Il sut manier avec un naturel confondant la langue de la cour et celle du bon peuple. Parler philosophie avec des mots bien simples. Mettre en mots réjouissants les grivoiseries qu'il avait, sa vie durant, pratiquées à foison. S'essayer au théâtre, ne point s'y arrêter. Et créer, l'air de rien, la fantaisie d'un monde où le lapin taquin, la cigale étourdie, le moustique obstiné se ressemblent, comme des frères, au poète et à ses semblables.
Des côteaux champenois aux tavernes parisiennes, de Vaux le Vicomte au salon de la rue des Petits-Champs, le maître des eaux et forêts sillonna l'existence en épicurien bonhomme, l'esprit aux aguets, l'œil pétillant.
Après une enfance champenoise rêveuse, ce « bon garçon, fort sage et modeste » selon son ami Louis Maucroix, découvre les cabarets et goûte la joyeuse vie littéraire du Paris du Grand Siècle, celle de Molière, Boileau, Racine. Fidèle à Fouquet dans sa disgrâce, pas assez courtisan pour une carrière littéraire fulgurante, La Fontaine entre néanmoins à l'Académie française.
Suivre ses traces, entendre l'écho de son oeuvre, au fil des siècles et des livres, c'est entrer au royaume d'un styliste virevoltant, d'un génie de l'a-propos, d'un moraliste en robe des champions. C'est ce que le Figaro Hors-Série vous propose en 104 pages, avec Fabrice Lucchini, Marc Fumaroli, Laurent Dandrieu, et quelques autres, illustrées par Gustave Doré, Fragonard, Benjamin Rabier, Rebecca Dautremer…
La Fontaine et ses fables ?
(TeeFarm/Pixabay)
Il y a 400 ans, Jean de La Fontaine paraissait au monde. L’occasion, au travers d’un quiz, de faire le point sur cet homme et ses fables qui ont bercé environ toutes les enfances de ce pays.
« La cigale et la fourmi », « Le loup et l’agneau », « La laitière et le pot au lait ». Chacun en connaît au moins une. Souvent deux. Souvent beaucoup plus. Dire que les fables de La Fontaine font partie du patrimoine national est à peu près aussi évident que d’affirmer que le camembert est normand. La Fontaine, donc, depuis 400 ans, au menu des écoliers, au menu des récitations et au menu des instituteurs. Mais au juste, qu’en gardons-nous ? L’occasion de faire le point en 15 petites questions.
À sa manière nécessairement poétique, Jacques Réda rend hommage à Jean de la Fontaine, dont nous fêtons cette année les 400 ans de la naissance.
Château-Thierry, lieu de naissance de Jean de La Fontaine, il y a tout juste quatre cents ans.
Sans doute s’attarde-t-on aujourd’hui beaucoup moins que jadis, dans nos collèges et nos lycées, à étudier la fameuse querelle des Anciens et des Modernes, qui agita les bons esprits dans la seconde moitié du XVIIe siècle. La Fontaine y avait pris part, non seulement en tant que fabuliste – Ésope l’y incitant – mais probablement en raison de goûts et de convictions intimes qui l’amenèrent à traduire en vers français des fragments de poètes latins tirés de saint Augustin et de Sénèque.
Or, La Fontaine reste à présent mieux que moderne : l’un des écrivains les plus actuels de son époque. Il le doit à son naturel inégalé dans notre littérature, à une aménité présente jusque dans ses « morales ». Il a pourtant des accents qui, croirait-on, lui échappent « Âmes de bronze, humains,
celui-là fut sans doute / Armé de diamant qui tenta cette route /
(1841)Gustave Flaubert, dans une lettre envoyée à sa sœur Caroline en 1843, pose le problème de « l’âge du capitaine » de cette façon[1] :
«
Puisque tu fais de la géométrie et de la trigonométrie, je vais te donner un problème : Un navire est en mer, il est parti de Boston chargé de coton, il jauge 200 tonneaux. Il fait voile vers le Havre, le grand mât est cassé, il y a un mousse sur le gaillard d’avant, les passagers sont au nombre de douze, le vent souffle N.-E.-E., l’horloge marque 3 heures un quart d’après-midi, on est au mois de mai… On demande l’âge du capitaine ?
»
(Gustave Flaubert, Correspondance [archive], première série (1830–1850), G. Charpentier et Cie, Éditeurs, Paris, 1887)
Cet énoncé ne contient aucune donnée susceptible de dégager une réponse. On notera également que la direction cardinale donnée (« N.-E.-E. ») n’existe pas : il aurait plutôt fallu donner ENE ou NNE ou peut-être même NE¼E.
