jeudi 31 mai 2012

AIMéE DUBUC, LA SULTANE FRANçAISE

La légende de la sultane Validé






Aimée Dubuc de Rivery est née en 1776 à Pointe Royale, au sud-ouest du Robert, en Martinique.
Cette jeune cousine de Joséphine Rose Tascher de la Pagerie, la future Impératrice Joséphine, femme de Napoléon Ier, fut envoyée en France pour y parfaire son éducation.

Tandis qu'elle rejoignait sa famille, quelques années plus tard, le bateau qui la transportait fut attaqué par des corsaires au large des îles Majorque.
Selon la légende, la jeune fille fut emmenée à Alger comme esclave. Elle fut ensuite offerte par le Bey d’Alger à son sultan Abdulhamit Ier d’Istanbul.

Cette jeune créole de la Martinique aurait donné naissance au Sultan Mahmut II, ce qui lui aurait valu le titre de sultane Validé et qui signifie sultane-mère en turc.









La lettre de la comtesse


Nous reproduisons ici, une lettre écrite par la Comtesse de la Ferté-Meun à Constantinople, le 15 aout 1817 et qui fut éditée à Paris en 1820. Il s’agit d’un témoignage d’époque, mais rien ne permet de dire qu’il s’agit de la réalité. L'histoire concerne une fille créole âgée d'à peine quatorze ans, capturée et vendue au harem de Topkapi pendant le règne du sultan Abdulhamit Ier (1774-1789). Son nom de harem était Naksidil. Elle était la mère de sultan Mahmut II et est ainsi devenue la validé de l’Empire ottoman.

"Constantinople, le 15 août 1817

La sultane Valide vient de mourir. J'ai vu qu'elle a été placée dans la crypte ou mausolée qu'elle avait commencé à faire construire il y a maintenant deux ans et que le Padishah (1) s'est promis de terminer. J'ai vu le cercueil partir du palais. Deux pages l'ont transporté dans un des caïques couverts de Sultan qui ont traversé le Bosphore. Son palais était à côté de celui du Grand-Seigneur, près de Bechick-Tash (Beşiktaş). De nombreuses personnes de haut rang ont attendu sur l'autre rivage pour prendre la charge du cercueil, ainsi que le veut la coutume. On lutte pour l'honneur de porter, après sa mort, la personne qu'on a respectée dans la vie, ou la toucher au moins, ce qui est facile, même pour les Turcs ordinaires. Mais cette fois la sépulture était fermée et déposée au centre de la crypte qui est un immense salon teint dans les tons arabesques verts. En général, les tombeaux de sultans et sultanes sont des bâtiments où les vivants seraient très bien logés. Son altesse a envoyé le châle pour couvrir le sarcophage.
On lui dit que la sultane décédée était française, d'origine américaine, et qu'elle était née à Nantes ; on ajoute que quand elle avait à peine deux ans, embarquée avec ses parents pour l'Amérique, ils furent capturés par des corsaires et transportés à Alger où ses parents périrent. La petite fille a été achetée par un négociant slave qui a calculé qu'une beauté d'un âge si tendre le rembourserait un jour proportionnellement à l'éducation qu'il lui fournirait. Il n'a pas été déçu dans ses espoirs, puisqu' à l'âge de quatorze ans, d'une beauté resplendissante, elle fut vendue au Bey d'Alger en échange de l’hommage dû au Grand-Seigneur.

Elle a été envoyée au sultan Abdulhamit, qui l'a trouvée avenante et l'a élevée au rang de Kadin, c'est-à-dire d'épouse. Elle lui a donné Mahmut, le sultan régnant. Mahmut a toujours eu le plus grand respect pour sa mère. On lui dit qu'elle a surpassé dans la beauté, le charme et l'amabilité les Circassiennes ou Géorgiennes, ce qui n'étonne pas puisqu'elle était française. Le Grand-Seigneur a exaucé toutes les charités annuelles de Valide. Par exemple, lors de la célébration du point médian du Ramadan, des gâteaux appelés baklava sont distribués. C'est une pâte feuilletée, une bagatelle très riche mais néanmoins tout à fait exquise. On ne peut croire que cette philanthropie de la part de Valide est une question de 200.000 francs. Toutes les familles Janissaires, c'est-à-dire la ville entière de Constantinople, recevaient leur plat de Baklava.

