mardi 29 août 2023

 

Comment Brest est devenue « la bouche de la mort » durant la Seconde Guerre mondiale

Port stratégique pour l’Allemagne nazie, Brest est rapidement visée par des bombardements alliés intensifs qui rythment la vie de la population pendant quatre ans. Après le siège et la catastrophe de l’abri Sadi-Carnot, près de 80 % de la ville est détruite. Troisième épisode de la série du magazine Bretons consacrée à la Seconde Guerre mondiale en Bretagne.


La rue Louis-Pasteur à Brest, en septembre 1945.
SIGNAL CORPS USA ARMY


C’est une nuit brestoise comme tant d’autres, maintenant que les alertes nocturnes sont devenues une habitude. Les gestes sont rapides, mécaniques. On attrape un sac d’affaires posé près du lit. On dévale les escaliers, direction l’abri le plus proche. Dehors, les chiens aboient déjà. La météo annonce encore une pluie de fer, de feu, d’acier et de sang. Les fusées éclairantes des avions anglais et les balles traçantes rouges et blanches de la défense allemande illuminent le brouillard. Depuis l’obscurité du sous-sol, on ne voit rien. Mais on entend tout. Sifflement des obus, carreaux brisés, murs écroulés. Débris. On finit par sortir et l’on s’étonne presque de trouver la ville toujours debout.

De Gaulle et Quimper, Brest ravagée… La Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale en sept récits

« La bouche de la mort »

Ce quotidien est celui de milliers de Brestois depuis 1940 et les premiers bombardements anglais. La population a été préparée à une évacuation dès 1935, des masques à gaz ont été réclamés, des rideaux noirs ont été installés aux fenêtres, on a appris à faire des garrots. Mais les alertes ne sont plus des exercices. Car, si les Anglais visent l’armée allemande, ils manquent de précision, et les cadavres retrouvés sous les décombres sont bien brestois.

Il faut dire que les points stratégiques du port sont extrêmement bien protégés par les Allemands, à grand renfort de radars, de camouflages et de fumigènes. « Après Berlin, Brest est la ville la mieux défendue d’Europe ! », écrit Olivier Polard, auteur des Brestois dans la guerre. Pour espérer toucher les cuirassés allemands, les Alliés optent donc pour des bombardements massifs, de nuit et en haute altitude. Rapidement, Brest est alors surnommée « la bouche de la mort » par les aviateurs britanniques. Pourtant, la haine anti-Anglais ne prend pas. Les Brestois applaudissent les aviateurs capturés, à la grande surprise des Allemands. « C’est parce que les habitants comprenaient l’objectif des Anglais qu’ils l’acceptaient », explique l’auteur brestois.

Le jour, les civils déblayent les gravats, cherchent les survivants, colmatent les trous et enlèvent les éclats d’obus. La vie ordinaire et laborieuse se poursuit. Pour ceux dont la maison a été détruite, le Secours national ouvre en urgence des dortoirs dans des villas abandonnées. Des repas sont distribués et la sous-préfecture imprime un Guide du sinistré. Dans ce quotidien difficile, deux évènements majeurs marquent la population. Le 4 avril 1941, vers 21 heures, le célèbre bar-dancing Le Continental explose, alors que de nombreux officiers allemands sont à l’intérieur. Une semaine plus tard, le 11 avril, 200 bombes s’abattent sur la ville et détruisent une grande partie de l’hospice civil. On dénombre 85 victimes, dont des enfants. Le choc de la catastrophe accélère le départ des habitants, des entreprises et des services administratifs, même si le plan d’évacuation imaginé en 1939 est rendu impossible par l’occupation allemande du littoral.

Ville morte

L’été n’offre aucun répit aux Brestois. En juillet, la mort de 128 civils est à déplorer lors d’une première attaque. À la fin du mois, un bombardement en plein jour fait 100 morts. Les écoles de la Croix-Rouge et les bars mythiques de la rue Pasteur sont rayés de la carte, la centrale électrique et l’usine à gaz sont endommagées. Face aux drames, des processions catholiques sont organisées pour « supplier le Ciel de protéger la cité ». La Ville de Lyon adopte Brest comme filleule et lui apporte son aide financière. Une rose rouge baptisée « Ville de Brest » est même vendue lors de banquets caritatifs. Depuis 1941, la presse, elle, a l’interdiction de mentionner les bombardements.

Après une courte trêve, de nouvelles bombes, plus grosses encore, reviennent déchirer le ciel de Brest à partir de novembre 1942. Des trains spéciaux sont affrétés pour évacuer 27 000 « actifs non indispensables ». Les enfants brestois affluent dans les écoles de tout le département. À Brest, le nombre et la taille des abris restent très insuffisants. Victor Eusen, le chef de la « délégation spéciale » qui remplace le maire résistant, Victor Le Gorgeu, obtient finalement du gouvernement de Vichy le financement de trois grands abris en 1943, dans le quartier de Recouvrance, place Sadi-Carnot et place Wilson. Peu à peu, les rues se vident. « Un sentiment de solitude gagne tous ceux qui arpentent la rue de Siam le samedi, jour principal des frappes alliées. Tous ceux qui le peuvent ont quitté la ville la veille au soir pour rejoindre leurs familles à la campagne ; les autres déambulent mollement non loin des entrées d’abris… », décrit Olivier Polard.

