François d’Assise parce que, comme lui, mais sur un plan exclusivement laïc, il se range toujours du côté des pauvres et, d’une manière générale, de toutes les personnes vulnérables de la société ; c’est en cela que sa critique reste subversive dans un monde où les laissés-pour-compte continuent d’être bafoués par l’expansion économique.


Pour aller plus loin...




Pour rappel 


Orwell appartenait à une famille de la classe moyenne anglaise, bien ancrée dans le victorianisme et l’empire britannique. Son père était fonctionnaire au Bureau de l’Opium de l’Indian Civil Service, à Motihari, au Bengale. Il a lui-même servi dans la police impériale des Indes, en Birmanie, de 1922 à 1927. C’est là qu’il a pris le colonialisme en horreur, comme il l’évoque dans « Comment j’ai tué un éléphant ». Il a démissionné au bout de cinq ans de service. Diverses expériences auprès des indigents – colonisés, mineurs, clochards, proscrits, malades, etc. – l’ont conduit à adhérer à la pensée marxiste, mais au sein de l’Independant Labour Party, qui s’opposait à l’Internationale communiste. À partir de cet engagement, Orwell a toujours été un homme de gauche, mais comme il a passé sa vie à critiquer l’intelligentsia gauchiste, il a fini par plaire à la droite.

À la lumière des Écrits de combat, le message politique que véhiculent La Ferme des animaux et 1984 devient encore plus limpide. Et notamment la notion de common decency, si chère à Orwell, qu’il prête à l’œuvre entière de Dickens (« si les gens se comportaient dignement, le monde serait digne de ce nom »). Ces deux romans dénoncent le totalitarisme, tous les régimes qui asservissent, exploitent et martyrisent les citoyens au mépris de la common decency, en quoi Orwell voyait l’héritage du christianisme et de la Révolution française : haine des privilèges, droiture morale, altruisme, solidarité, souci permanent d’équité et croyance dans les bienfaits de la vérité et d’un bon sens tacite, objectif et empirique.

Orwell est récupéré aujourd’hui aussi bien par l’ultragauche, en tant que champion de l’Independent Labour Party contre le fascisme et le totalitarisme, que par la droite réactionnaire, en tant qu’« anarchiste Tory », comme il se désignait lui-même par cette boutade, mais il embarrasse en réalité les deux camps, signe manifeste de sa singularité et de son indépendance d’esprit. Il me fait penser à Montaigne qui, lors de son séjour à Florence, s’était vu qualifier de gibelin par les guelfes et vice versa. L’influence de Swift sur Orwell est évidente, comme cela ressort clairement d’un essai qu’il lui a consacré, « Politique contre littérature : à propos des Voyages de Gulliver ». Quant à Camus, son contemporain, la proximité est aussi manifeste. Ils se sont tous deux engagés contre le colonialisme et les totalitarismes au nom du socialisme démocratique, et ils se sont battus sur le terrain, Camus dans la Résistance, et Orwell au sein des brigades républicaines du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) pendant la guerre civile espagnole. Mais quoique progressiste et partisan de réformes démocratiques, leur humanisme se méfie des révolutions. « La fin justifie les moyens ? Cela est possible. Mais qui justifiera la fin ? » écrit Camus dans L’Homme révolté. S’il s’agit bien de réformer la société, ce ne peut être au prix d’une table rase d’un passé sur lequel se fondent ses valeurs. Nostalgique de l’Angleterre d’antan, la gauche anglaise dont Orwell se réclame (elle s’inspire aussi bien de la résistance contre les enclosures que de la Fabian Society, en passant par les mouvements luddiste et Arts & Crafts) ne saurait envisager la société du futur sans la préservation des valeurs traditionnelles – à travers la sauvegarde de l’artisanat et la résistance à l’industrialisation – auxquelles la communauté est attachée jusque dans son identité.

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