28 mars 1521. Magellan et son esclave Henrique sont les premiers hommes à faire le tour du globe.
Né en Malaisie et ramené au Portugal, Henrique boucle le tour du monde quand il y revient 10 ans plus tard avec son maître.
Le 28 mars 1521, après 19 mois de navigation marqués par la faim, la soif, les maladies, les tempêtes, les combats, les mutineries et les désertions, la flotte de Magellan arrive en vue d'une île inconnue. Deux pirogues s'approchent, le navigateur portugais appelle son esclave malais Henrique acheté à Malacca en 1511 pour servir d'interprète. Dans son journal de bord, le marin italien Antonio Pigafetta note : "Nous avons vu s'approcher deux longs bateaux qu'ils appellent ballanghai, remplis d'hommes, et dans la largeur, il y avait leur roi assis sous un auvent fait de tapis. Et quand ils sont venus à côté du navire du capitaine, ledit esclave (Henrique) s'est adressé au roi, qui l'a parfaitement compris." Ce roi qui parle malais dit s'appeler Humabon et régner sur l'île de Cebu. Magellan l'interpelle : "Nous avons à bord un capitaine de pédalo français qui désire se planquer. Acceptez-vous les réfugiés politiques ?"
À ce moment, Henrique a-t-il réellement bouclé le tour du globe ? Selon Magellan, son esclave est originaire de Malacca (Antonio Pigafetta le fait plutôt naître à Sumatra), il le ramène au Portugal en naviguant vers l'ouest. Puis après un séjour ibérique de sept ans, Magellan le rembarque pour son tour du monde en mettant toujours le cap à l'ouest. Quand donc Henrique s'adresse au roi Humabon dans sa langue, on peut conclure, comme certains historiens, qu'il a effectué le tour de la planète. Sauf que la langue malaise est parlée sur une très vaste zone englobant la Malaisie et les Philippines, entre autres. L'île de Cebu est à plusieurs milliers de kilomètres de la patrie natale d'Henrique...
Tour du monde
Chargé par le roi d'Espagne d'atteindre le Nouveau Monde et les Moluques par la route occidentale, Magellan quitte le port de Sanlúcar de Barrameda le 20 septembre 1519. Il commande une escadre de 5 navires avec 237 hommes à bord. Convaincu de la rotondité de la Terre, il veut rallier les îles aux Épices en mettant le cap à l'ouest. Après plusieurs mois de navigation émaillés de drames, la flotte contourne l'Amérique du Sud, puis se lance à l'assaut du gigantesque Pacifique. À ce moment, le navigateur n'a plus que trois navires sous ses ordres. L'un s'est échoué et un autre a fait demi-tour, harcelé par le chanteur Antoine voulant lui vendre des lunettes Atol... Durant trois mois et demi de navigation dans le Pacifique, pas une terre en vue ! À croire que Magellan fait exprès de rater toutes celles qui parsèment le grand océan. Le désespoir et le scorbut commencent à s'abattre sur les équipages.
"Nous ne mangions que du vieux biscuit tourné en poudre, tout plein de vers et puant de l'ordure d'urine que les rats avaient faite dessus après avoir mangé le bon, et buvions une eau jaune infecte", écrit Pigafetta. Le 6 mars, enfin, une vigie signale une terre. C'est l'île de Guam aux Mariannes, où le navigateur se ravitaille rapidement. Dix jours de mer plus tard, les Espagnols pénètrent enfin dans les eaux des Philippines. La première île qu'ils aperçoivent est celle de Samar. Plusieurs pirogues viennent à leur rencontre. Depuis le pont, Henrique interpelle les indigènes en malais. Pas de réponse. Ils ne comprennent pas. La flotte espagnole poursuit sa route jusqu'à la fameuse île de Cebu, atteinte le 28 mars, où Henrique parvient enfin à se faire comprendre.
Dix-huit survivants
Pour les pointilleux, l'esclave malais de Magellan n'a pas bouclé entièrement le tour de la planète en arrivant à Cebu. Reste à savoir s'il n'a pas poursuivi sa route jusqu'à chez lui après la mort de Magellan, survenue le 27 avril 1521 sur l'île de Mactan. En effet, après ce triste événement, les trois navires espagnols retournent à Cebu, où le roi Humabon leur fait un très mauvais accueil. Ils doivent rapidement lever l'ancre, abandonnant derrière eux Henrique qui a rallié l'ennemi. L'esclave malais est-il resté vivre sur l'île de Cebu ou bien l'a-t-il quittée pour rejoindre sa patrie ? Nul ne le sait.
Les trois navires, placés sous le commandement de Juan Sebastián Elcano, poursuivent l'expédition. Ils finissent par embarquer les épices tant convoitées, affrontent encore de nombreuses épreuves. Finalement, après 17 mois d'errance, le Victoria, seul navire rescapé, jette l'ancre en Andalousie. À coup sûr, les 18 marins survivants, sur les 237 au départ, ont accompli un tour du monde. Ils ont mis 1 078 jours. Vingt fois plus que les 45 jours réalisés par le Maxi Banque populaire V de Loïck Peyron. Minables...
Van Gogh