Un abri devenu tombeau

C’est durant l’été 1944, alors que la majeure partie de la cité portuaire est encore debout et qu’un calme trompeur a fait revenir bon nombre d’habitants, que l’enfer de Brest débute véritablement. Dans la foulée du Débarquement, l’état de siège est proclamé à Brest le 7 août. En deux jours, la quasi-totalité des civils fuit précipitamment la ville. Parmi les quelque 2 000 habitants qui restent sur place, il y a Stéphane Massé, un résistant brestois dont Olivier Polard publie le témoignage. Depuis sa maison de la rue Branda, ce courtier en vin décrit l’interdiction de sortir, les allers-retours entre l’étage et la cave, la poussière soulevée par la chute des bombes, les tirs d’artillerie américains aussi habituels que le tic-tac de l’horloge…

La circulation est interdite, à tel point que de l’herbe pousse dans les rues. Il s’interroge : « Jusqu’à combien d’années – ou de siècles – en arrière faudrait-il remonter pour retrouver trace d’herbe dans la rue de Siam, la rue principale de Brest ? Et, quand elle sera reconstruite, combien d’années, combien de siècles faudra-t-il pour en trouver à nouveau ? » À partir du 25 août, les incendies provoqués par les Allemands se généralisent dans près d’un tiers de la ville. Ils ne s’éteindront pas avant le 18 septembre. Dans un grondement continuel, le Brestois voit brûler sa maison natale, surveille celle de sa voisine, se sert d’un caveau comme d’un abri, déjeune avec des amis sous la terre, où ils s’abritent à présent jour et nuit.

Le 8 septembre, Stéphane Massé, fidèle à son habitude, passe voir ses camarades entassés dans l’abri Sadi-Carnot, avant de repartir rapidement car sa maison menace de brûler. Il ne sait pas encore qu’il ne reverra jamais ses amis. Vers 2 h 30, possiblement après une bagarre entre Allemands, militaires d’un côté, parachutistes de l’autre, l’abri, où des munitions ont été stockées par les Allemands, saute. Et devient un tombeau. « C’est la nuit tragique, l’affreuse nuit dans toute son horreur », note-t-il dans son journal. « Peu de personnes ont réalisé rapidement le danger. Tous ces gens à moitié endormis ne comprenaient pas. Puis il y eut la première explosion, la fumée, l’odeur de poudre. Et ce fut l’affolement général : des appels, des cris. À la seconde explosion, la lumière s’éteignit et ce fut le silence total, un silence de mort », rapportera plus tard le Brestois, à partir du témoignage d’un camarade rescapé.

Seules cinquante personnes réussissent à échapper à l’explosion, qui fait 450 morts. Les cadavres resteront en place pendant plus de deux semaines. Stéphane Massé retourne sur les lieux dix jours après la tragédie : « Le spectacle est atroce. Tous les corps, sauf un, sont tournés vers la sortie, les mains crispées sur les marches des escaliers, la tête tendue dans un suprême effort ». La catastrophe a emporté de nombreux enfants et une grande partie de l’élite brestoise. Maire, adjoints, médecins de la Croix-Rouge, officiers de marine, riches commerçants, figures locales ne sont plus.

« Qui ne connaissait pas la plupart des vieux Brestois qui sont morts dans cette horrible boucherie ? », se demande le résistant, pour qui « le coup est vraiment dur, le plus pénible de tout le siège, et de loin… » Le drame, dont les causes restent encore aujourd’hui incertaines, est qualifié de « crime de guerre » par Olivier Polard : « Premièrement, les Allemands occupaient une partie de l’abri alors que c’était interdit, l’abri devait être réservé aux civils. Deuxièmement, les Allemands n’auraient jamais dû mettre de munitions dans l’abri ».

Plus de 100 000 sinistrés

Le lendemain de la visite macabre de Stéphane Massé, la nuit brestoise est calme, pour la première fois après quarante jours d’affrontements ininterrompus, « la deuxième attaque de France en intensité de combat après le Débarquement de Normandie », selon Olivier Polard. Ce 18 septembre, après une longue agonie, la forteresse de Brest tombe, en ruine, entre les mains de l’armée américaine. Le silence succède à la fureur. Les clés de la cité sont remises au milieu des cratères et des gravats, dans une odeur pestilentielle. 1 000 Brestois, soit la moitié de ceux demeurés dans la ville, sont morts.

Ceux qui étaient partis avec une simple valise découvrent, hagards, une ville méconnaissable : 5 000 immeubles ont été détruits – il n’en reste qu’une quinzaine rue de Siam –, le port est inaccessible, 2 000 épaves gisent dans la rade, il n’y a plus d’arsenal, de pont National, d’eau, de gaz, d’électricité. Aucune école, aucun bâtiment public, industriel ou commercial, n’a survécu. Le goût de la Libération est amer. « Cela fait partie du traumatisme qu’a vécu Brest et que vit actuellement l’Ukraine : 80 % de la ville de Marioupol est aujourd’hui détruite (au 21 mars 2022, ndlr), c’est le même pourcentage que Brest à l’époque », pointe Olivier Polard.

Le Finistère représente à lui seul un cinquième des 600 000 sans logis recensés à ce moment-là en France, soit près de 120 000 personnes. « Je ne crois pas qu’il existe un seul coin de la terre de France où l’on discerne mieux qu’à Brest ce que sont pour notre peuple les devoirs du présent et de l’avenir », déclare de Gaulle lors de sa visite à Brest le 27 juillet 1945. Les années suivantes sont marquées par l’explosion des mines qui traînent, et continuent de faire des centaines de victimes, et par la vie nouvelle qui débute dans les baraques.



Inquiétude, nostalgie et espoir s’entremêlent alors que la ville est peu à peu reconstruite, et nivelée avec des remblais issus des immeubles effondrés. « Vingt-cinq années seront nécessaires pour gommer les plaies béantes que la guerre a laissées dans son sillage », écrit Olivier Polard. « Une nouvelle cité, « Brest la blanche », remplacera bientôt l’ancienne, mais Brest gardera son identité : une ville au service de l’État, peuplée de cols blancs, de marins et d’ouvriers, tiraillée entre la mer et son arrière-pays, avec ce supplément d’âme d’une population qui, telle un phœnix, a dû renaître de ses cendres… »

Cet article a été initialement publié dans Bretons en mars 2022.


lundi 28 août 2023

C DANS L'AIR 28 AOÛT

 

"C dans l'air" mercredi 30 août 2023 : les invités de Caroline Roux sur France 5


"C dans l'air" mercredi 30 août 2023 : les invités de Caroline Roux sur France 5

Ce mercredi 30 août 2023, Caroline Roux présentera en direct sur France 5 à partir de 17:30 un nouveau numéro de "C dans l'air". Voici le thème de l'émission et les invités


17:30 L'invité de "C dans l'air"

Caroline Roux reçoit chaque jour en direct une personnalité qui fait l'actualité. Hommes et femmes politiques, écrivains, philosophes, scientifiques ou l'économistes : 10 minutes de dialogue pour donner un éclairage en prise directe avec l'information du jour.