La sultane est morte des suites d'une fièvre maligne. Son fils a refusé d'appeler un docteur, ainsi que le veut la pratique dans ce pays: si les patients succombent, on élimine l'homme qui a donné seulement le succin inutile. Il ne me semble pas que cette tradition donne au docteur turc une réussite plus grande ou une plus expertise que le nôtre. Nous avons fait ce que nous pouvions pour distraire le Grand-Seigneur, qui, depuis cet événement mortel, est plongé, dit-il, dans une douleur profonde. Les promenades en solitaire sont ses occupations préférées pour dissiper son chagrin.

Les Turcs ne portent jamais le deuil : la couleur noire a le même symbole pour eux que le bleu ou le vert en Europe. En général, la peine ne laisse pas des conséquences prolongées sur ces personnes qui aiment légèrement; qui manifestent moins d'affliction et de regrets que nous. L'habitude de recevoir tout comme une bénédiction du ciel rend leur souffrance presque insensible.

La sultane Valide affichait ouvertement Ali Efendi comme son favori, en second lieu seulement de son fils : le sultan continue à prodiguer sur lui sa dévotion. "C'est dans la mémoire de ma mère " dit-il "qu'il mérite ma bienveillance." Certainement il y a une âme française dans une telle qualité émouvante. "




La prophétie



extrait de La Grande Sultane par Barbara Chase-Riboud


"Elle s'appelait Euphémia David, expliqua Naksh-i-dil à l'Eunuque noir et à la Kiaya étonnés. C'était l'Obeah la plus connue de la Martinique. C'est elle qui m'a prédit mon destin. Elle détenait le secret de la vie, de la médecine, des poisons, des remèdes contre le mauvais oeil. Elle savait lire le futur, le passé et le présent. Tous la craignaient, les Noirs comme les Blancs. Tuer un homme blanc était aussi facile pour elle que de briser un fétu de paille... avec sa magie noire..." (...)
Il était midi, ce jour de décembre 1776. La forteresse de pierre juchée sur un promontoire regardait la mer enfermée entre deux digues escarpées, ce qui la faisait ressembler davantage à un repère de pirates qu'à une demeure coloniale. Sur l'île de la Martinique, le luxe était rudimentaire, rare et importé. (...) Cette fête était donnée à l'occasion du baptême du nouveau-né d'une Grande Blanche. Tout le monde s'était assemblé autour du négrier français, le capitaine Marcel Dumas, qui venait d'arriver de Nantes avec sept cent trente nègres de premier choix. (...)
A la tombée de la nuit, alors que le bal battait son plein, je me suis éclipsée avec deux autres filles et mon esclave Angélique. En suivant la plage, nous sommes allées jusqu'à la hutte d'une célèbre Obeah, Euphémia David. De nous trois, une seule, Joséphine, croyait en la magie noire. Nous avions si peur que nous tenions d'une main notre chapeau de paille et de l'autre, la jupe blanche de celle qui nous précédait. L'Ikbal sourit. Cela lui faisait plaisir de raconter tout cela à Hitabetullah. Toutes ensemble nous formions un animal à six pattes, qui caracolait sur le chemin. La fille en tête tenait un bouquet de lis qui faisait penser à la crinière empanachée d'un poney au trot. Nous devions l'offrir à la sorcière.
Euphémia David était la fille mulâtre de John David, un aventurier irlandais. Elle appartenait à la grande et toute-puissante Mme Marie-Euphémia Désirée Tascher de la Pagerie Renaudin, et elle vivait à la plantation Le Robert, car en Martinique, toutes les plantations dignes de ce nom possédaient une Obeah. Africains, Créoles et mulâtres la révéraient, la consultaient et la craignaient. Nous sommes arrivées au moment où Euphémia s'y attendait le moins. C'était jour de repos à la plantation, et les esclaves s'étaient réunis. Nous avions très peur de rencontrer la Quimboiseuse, la magicienne, l'Obeah. C'était un personnage si redouté que lorsqu'un jeune esclave méritait quelques coups de fouet, on le menaçait de l'envoyer à Euphémia. Nous l'avons trouvée dans sa hutte, entourée d'une foule sombre et silencieuse. Un murmure surpris nous a accueillies quand nous avons poussé le rideau de palmes tressées. Puis ça a été le silence total. Nous avons regardé ce cercle de visages noirs, imaginant qu'une tempête allait surgir de la tête de la sorcière, ou que des centaines de serpents siffleraient à ses pieds, mais tout à fait prosaïquement, l'Obeah nous a dit : "Vous voyez, mes enfants, je n'exhale ni vapeurs étranges, ni fumées, ni flammes, ni volutes sulfureuses. Non, jolies Créoles, ne regrettez pas de m'avoir fait l'honneur de me rendre visite."
