Stéphane Monnereau, capitaine de police
à la P.J. parisienne a décidé de prendre une semaine de vacances avec sa femme
et son fils car son métier est en train de compromettre sa vie familiale et
qu'il est de plus en plus tendu avec sa femme. Sur une route de Lozère, c'est
la panne de voiture. Un individu douteux les emmène à la station service la
plus proche. Le temps que Monnereau fasse dépanner sa voiture, sa femme
disparaît. Introuvable. Les indices semblent indiquer qu’il n’est peut-être pas
étranger à cette disparition. Pour éviter d’être placé en garde-à-vue, Stéphane
prend la fuite avec son fils...
D'abord explication de titre : RIF
signifie "recherche dans l'intérêt des familles", le nom du
formulaire à remplir pour lancer une procédure de recherche d'une personne
majeure disparue... Et c'est ce document que va devoir remplir Yvan Attal,
super flic énervé, barbe de trois jours et méthodes expéditives, qui a perdu sa
femme dans une station service d'un bled de Lozère pendant des vacances censées
être reposantes... Face à lui, un gendarme respectueux de la procédure, du
genre service-service. Deux belles figures antagonistes dans un polar qui fait
plaisir tant, enfin, un film policier français réussit à être tendu sans
complaisance et à nous plonger dans le travail de terrain, avec ses fausses
pistes, ses piétinements, et ses petits détails qui peuvent, ou pas, sauver une
vie... Pas étonnant que RIF soit marqué au sceau du réalisme puisque son
auteur, Franck Mancuso, est un ancien flic passé au cinéma en devenant, entre
autres, scénariste du 36 Quai des orfèvres d'Olivier Marchal en 2004. Bon, je
vous résume les « indices » : une enquête vraiment prenante, un décor
inquiétant de cambrousse habitée par des autochtones pas très nets et surtout,
deux acteurs qui assurent. Dans le rôle du flic nerveux qui finira suspect de
la disparition de sa propre femme, Yvan Attal est remarquable de douleur
rentrée et d'irritabilité. Pascal Elbé, le gendarme calme, sait être charismatique
avec une vraie économie de jeu. Du beau boulot, les gars.
Les bons polars au cinéma ? Il faudrait
une journée entière pour tous les citer... mais on peut resserrer le propos en
visant ce qu'on pourrait appeler la nouvelle vague du policier français qui
s'attache au réalisme du métier de flic. Ces dernières années, dans le genre,
on a eu droit à de très belles choses : scénarios impecs de justesse et rôles
vraiment incarnés. Le père de ce nouveau réalisme ? Bertrand Tavernier avec son
L627 en 1992, magnifique chronique sur le quotidien d'un groupe de flics en
manque de moyens mais pas de volonté dirigés par un Didier Bezace étonnant en enquêteur
qui vit son métier comme un véritable sacerdoce. Cinq ans après, Alain Corneau
plongeait en détails dans les rapports ambigus d'un flic et de son indic dans
Le Cousin. En 2005, débarquait Olivier Marchal avec son 36 quai des Orfèvres où
le réel du siège de la PJ prenait des allures quasi mythologiques, et où il
redorait d'un coup l'insigne du flic tragique à l'écran. Il faut dire qu'il
était aidé par deux pointures, Depardieu et Auteuil. Mais, la même année, c'est
peut-être Xavier Beauvois qui signait le sommet du genre avec Le petit
Lieutenant, film d'une terrible précision sur la routine d'un commissariat
parisien, et mélange parfait entre polar et chronique sociale avec une Nathalie
Baye magistrale. Et plus récemment, on notera Gardiens de l'Ordre de Nicolas
Boukhrief, un policier tendu, très noir à la mise en scène dénuée de tout
artifice inutile, et porté par un Fred Testot étonnant dans un registre nouveau
pour lui. Qu'on se le dise : le polar français n'est pas mort. Il bouge encore.
Réalisateur
Avec
Armelle Deutsch, Pascal Elbe, Talid Ariss, Valentina Cervi, Yvan Attal, Agnès Blanchot, Anne Charrier, Carlo Brandt, Eric Ruf, Pascal Elso, Aladin Reibel, Bruno Magne, Patrick Gimenez
Durée 90 minutes
Couleur Oui
Pays France
Année de sortie française 2011
Restriction Tous publics
Production Babe Films, Epheme Productions, StudioCanal
Scénario Franck Mancuso
Musique Louis Bertignac
Langue VF
Catégories
Mots-clés
Guillemette ODICINO, tension, suspects, rapports père-fils, gendarme, enquête, enlèvement, dispute, deuil, camion, bled paumé, fugitif