Ce 8 mai 2020 sera le 8 mai du confinement....
Les commémorations de la victoire du 8 mai 1945 se feront sans public, avec des dépôts de gerbe par les préfets et les élus. Les Français sont invités à pavoiser leurs balcons ou fenêtres aux couleurs de la France. Origine, histoire et signification de cette date symbolique.
Ce vendredi 8 mai 2020, l'Elysée a annoncé que les cérémonies de commémoration du 8 mai 1945 seront autorisées dans les seuls chefs-lieux de département et dans les villes, sans public. Le préfet de chaque département pourra déposer au monument aux morts une gerbe pour pour respecter le devoir de mémoire malgré les restrictions liées à la crise sanitaire du coronavirus. Les maires aussi seront autorisés à aller déposer une gerbe de fleurs au monument aux morts de leur commune, sans accueillir de public, en respectant strictement les mesures de distanciation.
La cérémonie nationale présidée par le président de la République, aura lieu à Paris vendredi matin, à l'Arc de triomphe, "en présence d'un nombre restreint d'autorités civiles et militaires" et "sera retransmise en direct à la télévision", a indiqué dans un communiqué de presse la secrétaire d'Etat auprès de la ministre des Armées, Geneviève Darrieussecq. Le président de la République invite ceux qui souhaitent participer à cette journée nationale à afficher les couleurs de la France à leur balcon ou à leur fenêtre. Tout moment de recueillement devra se faire "sans rassemblement ni autre manifestation publique".
Quels sont les traditionnelles commémorations du 8 mai 1945 ?
En temps normal, les monuments aux morts des villes et villages de France sont au cœur des commémorations du 8 mai 1945, correspond à la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe, avec la reddition pure et simple des armées allemande face aux Alliés. Le président de la République a traditionnellement rendez-vous à 10h30 dans le centre de Paris : dépôt de gerbe au pied de la statue parisienne du général de Gaulle place Clémenceau dans le 8e arrondissement de Paris, puis remontée des Champs-Elysées avec l'hymne national place de l'Etoile et passage en revue des troupes. La cérémonie de commémoration se termine avec un hommage face à la tombe du soldat inconnu sous l'Arc de Triomphe. Arborant le bleuet de France à la boutonnière, le chef de l'État dépose une gerbe de fleurs devant la tombe du Soldat Inconnu. "Le Chant des Partisans" est interprété par le chœur de l'armée française, puis le chef de l'État signe le livre d'or de la flamme du Souvenir, avant de saluer les anciens combattants et responsables de l'État-major.
Quelle est l'histoire du 8 mai ?
Le 8 mai a été adopté comme le jour de commémoration de la capitulation de l’Allemagne lors de la Seconde guerre mondiale. Pourtant, la réalité est nettement plus complexe. D’abord parce que cet événement ne marque la fin de la Seconde guerre mondiale qu’en Europe, le conflit se poursuivant encore pendant quatre mois dans le Pacifique, entre le Japon et les Etats-Unis. Ensuite parce que différents actes de capitulation ont été signés à différents moments entre le 7 et le 9 mai, selon le référent temporel choisi.
Dans tous les cas, le début du mois de mai 1945 marque l’effondrement du Troisième Reich. Le 30 avril, Adolf Hitler se suicide dans son bunker de la chancellerie, tandis que les soldats soviétiques sont dans Berlin. Joseph Goebbels tente de prendre contact avec les Alliés afin de signer un armistice. Incapable d’établir le lien et refusant une capitulation sans condition, il se donne la mort avec son épouse et ses enfants le 1er mai. Le lendemain, la Bataille de Berlin s’achève avec la capitulation du général allemand Helmuth Weidling et des hommes chargés de la défense de la capitale. Du 4 au 6 mai, l’ensemble des forces nazies restantes (aux Pays-Bas, en Allemagne du Nord, au Danemark, en Bavière, à Breslau) se rendent aux Alliés. Herman Göring, le plus haut dignitaire nazi vivant, se livre aux autorités américaines à la frontière germano-autrichienne.
