lundi 11 mai 2015

ESCALES AUX ILES DU NORD



 St Barthelemy, St Martin, Saba, St Eustache, St Christopher, Nevis, Montserrat, la Guadeloupe, la Dominique
 L’étape est un peu plus longue que d’habitude entre Barbuda et Saint Barthélemy : environ 60 miles nautiques. AFRODITE peine, il n’y a guère de vent ces derniers temps et par sécurité, nous tenons à arriver de jour. La nuit est étoilée. Le phare de Codrington est derrière nous, sur le lagon, et l’antenne flash du petit aéroport également, qu’on apercevra jusqu’à 15 miles au large. Les fonds marins sont très hauts et très plats. Nous devrons parcourir plus de 10 miles avant d’avoir des profondeurs de 20 mètres.
Cap au 183° vers Saint Barthélemy. Je veille jusqu’au lever du soleil pendant que Jean achève sa nuit. J’aime bien naviguer de nuit par temps calme. Je compte les étoiles filantes. Pas assez des doigts de mes deux mains… La lune est paresseuse. Elle se lève à peine deux heures avant l’aube. Au lever du soleil Jean apparaît, à temps pour voir deux dauphins qui bondissent près de AFRODITE.
On se prend un frugal petit déjeuner. Il y a à peine 10 nœuds de vent, on avance lentement. Je me couche un peu et au bout d’une heure Jean me réveille, excité, car il a attrapé un poisson au bout de sa ligne de traîne, un petit barracuda. On le mangera ce soir. A partir de midi, c’est la pétole, les voiles pendouillent tristement. Vers 13H00 on remet un peu de moteur, il nous reste 15 miles à parcourir.
Il fait très chaud, on se cache du soleil. A quelques miles de Saint Barth, alors que le  Cap' ferle la grand voile, une baleine nous montre son dos, puis avec sa queue donne de grandes claques sur la mer. Elle souffle ensuite son jet d’eau de pommeau de douche renversé. Nous sommes ravis du spectacle.
Les côtes de St Barth apparaissent, splendides, sèches, rouges, rocailleuses, très découpées. L’île est incroyablement vallonnée, sans avoir pourtant de massif dépassant 300 mètres d’altitude. Une terre aride donc, avec des arbustes, des cactus-cierges, peu d’arbres, à l’exception de quelques cocotiers et lataniers dont les fibres sont encore utilisées pour fabriquer les célèbres panamas. Quelques grosses villas sont accrochées aux pentes raides. Nous arrivons à Gustavia,  la capitale. On ancre  et on fait quelques courses et une connexion internet plus tard, nous faisons une brève reconnaissance de Gustavia. C’est tout petit. Les abords de la marina ne sont que boutiques de luxe mignonnes à très chics. St Barth est le St Tropez des Antilles. La population est quasi exclusivement blanche. Les 5000 habitants sont les descendants des Normands et des Bretons qui s’installèrent ici voilà plus de trois siècles. Ces antillais sont donc majoritairement blonds aux yeux bleus. Ils résistent depuis 30 ans à toutes les tentations du tourisme de masse. Pas d’immeubles, interdiction de bâtir une maison plus haute qu’un palmier. Les Saint-Barths (ou Babath’), qui ne souhaitent pas voir leur île envahie par des hordes de touristes en mal de soleil, ont opté pour la sélection par l’argent. L’île est ainsi devenue un paradis pour milliardaires, stars et autres membres de la jet-set.
Plage sur la côte caraïbe


