mardi 27 mai 2014

SOUS FRANCE

Jean-François Copé au soir des élections européennes du 25 mai 2014.

  ©  Le Point

Copé-Bygmalion : histoire d'une descente aux enfer

Voici les 8 épisodes d'une tragédie qui a finalement coûté son poste à Jean-François Copé, le Iago de l'UMP. Retour sur le scandale qui ébranle la droite.


L'affaire Bygmalion aura finalement décapité l'UMP. Mardi 27 mai, au cours d'un bureau politique marqué par les aveux, la veille, de Jérôme Lavrilleux, ex-directeur adjoint de campagne de Nicolas Sarkozy, et de Patrick Maisonneuve, avocat de la société de communication, la direction du parti a démissionné collectivement. 
Retour en 8 dates sur l'affaire qui secoue l'opposition

28 octobre 2008. 
Bastien Millot crée la société de communication Bygmalion avec Guy Alvès, proche comme lui de Jean-François Copé. Bastien Millot est depuis 2005 directeur général délégué de France Télévisions chargé de la stratégie, de l'innovation et de la communication. À la naissance de Bygmalion, il se met en congé sabbatique pour un an - un congé renouvelé l'année suivante pour création d'entreprise.

 
 
24 avril 2013. 
Selon Le Canard enchaîné, Bastien Millot a signé le jour même de son départ de France Télévisions, le 31 octobre 2008, pour près de 144 000 euros de contrats au profit de la société qu'il venait de créer. Une information judiciaire, confiée à Renaud Van Ruymbeke, est ouverte en juin 2013 sur des soupçons de "favoritisme et prise illégale d'intérêts". Les missions se multiplient pour une somme totale, selon l'hebdomadaire satirique, de 1,2 million en quatre ans.

27 février 2014.
Le Point révèle que Event & Cie, filiale événementielle de Bygmalion, a touché de l'UMP au moins huit millions d'euros pendant la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2012 en surfacturant des prestations. Jean-François Copé dénonce des "méthodes dignes de l'Inquisition", assure qu'il portera plainte. Il exige en outre la transparence financière de l'ensemble des formations politiques et de la presse.

5 mars 2014. 
Le parquet de Paris ouvre une enquête préliminaire sur les accusations de surfacturation. Maître Patrick Maisonneuve, avocat de Bygmalion, assure qu'elle "aura le mérite de faire la démonstration" que les accusations sont "sans fondement". Même son de cloche à l'UMP : la justice "permettra de tordre le cou aux allégations calomnieuses et mensongères du Point".

11 avril 2014. 
Bastien Millot est mis en examen dans l'affaire France Télévisions pour "recel de favoritisme" et Patrick de Carolis, président du groupe de 2005 à 2010, pour "favoritisme".

15 mai 2014.
 Libération dévoile de nouveaux chiffres. Entre janvier et juin 2012, l'UMP aurait réglé à Bygmalion près de 20 millions d'euros. La société aurait notamment organisé 55 conventions pour environ 12,7 millions - des événements qui, sur le site de l'UMP, ont laissé peu de traces. Sur l'une des factures consultées par le journal, l'ancien ministre Pierre Lellouche est cité comme le principal intervenant d'une conférence sur l'accès au crédit, organisée le 30 mai 2012 (soit près de trois semaines après la défaite de Nicolas Sarkozy) et chiffrée à 299 000 euros. Interrogé, il conteste formellement y avoir participé. Jean-François Copé continue pourtant de dénoncer des "allégations" visant à déstabiliser son camp avant le scrutin européen.

Le clan Fillon, le député Lionel Tardy en tête, exige des explications. Copé promet de "dire exactement ce qu'il en est" après les élections. Le 22 mai, il reconnaît avoir des "interrogations" sur Bygmalion.
26 mai 2014. 
Quelques heures après la gifle historique assénée par le Front national aux partis de gouvernement, l'UMP explose. Maître Patrick Maisonneuve reconnaît de "fausses factures" puis de "vraies fausses factures", parle d'une "affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy" et d'un système mis en place à la demande du parti pour dissimuler les dépenses liées aux meetings du président-candidat en 2012. Dans l'après-midi, des perquisitions commencent à l'UMP, chez Génération France, l'association politique de Jean-François Copé, ainsi que chez Bygmalion. Dans le même temps, Pierre Lellouche annonce qu'il a déposé une plainte pour usurpation d'identité.

Le soir même, invité par BFM TV, Jérôme Lavrilleux, l'ex-directeur adjoint de la campagne de Nicolas Sarkozy, reconnaît que des prestations fournies par la société Bygmalion ont été indûment facturées à l'UMP au lieu d'être imputées aux comptes de campagne du candidat. Il admet que ces manières de facturer "sincères mais non conformes" étaient une façon de "ventiler" des dépenses liées à la campagne. Il dément tout enrichissement personnel et, les larmes aux yeux, assure que Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy ne savaient rien.

Revivez le déroulement des événements du 26 mai.

27 mai 2014. Au cours du bureau politique de l'UMP, Jean-François Copé démissionne avec l'ensemble des membres de la direction. Mais l'affaire Bygmalion est loin d'être finie. Dans son édition du 29 mai, Le Point fait de nouvelles révélations sur "la cuisine de M. Copé". Selon notre enquête, 26,7 millions d'euros sont allés, en deux ans, des caisses de l'UMP à celles de Bygmalion. Le Point révèle en outre qu'après la signature de ses contrats avec France Télévisions la société de Bastien Millot a versé 120 000 euros à Patrick de Carolis.

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Retrouvez l'intégralité de notre enquête sur Bygmalion et Jean-François Copé dans le n° 2176 du Point en kiosque mercredi 28 mai, et à consulter en avant-première en version numérique sur notre boutique ou sur l'App Store.