«Drame», «passion», «alcool»... Tel était le cocktail explosif de la relation entre Serge Gainsbourg et Jane Birkin. Leur fille Charlotte, qui s'apprête à ouvrir un musée dans la mythique demeure de son père, située rue de Verneuil à Paris (VIIe arrondissement), s'est confiée sur ce couple hors-norme dans la dernière édition de Télérama, parue le mercredi 24 février. L'actrice de 49 ans a soutenu que son père «baignait» autrefois dans la mélancolie.

«Il y avait un côté sombre dans ce qu'il me transmettait, même si je n'en garde pas un souvenir triste, a-t-elle déclaré. Il avait le goût du drame. De la passion. Ses relations étaient loin d'être apaisées.» Elle évoque ainsi les disputes «corsées» survenues entre ses parents : «Avec ma mère, ils se mettaient pas mal sur la g***le, j'en garde des souvenirs cuisants, et elle n'était pas en reste. Même après leur séparation, quand il venait nous voir chez elle, les assiettes volaient. Ils buvaient beaucoup. L'alcool ne le rendait pas violent, plutôt doux au contraire.»

"Je suis à l'abri du scandale"

La chanteuse est, par ailleurs, revenue sur le titre Lemon Incest, sorti en 1985. Le morceau qu'elle entonne alors aux côtés de Serge Gainsbourg, à l'âge de 13 ans, décrit un amour fusionnel entre un père et sa fille. Son clip a fait scandale, car l'artiste y apparaît torse nu, sur un grand lit, auprès de l'adolescente en chemise et culotte. À ce propos, Charlotte Gainsbourg s'interroge : «Est-ce qu'il m'a fait lire les paroles avant ? Quelle perception en avais-je ? Je m'en veux de ne pas avoir retenu ces instants. En tout cas, je me sentais à l'aise.» Avant de poursuivre : «Quelle expérience intense de me retrouver soudain derrière un micro, avec lui à mes côtés qui me donnait des indications à la façon d'un metteur en scène ! Il était ému quand il réécoutait les prises, ravi par les moments où ma voix déraillait un peu. C'est ce qu'il cherchait.»

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La jeune fille n'aurait, par ailleurs, eu aucune idée de la polémique qui en a résulté. «Ensuite, je suis repartie en pension, s'est-elle souvenue. Et je n'ai aucune idée de ce qui se passe quand le disque sort. Je suis à l'abri du scandale. Un tel disque ferait-il encore plus de bruit aujourd'hui ? Sûrement. Est-ce qu'il serait encore possible de l'enregistrer ? Lui le ferait. Et moi aussi. Lemon Incest est une déclaration d'amour pure et innocente d'un père pour sa fille. Bien sûr, il joue avec les mots et les interdits, mais n'était-ce pas sa force ? Évidemment, il y a des actes terribles qu'il faut condamner, mais la provocation artistique, je la trouve utile.»

En vidéo, l'hommage de Lou Doillo à sa mère Jane Birkin

"Toi femme enfant fatale", l'hommage émouvant de Lou Doillon à sa mère Jane Birkin
"Toi femme enfant fatale", l'hommage émouvant de Lou Doillon à sa mère Jane Birkin aux Victoires de la Musique.
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"Il a fallu que je rejette tout en bloc"

Interrogée sur le décès de son père survenu le 2 mars 1991, Charlotte Gainsbourg s'est remémorée ses difficultés à composer avec ses états d'âme et ceux du grand public. «Je me sentais acculée, je n'ai pas su gérer mes émotions au milieu d'une telle effervescence, a-t-elle expliqué. Il a fallu que je rejette tout en bloc. Je n'avais pas envie de partager.» Depuis, la chanteuse a pris du recul. «Je comprends maintenant ce ­besoin qu'ont les gens de me parler de lui et l'affection qui s'en dégage, mais quand j'avais 19 ans, il n'y avait que ma peine, et je me sentais agressée : “Comment peuvent-ils ne pas voir qu'ils me meurtrissent quand ils me racontent leurs souvenirs ?”»