Ici c’est un port franc et également une collectivité autonome française, donc pas de douane ni de taxes.
Il y a une quarantaine d’années un Néerlandais, marin et aviateur fit construire les premières routes, inaugura une piste d’atterrissage à ras des collines pour relier St Barth aux autres îles.
Les touristes arrivèrent très vite et les heureux propriétaires purent se frotter les mains en voyant augmenter le prix de leurs terrains.
La population augmenta rapidement (Français métropolitains et Nord-Américains).
Pour éviter que la prolifération du béton n’envahisse trop toutes les collines et le plages, une règle a été instituée : « une maison bien protégée dans un large espace ».
Rares et chers, être propriétaire ici n’est pas à la portée de toutes les bourses (Jet Set, Américains fortunés). Il parait que Harrison Ford y aurait une résidence mais nous ne l’avons pas rencontré!!! (dommage car pas mal le mec!).
Cette fréquentation n’a pas été sans influence sur les tarifs pratiqués et je peux vous dire que la vie y est très chère (bien qu’il n’y ait pas de taxe!)Le port en lui-même est une concentration de Yachts (avec équipages bien sûr) comme à Saint Trop'!
Ce matin, après les formalités, nous sommes accueillis par Dior, Chanel, Vuitton etc…..Autour du port s’alignent des petites maisons aux toits rouges le long de quelques rues rectilignes.On retrouve quelques restes de l‘architecture nordique (par exemple les clochers suédois).
 






Cette terre minuscule (25 km², le tour est bouclé en moins d’une demi journée, en voiture) est pourtant restée très paisible et sobre. Rien à voir. Ici on se repose, on se baigne, on rêve, on prend le temps…Pour quitter la petite ville de Gustavia, ce ne sont que ruelles aux pentes tellement raides que nous sommes découragés d’avance. Pas envie de jouer aux montagnes russes sur ces routes de ciment. Nous nous contentons donc de visiter les abords immédiats du la marina. Il y a là suffisamment à admirer, on trouve encore des vestiges du passé suédois de Gustavia, qui se prépare à accueillir une course prestigieuse. Les concurrents arrivent au quai d’honneur. Quelques uns sont déjà là : Endeavour, Ranger, Victoria, Shamrock, Ticonderoga of Greenwich, … De belles bêtes de course entre 70 et 80 m de long, racées, élégantes, menées par des équipages professionnels.

Le magnifique 5 mâts du Club Med ...

Nous restons deux jours au mouillage de Gustavia puis nous déménageons pour l’Anse Colombier, au nord de St Barth. L’endroit est tranquille, aussi beau que paisible. La plage n’est accessible qu’en bateau ou à pied après une randonnée sur un sentier surplombant les falaises. Au mouillage, à côté des bateaux, nous voyons de temps en temps comme de gros cailloux ovales surmontés d’un petit périscope qui se lève deux fois puis disparaît. Le caillou coule ensuite en montrant son petit gouvernail. Ce sont les majestueuses tortues de mer. Au Colombier, nous aurons l’occasion de les admirer sous l’eau. Le fond de sable est tapissé de grandes herbes qui leur servent de salade. Elles broutent en nous observant de leurs grands yeux placides.
On est drôlement bien dans ce mouillage sauvage ! Spectacle sous l’eau et spectacle sur l’eau. En face de la baie, les bêtes de course s’entraînent et font les derniers réglages pour la régate du week-end : on sort toute la toile, on envoie le spi, on vire de bord, on empanne, … précision et rapidité de manœuvre, c’est époustouflant.
Nous quittons St Barth pour sa voisine Saint Martin, en passant par l’île de la Fourche puis l’îlot de Tintamarre. Plus de vent. Nous sommes cette fois au moteur. Devant Tintamarre nous voyons s’ébattre deux cachalots.

     
 
 
 
Aujourd'hui  je vais vous parler de notre escale à Saint Martin!! 
 Plage sur la côte caraïbe
Petite présentation: 
 
L'île de Saint-Martin est située au Nord-Est de l'archipel des Antilles, à environ 250 km au nord de la Guadeloupe. Partagée en deux, au nord la partie française et au sud, la partie hollandaise, Saint-Martin possède 36 plages : côté mer des Caraïbes, Baie longue, Baie aux poires, Baie rouge et Happy bay, nous ouvrent leur banc de sable blanc ; côté océan Atlantique, la Baie orientale et Oyster bay accueillent les surfeurs.