Problème. — « Étant donné un navire de 80 pieds de long sur 26 pieds de large, jaugeant 200 tonneaux, monté par dix-sept hommes d’équipage, et n’ayant plus que quinze jours avant d’arriver au port, quel est l’âge du capitaine ? " On avait posé cette question à M. C — Eh bien ! répondit-il après un instant de réflexion, votre capitaine a trente-neuf ans, onze mois et quinze jours. " — (Jean-Baptiste-Antoine Ferland, Louis Joseph Cyprien Fiset, Antoine Gérin-Lajoie, Le Foyer canadien, tome 4, 1866)
« Sur un bateau, il y a 26 moutons et 10 chèvres. Quel est l’âge du capitaine ? » À ce problème, posé à 171 élèves de cours élémentaire, 127 ont répondu en additionnant ou soustrayant les nombres donnés.— (Mohamad K. Salhab, Éducation et évolution des savoirs scientifiques : Une réflexion libanaise, L’Harmattan, 2007)
Pour information, une onde tropicale est en approche. La convection désorganisée et dispersée de la perturbation tropicale devrait généralement et une nouvelle fois intéresser l'extrême Sud de l'arc dans la nuit de dimanche à lundi. Petit répit ce weekend concernant la présence de la poussière de sable d'origine saharienne mais retour en force dès ce lundi. Il faudra peut-être aussi surveiller la fin juin, l'anticyclone s'éloignant, les ondes tropicales en sortie d'Afrique pourraient commencer rapidement à trouver leur marque.
Illustration : Image satellite retravaillée de Météo-France-Antilles-Guyane www.meteofrance.gp
Bicentenaire de Napoléon: 11 juin 1793, le rêve corse
Refusant de suivre l'indépendantiste Paoli prêt à s'allier aux Anglais pour faire sécession, Napoléon est contraint de fuir la Corse avec sa famille.
Par Jean Tulard
Comment devient-on Napoléon ? Le deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, est né le 15 août 1769, à Ajaccio, dans une Corse tout récemment passée de la domination génoise à celle de la France, à la suite du traité de Versailles du 15 mai 1768. Chateaubriand soulignera avec délices qu'à quelques mois près, le futur empereur ne serait pas né français. Lui, fera en 1806 de son anniversaire (c'était aussi celui du concordat de 1801) une fête carillonnée, la Saint-Napoléon (improbable martyr du début du IVe siècle dont le nom était peu utilisé, même en Corse), qui viendra se superposer à la fête de l'Assomption : on y chantera un Te Deum après la traditionnelle procession à la Sainte Vierge pour remercier le ciel de la paix religieuse retrouvée.
Bicentenaire de Napoléon: 11 juin 1793, le rêve corse
WEBSÉRIE 1/12 -Le Figaro Hors-Série consacre un numéro exceptionnel à Napoléon Bonaparte. Refusant de suivre l'indépendantiste Paoli prêt à s'allier aux Anglais pour faire sécession, Napoléon est contraint de fuir la Corse avec sa famille.
Par Jean Tulard
Publié
Comment devient-on Napoléon ? Le deuxième fils de Charles Marie Bonaparte et de Letizia Ramolino, est né le 15 août 1769, à Ajaccio, dans une Corse tout récemment passée de la domination génoise à celle de la France, à la suite du traité de Versailles du 15 mai 1768. Chateaubriand soulignera avec délices qu'à quelques mois près, le futur empereur ne serait pas né français. Lui, fera en 1806 de son anniversaire (c'était aussi celui du concordat de 1801) une fête carillonnée, la Saint-Napoléon (improbable martyr du début du IVe siècle dont le nom était peu utilisé, même en Corse), qui viendra se superposer à la fête de l'Assomption : on y chantera un Te Deum après la traditionnelle procession à la Sainte Vierge pour remercier le ciel de la paix religieuse retrouvée.
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Pasquale Paoli avait défendu en vain l'indépendance de l'île ; il avait été vaincu à Ponte-Novu, en mai 1769, et s'était exilé. Charles Bonaparte, qui avait combattu à ses côtés, avait alors rallié les Français, qui avaient brisé toute résistance.
Le nouveau gouverneur, le comte de Marbeuf, est pourtant soucieux de gagner les élites corses à la France. Sensible au charme de Mme Letizia, il fait galamment reconnaître la noblesse, d'origine florentine, des Bonaparte par M. d'Hozier, ouvrant ainsi à Napoléon les écoles d'officiers du continent.
Napoléon quitte la Corse le 15 décembre 1778. Il sera successivement élève au collège d'Autun, puis à celui de Brienne et enfin à l'École militaire de Paris. Au sortir de celle-ci, le 28 octobre 1785, il est nommé lieutenant au régiment de La Fère, à Valence.
