Cette magistrale synthèse du scandale du chlordécone retrace l’histoire du pesticide au terrible bilan sanitaire et dévoile ses racines coloniales.
Un désastre sanitaire, un scandale politique. Aux Antilles, 93 % de la population est contaminée au chlordécone, pesticide idéal pour lutter contre le charançon noir du bananier mais terriblement délétère pour la santé : perturbateur endocrinien, il altère le développement neurologique des enfants, cancérogène, il fait de la Guadeloupe et de la Martinique les championnes du monde des cancers de la prostate. Les Antilles empoisonnées retrace l’histoire de ce toxique depuis sa mise au point en 1952 jusqu’aux dernières études épidémiologiques. Interdit pour les cultures alimentaires aux États-Unis, le Kepone, nom commercial du pesticide organochloré, essuie plusieurs refus d’homologation en France. Son autorisation de mise sur le marché est signée en 1972 par le ministre de l’Agriculture, un certain Jacques Chirac. Car les grands planteurs, les « békés », ont leurs relais à Paris — ils sont d’importants bailleurs de fonds du RPR.