Puis l'Obeah s'est tournée vers l'est et a fait le signe de la croix. Ce n'était pas la croix des chrétiens, mais une croix aux bras égaux qui montraient les quatre points cardinaux. Et elle a dit en levant les bras : "Protégez- moi du mal venant de l'est." Elle s'est ensuite tournée vers le nord, le sud et l'ouest en disant : "Protégez- moi du mal venant du nord. Protégez- moi du mal venant de l'ouest.Protégez- moi du mal venant du sud." Après, elle a tracé un cercle dans le sens des aiguilles d'une montre, de l'est au sud et de l'ouest à l'est en suivant la course du soleil. Le cercle n'était pas uniquement destiné à tenir les forces du mal en échec mais à concentrer celles de la nature. A l'intérieur de ce cercle, elle a placé un petit brasier et après l'avoir allumé, elle y a fait brûler des herbes. Les vapeurs attiraient les esprits, et ceux-ci pouvaient prendre forme à l'aide de la fumée. Elle a jeté tour à tour de la coriandre, de la cigüe, du persil, du pavot noir, du fenouil, du bois de santal, de la jusquiame, de la férule, de la civette, du musc, de la myrrhe, de la mandragore, de l'opium, du soufre et la cervelle réduite en poudre d'un chat noir. Elle nous a regardées à travers la fumée puis elle s'est adressée à la plus âgée d'entre nous, à Mlle du B, qui avait vingt et un ans :
"Vous êtes douées d'une certaine maturité, et du talent de votre mère pour l'administration, ce qui est tout à fait indispensable pour diriger une maison. Vous épouserez votre cousin, un Grand Blanc de la Guadeloupe et mettrez au monde un seul enfant, une fille. Vous passerez une grande partie de votre vie au-delà de l'océan. Votre rôle sur cette planète sera éphémère, mais la fortune matérielle ne vous fera jamais défaut."
Ensuite, les yeux d'Euphémia ont tourné dans leurs orbites et d'une voix qui ressemblait au tonnerre sur le Mont Pelé, elle s'est tournée cette fois vers Joséphine Tascher. Elle, elle n'avait que treize ans.
"Vous épouserez un bel homme promis à une autre personne de votre famille. Cette jeune personne ne vivra pas longtemps. Vous aimez un Créole, mais jamais vous ne l'épouserez, et un jour vous devrez même lui sauver la vie. Les étoiles vous promettent deux mariages. Le premier de vos maris, un noble, est né en Martinique, mais il vit en France. Il est militaire. Vous passerez avec lui des moments heureux, mais comme vous serez tous les deux infidèles, vous serez désunis, après quoi le royaume de France connaîtra la Révolution et des troubles graves, et il périra de façon tragique, vous laissant avec deux enfants. Votre second mari sera d'origine européenne mais il aura la peau très foncée, pas de fortune et pas de nom. Néanmoins, il deviendra célèbre, le monde entier entendra parler de sa gloire et il conquerra toutes les nations. Vous serez célèbre, vous aussi, et on vous honorera plus qu'une reine, mais un jour, ce monde ingrat oubliera vos bonnes actions, et ne se souviendra que des mauvaises. Vous regretterez la vie douce et facile que vous meniez dans nos colonies." Elle s'arrêta un instant. "Vous reviendrez sur cette île, mais vous partirez pour la France, et à ce moment-là, une grande comète s'allumera dans le ciel, signe de votre destinée prodigieuse."
Et Euphémia s'est enfin adressée à moi, Mlle de S, poursuivit Naksh-i-dil en parlant aussi bas que dans un confessionnal. J'avais dix ans. Soudain l'Ikbal prit la même voix rauque que l'Obeah.
"Votre nouveau tuteur va bientôt vous envoyer en Europe parfaire votre éducation. Votre bateau sera capturé par des pirates algériens. Vous serez faite prisonnière et rapidement enfermée dans un couvent pour femmes d'une autre nation que la vôtre, ou dans une prison... Là, vous aurez un fils. Ce fils régnera glorieusement sur un empire, mais un régicide ensanglantera les marches de son trône. Quant à vous, vous ne jouirez jamais d'honneur public ni de gloire, mais vous régnerez, Reine voilée, invisible, vous vivrez dans un vaste palais où chacun de vos souhaits sera un ordre, et des esclaves innombrables, par milliers, vous serviront. Au moment même où vous vous sentirez la plus heureuse des femmes, votre bonheur s'évanouira comme un rêve, et une longue maladie vous conduira jusqu'à la tombe."