Il y a en réalité deux documents de capitulation : la première capitulation du 7 mai 1945, à Reims, et la deuxième capitulation du 8 mai 1945, à Berlin. Le grand-amiral Karl Dönitz a été nommé président du Reich par Hitler dans son testament. A la tête d’un gouvernement provisoire du Reich, il tente de négocier une série de redditions partielles face aux alliés occidentaux, afin de pouvoir continuer le combat à l’est contre les troupes soviétiques. Les Américains refusent le compromis. Le général allemand Alfred Jodl, envoyé par Dönitz, signe la capitulation le 7 mai à 2h41 du matin. Ce moment historique a eu lieu dans une salle du Collège technique et moderne de Reims, qui était alors le QG des forces alliées.
Seulement, cette signature n’est pas du goût de Staline, qui regrette l’absence de hauts-représentants soviétiques lors de cette signature. Une seconde capitulation est organisée le 8 mai dans la soirée à Karlshorst, près de Berlin. Cette fois, c’est le Commandant suprême de l’Armée rouge, Gueorgui Joukov, qui préside à la signature. C’est Wilhelm Keitel, commandant suprême des forces armées allemandes, qui signe la capitulation. Elle rentre en application à 23h01 le 8 mai. A l’heure de Moscou, cette heure correspond au 9 mai à 01h01 du matin. Aujourd’hui, c’est le 9 mai qui est célébré comme le jour de la capitulation allemande en Russie.
Que s'est-il passé le 8 mai 1945 ? La capitulation
Officiellement, le nom du jour férié correspondant au 8 mai est "Victoire de 1945". L'utilisation du mot armistice, comme dans l'expression "armistice de 1945", que l'on trouve sur certains calendriers, n'est pas correcte. En effet, un armistice est une convention signée par des gouvernements. Elle met fin à un conflit armé en temps de guerre, mais ne met pas fin à l'état de guerre. C'est ce type de document qui a été signé le 11 novembre 1918 dans le wagon de Rethondes, démarrant un cessez-le-feu et les négociations qui aboutiront au Traité de Versailles, signé par l'Allemagne et les Alliés. En 1945, il s'agit bel et bien d'une capitulation du Troisième Reich. En effet, il s'agit d'une reddition pure et simple d'un belligérant, de la fin des combats et de l'état de guerre. D'où l'appellation "victoire de 1945" et non "armistice de 1945".
Revivez le débarquement de 1944, la libération de Paris et la libération de la France, la découverte par les soviétiques du camp d'Auschwitz et les derniers jours d'Adolf Hitler en images.
Pourquoi le 8 mai est un jour férié ?
Le 8 mai 1945, à 15 heures, les cloches sonnent pour marquer la fin de la Seconde guerre mondiale en Europe. Le général de Gaulle annonce lui même la capitulation allemande dans une allocution radiophonique. Partout en France, des scènes de joies accompagnent le 8 et le 9 mai, qui sont exceptionnellement des jours fériés pour célébrer la défaite de l'Allemagne nazie. Il reste alors des soldats allemands dans l'Hexagone (autour des ports de Dunkerque, Lorient ou Saint-Nazaire, notamment). La question des commémorations se pose très vite. Gouvernement et anciens combattants hésitent entre l'établissement d'une date unique - destinée à célébrer les victoires de 1918 et 1945 – et la mise en place d'une cérémonie spécifique à la Seconde guerre mondiale.
La loi n°46-934 du 7 mai 1946 fixe au 8 mai (si c'est un dimanche) ou au dimanche suivant cette date les commémorations de la victoire de 1945. Le 8 mai était jusqu'alors associé à la fête de Jeanne d'Arc (voir plus loin). C'est en 1953 que le 8 mai devient réellement un jour férié institué, au même titre que le 11 novembre, quel que soit le jour de la semaine où il tombe. En 1959, un décret cherchant à limiter le nombre de jours chômés renvoie les Français au travail. Et en 1975, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, retire tout caractère officiel à la date. Son geste cherche à marquer la réconciliation franco-allemande, mais irrite de nombreux anciens combattants. C'est finalement François Mitterrand qui redonne au 8 mai son caractère de jour férié. La loi n°81-893 du 2 octobre 1981 rajoute cette journée à la liste des jours chômés dans le code du travail. Ce jour n'est pas célébré en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis ou en Allemagne.
