Il est de ces évènements historiques méconnus au regard de leur grandeur : la bataille navale qui a causé la mort de 539 marins britanniques disparus en mer au large des Sept-Îles dans la nuit du 22 octobre 1943 est de ceux-là, un épisode à part entière de la Seconde Guerre mondiale longtemps resté secret et encore entouré de mystère...
Cette bataille est pourtant considérée comme la plus grande perte britannique en Manche.
Trois des survivants ont fait le voyage pour honorer la mémoire de leurs compagnons de bord : Neal Wood,Roger Roberts et John Eskdale « se souviennent des faits comme s’ils avaient eu lieu hier. »
"Le 22 octobre 1943 au soir, une flottille de la Royal Navy part de Plymouth pour intercepter le cargo allemand Munsterland. Les Britanniques sont déterminés mais ils n'ont pas beaucoup de moyens à leur disposition. Ils envoient tout ce qui leur reste : le Charybdis, un croiseur anti aérien pas du tout préparé à un engagement naval de surface, et toute un flottille de destroyers."
Il fait nuit lorsque le convoi arrive au large des Sept-Îles. Les Britanniques font cap sur le Munsterland - L'opération "Tunnel" est bien engagée - "mais les radars allemands sont partout, et la Royal Navy est vite repérée et attaquée" - Touché par les torpilles ennemies, le Charybdis prend feu et sombre en moins de trente minutes. L'équipage gît dans une mer glacée. Également atteint, le Limbourne est évacué d'urgence tandis que les Allemands prennent le large. Bilan de la bataille : 539 morts, 107 survivants.
Avec le courant les corps se dispersent sur la côte bretonne. "Certains sont retrouvés à Saint-Brieuc et Dinard, d'autres à Jersey et Guernesey." Seuls 208 des 539 marins disparus sont inhumés par leurs familles, "parfois sous la menace allemande"...
En 1993 deux plongeurs bretons identifient l'épave des navires britanniques au nord des Sept-Îles, posant ainsi l'ancre sur un secret bien gardé : "les Anglais n'avaient pas voulu ébruiter cette cuisante défaite. C'était un sacré coup au moral. Et pour des raisons plus mystérieuses, les Allemands ont aussi préféré se taire."
Depuis, la municipalité de Perros-Guirec a fait ériger une stèle en granit dans le square Pierre-Jakez-Hélias surplombant la baie et tous les cinq ans les membres et les rescapés de Charybis viennent s'y recueillir.
Il fait nuit lorsque le convoi arrive au large des Sept-Îles. Les Britanniques font cap sur le Munsterland - L'opération "Tunnel" est bien engagée - "mais les radars allemands sont partout, et la Royal Navy est vite repérée et attaquée" - Touché par les torpilles ennemies, le Charybdis prend feu et sombre en moins de trente minutes. L'équipage gît dans une mer glacée. Également atteint, le Limbourne est évacué d'urgence tandis que les Allemands prennent le large. Bilan de la bataille : 539 morts, 107 survivants.
Avec le courant les corps se dispersent sur la côte bretonne. "Certains sont retrouvés à Saint-Brieuc et Dinard, d'autres à Jersey et Guernesey." Seuls 208 des 539 marins disparus sont inhumés par leurs familles, "parfois sous la menace allemande"...
En 1993 deux plongeurs bretons identifient l'épave des navires britanniques au nord des Sept-Îles, posant ainsi l'ancre sur un secret bien gardé : "les Anglais n'avaient pas voulu ébruiter cette cuisante défaite. C'était un sacré coup au moral. Et pour des raisons plus mystérieuses, les Allemands ont aussi préféré se taire."
Depuis, la municipalité de Perros-Guirec a fait ériger une stèle en granit dans le square Pierre-Jakez-Hélias surplombant la baie et tous les cinq ans les membres et les rescapés de Charybis viennent s'y recueillir.
L’association britannique HMS Charybdis and Limbourne a tenu une cérémonie du souvenir pour commémorer le sacrifice de plus de 500 marins de la Royal Navy en octobre 1943.
Deux navires, le croiseur antiaérien HMS Charybdis et le destroyer HMS Limbourne, ont été coulés par les Allemands dans la nuit du 22 au 23 octobre 1943, au large des Sept Îles, causant la mort de cinq cent marins de la Royal Navy. Il s’agit du plus grand désastre maritime de la Royal Navy dans la Manche, pendant la Seconde guerre mondiale, mais hélas, ce drame demeure encore très peu connu.