Ce mercredi 30 août 2023, Caroline Roux recevra : Esther Duflo, colauréate du prix Nobel d’économie 2019 pour ses travaux sur la pauvreté dans le monde.

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Alors que les matières premières baissent de 30 à 40%, les prix dans les rayons des supermarchés restent pourtant élevés. Bercy réunit donc ce mercredi les représentants de la grande distribution et les industriels. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire entend demander aux distributeurs et aux industriels de s'engager davantage dans la lutte contre l'inflation, prolonger les opérations de baisse des prix sur 1 000 produits essentiels et être plus nombreux à le faire.

Témoins de cette inflation galopante, le PDG de Carrefour Alexandre Bompard dit observer “un phénomène massif de privation”, le patron de Système U affirme que “un tiers de nos clients est très affecté par l'inflation, au point de sauter des repas. Un autre tiers a changé ses habitudes, en ne partant plus en vacances, en achetant moins de marques”. Des constats qui vont de pair avec le dernier sondage LSA publié ce mardi qui fait état de près de 75% des Français qui déclarent avoir des fins de mois difficiles.

En parallèle de cette inflation, l’Unicef a publié aujourd’hui ses derniers chiffres et tire la sonnette d’alarme : 20% d’enfants en plus que l’an dernier se retrouvent à la rue en France et en cette veille de rentrée scolaire, près de 2000 enfants sont sans logement. Esther Duflo, la prix Nobel d’économie 2019 pour ses travaux sur la pauvreté dans le monde, donnera ses solutions pour agir face à cette situation. Elle reviendra aussi sur sa série de 10 albums, sortie aux Seuil Jeunesse, qui tente d’expliquer aux enfants ce que signifie la pauvreté, loin des clichés et des préjugés.

17:45 "C dans l'air"

Caroline Roux décryptera en direct l'actualité en compagnie de quatre experts. En fin d'émission, ils répondent aux questions des téléspectateurs.

Les experts invités : 

Pascal Boniface, directeur de l’IRIS - Institut de Relations Internationales et Stratégiques.

Vincent Hugeux, journaliste indépendant, essayiste, spécialiste des enjeux internationaux.

Stéphanie Hartmann, journaliste indépendante, spécialiste des questions de politique africaine.

Yves Thréard, éditorialiste, directeur adjoint de la rédaction du Figaro.

Le thème de l'émission : Putsch au Gabon : l'incroyable appel à l'aide du président !

« Nous mettons fin au régime en place ». C'est par cette déclaration qu'une douzaine de militaires ont proclamé hier l'annulation du scrutin au Gabon, alors que venait tout juste d'être annoncée la réélection du président Ali Bongo. « Toutes les institutions de la république sont dissoutes : le gouvernement, le Sénat, l'Assemblée nationale, la Cour constitutionnelle », ont-t-ils poursuivi, proclamant aussi la fermeture des frontières du pays « jusqu'à nouvel ordre ». Face à cette tentative de coup d'État, des premières manifestations de soutien ont eu lieu à Libreville, la capitale.

Les réactions internationales non plus n'ont pas manqué. En France, la Première ministre affirme « suivre avec la plus grande attention » la situation. Alors que l'Afrique connait son cinquième putsch depuis 2020 (après le Mali, le Burkina Faso, la Guinée, la Tchad et le Niger), François Hollande estime de son côté qu' « il n'y a pas eu de réaction suffisante après le coup de force au Mali, y compris de la France ».

La question se pose aussi de la possible influence d'autres pays dans ces événements. La Chine ou la Russie par exemple. En Afrique, l'avenir de la milice Wagner est en suspens depuis que son leader Prigojine a disparu. Lors de sa dernière mise en scène, l'homme disait pourtant effectuer une « mission de reconnaissance » pour « rendre le continent africain plus libre encore ». Ces dernières années, l'Afrique représentait une part considérable des activités du groupe, engagé en Lybie, au Soudan, en Centrafrique, au Mozambique, à Madagascar et au Mali. Sans oublier sa possible présence au Niger.

Un autre pays pourrait lui aussi voir son pouvoir renversé : le Sénégal. Si e pays de la Teranga représente depuis longtemps un pôle de stabilité en Afrique, l'élection présidentielle de février prochain semble incertaine, avec une opposition qui compterait déjà plus d'un millier de détenus politiques.

Alors, comment expliquer ce putsch au Gabon ? et cette contagion de coups d'état en Afrique ? Après la mort de Prigojine, quel avenir pour Wagner sur ce continent ? Un coup de force peut-il bientôt avoir lieu au Sénégal ?

Le sujet vous questionne ?

Posez votre question par SMS au 41 555 (du lundi au samedi de 15h30 à 19h00 | 0,05 € / SMS), sur Twitter avec le hashtag #cdanslair.

Dernière modification le mercredi, 30 août 2023 18:26

"C dans l'air" lundi 28 août 

"C dans l'air" lundi 28 août 2023 : les invités reçus sur France 5 par Caroline Roux

Caroline Roux vous donne rendez-vous ce lundi 28 août 2023 à 17:30 sur France 5 pour un nouveau numéro de “C dans l'air”. Voici le thème de l'émission et les invités qui seront reçus.