Légende ou réalité ?

Rien ne permet d’avoir des certitudes quant à la véracité du texte ci-dessus. En effet, une certaine Aimée-Rose du Buc, née le 19 décembre 1776 dans les îles américaines, a bien disparue en juillet 1788 lors de son retour de France en Martinique. Mais, ceci est en contradiction avec la date de naissance du sultan Mahmut II, en 1785.
Certaines sources turques indiquent que la sultane Naksidil, quatrième Kadin (épouse), de l’empereur, adopta le petit Mahmut, fils d’une autre femme du sultan, décédée prématurément et qui aurait aussi été d’origine créole.
Autre possibilité : Aimée-Rose du Buc et Aimée Dubuc de la Rivery, sont deux personnes différentes qui ont toutes deux disparues en mer.
Ce qui ne fait pas de doutes, ce sont les origines créoles de la sultane Naksidil. Ainsi, cette sultane devenue sultane-mère ou « validé » lors du règne de Mahmut II, avait même fait venir des sœurs catholiques de France pour parfaire l’éducation de son fils, que la population appelait : Gavur Sultan, c’est-à-dire, le sultan infidèle.
On est donc à peu près sûr aujourd’hui, que la sultane-mère a gardé sa religion d’origine tout au long de sa vie et l’a même transmise à son fils sultan. Ainsi, et bien que l’on trouve des traces de dons à certaines fondations religieuses musulmanes de la part de la sultane et du sultan, aucun des deux personnages n’a laissé une mosquée impériale, comme il était de tradition de le faire, même pour les sultanes mères qui avaient gardé leur religion d’origine en secret.
Le sultan Mahmut II qui, de façade, pratiquait la religion musulmane, a laissé des traces importantes dans l’histoire de l’Empire ottoman. C’est sous son ordre, dicté du haut du mihrab
de la mosquée du Sultan Ahmet (mosquée Bleue), que la garde impériale des janissaires fut dissolue. Un massacre général s’en suivit sur la place de l’Hippodrome et dans leur quartier de Vatan, autour de la mosquée de Fenari Isa.
Mahmut II fut apprécié des habitants chrétiens de l’empire, notamment les Arméniens grégoriens et les Grecs orthodoxes. Plusieurs églises et chapelles ont été construites sous son règne, avec son financement. L’église la plus importante est sans doute, celle de la Panaya à Balikli (Panaghia Balouklou).
Mahmut II a également laissé des traces dans l’architecture civile, comme sa fameuse bibliothèque à Nicosie (
République de Chypre du Nord).





Ali Efendi



Ali Efendi était un janissaire amoureux de la sultane Naksidil. Fils d'un négociant de chevaux albanais et d'une Vénitienne catholique de Corfou, il était lieutenant du sultan Mahmut II.
Ali Efendi rencontra Naksidil en 1808, elle était déjà la sultane Valide, son fils était sultan, et Abdulhamit était mort depuis le 6 avril 1789.
Après que Naksidil ait présenté Ali en tant que son amoureux, Mahmut l'a promu au grade de Pacha, équivalent au rang principal d'aujourd'hui de général.



Mausolée de la sultane Naksidil



Naksidil Sultan (Aimée Dubuc de la Rivery) Türbesi

C’est sur la 4e colline de Constantinople, dans l’immense enceinte du complexe de la mosquée de Fatih (Mehmet-le-Conquérant), que se trouve le mausolée de la légendaire sultane

Après la mort de sa mère en 1837, Mahmut fit exécuter Ali Efendi.

Si rien n’est vraiment sur quant à l’histoire d’Aimée Dubuc de la Rivery, cousine de l’impératrice française Joséphine, on sait que, celle qui avait pour nom de harem Naksili Sultane et qui avait des origines martiniquaises, repose à cet endroit, tout près de la femme du Conquérant, une autre française, la sultane Gülbahar.