Se sent-il pour autant français, comme l'espérait M. de Marbeuf ? Nullement. À Valence, l'ennui d'une ville de garnison et la nostalgie de la Corse, qu'il n'a pas revue depuis 1778, le saisissent. Il écrit, pour lui-même, le 3 mai 1786 : « Quel spectacle verrai-je dans mon pays ? Mes compatriotes chargés de chaînes et qui baisent en tremblant la main qui les opprime ! » On ne peut être plus hostile à la France, alors qu'on est officier du roi Louis XVI. Son grand homme est alors ce Paoli qu'a abandonné son père et qui symbolise le patriotisme corse.
Après sept ans d'absence, Napoléon retrouve cependant son île natale à la faveur d'un congé semestriel, le 15 septembre 1786. Son père mort, c'est lui qui doit s'occuper des affaires de famille. La Corse l'envoûte ; il rêve d'en écrire l'histoire et ne la quitte à regret que le 12 septembre 1787.
Il est de retour à Ajaccio dès le 1er janvier 1788. Il y reste jusqu'en mai, négligeant sa carrière militaire et indifférent au bouillonnement des esprits qui agite la France. Il écrit une lettre à Paoli, qu'il admire toujours : «Je naquis quand la patrie périssait.» Le revoici à nouveau en Corse, fin septembre 1789. L'île est en effervescence. Elle devient un département français et Paoli est autorisé à revenir. Aussitôt, Napoléon se range à ses côtés.
Lors d'un nouveau séjour en Corse, en septembre 1791, Napoléon décide de devenir le lieutenant de Paoli. Il achète des biens nationaux et se fait élire lieutenant-colonel en second du 2e bataillon de volontaires corses. Peu importe que la guerre éclate sur le continent et que la monarchie soit renversée : son avenir est en Corse. Là et nulle part ailleurs. Il le sent, il le sait. Ses relations avec Paoli, toutefois, ne sont pas simples : celui-ci n'a pas oublié la trahison de Charles Bonaparte et voit en son fils un officier français dont le zèle finit par l'agacer. Or, sur le continent, les événements se précipitent. Une partie de la France se soulève contre la Convention. En mars 1793, la Vendée s'insurge, puis c'est le tour de Bordeaux, Marseille, Caen et Toulouse après la chute de la Gironde, le 2 juin. Paoli, qui rêve d'une Corse indépendante, se rapproche des Anglais bien installés en Méditerranée. Napoléon s'y oppose. Son admiration pour Paoli, qu'il découvre vieilli et aux mains de la faction pro-anglaise dirigée par Pozzo di Borgo, soudain, s'effondre. Quand Paoli est mis hors la loi par la Convention le 2 avril 1793, Bonaparte rejoint les conventionnels envoyés en mission pour rétablir l'ordre. Une opération contre Ajaccio, aux mains des partisans de Paoli, échoue le 31 mai. Il ne reste à Napoléon, réfugié à Calvi, qu'à fuir avec sa famille en bateau le 11 juin. «Tout avait plié ; ma présence n'était bonne à rien, je quittai la Corse.» Il n'y fera plus, à son retour d'Égypte, qu'un bref passage. C'est sur le continent que s'écrira son histoire...
À voir ce qui se passe à bord sur cette photo, on hésite entre cet adage bien connu des marins : « une manœuvre réussie est une catastrophe évitée de justesse… » et la célèbre petite phrase de Jacques Chirac : « les emmerdes, ça vole en escadrille… ».
Le bateau est-il parti au lof avant de passer sur sa barre, changeant d’amure, avant un empannage chinois dans la foulée… ou alors à l’abattée sous l’effet d’une rafale adonnante ? Il manque la séquence précédente pour pouvoir trancher, mais ce qui est certain, c’est ce qu’on appelle « un joli distribil ».
État des lieux : plein vent arrière, fausse panne et contre-gîté, le bateau pourrait bien partir ou repartir à l’abattée. L’amure de spi a été larguée embarquant le tangon, l’écoute a sans doute surpattée et le spi qui passe sur l’arrière reste gonflé grâce à la vitesse du bateau, se transformant en parachute… En voulant choquer la drisse de spi, et dans la panique, l’équipier au piano a-t-il ouvert le taquet de drisse de foc plutôt que celle du spi ? Sans doute, car le foc est en train de descendre et semble même avoir fait des tours. C’est sauve qui peut !
L’équipage s’accroche çà et là afin de rester à bord. La priorité n’est pas pour l’instant de larguer la drisse de spi afin de l’affaler, ni de remonter le tangon à moitié immergé et qui pourrait bien se plier voir se briser… sans parler de la compression générée sur le mât. Et pourtant !
Comme on ne voit pas le barreur au vent et certainement sous l’eau, impossible de savoir s’il est en mesure de pousser la barre afin de redresser l’engin et ne pas risquer d’empanner ou réempanner. Bref, si on est sûr d’une chose, c’est que les six gaillards ne seront pas en tête à la marque sous le vent, mais pourront débriefer ce soir sur leur « casino » au bar du club, et autour d’une bière bien méritée !