17:30 L'invité de "C dans l'air"

Caroline Roux reçoit chaque jour en direct une personnalité qui fait l'actualité. Hommes et femmes politiques, écrivains, philosophes, scientifiques ou l'économistes : 10 minutes de dialogue pour donner un éclairage en prise directe avec l'information du jour.

Ce lundi 28 août 2023, Caroline Roux recevra : Franck Louvrier, maire LR de La Baule-Escoublac.

C’est à l’issue d’un week-end très politique où la droite a lancé la bataille de 2027 que l’actuel ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a organisé sa rentrée politique ce dimanche à Tourcoing, ville dont il a été le maire. S’il ne cache plus ses ambitions politiques, la première ministre Elisabeth Borne, finalement conviée à l’évènement, l’a appelé à l’unité de la majorité et au travail gouvernemental : "Notre unité est notre force. Nous devons la protéger à tout prix et ne pas paver nous-mêmes le chemin des extrêmes", l'a-t-elle mis en garde.

Le président des Républicains, Eric Ciotti a affirmé qu’il se rendrait à l'invitation du chef de l'Etat mercredi prochain qui réunira tous les chefs des partis. L’objectif est de bâtir "ensemble" des textes législatifs et ouvrir la voie, "le cas échéant", à des référendums. Mais Eric Ciotti craint un nouveau coup de communication alors que Macron a déjà écarté des propositions LR sur l’immigration.

En mars dernier dans le JDD, le maire LR de la Baule-Escoublac Franck Louvrier disait "soit nous acceptons de conclure un contrat de gouvernement dans la transparence vis-à-vis de nos électeurs, soit Emmanuel Macron sera condamné à l’immobilisme". L’un des gros dossiers de la rentrée est donc le projet de loi sur l’immigration pour lequel Gérald Darmanin est chargé de construire une majorité.

Franck Louvrier reviendra sur cette course à la présidentielle qui a déjà commencé, sur les dossiers chauds de la rentrée et sur l’avenir des Républicains.

17:45 "C dans l'air"

Caroline Roux décryptera en direct l'actualité en compagnie de quatre experts. En fin d'émission, ils répondent aux questions des téléspectateurs.

Les experts invités :

Christophe Barbier, éditorialiste politique, conseiller de la rédaction de Franc-Tireur.

Nathalie Mauret, journaliste politique - Groupe de presse régionale Ebra

Rachel Garrat-Valcarcel, journaliste politique à 20 Minutes.

Brice Teinturier, directeur général délégué - Institut de sondages Ipsos.

Le thème de l'émission : Rentrée de Darmanin : Borne en mission "sabotage"

« Darmanin, premier fliqué de France ». Le titre de Libération aujourd'hui ironise bien sur l'ambiance autour du locataire de la place Beauvau. Alors que celui-ci comptait sur son raout de rentrée dans son fief de Tourcoing pour poser ses jalons en vue de 2027, Elisabeth Borne s'y est invitée in extremis à la demande de l'Élysée pour faire « passer quelques messages » à ce ministre de l'Intérieur un peu pressé dans ses ambitions présidentielles.

Mais Gérald Darmanin n'a pas manqué de rappeler qu'il est aux côtés du chef de l'État depuis son accession à l'Elysée, et souligne d'ailleurs qu'il est le seul dans ce cas avec Bruno Le Maire et Elisabeth Borne. Une manière de repousser les procès en déloyauté alors que la Première ministre était visiblement en mission ''sabotage'' ce dimanche dans le Nord, avec une leçon « d'unité » bien placée à l'endroit de son ministre de l'Intérieur. De son côté, Bruno Le Maire rappelle ce matin le calendrier institutionnel et prône la « patience » alors qu'il est lui aussi donné comme possible candidat en 2027.

Pendant ce temps, Gabriel Attal fait parler de lui dans son nouveau costume de ministre de l'Éducation nationale. Hier, c'est en annonçant interdire dans les établissements scolaires le port de l'abaya (ce vêtement traditionnel féminin porté au Moyen-Orient au-dessus des autres vêtements), qu'il a suscité la polémique. Dans un contexte de signalements de plus en plus fréquents sur les distinctions religieuses à l'école, cette décision stricte est un moyen pour le gouvernement de reprendre la main sur les sujets régaliens.

À gauche aussi, la rentrée fut scrutée. Aux Amfis d'été de la France insoumise, une ancienne candidate socialiste à l'Élysée a fait parler d'elle : Ségolène Royal. Celle-ci propose en effet d'être tête de liste aux Européennes pour la Nupes, une proposition surprise plutôt bien accueillie à la France insoumise, notamment par Jean-Luc Mélenchon. Mais l'heure n'est pas à l'union puisque les écologistes, comme les communistes de leur côté, ont décidé de présenter leur propre liste et ont même déjà choisi Marie Toussaint pour les représenter. Royal risque donc de faire flop, d'autant que ses prises de paroles sont régulièrement pointées du doigt et sa participation prochaine comme chroniqueuse aux côtés de Cyril Hanouna risque de crisper un peu plus encore.

Alors, Gérald Darmanin a-t-il raté sa rentrée à Tourcoing ? Avec Attal, quels changements possibles à l'Éducation nationale ? La Nupes peut-elle se ranger derrière Ségolène Royal aux Européennes ?

Le sujet vous questionne ?

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I HAVE A DREAM

 Je fais toujours ce rêve : c’est un rêve profondément ancré dans l’idéal américain. Je rêve que, un jour, notre pays se lèvera et vivra pleinement la véritable réalité de son credo : “ Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes que tous les hommes sont créés égaux ”.

Je rêve qu’un jour sur les collines rousses de Georgie les fils d’anciens esclaves et ceux d’anciens propriétaires d’esclaves pourront s’asseoir ensemble à la table de la fraternité.

Je rêve qu’un jour, même l’Etat du Mississippi, un Etat où brûlent les feux de l’injustice et de l’oppression, sera transformé en un oasis de liberté et de justice.

