samedi 14 juillet 2012

R.I.F.

 
 
Stéphane Monnereau, capitaine de police à la P.J. parisienne a décidé de prendre une semaine de vacances avec sa femme et son fils car son métier est en train de compromettre sa vie familiale et qu'il est de plus en plus tendu avec sa femme. Sur une route de Lozère, c'est la panne de voiture. Un individu douteux les emmène à la station service la plus proche. Le temps que Monnereau fasse dépanner sa voiture, sa femme disparaît. Introuvable. Les indices semblent indiquer qu’il n’est peut-être pas étranger à cette disparition. Pour éviter d’être placé en garde-à-vue, Stéphane prend la fuite avec son fils...

D'abord explication de titre : RIF signifie "recherche dans l'intérêt des familles", le nom du formulaire à remplir pour lancer une procédure de recherche d'une personne majeure disparue... Et c'est ce document que va devoir remplir Yvan Attal, super flic énervé, barbe de trois jours et méthodes expéditives, qui a perdu sa femme dans une station service d'un bled de Lozère pendant des vacances censées être reposantes... Face à lui, un gendarme respectueux de la procédure, du genre service-service. Deux belles figures antagonistes dans un polar qui fait plaisir tant, enfin, un film policier français réussit à être tendu sans complaisance et à nous plonger dans le travail de terrain, avec ses fausses pistes, ses piétinements, et ses petits détails qui peuvent, ou pas, sauver une vie... Pas étonnant que RIF soit marqué au sceau du réalisme puisque son auteur, Franck Mancuso, est un ancien flic passé au cinéma en devenant, entre autres, scénariste du 36 Quai des orfèvres d'Olivier Marchal en 2004. Bon, je vous résume les « indices » : une enquête vraiment prenante, un décor inquiétant de cambrousse habitée par des autochtones pas très nets et surtout, deux acteurs qui assurent. Dans le rôle du flic nerveux qui finira suspect de la disparition de sa propre femme, Yvan Attal est remarquable de douleur rentrée et d'irritabilité. Pascal Elbé, le gendarme calme, sait être charismatique avec une vraie économie de jeu. Du beau boulot, les gars. 
Les bons polars au cinéma ? Il faudrait une journée entière pour tous les citer... mais on peut resserrer le propos en visant ce qu'on pourrait appeler la nouvelle vague du policier français qui s'attache au réalisme du métier de flic. Ces dernières années, dans le genre, on a eu droit à de très belles choses : scénarios impecs de justesse et rôles vraiment incarnés. Le père de ce nouveau réalisme ? Bertrand Tavernier avec son L627 en 1992, magnifique chronique sur le quotidien d'un groupe de flics en manque de moyens mais pas de volonté dirigés par un Didier Bezace étonnant en enquêteur qui vit son métier comme un véritable sacerdoce. Cinq ans après, Alain Corneau plongeait en détails dans les rapports ambigus d'un flic et de son indic dans Le Cousin. En 2005, débarquait Olivier Marchal avec son 36 quai des Orfèvres où le réel du siège de la PJ prenait des allures quasi mythologiques, et où il redorait d'un coup l'insigne du flic tragique à l'écran. Il faut dire qu'il était aidé par deux pointures, Depardieu et Auteuil. Mais, la même année, c'est peut-être Xavier Beauvois qui signait le sommet du genre avec Le petit Lieutenant, film d'une terrible précision sur la routine d'un commissariat parisien, et mélange parfait entre polar et chronique sociale avec une Nathalie Baye magistrale. Et plus récemment, on notera Gardiens de l'Ordre de Nicolas Boukhrief, un policier tendu, très noir à la mise en scène dénuée de tout artifice inutile, et porté par un Fred Testot étonnant dans un registre nouveau pour lui. Qu'on se le dise : le polar français n'est pas mort. Il bouge encore.

Réalisateur


Avec




Durée 90 minutes

Couleur Oui

Pays France

Année de sortie française 2011

Restriction Tous publics

Production Babe Films, Epheme Productions, StudioCanal

Scénario Franck Mancuso

Musique Louis Bertignac

Langue VF

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