Le port d' arrivée de  Philipsburg est la capitale de la partie hollandaise. L' ensemble des touristes attend avec impatience cette escale car c' est l' endroit des boutiques de produits détaxés.
Mais là je suis obligée de vous dire que ce n' est pas si interessant.
     
    


WELCOME TO ST MAARTEN!!!




  
RECIT
 
" Accoudés au  bastingage, un verre frais à la main, nous contemplons les Terres-Basses qui défilent rapidement, dévoilant une à une des propriétés plus somptueuses les unes que les autres. La partie hollandaise est toujours aussi anarchique avec une urbanisation sans réelle organisation, désinvolte dans ses dissonances entre d'énormes immeubles écrasant d'autres plus anciens, plus bas, sans style. Mais le côté français a su profiter, semble-t-il, d'un plan plus élaboré. Alors qu'on distingue bien les maisons montant à l'assaut des mornes du côté hollandais, la partie française semble toujours très verte, sauf sur un morne lointain qui paraît couvert d'habitations à son sommet: sans doute le fameux village écologique dont tout le monde me parle...
L'hôtel de la Collectivité, juste au pied de l'immense tour Soualiga (surnommée la Bluff Tour tant elle est impressionnante du haut de ses 90m), telle un phare, signale de très loin l'entrée dans la baie. Bien avant la pointe du Bluff déjà, nous la voyons dépasser les constructions de la Nouvelle Créole dont la tour, qui avait résisté au cyclone Luis, semble écrasée malgré la distance entre les deux : à l'époque de sa conception elle avait fait couler beaucoup d'encre... Mais il est vrai que maintenant que la baie s'ouvre et qu'on la découvre, on ne peut qu'admirer cet immeuble élancé, élégant, imposant sans être écrasant pour le reste de Marigot toujours tapie derrière son ombre. Indiscutablement une réussite de l'architecte et urbaniste Li Yu qui a eu l'idée d'un immeuble de prestige, à énergie positive, mêlant hôtellerie, centre de congrès, casino à la française, bureaux et appartements de grand standing dans un trou perdu des Caraïbes, idée qui lui avait paru une telle incongruité qu'il en avait d'abord ri, avant d'être séduit par le charme indéfinissable qui émanait de cette petite bourgade endormie, mais que son génie visionnaire imaginait déjà comme la perle des Caraïbes... Le résultat est surprenant. Je ne l'avais jamais vue qu'en photo, et encore, virtuelle, mais ce n'était qu'une pâle représentation de sa majesté. Pari fou, mais pari réussi....
La  nuit déjà bien avancée, nous goûtons la fraîcheur du soir en contemplant, depuis la terrasse du restaurant sommital de la tour Soualiga, l'immense panorama lumineux qui s'ouvre devant nous. Entre les éclairages publics, ceux savamment distillés par la tour, ceux majestueux de l'Hôtel de la Collectivité, les murs du vieux Fort Louis, les concours d'éclairage de maisons, si traditionnels en fin d'année, c'est une féerie multicolore de laquelle s'élève un joyeux brouhaha, mélange du bruit de la foule qui se presse encore nombreuse sur les quais, au-delà de la grille d'enceinte du port, mais aussi des dizaines de bistrots et de restaurants qui parsèment le Front de Mer. Dans quelques jours,  nous bougerons sans doute  pour aller à Gustavia et reviendrons admirer les dizaines de grands yachts, tous plus illuminés et rutilants les uns que les autres, soigneusement alignés le long des quais de la Bluff Bay Marina (anciennement Fort Louis)."