Je rêve que mes quatre petits-enfants vivront un jour dans une nation où ils ne seront pas jugés sur la couleur de leur peau, mais sur la valeur de leur caractère. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour, même en Alabama, avec ses abominables racistes, avec son gouverneur à la bouche pleine des mots “ opposition ” et “ annulation ” des lois fédérales, que là même en Alabama, un jour les petits garçons noirs et les petites filles blanches pourront se donner la main, comme frères et sœurs. Je fais aujourd’hui un rêve !

Je rêve qu’un jour toute la vallée sera relevée, toute colline et toute montagne seront rabaissées, les endroits escarpés seront aplanis et les chemins tortueux redressés, la gloire du Seigneur sera révélée à tout être fait de chair.



Captures d'écran ministère de l'Éducation nationale

On croit rêver

Hier, pour les 60 ans du célébrissime «I have a dream» de Martin Luther King, le ministère de l'Éducation nationale a publié une vidéo commémorative sur X (ex-Twitter). On peut y voir 5 élèves de collège âgés de 14 ans déclamer en anglais leur propre discours inspiré de celui de l'icône de la lutte pour les droits civiques. Ils y parlent d’égalité, d’écologie ou de réussite personnelle, mais pas précisément de racisme. ~ Léger ~ problème vu le sujet en question : tous les participants sont blancs. Pour célébrer le combat contre la ségrégation et les inégalités raciales, on a vu mieux. Devant la polémique qui n'a pas manqué de monter, le ministère a publié l'explication suivante : «Les élèves présents sur cette vidéo sont les lauréats 2023 du concours "The More I Say" qui encourage la pratique créative de l’anglais au collège. […] Ils étaient invités à prononcer un court discours en s’inspirant de celui de Martin Luther King en commençant par "I have a dream".» Une mise au point qui n'a pas éteint toutes les critiques, notamment celles de la député LFI Danièle Obono qui a rétorqué du tac au tac : «#TraduisonsLes Ce n'est pas notre faute s'il n'y a pas un·e seul·e élève noir·e ou racisé·e dans tout le pays capable d'aligner correctement 3 mots en anglais.»




 


L’émission « Le Jour du Seigneur » diffusée depuis le Yaudet en plein air, dimanche 27 août

C’est une première pour Ploulec’h (Côtes-d’Armor). L’émission « Le Jour du Seigneur » diffusera une messe en plein air depuis le Yaudet dès 11 h, dimanche 27 août 2023, à la télévision sur France 2. C’est le curé de la paroisse de Lannion, Mickaël Levacher, qui célébrera la messe.


La célébration de la traditionnelle messe du dimanche sera quelque peu différente, le 27 août, dans le Trégor. Plus de 800 000 personnes pourront y assister… derrière leur poste de télévision. L’émission Le Jour du Seigneur sera en direct du Yaudet, à Ploulec’h (Côtes-d’Armor), pour une messe en plein air diffusée sur France 2, dès 11 h, dimanche 27 août 2023. Sur place, 400 personnes y sont conviées.

C’est une première pour le lieu, comme pour le père Mickaël Levacher, curé de la paroisse de la Bonne Nouvelle de Lannion qui célébrera la messe en plein air, avec le prêtre Paul-Hervé Moy, le frère Benoît Dubigeon et le diacre Antoine Papin, entre autres. « Il faudra que j’oublie la caméra, mais pas ceux qui seront devant leur télévision », avoue-t-il. Hormis le chronomètre de 52 minutes, bien ficelé par France télévision, la messe paroissiale se déroulera presque comme d’habitude, avec plusieurs chants en breton et une procession pour bénir la mer, ses travailleurs et ses disparus.

La pointe du Yaudet fermée à la circulation dès jeudi soir

Sur la pointe du Yaudet, dimanche 27 août, 400 places assises seront donc accessibles au public. Les promeneurs de passage, eux, pourront tout de même assister à la messe, mais debout. Les équipes du Jour du Seigneur et de France télévision sont déjà passées dans le secteur pour faire du repérage et tourner quelques images du Trégor qui serviront à agrémenter la diffusion de la messe en direct. Le programme dure 58 minutes en tout.

« À partir de la crêperie du Yaudet, la route sera fermée à la circulation dès jeudi soir, avertit le père Mickaël LevacherSix camions de France télévision arriveront sur place vendredi matin. » C’est pourquoi deux parkings seront mis à disposition pour les fidèles et visiteurs. Une navette, du parking jusqu’à la chapelle, est également prévue pour les personnes à mobilité réduite. Et calibrage audiovisuel oblige, l’entièreté du public devra être installée sur le site dès 10 h. Soit une heure avant le début de la diffusion de la messe. S’il pleut, un repli est prévu dans la chapelle, mais avec seulement 250 places.

« Venez, incite le curé de Lannion. C’est une messe où on reste nous-même ! » Un verre de l’amitié sera organisé à l’issue de la célébration, avec un pique-nique pour ceux qui le souhaitent. L’émission religieuse Le Jour du Seigneur  fête ses 74 ans cette année.

Dimanche 27 août 2023, dès 10 h sur place, à côté de la chapelle de la Vierge couchée du Yaudet, à Ploulec’h. Diffusion de l’émission Le Jour du Seigneur, dès 11 h sur France 2.

dimanche 27 août 2023

La libération de Paris

La  libération de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale a eu lieu du 19 au 25 août 1944, marquant ainsi la fin de la bataille de Paris. Cet épisode a lieu dans le cadre de la Libération et met un terme à quatre années d'occupation de la capitale française.




Les forces alliées progressent vers l'Est, les généraux américains Dwight D. Eisenhower et Bradley, engagés dans les combats de la poche de Falaise, prévoient de contourner Paris pour ne pas être ralentis dans leur progression, notamment au niveau logistique, la libération des 4 millions d'habitants parisiens nécessitant 4 000 tonnes de vivres par jour. Le général Bradley écrit dans ses mémoires à propos de la capitale française : « La ville n'avait plus aucune signification tactique. En dépit de sa gloire historique, Paris ne représentait qu'une tache d'encre sur nos cartes ; il fallait l'éviter dans notre marche vers le Rhin ». Les Overlord forecasts (prévisions Overlord) ont pour cible principale le bassin de la Ruhr où se concentre l'industrie lourde allemande, la libération de Paris étant prévue pour fin octobre.