L’immense mausolée se présente comme un ensemble de bâtiments encerclés par un haut mur et séparés du reste du complexe de Fatih et même du cimetière impérial. Une partie du mausolée s’ouvre néanmoins sur l’extérieur et impose sa lourde façade dans un angle, formant ainsi un coté de deux ruelles.

Une école religieuse se trouve dans la cour, ainsi que d’autres mausolées plus petits et divers bâtiments.
Le siège du müftü (autorité religieuse) de la
mairie de Fatih, se trouve ici et l’on est étonné que l’ensemble soit si peu entretenu, vu l’importance de l’endroit.

Le jardin n’est donc pas entretenu, pire que ça : des déchets de toutes sortes encombres la pelouse en broussaille, dont une voiture rouillée et l’entrée même du mausolée est bloquée par deux frigos. Les murs de l’ensemble des bâtiments sont dans un état assez dégénéré, tandis que la fontaine sur la façade extérieure à l’est, est pratiquement détruite.

Cet ensemble, qui reflète l’architecture ottomane religieuse du XIXe siècle, mériterait une complète restauration, qui n’est visiblement pas prévue au programme.

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Mausolée
Abdulhamit 1er


Sultan I. Abdülhamit TürbesiQuartier Eminönü. Mairie de Fatih, secteur Eminönü
Tram : Eminönü ou Sirkeci

Le mausolée du sultan Abdülhamit est bien éloigné de celui de son épouse la sultane Naksidil, d’origine française, ensevelie à coté de la mosquée du Conquérant (Fatih).

Autrefois, il y avait une école religieuse à l’ouest et une fontaine de donations à l’est du mausolée.
La fontaine fut déplacée lors de la construction de l’immeuble IV des Fondations, en face de l’entrée du parc de Gülhane. L’école fut incorporée à la série de bâtiments commerciaux qui forment la rue.

Un petit cimetière se trouve à coté du mausolée qui est décoré de céramique et qui est toujours ouvert aux visiteurs

Le château Dubuc



LA RESERVE NATURELLE DE LA CARAVELLE



Le " Château Dubuc" apparaît pour la première fois sur les cartes de la Martinique datées de 1773.
C'est en 1657 que Pierre DUBUC, originaire de Normandie, débarque en Martinique.
Pour avoir participé à plusieurs expéditions contre les Indiens Caraïbes, il reçoit en récompense une concession dans la région de La Trinité où il s'installe à partir de 1671.

Balthazar, son deuxième fils, s'établit à la Caravelle sur l'Habitation Spoutourne mais c'est son petit-fils Louis Dubuc du Galion qui fixe dans la pierre la puissance de cette famille en construisant l'Habitation Caravelle qui devait devenir, par la suite, le "château Dubuc".

Les installations de cette Habitation sont, pour l'époque, considérables.
L'importance des dépôts en particulier l'isolement de l'Habitation laissent supposer la pratique d'autres activités que la production de sucre, à savoir la contrebande et le trafic d'esclaves.
Cependant, dès 1770, le Château Dubuc est progressivement abandonné à la suite du terrible cyclone de 1766 et de la gestion désastreuse qui découle de la participation des Dubuc à différentes batailles contre les Anglais.

C'est en 1974 que le SIATNO (Communauté des Communes) fit l'acquisition pour le compte du Parc Naturel Régional, alors en gestation, des 2,5 h de terrain d'assiette des ruines du Château.
Malgré les nombreuse
s
difficultés à ravir les ruines de l'emprise des "figuiers maudits", le PNRM, dont une des missions consiste en la protection du patrimoine naturel et historique de la Martinique, poursuit un programme de restauration et de valorisation du site.

Le Château Dubuc est classé Monument Historique depuis 1991.
La presqu'île de la Caravelle marque le profil atlantique de l'île d'un bras de terre de 10 km de long, perpendiculaire à la côte.

L'extrémité de la presqu'île n'a pas échappé à un déboisement partiel pour la culture de la canne et l'exploitation du bois.
Cependant, depuis le XVIIème siècle, sa position géographique extrême et l'âpreté de son climat très sec lui ont épargné plus qu'ailleurs des dégradations irréversibles.
C'est ce qui a permis la reconstitution progressive des milieux naturels, à la faveur du découpage particulier de ses côtes et de son relief accidenté en une mosaïque remarquable de végétation très diversifiée telle que : forêt sèche, fourrés, mangrove, forêt d'arrière plage, savane, flore de falaises.