" Dans la matinée nous filons découvrir  cette île, autrefois en faillite, et maintenant prospère et habitée par plus de 50.000 personnes de 120 nationalités différentes (partie française seulement). Un bon génie semble s'être penché sur son sort car plus rien des immeubles délabrés d'autrefois ne borde les rues. Ce sont toujours les mêmes, parfois un peu embellis pour retrouver plus d'aspect créole, mais surtout propres et repeints. Certains ont disparu pour faire place à de jolis parcs publics. Bizarrement on ne voit plus de voitures à part des navettes électriques, genre voiturettes de golf à dix places, qui circulent silencieusement. A l'exception d'une rue par où traverser la ville ou s'en échapper, le reste est devenu piétonnier et plus aucune voiture ne stationne le long des trottoirs. L'explication est vite trouvée devant une ouverture béante qui avale sans discontinuer les véhicules : les trois étages aériens du parking, joliment décorés, et bordés de petits commerces, doivent cacher d'autres places dans les entrailles de l'immeuble. On a tôt fait de traverser une bourgade déjà bien éveillée où la foule  se presse dans les commerces pour des emplettes .
A la sortie vers Bellevue, c'est la grande découverte. Passée la côte, la longue ligne droite autrefois bordée de végétation est maintenant complètement construite. Sur la droite, une importante zone commerciale, largement ouverte et bien arborée, et qui semble mener jusqu'au lagon, mais un petit tour dans les allées montrera qu'il n'en est rien. En fait, plusieurs chantiers navals bordent le lagon et l'on aperçoit la digue pont qui coupe depuis Sandy Ground. Des dizaines de bateaux sont sur les terre-pleins soigneusement bétonnés, mais d'autres attendent encore sagement à quai. On a dû creuser, car avant il n'y avait pas d'eau à cet endroit. Mais c'est au retour sur la grand route, maintenant à deux fois deux voies (une lente et une rapide de chaque côté pour ne pas être ralenti par ceux qui quittent la route) que nous découvrons que toute la cuvette vers les collines est occupée par ce qui semble être un parc d'attractions, mais qui après vérification est un éco-musée, si j'en juge par le panneau à l'entrée vantant boucaniers, pirates et autre indiens Arawaks. Un aquarium géant fait aussi partie du site. A la frontière, ne tenant pas vraiment à aller en partie hollandaise, nous prenons le rond point à l'arrivée de la route de l'aéroport (avec le pont tournant) et contournons la cuvette d'où nous découvrons, noyées dans la végétation, toutes les constructions de l'éco-musée où se presse déjà une foule nombreuse parmi les différentes attractions, entre cabanes de pirates ou de boucaniers et huttes d'indiens Arawaks sans doute attaqués par de vilains indiens Caraïbes lors de scènes reconstituées. Sans arrêt, on voit des bus provenant de la partie hollandaise se ranger méthodiquement sur le parking et déverser leur cargaison avide de sensations puisqu'une grande roue, un toboggan géant et un circuit de montagnes russes agrémentent aussi l'endroit, et sans doute bien d'autres curiosités.
 