Quels sont les magasins ouverts le 8 mai ?
Qui dit jour férié, ne dit pas forcément commerce fermé ! Alors que le 1er mai, tous les magasins sont exceptionnellement clôt à l'occasion de la journée du Travail, le 8 mai, la situation est tout autre. Les commerces d'alimentation et de jardinerie ouverts pendant l'épidémie de coronavirus devraient maintenir leurs portes ouvertes. Mais il est toutefois de conseiller de vérifier les horaires au cas par cas.
Que s'est-il passé le 8 mai 1945 en Algérie ?
La journée du 8 mai est également une journée du souvenir essentielle dans les relations franco-algériennes. C'est en effet le 8 mai 1945 que démarrent les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, dans une Algérie alors colonisée par la France. Le drame démarre le 8 mai. Une manifestation de nationalistes algériens, réclamant l'indépendance de leur pays, est organisée en marge d'un cortège célébrant la victoire des Alliés. Ils réclament notamment la libération de leur chef - Messali Hadj - chef du PPA (Parti Populaire Algérien), emprisonné par les autorités françaises. Celles-ci exigent que les manifestants ne portent ni armes, ni drapeau algérien.
Lors de la manifestation, dans la ville de Sétif, un jeune scout musulman brandit un drapeau algérien au cœur d'un quartier très majoritairement peuplé par une population d'origine européenne. La police tente de retirer le drapeau et des tirs éclatent entre manifestants et policiers. Un jeune homme de 26 ans, drapeau algérien à la main, est abattu par un policier. La panique et la confusion s'accroissent alors que musulmans indigènes et populations d'origine européenne échangent des coups de feu. Le bilan dépasse les 20 morts de chaque côté. A Guelma, la police tire, tuant un manifestant. Dans les campagnes, des émeutes à l'encontre des populations d'origine européenne éclatent : 102 personnes sont tuées. Le gouvernement, mené par le général de Gaulle, envoie l'armée sur place. La répression – qui dure jusqu'au 22 mai - est terrible : exécutions sommaires, bombardements de villages, cérémonies de "soumission" au drapeau français. Le bilan officiel établi par les autorités françaises fait état de 1 000 morts. En réalité, le bilan serait cinq à dix fois supérieur selon les historiens.
Que fête-t-on le 8 mai ?
Le 8 mai est également la date de la fête de Jeanne d'Arc. C'est en effet le 8 mai 1429 qu'une armée, menée par Jeanne d'Arc, est parvenue à délivrer la ville d'Orléans, assiégée par les Anglais. Chaque année, les fêtes johanniques d'Orléans célèbrent cet événement, culminant avec un grand défilé dans les rues du centre-ville le 8 mai. La région Centre-Val de Loire et la mairie de la ville ont demandé en 2015 l'intégration de ces festivités dans le patrimoine immatériel de la France, avant d'envisager une demande de classement à l'Unesco.
Dans un genre différent, le 8 mai est également un jour clé pour la droite nationaliste française. Au début du XXe siècle, l'extrême-droite, menée par l'Action française, organise son rassemblement le 8 mai devant la statue de Jeanne d'Arc à Paris. Dans les années 1970, le Front national participe à ces cortèges, avant d'en prendre le leadership. C'est d'ailleurs Jean-Marie Le Pen qui décide de déplacer cette manifestation annuelle du 8 mai au 1er mai en 1988 : il s'agissait alors de tenir un meeting pour peser sur l'entre-deux tours de l'élection présidentielle. Depuis, le rassemblement organisé par le Front national continue de se tenir le 1er mai. D'autres groupes d'extrême-droite continuent, pour leur part, de défiler le 8 mai. Mais ce ne sera pas le cas cette année, en raison de l'épidémie de coronavirus.
Comme d’autres jours de l’année la date du 8 mai renvoie à un événement connu, ancré dans la culture et la mémoire collective, au point sans doute qu’il n’est nul besoin de préciser le millésime.