Marie-Pierre Kœnig, commandant en chef des Forces françaises de l'intérieur (FFI), prépare une insurrection afin de limiter l’effet de l'installation de l'AMGOT, redouté par le Gouvernement provisoire de la République française (GPRF).


Peu avant, depuis le 1er août, les Polonais ont commencé l'insurrection de Varsovie, circonscrite par la Wehrmacht dès le surlendemain de son déclenchement.


Les ordres de Hitler prévoyaient la destruction des ponts et monuments de Paris, la répression impitoyable de toute résistance de la part de la population et de combattre dans Paris jusqu'au dernier homme pour créer un « Stalingrad » sur le front de l'Ouest immobilisant ainsi plusieurs divisions alliées. Mais le général von Choltitz n'a pas les moyens de résister réellement. La garnison allemande est forte de 16 000 hommes, mal équipés, aux unités disparates (unités administratives, par exemple) de faible valeur combative, 80 chars (dont certains datent des prises de guerre de l'été 1940, comme des chars Renault FT d'un « autre âge ») et autant de pièces d'artillerie, pour certaines désuètes. La retraite des débris de la 7e armée allemande qui se replie sur la Somme est couverte par de petites unités de circonstance équipées de matériels modernes, canons antichars et Panzers, et qui marquent des coups d'arrêt. Il est vrai que la Résistance parisienne est encore plus mal équipée.


Si les ponts et un certain nombre de bâtiments stratégiques sont effectivement minés dès le 21 août par les soldats du génie allemand (813. Pionierkompanie appuyée par la 177. Pionierkompanie) commandés par le capitaine Werner Ebernach, cet officier ne reçoit pas l'ordre de destruction de la part du Q.G. de Choltitz. Le 24 août au soir, il organise la retraite en bon ordre de son unité, ne laissant qu'une section de sapeurs pour assurer l'exécution de l'ordre de destruction final. L'ordre de destruction ne vint jamais. Parmi les conjectures expliquant ce geste considéré comme une trahison par Hitler, le fait que l'officier des transmissions qui était de service le soir, le sous-lieutenant Ernst von Bressensdorf ait détourné les télégrammes urgents du Führer des 22 et 23 août au soir pour ne les remettre au général que le lendemain matin, un acte reconnu aujourd’hui comme une désobéissance volontaire de la part d'un jeune officier particulièrement francophile, l'entremise du consul de Suède Raoul Nordling qui aurait exposé au général von Choltitz l'inutilité et l'inhumanité de son acte, et les calculs personnels de von Choltitz qui, conscient des déficiences du Führer, prépare son après-guerre en mettant à l'abri sa famille et en essayant d'épargner au maximum à la fois la vie des soldats allemands sous ses ordres et le patrimoine culturel parisien


La résistance parisienne est commandée par Rol-Tanguy, responsable régional des FFI pour l'Île-de-France depuis son poste de commandement de la rue de Meaux (il s'installe le 20 août sous la place Denfert-Rochereau) et par le colonel Lizé (de son vrai nom, Jean de Marguerittes), chef des FFI de la Seine (dont le PC est installé 1 rue Guénégaud, tout près de l'hôtel de la Monnaie). Jacques Chaban-Delmas est le délégué militaire national du gouvernement provisoire ; il accueillera le général Leclerc. Le « colonel Fabien », commandant le premier régiment des FFI de Paris, siège au no 34 rue Gandon (13e arrondissement) et au no 12 rue de l'Abbé-de-L'Épée (5e arrondissement).


L'occupant se trouve en position défensive, une division SS est mise en mouvement vers Paris pour renforcer l'armée allemande. Il est à prévoir qu'elle obéira sans état d'âme aux ordres de destruction de Hitler : von Choltitz a fait venir un bataillon de pionniers de la Luftwaffe pour miner les points majeurs de la ville.


La Résistance est pauvrement équipée (elle n'a même pas de liaison radio avec l'extérieur) mais enthousiaste. Avec l'annonce de l'avance rapide des Alliés sur Paris depuis la victoire de la Poche de Falaise, les cheminots se mettent en grève le 10 août, suivis par le métro de Paris, la gendarmerie le 13 août. La police se met en grève le 15 août suivie des postiers le jour suivant. Ils sont rejoints par d'autres ouvriers de la ville quand la grève générale éclate le 18 août. Le jour même dans l'après-midi, Rol-Tanguy fait apposer les affiches d'appel à la mobilisation des Parisiens et au déclenchement de l'insurrection. En représailles, les forces d'occupation tuent 35 membres de la Résistance au bois de Boulogne.


Le 19 août au matin, deux mille policiers résistants s'emparent de la Préfecture de Police, hissent le drapeau tricolore sur la Préfecture et sur Notre-Dame, et engagent le combat avec les Allemands. Rol-Tanguy, qui passe par hasard à vélo, les affiches cachées dans sa sacoche, est pris au dépourvu. Il se fait difficilement reconnaître et vient prendre leur commandement. Dans la matinée les policiers sont enrôlés dans les FFI. Le lendemain, sous l'impulsion de Léo Hamon, ils prendront l'Hôtel de Ville. Des barricades sont dressées, entravant les mouvements des véhicules allemands, et des escarmouches ont lieu contre les forces allemandes d'occupation, épaulées par des membres de la Milice restés à Paris malgré le repli général des miliciens quelques jours plus tôt. Les combats, violents et dispersés dès le 19, atteignent leur maximum le 22. De sérieux combats ont lieu en particulier à la préfecture de police, au Sénat, au Grand Palais, autour de l'Hôtel de Ville... Les FFI encerclent les îlots de défense allemands.