Le 15 mai dernier 45 Britanniques sont venus se recueillir devant la plaque commémorative, orientée dans la direction du lieu où reposent les compagnons de bord des 14 survivants, dont 3 étaient présents. John Eskdale, Roger Roberts et Neal Wood, tous trois âgés de 88 ans, étaient très émus de se retrouver en face de l’endroit où leurs navires avaient sombré.
La grande question reste de savoir ce que transportait le Munsterland . Les Allemands occupaient le pays. Ils auraient très bien pu transférer le chargement par train, mais ils ont préféré le faire par bateau. Sans doute pas par hasard...
Certains parlent de matériaux stratégiques nécessaires aux industries d'armement, comme le tungstène, le caoutchouc ou le chrome. D'autres évoquent l'uranium, "qui aurait pu servir aux recherches des Allemands sur la radioactivité et la bombe atomique..."
Avec l'ouverture des archives allemandes et britanniques au public, si on se donnait la peine on pourrait trouver...
Aucun livre français n'existe là-dessus, il y a un vide à combler...
et de s'émouvoir de la méconnaissance d'un évènement historique de si grande importance...
La grande question reste de savoir ce que transportait le Munsterland . Les Allemands occupaient le pays. Ils auraient très bien pu transférer le chargement par train, mais ils ont préféré le faire par bateau. Sans doute pas par hasard...
Certains parlent de matériaux stratégiques nécessaires aux industries d'armement, comme le tungstène, le caoutchouc ou le chrome. D'autres évoquent l'uranium, "qui aurait pu servir aux recherches des Allemands sur la radioactivité et la bombe atomique..."
Avec l'ouverture des archives allemandes et britanniques au public, si on se donnait la peine on pourrait trouver...
Aucun livre français n'existe là-dessus, il y a un vide à combler...
et de s'émouvoir de la méconnaissance d'un évènement historique de si grande importance...
HMS Charybdis et Münsterland
par Alain Launay
English abstract
Le cargo Allemand Münsterland était un cargo moderne, très rapide,
de 10000T équipé de brûleurs à mazout et de turbines. Au moment de PEARL
HARBOUR, il se trouvait en Amérique Centrale, à PANAMA, les USA n'étant pas
encore en guerre contre Allemagne. A la déclaration de guerre qui suivit
l'attaque Japonaise le Münsterland quitta immédiatement cette zone pour se
diriger vers le Japon et sa sphère d'influence (Asie du Sud-Est) pour y charger
des matériaux stratégiques comme le tungstène, caoutchouc, chrome, etc bref tout
le nécessaire aux industries d'armement notamment pour la fabrication d'alliage
spéciaux. Quant il arriva à Brest, il avait dans ces cales de quoi permettre
l'équipement complet de plus de 20 divisions pour 2 ans. C'est dire que
l'affaire n'était pas mince.
Münsterland
Il avait réussi, durant près de 2 ans, à éviter toutes les patrouilles
Alliées dans le Pacifique Sud Les Anglais le pistèrent par leur service de
renseignement. Le cargo leur échappa également dans l'Atlantique Sud. Il arriva
à Brest vers le 09/10/1943. Les services de renseignements, très actifs,
signalèrent son arrivé. Trois heures après son arrivée Il y fut bombardé, une
1ère fois par 24 Typhoons puis à nouveau le soir vers 18heures par 32
bombardiers MITCHELL de la RAF mais sans aucun succès. Devant l'urgence de la
situation, les Allemands décidèrent de lui faire continuer sa route sous très
forte escorte mais en attendant des conditions de navigation propices (nuit sans
lune).A cet effet la 4ième flotille de torpilleurs de la Kriegsmarine sous les ordres du capitaine de corvette KOHLAUF et comprenant les T22, T23, T24, T25, T26, T27 fut chargée d'assurer la protection du convoi qui suivait une route ouverte et sécurisée par les bateaux de déminage. Le convoi Allemand comprenait au total 6 torpilleurs, 8 autres navires (démineurs et autres) et le Münsterland, les torpilleurs étant placés en protection Nord-Est du convoi qui faisait cap sur Cherbourg. Il faut savoir qu' à cette époque la Royal Navy et la RAF interdisaient pratiquement tout trafic de jour et pratiquaient de très nombreux mouillages de mine. Le trafic se faisait en convois, de nuit, et en longeant la cote pour permettre aux Allemands une surveillance radar efficace. En outre les Anglais faisaient pratiquement toutes les nuits des incursions sur les côtes de Bretagne avec des vedettes genre MTB pour soutenir les réseaux de résistance et de renseignements très très actifs dans tous les domaines. Il n'était pas rare que les MTB surprennent des petits convois ou des navires Allemands isolés et les coulent à la torpille.
