mardi 27 mai 2014

"LA COMEDIA E STUPENDA" !











"La commedia è stupenda!", chante-t-on au deuxième acte de La Bohême. Malheureusement, on n'est pas au XIXème siècle dans l'opéra de Puccini, mais le 26 mai 2014, dans un scandale de la vie publique, et au lendemain d'un cataclysme politique, dont il faut espérer que la France, un jour, se remette.
L'affaire, dite Bygmalion, est extraordinaire. L'UMP ne peut que le reconnaître : les dirigeants du parti dont elle est issue, le RPR, n'ont pas eu de mots assez durs, dans les années 1987/1989, pour condamner, à juste titre, l'affaire Urba qui avait mis en lumière le financement occulte du Parti Socialiste.
Les larmes d'un homme réputé solide, Jérôme Lavrilleux, ce lundi soir à la télévision, soulignaient tristement le spectacle le plus lamentable de télé-réalité que la France pouvait s'offrir aujourd'hui. Lieutenant irresponsable ou vaillant petit soldat ? Seul coupable, le poids de sa faute sur les épaules, ou spadassin sacrifié pour couvrir Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy, à la veille de règlements de compte à l'UMP ? Il faisait peine à voir, il a fait comprendre qu'il n'était pas seul dans son wagon, et la justice dira ce qu'il en est.
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On a du mal à croire que le patron d'un parti ne sache rien de sa comptabilité. On a du mal à croire qu'un président-candidat ignore tout du financement de sa propre campagne. Jean-François Copé lui-même, lors de l'affaire Cahuzac ou lors de la révélation des écoutes concernant Nicolas Sarkozy, assurait qu'il n'y avait que deux hypothèses : ou le Président et ses ministres mentaient en disant qu'ils ne savaient rien, ou ils étaient des incapables, d'une légèreté à toute épreuve. C'est l'arroseur arrosé : regardez ici, sur Le Huff, c'est édifiant, la vidéo de Jean-François Copé qui fustigeait alors les socialistes.
Quant au Président de la République, il est venu à la télé, parler à contre temps... et pour ne rien dire.
S'il s'exprimait dès ce lundi, de l'Elysée, sans même attendre d'aller à Bruxelles convaincre les Européens que la parole de la France resterait inchangée, comment pouvait-il ne pas se soumettre à un mea culpa sur les deux années passées ? Certes, les élections européennes "ont livré leur vérité douloureuse" comme il dit, mais, même si François Hollande estime que les reproches qui lui sont faits sont injustes, comment ne pas entendre que c'est la gestion de son début de quinquennat que les électeurs ont condamnée ? Il y a des forces anti-européennes en Italie ou en Allemagne, mais Matteo Renzi ou Angela Merkel, ont été confortés, eux, pas sanctionnés.
Enfin le Front National s'est livré à une drôle de danse du scalp, obligeant assez mystérieusement une de ses élues d'hier à démissionner. Elle s'était prononcée pour le droit de vote des étrangers aux élections locales : on l'a punie ? Elle laisse la place à un homme, troisième de liste : est-ce un détournement de la règle de parité ? Et un autre cas se profile, dit-on. Quoiqu'il en soit, c'est déjà faire bon marché du suffrage universel que Marine le Pen vénère tant...
On aimerait rire, on ne peut que pleurer. Nicolas Sarkozy est gravement blessé. François Hollande va très mal. Marine le Pen dispose de ses élus. Les dirigeants français sont coupés du monde. Le PS est en miettes, l'UMP explose, le FN se rit de tout. La commedia è stupenda...










 

 

 








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