La date du 8 mai est hautement symbolique et rappelle un événement, la glorification de la fin de la Seconde Guerre mondiale, une mise en mémoire .
Le 8 mai 1945, la Seconde Guerre mondiale se termine en Europe par la victoire des Alliés et l’effondrement de l’Allemagne nazie, quand l’Italie fasciste était déjà hors d’état de poursuivre la lutte depuis plusieurs mois. Six années de guerre marquées par des atrocités inimaginables touchant tant les militaires que les civils mettent fin à ce que des historiens envisagent aujourd’hui comme appartenant à une guerre civile européenne longue de trente ans (Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Éditions des Syrtes, 2000 et Enzo Traverso, À Feu et à sang : de la guerre civile européenne, 1914-1945, Paris, Stock, 2007).
le 8 mai 1945 ferme une guerre commencée dans les Balkans vers 1911-1912 et peut dès lors permettre un basculement vers la construction européenne dont il devient une étape.
Comment finir une guerre ? Voici la question posée à des Alliés séparés en plusieurs fronts. Les enjeux militaires importants, parfois aux contenus symboliques, les relations déjà compliquées entre les futurs vainqueurs, la situation d’un pays comme la France, le devenir de l’Allemagne s’organisent autour de cette date devenue repère en Europe, celle de la disparition des totalitarismes fascisants.
Commémorer le 8 mai semble alors une évidence. Mais pourtant, la date ne s’impose pas de façon claire dans un calendrier chargé en dates repères. Comment le 8 mai devient-il une date aujourd’hui fériée dans le calendrier français ? L’est-il dans d’autres pays anciens belligérants ? Quelle signification, quelle place la date du 8 mai prend-elle dans l’espace mémoriel européen et particulièrement français, espace devenu concurrentiel ?
L’approche du 8 mai n’est donc pas simple car elle suppose d’ouvrir le champ de recherche à des chronologies larges (guerres mondiales, déroulement et mémoires, relations Est-Ouest en formation, construction européenne, processus de décolonisation déjà engagé…). Cependant l’historien peut aussi porter un regard attentif aux trajectoires des hommes du 8 Mai que les photographies, les images cinématographiques, les interventions radiodiffusées, les articles de journaux ont immortalisés.
Ce 8 mai, les pays alliés au cours de la seconde guerre mondiale célébrent la fin des combats et la capitulation allemande du 8 mai 1945 – ou du 7, plus exactement. Ou du 9. En tout cas, c’est bien le 8 mai qui est un jour férié. Enfin depuis 1981 seulement. Bref : retour arrière sur un événement majeur dont on ne connaît pas toujours les détails.
Le 8 mai 1945 date de la veille…
C’est en réalité tôt le 7 mai 1945 que fut signée la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale – en Europe, du moins – après 5 ans et demi de conflit. A 2 h 41 du matin très exactement, le général Jodl signa la capitulation sans conditions des forces nazies, dans une petite salle de classe du « collège technique et moderne » de Reims. Les représentants russe, anglais et américain lui succédèrent - à noter que le document comporte une quatrième signature : celle du représentant du Général de Gaulle, le général François Sevez – qui signa uniquement en tant que témoin.
L’atmosphère n’est comme on se l’imagine pas tout à fait à la franche rigolade mais grave, et tendue. Dix-sept correspondants de guerre sont présents pour immortaliser l'instant. Le photographe d'Eisenhower, présent, raconta qu’il n'avait jamais eu à travailler aussi vite que ce jour-là. Quant à dactylographe chargée de rédiger l'acte en anglais, elle finit en larmes : « On nous apportait au fur et à mesure le résultat des négociations. Il fallait à chaque fois repartir de zéro. Quand j'ai rendu mon papier, j'étais lessivée et en larmes. Un officier m'a apporté une flûte de champagne pour me consoler. »
Le document signé par Jodl et les représentants des forces américaines et russes annonce la cessation effective des combats pour le lendemain, 8 mai, à 23 heures mais date donc bien du 7 mai. Alors pourquoi a-t-on retenu la date du 8 mai ?