HMS Limbourne
L'opération d'interception du convoi du Münsterland par la RN s'intégrait
dans les opérations d'interdiction de trafic qui avaient pour nom de code
TUNNEL. La force 28 qui comprenait, pour l'occasion, les bâtiments suivants: HMS
CHARYBDIS (Anti-Aircraft cruiser), HMS GRENVILLE, LIMBOURNE, ROCKET, STEVENSTONE
TALYBONT, WENSLEYDALE (destroyers) fut chargée de cette opération. Elle quitta
PLYMOUTH le 22/10/1943 à 19h.Après le désastre du CHARYBDIS et du LIMBOURNE la RAF attaqua à nouveau à CHERBOURG. Les escadrilles de la 602 et de la 132 perdirent y 4 pilotes et 9 Typhoons. Le Münsterland fut touché mais pas suffisamment pour l'empêcher de repartir deux jours plus tard. Finalement il fut coulé au large de la HOLLANDE par un strike de Beaufighters. La Découverte du HMS CharybdisBreton et résidant à Perros-Guirec durant les vacances, je me suis intéressé à la pêche sur épaves quant j’ai pu acquérir un bateau me permettant d’aller sans risque en haute mer. J’ai toujours préféré la pêche au large avec son calme et sa solitude tranquille.
HMS Charybdis
Voulant ne pêcher que sur des épaves ou sur des haut-fonds particuliers, je
me suis vite heurté au problème : »Comment trouver ces épaves ? » A l’époque,
1989, les prix des matériels n’avaient rien de comparable avec ce que nous
trouvons maintenant , alors investir plusieurs dizaines de milliers de francs en
sus du nécessaire à bord était une option assez rébarbative. Un système sur PC
portable faisant table traçante etc.. de qualité professionnelle était hors de
prix. Se posait également le problème de trouver un système de positionnement
très précis et avec un excellente répétabilité des mesures. Ma vedette , une
Antarès 10.20 avec 2*200 CV avec un DECCA, et d’un bon sondeur Vidéo en
couleur.Je commençais par étudier les qualités de divers systèmes de positionnement, tout en considérant ceux qui pouvaient me garantir les critères de qualité que je m’était fixé. Vu ma région de navigation, un seul système pouvait me convenir. J’optais donc pour un DORIS 300 de chez MLR fonctionnant sur les chaînes RANA autour de 300khz. Correctement paramétré ce système me fit vite ranger mon Decca au rang d’accessoires de sécurité. Ma première saison de navigation se fit donc avec ce matériel, la précision donnait un cercle d’erreur moyen probable de 4à 5 millièmes de mille parfois moins mais à condition de savoir choisir les balises émettrices avec soin. Inconvénient, la durée d’initialisation longue entre 15 et 20 minutes, une certaine sensibilité aux conditions de propagation et à la qualité de toute l’installation qui doit être parfaite. Très vite je sentis qu’il fallait passer à un autre stade et fonctionner en table traçante pour exploiter les possibilités du système. Comme le prix des PC portables devenait accessible, j’en acquérais un. Un ami me fit un petit programme et, sans le savoir, je mis le doigt, dans un drôle d’engrenage. Avec ce PC, bien pratique de suivre la trace , de mémoriser instantanément les points intéressants, etc. C’est ainsi que je trouvais ma première épave , le T29 coulé dans notre région. Je mis aussi en évidence une limite du sondeur vidéo, que je possédais, à savoir que je pouvais pas mémoriser les écrans intéressants. Je décidais alors d’acheter un sondeur à bande Lowrance X16. A mon avis cet instrument doit toujours faire partie de l’équipement d’un chercheur d’épave sérieux. Au moins on garde une trace. Puis un jour, un confrère, pharmacien comme moi, vint me voir. Commençant à me parler de magnétomètre, de ce que cela permettait etc. Aussitôt je décidais d’en acquérir un . Parallèlement je faisais connaissance de diverses personnes pratiquant plongée et recherches d’épaves. Au hasard d’une visite chez un libraire à Paris, je tombais sur une série de livres Allemands bien documentés et consacrés à la Kriegsmarine. Aussitôt je les achetais et les dévorais. J’y découvrais qu’en Octobre 1943 la 4ème flottille avait eu une de ses plus belles victoires en coulant au large de notre région, le CHARYBDIS et le LIMBOURNE dans un combat de nuit à la torpille. Je commençais une enquête discrète dans notre région pour savoir qui pouvait être au courant. Je me rendis vite compte que pratiquement personne ne connaissait cette histoire. Entre temps ayant sympathisé avec Michel CLOATRE d’ARCHISUB je lui fit part de cette information. Nous avons alors décidé d’entreprendre la recherche de ces 2 navires Britanniques. Démarrées durant l’hiver 92-93 les recherches continuèrent jusqu'à ce que le ROV, dont avait été dotée ARCHISUB, nous permettre de capturer des images d’une épave de belle taille, comme beaucoup d’autres dans la région .