|
|
Romy Schneider et Luchino Visconti : entre l’égérie et le maître, une complicité singulière Louis Guichard |
Entre eux deux, l’histoire s’est toujours jouée à trois. Elle, lui et quelqu’un d’autre – pas toujours la même personne. L’histoire s’est aussi jouée en trois temps forts, inégalement répartis sur une douzaine d’années. Lorsque Luchino Visconti rencontre Romy Schneider, la première période de sa carrière de cinéaste (les années 1940 et 1950) s’est refermée sur un malentendu, une impasse. Nuits blanches (1957), son adaptation très formaliste de Dostoïevski, avec Marcello Mastroianni et Jean Marais, a emmené Visconti loin des territoires défrichés avec éclat depuis ses débuts : l’allégorie politique du film noir Ossessione (1943), le néoréalisme émergent de La terre tremble (1948), puis le mélodrame populaire (Bellissima, 1951), et le vénéneux film d’époque (Senso, 1954). Après l’échec de Nuits blanches, rejeté par le public et la critique, Luchino Visconti a dû réfléchir à sa place dans le cinéma, à son désir de créateur. Aristocrate fortuné, il n’a jamais eu besoin de travailler pour vivre – c’est tout le paradoxe, et le panache, de son soutien fervent au Parti communiste italien. Or, parmi les raisons qui ont redonné nécessité à l’exercice de son art, il y a ce jeune acteur français au regard innocent et à la beauté fabuleuse, Alain Delon, choisi par Visconti pour Rocco et ses frères (qui remportera le Grand Prix du jury à la Mostra de Venise et sortira en 1960). Et, dans le sillage de l’élu, il y a son amoureuse, Romy Schneider. Lire la suite ► Lire aussi “Romy et Magda Schneider : le pesant héritage de ‘mutti'” ► Lire aussi “Romy Schneider et Alain Delon : à la vie, à la mort” |