… Et du lendemain
Staline ayant râlé comme un putois en apprenant que la capitulation des nazis avait été signée en France par un malheureux général et pas par un membre éminent de son état-major dans Berlin occupé par ses troupes, il y eut une deuxième signature, cette fois dans la soirée du 8 mai. Le second document fut signé dans la banlieue d’un Berlin ravagé de fond en comble par les bombardements alliés et par les troupes russes qui y étaient entrées le 2 mai, 48 heures après le suicide d’Hitler.
Les représentants soviétiques, américain anglais et français arrivèrent avant les Allemands, représentés cette fois par Keitel. La signature d'un document sensiblement équivalent à celui de Reims est datée de 23 heures 01 – soit une heure du matin à Moscou, ce qui explique que la victoire n’y soit pas célébrée le 8, mais bien le 9 mai…
« Ach ! Il y a aussi des Français ! »
Côté français, c’est le général De Lattre de Tassigny qui signe à son tour comme témoin. Le symbole, pour De Gaulle, est essentiel : cette place soigneusement négociée valide définitivement la France aux côtés des Alliés victorieux – essentiel pour que l’opération de réconciliation nationale, au cours des années qui suivirent, puisse être lancée, essentiel aussi pour présenter l'Etat Français de Vichy comme un régime usurpateur. Pour la petite histoire, la présence des Français faillit bien rendre fou de rage Keitel, le Feldmarschall. En apercevant le drapeau tricolore, il fit remarquer, à haute et forte voix : « Ach ! Il y a aussi des Français ! Il ne manquait plus que cela ! ».
Absent, l’Amiral Dönitz, Président du Reich depuis le 1er mai, annonce la nouvelle aux troupes allemandes par la radio et conclut, amer : l’Allemagne, en étant occupée par les Russes, est « revenue mille ans en arrière », un jugement qui ne restera pas dans les annales des prophéties les plus pertinentes. De Lattre, lui, rédige l’ordre du jour n°9 en tant que commandant en chef de la 1ère armée française, celle qui s’illustra dans la campagne dite « Rhin et Danube ». Il est rédigé ainsi :
« Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de la 1ère armée, le jour de la Victoire est arrivé. A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l'acte solennel de capitulation de l'Allemagne (…) Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte á côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi partout où vous l’avez rencontré. Vos drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne. (…) De toute mon âme je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme à celle de vos exploits. Gardons pieusement la mémoire de nos morts (…), ils ont rejoint, dans le sacrifice et la gloire pour la rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs (…) »
Le jour où la Russie manqua de vodka
C'est plus anecdotique, mais la victoire sur les troupes nazies fut aussi l’occasion de ce qui reste sans doute et sauf votre respect comme l'une des plus gigantesques bitures collectives de l'histoire de l'humanité.
Si la nouvelle fut accueillie partout en Europe et en Amérique du Nord par une explosion de joie, les Soviétiques y ajoutèrent une touche… russe. Vers une heure du matin le 9 mai, les Moscovites sont encore bien réveillés à l’annonce de la signature du conflit qui vient de leur coûter de 21 à 27 millions de morts, civils et militaires réunis. Le soulagement fut à la hauteur de l’événement. Dès l’annonce de la signature sur Radio Moscou, à 1h10, des dizaines de milliers de Moscovites se ruèrent dehors pour célébrer la victoire. Beaucoup d’entre eux sont toujours en pyjama ou vêtus de ce qui en tient lieu mais qu’importe : la fête commence et la vodka coule – littéralement – à flots. Les ambassades des pays alliés sont assiégées par des foules enthousiastes et leur personnel rejoint vite la beuverie qui commence. Tout le monde embrasse tout le monde, à commencer par des soldats qui passèrent probablement une des soirées les plus marquantes de leur vie – et toute la ville se prit une peinture colossale, à l’échelle d’un conflit qui venait de coûter la vie à près de 15 % de la population de l’URSS.