Épave qui livra quelques secrets immédiatement, nous nous souviendrons longtemps des canons POM-POM aperçus furtivement. L’enregistrement de la plongée du ROV fut expédiée en Angleterre pour être visionné par des experts. Peu de temps après nous fumes informés qu’il y avait 99% de chances que nous ayons touché au but. Ensuite il fallut, à cause de circonstances diverses, remettre plusieurs fois les sorties....jusqu'à ce jour de mi-août ou deux plongeurs d’Archisub tentèrent une descente. Michel Cloatre et Joël Guizien descendirent à -82 mètres. Joël nous ramena une douille vide prélevée près d’une des tourelles de grosse artillerie ainsi que de douilles de POM-POM encore pleines. Une rapide expertise des douilles, des marquages qu’elles portaient (BROAD ARROW) sur toutes, du type de poudre (Cordite), du calibre tout concordait avec l’armement du CHARYBDIS et signait définitivement l ’appartenance à un bâtiment Britannique. Nous pouvions envoyer notre ultime confirmation à nos amis Britanniques. Le 23 Octobre 1993, 50 ans après, jour pour jour, nous pouvions offrir avec l’aide de la municipalité de PERROS-GUIREC une très belle cérémonie commémorative aux rares survivants et familles de disparus. Toutes les douilles ont été offertes à la délégation Britannique. En 1995, toujours la municipalité de PERROS offrait à l’Association CHARYBDIS (G.B) un petit square et une stèle en granit commémorant le sacrifice de marins Anglais. Pendant ce temps, je continuais mon approche de la magnétométrie et des multiples problèmes que pose l’usage d’un instrument délicat mais irremplaçable lorsque l’on fait de la recherche d épaves. Je suis arrivé, après avoir atteint un certain degré d’incompétence dans la programmation, à mettre au point un logiciel fonctionnant très bien sur un portable et permettant un bon niveau intégration et de traitement de multiples données. Grâce à tout ce matériel, notre saison 1998 a été plus que très profitable .Vous en saurez plus au fur et à mesure de nos publications sur ce site. RemerciementsL’équipe d’Archisub tient à remercier tout particulièrement tous ceux qui par leur confiance, soutien ou participation ont pu leur permettre de mener à bien cette mission. Par, ordre alphabétique :Mr PER AKESSON , Nordic Underwater Archaeology Mr ERIC BROOKS, survivant du CHARYBDIS. Mr JOHN ESKDALE, membre de l’association CHARYBDIS (G.B), survivant du CHARYBDIS. Mr HEINZ ELLINGHAUS, marin du T24. Mr RONALD FRANKEL, Consul de Grande-Bretagne à DINARD. Mr KARL HEINS LABUS, marin du T27. Mr PHILIP LOCKWOOD, Attaché naval adjoint à l’Ambassade de Grande-Bretagne à PARIS. Mme PHILIP LOCKWOOD Mr JOHN LAWSON, Président de L’association CHARYBDIS (G.B). Mr YVON BONNEAU, Maire de Perros-Guirec. Mr NEIL WOOD, Survivant du LIMBOURNE. L’Association CHARYBDIS (G.B). Le Conseil Général du Finistère. La Mairie de PERROS-GUIREC. Les membres d'ArchisubMr MICHEL CLOATRE, Mr JOËL GUIZIEN, Mr J.Y. LE MANACH, Mr ALAIN LAUNAY, Mr J. OUCHAKOFF, Mr J. THOMAS.English abstractIn October 1943 the German blockade runner Münsterland had succesfully escaped the American and English Navies in both the Pacific and Atlantic. It approached Brest, France, intact with the full cargo, enough goods to supply 20 divisions for 2 years. The RAF immediately launched an air strike trying to sink the convoy, but failed. Then the cruiser HMS Charybdis and the destroyer HMS Limbourne arrived at the scene, but the 4th German E-Boat flotilla was guarding, and in two minutes both British ships were sunk by torpedoes. Most of the 600 men on the Charybdis were killed. Later, the RAF launched another attack to try to sink the ship in Cherbourg. This was again unsucessful with the loss of many Spitfires and Typhoons. Finally the Münsterland was sunk off the Netherlands by Beaufighters after other attacks. The Charybdis was located in 1993 on 83 m depth. Limbourne remains to be located.
Archisub
Bretagne FRANCE |
publié en avril 1999 dans Nordic Underwater
Archaeology avec permission