Ces différents milieux constituent autant d'habitats pour un nombre important d'oiseaux sédentaires dont deux sont endémiques à la Martinique :
- La Gorge Blanche
- Le Carouge.

Cette Réserve Naturelle a une superficie de 422 ha dont 89% de propriété publique et vous permet de découvrir la flore et faune du littoral atlantique grâce à un petit et un grand sentier de randonnée.
Ces circuits offrent de remarquables points de vue sur la pointe de la presqu'île et permettent d'en découvrir les multiples milieux.

Par ailleurs, un circuit d'interprétation traverse la Réserve jusqu'au phare et à la station météo, rejoint les falaises à travers bois et longe la côte d'anses en pointes jusqu'à la Baie du Trésor avant de remonter vers les ruines du Château Dubuc*


Texte tiré du site :
http://www.crdp.ac-martinique.fr/arts-culture/fiche_museeDUBUC.html




















 













































Les petites morts d'Ivan Desditch

Les petites morts d'Ivan Desditch




Ivan Grossousoff Desditch, prince du district d'Aquitovo-Vosnovensk, avait de tout temps mené une vie de barodchez1, dilapidant les biens hérités du majorat de sa mère Selma Christeva Lagerloff, comme la fameuse tour Guenieff du palais des Grossousoff. Single* depuis la mort de sa petite étoile, Atchitchornia Salicila Demétyl, son épouse bien aimée, Ivan Desditch était d'abord resté sombre, comme coupable de ne pouvoir se consoler par des peccadilles qui lui inspiraient d'ailleurs de lui-même un profond sentiment de ragoudcha2 : le spleen*. Il y avait de quoi car Salicila Demétyl s'était pendue avec les cordes de son luth dans le cimetière des musiciens au bout de la perspective Nevski, sur la tombe de Mily Balakirev, en pleine nuit du Bolchoï3.
Doublement ruiné, Ivan Desditch dut reprendre son travail de sectateur de musique et voulut regagner les pertes au jeu que lui avait fait subir Ivan Désandvich Alagar, son collègue, ami - qui l'avait consolé lors de son deuil - et créancier. Ivan Desditch avait, en effet, perdu ses terres de la commune de Pausilippe, près de Tienvlamédor et les étangs d'Italazoff, les jardins de Tchernobyl et les bois de Rosmarin aux fines odeurs de goghs4. Mais Igor Kidine ne se souvenait plus à qui il avait vendu ces biens ou même donné un soir de beuverie entre musiciens : Pavel Chesnocov ou Igor Borodine, Nicolaï Korsakov ou Vassily Titov ? "That was the question".* Qu'importe, Ivan Desditch qui se prenait pour l'un ou l'autre de ces labadens* s'était réorganisé pour vivre sans déplaisir et se divertir de manière décente comme il se doit à un prince khonar5. Il eut donc une liaison avec Régina Kamtchatka dont il eut à rougir car la dame, provinciale et d'origine subalterne malgré son prénom, ne voulait que flatter le jeune Dhart6. Ensuite une fraternisation au nom de la Sainte-Croix avec des "soeurs de joie"* également de modeste origine - dites les six reines - dans les grottes de Saint-Basile de Koch.
Jusqu'au jour où Ivan Desditch souffrant de la solitude et du tragique de ce monde assujetti aux énormités tsaristes décida de refranchir le fleuve Amour pour établir des relations musicales avec des jeunes filles de son milieu. Il eut à choisir entre Fescovia Féodor Féodovna, une sainte, dont les Khopul7 l'agaçaient un peu et une véritable fée Ella Dubov Fornicatrich dont les cris au cours de leurs catleïas8 l'effrayaient prou*.
Mais le procédé des ménages, les caresses conjugales des premiers temps ne purent assouvir la passion de la moujik* chez Ivan Desditch qui se plut à méditer la parole de l'Évangéliste, qui a dit : « Celui qui ne peut vivre avec un petit pied n'aura pas droit au pied qu'il mérite ». Les six reines, Régina, Fescovia et Ella Dubov occupèrent alors une grande partie de ses nuits,
Il accrocha alors à la porte de sa barak9 l'icône d'un soleil noir, afin d'éloigner quelques popes obtus.