Un correspondant de guerre, Alexandre Rustinov, raconte :
« J’ai eu de la chance de pouvoir acheter un litre de vodka en arrivant à la gare, parce que ce fut impossible d’en acheter plus tard. Nous avons célébré la fin de la guerre avec nos amis, nos voisins, nos propriétaires. Nous avons bu à la fin de la guerre, nous avons bu en l’honneur des morts, nous avons bu en souhaitant ne plus jamais voir ça. Il n’y avait plus de vodka le 10 mai au matin. Nous avions tout bu. »
On ne saurait mieux dire.
Jour férié, jour férié... C’est vite dit.
On a tendance à le voir comme une évidence comme pour le 11 Novembre : le 8 mai, c’est entendu, est un jour férié. Ce ne fut pas toujours le cas, loin de là.
Pour commencer, il fallut 8 ans pour en faire un jour chômé, par décret de mars 1953. Et ça ne dura pas longtemps : dès 1959, un décret signé du… Général de Gaulle garda la commémoration mais pas le jour férié. Mieux encore : en 1975, Valéry Giscard d’Estaing supprima carrément les commémorations du 8 mai dans un contexte de réconciliation avec l’Allemagne ! Amusant quand on se souvient que quelques années plus tard, VGE se dirait heurté de voir défiler des troupes allemandes sur les Champs-Elysées en juillet 1994…C’est à François Mitterrand qu’on doit le retour du côté férié et mémoriel du 8-Mai : la décision fut prise dès son arrivée au pouvoir, en octobre 1981.
Vous savez tout. Ou presque.
Jeudi 8 mai, les pays alliés au cours de la seconde guerre mondiale célébreront la fin des combats et la capitulation allemande du 8 mai 1945 – ou du 7, plus exactement. Ou du 9. En tout cas, c’est bien le 8 mai qui est un jour férié. Enfin depuis 1982 seulement. Bref : retour arrière sur un événement majeur dont on ne connaît pas toujours les détails.
Le 8 mai 1945 date de la veille…
C’est en réalité tôt le 7 mai 1945 que fut signée la fin des combats de la Seconde Guerre mondiale – en Europe, du moins – après 5 ans et demi de conflit. A 2h41 du matin très exactement, le général Jodl signa la capitulation sans conditions des forces nazies, dans une petite salle de classe du « collège technique et moderne » de Reims. Les représentants russe, anglais et américain lui succédèrent - à noter que le document comporte une quatrième signature : celle du représentant du Général de Gaulle, le général François Sevez – qui signa uniquement en tant que témoin.
L’atmosphère n’est comme on se l’imagine pas tout à fait à la franche rigolade mais grave, et tendue. Dix-sept correspondants de guerre sont présents pour immortaliser l'instant. Le photographe d'Eisenhower, présent, raconta qu’il n'avait jamais eu à travailler aussi vite que ce jour-là. Quant à dactylographe chargée de rédiger l'acte en anglais, elle finit en larmes : « On nous apportait au fur et à mesure le résultat des négociations. Il fallait à chaque fois repartir de zéro. Quand j'ai rendu mon papier, j'étais lessivée et en larmes. Un officier m'a apporté une flûte de champagne pour me consoler. »
Le document signé par Jodl et les représentants des forces américaines et russes annonce la cessation effective des combats pour le lendemain, 8 mai, à 23 heures mais date donc bien du 7 mai. Alors pourquoi a-t-on retenu la date du 8 mai ?
… Et du lendemain
Staline ayant râlé comme un putois en apprenant que la capitulation des nazis avait été signée en France par un malheureux général et pas par un membre éminent de son état-major dans Berlin occupé par ses troupes, il y eut … une deuxième signature dans la soirée du 8 mai. Le second document fut cette fois signé dans la banlieue d’un Berlin ravagé de fond en comble par les bombardements alliés et par les troupes russes qui y étaient entrées le 2 mai, 48 heures après le suicide d’Hitler.