Une brève trêve est conclue dès le 19, qui permet à chacun des camps, soit d'évacuer la capitale pour les Allemands, soit de conforter ses positions, pour la Résistance.


En marge des évènements de la capitale, des accrochages et embuscades sont organisés par des partisans et résistants en banlieue parisienne.


Les insurgés, faute de munitions, n'auraient pas pu tenir longtemps : la résistance intérieure envoie en mission le commandant Cocteau (« Gallois »), chef d'état-major du colonel Rol-Tanguy, auprès du général Patton pour signaler aux Américains que la moitié de la ville est libérée le 23, mais que la situation des résistants est critique. Devant cette situation, ayant obtenu l'accord de de Gaulle, qui rappelle à Eisenhower sa promesse faite à Alger en décembre 1943 que la libération de Paris serait confiée à une unité française, le général Leclerc force la main aux Américains en donnant l'ordre de marche sur Paris aux éléments de reconnaissance de sa 2e division blindée française. Le général américain Gerow, supérieur hiérarchique de Leclerc, est furieux, considérant cela comme une insubordination.


Eisenhower doutant de pouvoir retenir les Français finit par accepter et envoie la 4e division d'infanterie américaine du général Barton en renfort.


Initialement, le général Eisenhower souhaite après le débarquement réussi foncer sur l'Allemagne en contournant Paris. Convaincu par de Gaulle et les services secrets alliés de l'importance symbolique de la capitale (la ville devant être libérée par des Français) mais aussi stratégique (soutien de l'insurrection contre les Allemands de la capitale qui constituent une menace sur les flancs de l'armée alliée), le commandant en chef des forces alliées donne l'ordre dans la soirée du 22 août au général Leclerc et sa 2e DB de marcher sur Paris. Le jour même en début d'après-midi, ce dernier a pris l'initiative (ce qui confine à l'insubordination puisqu'il désobéit à son supérieur le général Gerow) de diriger vers Versailles un détachement de sa division, le groupement Guillebon.


À partir de ses positions d'Argentan l'audacieuse attaque française se fait, sans soutien aérien allié, sur 200 km en contournant par le sud les fortes positions allemandes placées à l'ouest de Paris, au milieu d'un enthousiasme populaire indescriptible qui gêne les combattants. C'est que, depuis deux mois, Paris attend les Américains, malgré la propagande de Radio-Paris qui annonce la victoire allemande en Normandie (« Radio-Paris ment, Radio-Paris est allemand » dit la BBC), et soudain derrière l'ennemi qui reflue en désordre dans la banlieue, on voit les trois couleurs sur les tourelles des Sherman M4. À la surprise initiale succède une indicible fierté, la foule envahit les rues, on monte sur les chars, partout les drapeaux fleurissent, la rumeur se propage jusqu'à Paris : « Les Français, ce sont des Français de Leclerc ! ».


Les combats en banlieue sont sévères mais les soldats de la 2e DB qui combattent sans dormir pendant deux jours et deux nuits ne peuvent être ralentis par les points d'appui allemands. La vive résistance allemande est culbutée, sans souci des pertes importantes chez les Français, et les éléments de la 2e DB du capitaine Dronne entrent dans Paris par la porte d'Italie et la porte d'Orléans le 24 août 1944 : la 9e compagnie du régiment de marche du Tchad (surnommée la Nueve, car essentiellement constituée de républicains espagnols) est forte de 15 véhicules blindés (11 half-tracks, 4 véhicules) précédés par 3 chars du 501e RCC et va se poster en renfort des FFI devant l'Hôtel de Ville, le 24 août à 21 h, pendant que les policiers parisiens actionnent le bourdon de la cathédrale Notre-Dame, malgré la garnison allemande encore puissante de 16 000 à 20 000 hommes ; en attendant le gros de la 2e division blindée.


La Nueve est connue pour la participation à la libération de Paris, puisque les hommes de la Nueve, précédés par 3 chars du 501e RCC, furent les premiers à entrer dans la capitale française, au soir du 24 août 1944 avec des halftracks portant les noms de batailles de la guerre d'Espagne, « Teruel », « Guadalajara », accompagnée de 3 chars du 501e RCC, Montmirail, Champaubert et Romilly, et d'éléments du génie.


Le lieutenant républicain espagnol Amado Granell est le premier « libérateur » à être reçu dans l'hôtel de ville par Georges Bidault, président du Conseil national de la Résistance. La 4e division d'infanterie américaine entre par la porte d'Italie le 25 août.


Les jeunes membres de la Section motorisée du 16e arrondissement, mise sur pied et commandée par Jean-Gérard Verdier, ont contribué à guider les blindés dans la capitale (ils se feront reconnaître et s'intégreront séparément aux unités rencontrées, leur apporteront renseignement et éclairage sur les points de résistance allemands, et participeront à leurs côtés aux combats de la Libération de Paris, notamment de l'Étoile, des Invalides et de l'École militaire). Guidés par les résistants, les Alliés atteignent la rue de Rivoli malgré de sérieux combats en pleine ville. Les chars français détruisent des Panzers allemands et des colonnes blindées à plusieurs reprises au cours de duels au canon.


Après la blessure du capitaine Jacques Branet qui commandait le détachement qui remontait la rue de Rivoli, l'état-major allemand est fait prisonnier par les Français sous le commandement du lieutenant Henri Karcher qui convoie ensuite le général von Choltitz à la préfecture de Police. Le nouveau préfet de police, Charles Luizet, y reçoit à déjeuner le général Leclerc ; le cessez-le-feu est ensuite signé par Leclerc et von Choltitz, dans la salle de billard des appartements préfectoraux.


La signature de la capitulation des troupes nazies est faite à la gare Montparnasse le 25 août, avec le contreseing du colonel Rol. Malgré tout, des combats sporadiques continuent, en particulier du fait des unités SS qui refusent la capitulation du général von Choltitz, menaçant de fusiller les officiers « traîtres » de la Wehrmacht qui leur commandent la reddition.