Géron Léard Nertoï comte de Tolsval
Traduit par Alanov Raphaëlovitch Zalmansky



1 Petit bourgeois2 Dégoût3 Nouvel an orthodoxe (6 janvier grégorien, 22 décembre julien)4 Santal5 Bon enfant6 Noble7 Soupirs8 Conversations9 Datcha en forme d'isba, mais plus confortable et chauffée grâce à une étable contigüe (système EBS)* En français dans le texte.


Pastiche de Léon Nikolaïevitch Tolstoï (1828-1910).

SWITCH



je viens de regarder le film


SWITCH

car le pitch m'avait intéressé
c'était un thriller, j'aime,
c'était un scénario de Jean-Christophe Grangé et j'aime bien ce qu'il écrit
 
bref, je n'ai pas été déçue
mais le pitch est loin loin du compte
c'est assez compliqué sur la fin
on sent bien la patte de Grangé
un bon moment plein du suspens jusqu'au bout!


Le PITCH :

Juillet 2010, Montréal, Canada. Sophie Malaterre, 25 ans, illustratrice de mode, voit arriver les vacances d’été avec angoisse. Pas de projets, pas d’ami, pas de fiancé... On lui parle du site SWITCH.com qui permet d’échanger sa maison le temps d’un mois. Sophie trouve, par miracle, un duplex à Paris, avec vue sur la Tour-Eiffel. Son premier jour est idyllique. Le lendemain matin, elle est réveillée par les flics. Un corps décapité est dans la chambre d’à côté. Elle n’a plus aucun moyen de prouver qu’elle n’est pas Bénédicte Serteaux, la propriétaire des lieux. Le piège se referme sur elle...


La présentation

Efficace. Le mot est lâché. C'est l'adjectif adéquat pour qualifier ce Fugitif au féminin qui mise sur l'action pure et deux interprètes qui en imposent : la belle Karine Vanasse, entraperçue dans Minuit à paris de Woody Allen et qui prouve ici son talent athlétique. Aux basques de cette fausse coupable vaguement hitchcockienne, Eric Cantona assure en flic qui parle peu mais réfléchit beaucoup. Il court aussi notre Canto, en particulier dans une scène de poursuite impressionnante à travers les maisons d'un lotissement chic. Et que je traverse le jardin, que je saute un muret, que je débouche dans un salon et hop que je saute du balcon dans une ruelle, que je monte un escalier, etc... Et pourquoi elle fuit cette fille dans ce thriller qui, comme le déclara lui-même Frédéric Schoendoerffer, ne vise qu'à divertir ? Parce qu'il ne faut pas échanger-switcher- son appartement pour les vacances. Vous croyez que vous allez passer une semaine de rêve dans un appartement sublime au pied de la Tour Eiffel et puis vous tombez dans un piège : vous vous réveillez le matin avec un cadavre sans tête dans votre lit, des flics dans le couloir et beaucoup de mal à prouver votre véritable identité. Aux prochaines vacances, franchement, allez à l'hôtel. Sauf si vous voulez que Cantona ne vous lâche plus d'une semelle...