Les représentants soviétiques, américain anglais et français arrivèrent avant les Allemands, représentés cette fois par Keitel. La signature d'un document sensiblement équivalent à celui de Reims est datée de 23 heures 01 – soit une heure du matin à Moscou, ce qui explique que la victoire n’y soit pas célébrée le 8, mais bien le 9 mai…
« Ach ! Il y a aussi des Français ! »
Côté français, c’est le général De Lattre de Tassigny qui signe à son tour comme témoin. Le symbole, pour De Gaulle, est essentiel : cette place soigneusement négociée valide définitivement la France aux côtés des Alliés victorieux – essentiel pour que l’opération de réconciliation nationale, au cours des années qui suivirent, permettrait de présenter l'Etat Français de Vichy comme un régime usurpateur. Pour la petite histoire, la présence des Français faillit rendre fou de rage Keitel, le Feldmarschall. En apercevant le drapeau tricolore, il fit remarquer, à haute et forte voix : « Ach ! Il y a aussi des Français ! Il ne manquait plus que cela ! ».
Absent, l’Amiral Dönitz, Président du Reich depuis le 1er mai, annonce la nouvelle aux troupes allemandes par la radio et conclut, amer : « L’Allemagne, en étant occupée par les Russes, est « revenue mille ans en arrière », un jugement qui ne restera pas dans les annales des prophéties les plus pertinentes. De Lattre, lui, rédige l’ordre du jour n°9 en tant que commandant en chef de la 1ère armée française, celle qui s’illustra dans la campagne dite « Rhin et Danube ». Il est rédigé ainsi :
« Officiers, sous-officiers, caporaux et soldats de la 1ère armée, le jour de la Victoire est arrivé. A Berlin, j’ai la fierté de signer au nom de la France, en votre nom, l'acte solennel de capitulation de l'Allemagne (…) Fraternellement unis aux soldats de la Résistance, côte á côte avec nos camarades alliés, vous avez taillé en pièces l’ennemi partout où vous l’avez rencontré. Vos drapeaux flottent au cœur de l’Allemagne. (…) De toute mon âme je vous dis ma gratitude. Vous avez droit à la fierté de vous-mêmes comme à celle de vos exploits. Gardons pieusement la mémoire de nos morts (…), ils ont rejoint, dans le sacrifice et la gloire pour la rédemption de la France, nos fusillés et nos martyrs (…) »
Le jour où la Russie manqua de vodka
C'est plus anecdotique, mais la victoire sur les troupes nazies fut aussi l’occasion de ce qui reste sans doute, sauf vote respect, comme l'une des plus gigantesques bitures collectives de l'histoire de l'humanité.
Si la nouvelle fut accueillie partout en Europe et en Amérique du Nord par une explosion de joie, les Soviétiques y ajoutèrent une touche… russe. Vers une heure du matin le 9 mai, les Moscovites sont encore bien réveillés à l’annonce de la signature du conflit qui vient de leur coûter de 21 à 27 millions de morts, civils et militaires réunis. Le soulagement fut à la hauteur de l’événement. Dès l’annonce de la signature sur Radio Moscou, à 1h10, des dizaines de milliers de Moscovites se ruèrent dehors pour célébrer la victoire. Beaucoup d’entre eux sont toujours en pyjama ou vêtus de ce qui en tient lieu mais qu’importe : la fête commence et la vodka coule – littéralement – à flots. Les ambassades des pays alliés sont assiégées par des foules enthousiastes et leur personnel rejoint vite la beuverie qui commence. Tout le monde embrasse tout le monde, à commencer par des soldats qui passèrent probablement une des soirées les plus marquantes de leur vie – et toute la ville se prit une pinture colossale, à l’échelle d’un conflit qui venait de coûter la vie à près de 15 % de la population de l’URSS.
Un correspondant de guerre, Alexandre Rustinov, raconte :
« J’ai eu de la chance de pouvoir acheter un litre de vodka en arrivant à la gare, parce que ce fut impossible d’en acheter plus tard. Nous avons célébré la fin de la guerre avec nos amis, nos voisins, nos propriétaires. Nous avons bu à la fin de la guerre, nous avons bu en l’honneur des morts, nous avons bu en souhaitant ne plus jamais voir ça. Il n’y avait plus de vodka le 10 mai au matin. Nous avions tout bu. »
On ne saurait mieux dire.
Jour férié, jour férié... C’est vite dit.