Le 25 août, lors de la libération de Paris, Yvon Morandat avec sa future femme Claire, prend possession de l'hôtel Matignon au nom du gouvernement provisoire. Le même jour, Charles de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République française, arrive à Montparnasse, puis se rend au ministère de la Guerre rue Saint-Dominique ; après une halte à la préfecture de police, il se rend à l'Hôtel de Ville où il prononce un discours à la population dont un extrait est resté célèbre : « Paris outragé ! Paris brisé ! Paris martyrisé ! Mais Paris libéré ! ». Georges Bidault lui demande de proclamer la République. De Gaulle refuse : « La République n'a jamais cessé d'être ! Vichy fut toujours et demeure nul et non avenu ».


Pendant plusieurs jours, la population parisienne est partagée entre la peur et l'enthousiasme. Les combats se poursuivent en banlieue nord, vers Le Bourget et la forêt de Montmorency, où la 47e Division d'infanterie allemande, venue du Pas-de-Calais, tente de freiner l'avance alliée. À Paris même, des tireurs isolés, Allemands ou miliciens, sont signalés à plusieurs reprises. Le 26 août, un défilé de la victoire sur les Champs-Élysées est organisé. La foule joyeuse salue les forces de Leclerc. La messe d'action de grâces à Notre-Dame est perturbée par une fusillade, car des résistants croient (peut-être à tort) avoir aperçu des tireurs embusqués. Dans la nuit du 26 août peu avant minuit, la Luftwaffe lance un ultime raid en guise de représailles, qui touche surtout le nord et l'est de Paris. Les bombes incendiaires font de 189 à 200 morts. La commune de Bagneux est également touchée, ainsi que la ville de Sceaux qui compte deux morts.


A. Dansette estime le nombre de tués à 130 hommes de la 2e DB, 532 résistants français et environ 2 800 civils pendant les combats pour la libération de Paris. 177 policiers seront tués lors des combats pour la Libération de Paris, dont une quinzaine fusillés au fort de Vincennes. Les pertes allemandes sont de 3 200 tués dans les combats et 12 800 prisonniers. De nombreuses rumeurs ont par ailleurs couru, dans les jours qui ont suivi la Libération, sur la présence de tireurs miliciens embusqués, restés sur place y compris après le départ des Allemands. Le gros des miliciens avait quitté la capitale quelques jours avant les premiers combats, leur chef Joseph Darnand ayant ordonné un repli général. On ignore combien de miliciens, demeurés dans la capitale, ont pris part aux combats : Darnand avait déclaré à Ribbentrop avoir laissé 200 miliciens à Paris ; l'historienne Michèle Cointet met en doute ce chiffre, dans lequel elle voit des « paroles de fanfarons ». Il est possible que certains des tirs attribués à des miliciens embusqués aient été en réalité l'œuvre de groupes de résistants qui, dans la confusion générale, se seraient tiré les uns sur les autres. De Gaulle qualifiait quant à lui la rumeur sur les « tireurs des toits » miliciens de « tartarinade », exploitée par les communistes qui auraient ainsi voulu maintenir un état de vigilance armée contre les « ennemis de l'intérieur ». Il n'en est pas moins vrai que plusieurs FFI et policiers seront ainsi blessés et plusieurs de ces tireurs arrêtés.


Au sud de Paris, les troupes alliées ont assuré la couverture du flanc droit de la 2e DB. Le général américain Barton fut affecté avec sa 4e DIUS avec, en plus, un groupe de reconnaissance US, le 102nd Cavalry Reconnaissance Squadron (MECZ).


Le 26 août, le général de Gaulle, le général Leclerc et leurs entourages descendent les Champs-Élysées en direction de Notre-Dame (ce parcours, filmé par le cameraman Gaston Madru, relate l'ampleur de l'événement). Ils viennent assister à un Te Deum dans la cathédrale, après avoir pris leurs dispositions pour que l’archevêque de Paris, le cardinal Emmanuel Suhard, soit absent de la cérémonie. Le général souhaitait en effet sanctionner les ecclésiastiques compromis dans la collaboration. Sans orgues, et après des coups de feu à l'extérieur, l'assemblée chante finalement le Magnificat, plus connu et plus bref.


Les hommes de la 4e division d'infanterie américaine, entrés dans Paris le 25 août, ont laissé à l'Armée française de la Libération le privilège de pénétrer les premiers dans la capitale, garantissant à la libération de Paris l'image d'une victoire essentiellement française. Ce succès constitue un symbole puissant qui contribue à garantir la place de la France parmi les forces alliées et dans le camp des vainqueurs du conflit.


Grâce aux soulèvements populaires spontanés de Paris, de Marseille et de Nice, des maquis du Limousin et de la Bretagne, régions qui, comme celle de Toulouse, se libèrent seules de l'occupant malgré une répression féroce, ainsi que celui du Vercors, qui est écrasé par la Wehrmacht, de même que la prise de la Provence par la 1re armée française, et auparavant l'excellente tenue de 80 000 Français en Tunisie et 120 000 en Italie, le Gouvernement provisoire de la République française possède ainsi la force et le prestige suffisants pour réaffirmer la République française et ses institutions.


La BBC rend publique en 2009 une demande des Américains, à une époque où la ségrégation raciale existe aux États-Unis, pour que les bataillons français et anglais défilant lors de la libération soient de composition « exclusivement blanche » (white only) alors que deux tiers des troupes françaises étaient composées de soldats originaires des colonies. Si tous les soldats noirs ont été remplacés lors du « blanchiment » de la division Leclerc lors de sa formation durant l'été 1943, en revanche, selon plusieurs historiens, tels Christine Levisse-Touzé et Olivier Forcade, les soldats maghrébins, au nombre de 3 600, représentaient environ 20-25 % des effectifs de la division Leclerc dès avril 1944