Allez on démarre en trombe ! Pas de grand cinéma d'action ou de grands thrillers sans poursuites ! En voici quelques unes qui restent dans les mémoires. En voiture d'abord. La plus pluvieuseet tragique : celle de La Nuit nous appartient de James Gray, sous une pluie battante, avec Joaquin Phoenix qui voit son père mourir dans la voiture devant lui sans pouvoir intervenir. La plus scotchante : celle, filmée en un seul plan séquence, des Fils de l'homme d'Alfonso Cuaron où la voiture de Clive Owen est attaquée par des types sortis des bois, puis pris en chasse à pied et à moto. La plus contestataire : celle de Vanishing Point de Richard C. Sarafian en 1971 avec un pilote de stock-car qui fait le pari de rallier Denver à San Francisco en 15 heures à bord d'une Dodge Challenger, avec la police à ses trousses, évidemment. Tarantino rendit hommage à ce film dans Boulevard de la mort. En confiant à deux cascadeuses des rôles principaux, il put s'offrir une poursuite en bagnole, une Dodge Challenger- sans trucages. Mais la meilleure « attrape moi si tu peux » motorisée reste peut-être celle de Matrix, un pur délire de 26 minutes sur une autoroute où tout ce qui roule se dépasse, se mitraille et se télescope sans une seconde répit. On est loin de Bullitt qui, tout de même, en 1968, invente littéralement la poursuite légendaire grâce à Steve McQueen en Mustang dans les rues de San Francisco. Juste trois ans après, French Connection de William Friedkin met la barre encore plus haut avec une scène voiture contre métro, également entrée au panthéon ! Mais on peut aussi se poursuivre à pied. Et en marchant. Comme dans la séquence finale si arty de Thomas Crown où Pierce Brosnan disparaît au nez et à la barbe de la police en se fondant dans une foule d'hommes qui ont tous le même chapeau melon sorti d'un tableau de Magritte. Avec des travellings grande classe. Si on parle finales virtuoses, la palme revient peut-être à Brian de Palma et son meilleur film, L'Impasse, où Al Pacino, poursuivi par des gangsters, traverse New York en se faufilant dans le métro, les couloirs ou les escalators... On parlait de De Palma, finissons donc avec son maître : Hitchcock, bien sûr, et son idée géniale d'un homme poursuivi par un avion... Oui la scène de La mort aux trousses d'Hitchcock où Cary Grant est pris en chasse dans un champ par un biplan reste un sommet de mise en scène. Allez, pour avoir le temps de voir ou revoir tout ça, vous avez intérêt à courir !


Réalisateur
Frédéric Schoendoerffer

avec
Aurélien Recoing, Eric Cantona, Karina Testa, Karine Vanasse, Mehdi Nebbou, Bruno Todeschini, Kourosh, Marianne Malaterre, Maxim Roy, Niseema Theillaud, Ludovic Schoendoerffer, Sarah Pebereau, Stephan Guérin-Tillié



 

 

 

 

 

 

 

 




mercredi 30 mai 2012

LE COCOTIER








Savons-nous que tous ces cocotiers qui ornent nos plages et nos campagnes sont un patrimoine hérité du passé ?

Découvrons à travers ces lignes quelques éléments de son histoire.

On ignore exactement quel est le pays d'origine du cocotier mais on sait qu'il existe depuis très longtemps.

En effet, des noix de coco fossiles ont été découvertes en Inde et en Nouvelle Zélande, notamment par le professeur E.W. Berry de l'Université John Hopkins. Elles se trouvaient à Mangoni en Nouvelle Zélande, dans des terrains pliocènes ou pré-pliocènes et il les fait remonter à un million d'années.

Nous pouvons donc avancer que le cocotier est probablement originaire de l'Océan Pacifique ou de l'Océan Indien et qu'il est apparu sur tous les continents de deux manières : les noix de coco flottent et ont dérivé au gré des courants marins, puis, par la suite, le cocotier a été introduit par l'homme lors des voyages et des migrations humaines.

On peut penser qu'il a été introduit en Guadeloupe puisque le R.P. Jean Baptiste Du Tertre, missionnaire arrivé en Guadeloupe en 1640, nous dit dans son Histoire Générale des Antilles habitées par les Français, T.2, dans le chapître consacré au coco, à la page 185 : "Le palmiste qui porte ce beau fruict, n'estait pas encore connu dans nos Antilles Françoises, à la première impression de mon livre, de là vient que je n'en ay point parlé. Il y est maintenant fort commun, quoy que cet arbre ne soit pas le plus haut de tous nos palmistes, il est pourtant le plus beau, parce qu'il est chargé du plus grand nombre de fuëilles & bien plus belles que celles des autres [...] quelques unes de ses noix sont aussi grosses que la teste d'un enfant & toutes revestues d'une grosse écorce filasseuse, épaisse d'un ponce, la noix qu'elle enveloppe n'est pas tout à fait ronde, mais elle tient un peu du triangle, son extrémité est barbue & à trois petits trous ronds de la largeur d'une lentille, la coque de cette noix est noire, dure comme de la corne..."

On peut donc supposer en lisant ce passage du R.P. Du Tertre, qui était botaniste, que le cocotier a été introduit chez nous à son époque.

Quand on sait que le cocotier géant a été introduit au Brésil pour la première fois en 1553, dans l'Etat de Bahia et qu'il venait du Cap Vert, îles près de l'Afrique, on peut croire que lors des traversées transatlantiques, les voyageurs emmenaient avec eux des plants de cocotiers.