On a tendance à le voir comme une évidence comme pour le 11 Novembre : le 8 mai, c’est entendu, est un jour férié. Ce ne fut pas toujours le cas, loin de là.Pour commencer, il fallut 8 ans pour en faire un jour chômé, par décret de mars 1953. Et ça ne dura pas longtemps : dès 1959, un décret signé du… Général de Gaulle garda la commémoration mais pas le jour férié. Mieux encore : en 1975, Valéry Giscard d’Estaing supprima carrément les commémorations du 8 mai dans un contexte de réconciliation avec l’Allemagne ! Amusant quand on se souvient que quelques années plus tard, VGE se dirait heurté de voir défiler des troupes allemandes sur les Champs-Elysées en juillet 1994…C’est à François Mitterrand qu’on doit le retour du côté férié et mémoriel du 8-Mai : la décision fut prise dès son arrivée au pouvoir, en octobre 1981.
Voilà, vous savez tout. Ou presque.
Pourquoi le 8 mai est-il férié ?
Le jour férié du 8 mai a une histoire pleine de rebondissements...
La commémoration de la victoire alliée sur l'Allemagne nazie en 1945 a été à l'origine fixée à la date du 8 mai si ce jour était un dimanche, ou au premier dimanche suivant le 8 mai sinon. C'est-à-dire le même jour que la fête traditionnelle de Jeanne d'Arc qui avait délivré Orléans le 8 mai 1429.
En 1948, François Mitterand, alors ministre des Anciens Combattants, a confirmé le caractère non férié de la célébration du 8 mai 1945.
En 1951, le gouvernement a décidé de commémorer la victoire alliée de 1945 le 8 mai sans attendre le dimanche.
À la demande des associations d'Anciens combattants, résistants et déportés, la loi du 20 mars 1953 a déclaré le 8 mai jour férié, mais non chômé.
Après le retour au pouvoir du général de Gaulle, le décret du 11 avril 1959 a décidé que le 8 mai ne serait plus férié et qu'il serait célébré le deuxième dimanche du mois. Cette décision qui faisait suite à la suppression de la retraite du combattant, entraîna la protestation des associations d'anciens combattants.
En 1965, le 8 mai a été exceptionnellement et ponctuellement rétabli jour férié à l'occasion du 20ème anniversaire de la victoire alliée.
Le décret du 17 janvier 1968 a rétabli la célébration du 8 mai, mais en fin de journée.
En 1975, le président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, a décidé de supprimer la célébration de la victoire alliée de 1945 pour le 8 mai, au nom de la réconciliation franco-allemande, décision qui a provoqué une vive émotion dans le milieu combattant.
Le 1er juin 1981, au lendemain de l'élection de François Mitterand à la présidence de la République, le nouveau secrétaire d'Etat aux anciens combattants a annoncé qu'une loi allait rétablir le 8 mai comme commémoration nationale.
La loi du 23 septembre 1981 a redonné au 8 mai son caractère férié qu'il a conservé depuis. ?
Dates de la Fête de la Victoire
La Fête de la Victoire est prévue aux dates suivantes :- jeudi 8 mai 2014
- vendredi 8 mai 2015
- dimanche 8 mai 2016
Calendrier de la Fête de la Victoire 2014
Le calendrier présente les deux semaines du 28 avril au 12 mai pour faciliter votre organisation. Il est disponible librement en format image, PDF et Excel.En 2014, le 8 mai est un jeudi, ce qui permet de poser un jour de congé et de faire le pont.
Pourquoi le 8 mai est un jour férié ?
Le 8 mai 1945 est une date symbolisant la fin de la Deuxième Guerre mondiale, célébrant ainsi la victoire des Alliés. L'Allemagne nazie avait en effet capitulé le 7 mai. La fin de la guerre est déclarée officiellement, le 8 mai 1945 à 23h01. Ce jour a été déclaré chômé en France, le 20 mars 1953.Cependant, en 1954, Charles de Gaulle supprime son caractère non travaillé par le biais d'un décret. Giscard d'Estaing voulant concrétiser la réconciliation avec l'Allemagne supprime, quant à lui, la commémoration. François Mitterrand en 1981, demande à ce que ce jour férié soit rétabli ainsi que la commémoration, redonnant à cette date tout son sens.