La route serpente à flanc de collines parmi les arbres que je ne soupçonnais pas si grands et qui dévoilent régulièrement de beaux panoramas sur la baie. Par un petit col au-dessus de Bellevue, nous débouchons dans la cuvette de Marigot. La ville s'est bien étendue, montant à l'assaut des collines alentour. Le large ruban d'asphalte nous mène autour de la ville qu'elle contourne sans s'aventurer vers le col du Mont des Accords (Concordia). C'est tout à l'arrière de Spring, sur les hauteurs, qu'un grand rond-point, en bordure du parking des cars pour le téléphérique du Pic Paradis, nous oriente soit vers le tunnel routier qui va à Quartier, soit vers la route des crêtes autrement plus agréable, mais évidemment moins fonctionnelle. Mais il fait si beau que nous choisissons cette dernière. La route décrit de beaux lacets et, petit à petit, se rapproche des sommets tandis qu'un quartier de belles villas noyées dans les bougainvillées, les manguiers, les tamarins et les flamboyants irradie de lumière. Un nouveau rond point se présente avec l'indication, cette fois, de Grand Case II. Je ne fais pas tout de suite le lien avant de comprendre qu'il s'agit de ce fameux village écologique. Nous décidons d'aller y jeter un oeil.  La route se faufile autour du village de Colombier qui a gardé, malgré la chaussée qui le surplombe, son aspect paisible, authentique et champêtre, puis nous passons sous le Pic Paradis. Et enfin, nous sautons une petite crête au-dessus du lotissement Savannah pour atteindre un nouveau rond-point. Décidément, ils sont atteints de la même maladie qu'en France! Il est vrai que cela se justifie et nous l'empruntons pour gagner le parking. Nous ne pouvons monter au village où ne sont autorisés que les résidents (et encore, pas tous, une voiture par maison, pour autant qu'elle dispose d'un parking privé ou un garage) et les livreurs. Une navette, par contre, nous y amène, franchissant une belle porte fortifiée à la mode médiévale, revue antillaise.
Quelques minutes plus tard, nous déambulons dans les rues étroites, entrecoupées d'escaliers latéraux qui permettent des raccourcis pour les courageux. En montant, nous avons pu constater que les premières pentes sont occupées par des maisons espacées sur des terrains arborés. Par contre, ici, elles sont la plupart du temps accolées dans un joli style créole avec des balcons couvrant des galeries de part et d'autres de la rue. Des varangues avec colonnades surmontée de toits à double pente complètent l'ensemble duquel de nombreuses bougainvillées cascadent et, parfois, de grands arbres se dévoilent dans un jardin ou autour d'une petite placette, rendant l'ensemble extrêmement fleuri, ombragé et joyeux. Partout des galeries de peintres et d'artisans d'art alternent avec des petits bistrots aux terrasses bien sympathiques, même si elles sont assez petites, ou encore des magasins de souvenirs pour les touristes. Parfois, l'immense terrasse d'un restaurant surplombe la pente vers Grand Case, dévoilant au loin Anguilla et les sentiers du parc botanique soigneusement entretenu qui couvre les pentes du morne de ce côté. La route, encombrée seulement de piétons, de vélos et de voiturettes électriques monte vers le sommet que nous atteignons pour y découvrir une sorte de grande terrasse avec en son côté sud une imposante construction d'un style plus ancien, imitant un peu une forteresse à la Vauban, dont les murailles baignent dans un petit étang entouré d'un beau parc où s'amusent les enfants. En fait, il apparaît bien vite que le château à l'allure de forteresse ancienne est un vrai château, mais d'eau, habillement camouflé en vestige pseudo historique. Une partie cependant, autour d'une cour intérieure, est consacrée à un musée gratuit qui explique le contexte du village. Ebahis, nous découvrons que le site est complètement auto-suffisant en énergie et recycle tous ses effluents qui, d'ailleurs, dans leur chute vers la station d'épuration, produisent l'énergie qui sert à faire tourner les pompes de relevage pour alimenter le château d'eau. Véritable vitrine des technologies nouvelles, le village produit depuis des années son électricité par un ingénieux système. Dans le bas du Morne O'Reilly, d'immenses serres permettent à l'air de s'échauffer autant qu'à cultiver (c'est là que sont arrivés les rastas après leur déménagement depuis les Jardins de Bellevue). L'air chaud s'élève par des canalisations percées au centre de la montagne qui lui permettent de gagner le sommet du morne pour s'y dissiper dans une sorte de mini tour de refroidissement élancée au-dessus du château, camouflée en donjon. Des turbines à la base sont entraînées par ce flux d'air qui est, paraît-il, même fonctionnel la nuit à cause de l'échauffement du sol, mais avec un rendement inférieur. Pour compenser cette perte, une partie de l'électricité générée la journée est utilisée pour pomper de l'eau dans l'étang que nous avons vu tout à l'heure au sommet. La nuit, il se vide en partie, produisant à son tour de l'électricité. Chaque maison est couverte de tuiles solaires. Finis les disgracieux panneaux en tôle ondulée, ici on utilise depuis longtemps ces tuiles qui produisent un peu moins, mais sont bien plus fonctionnelles d'autant qu'elles couvrent la totalité du toit. Seul bémol, les habituels et disgracieux chauffe-eaux solaires sont toujours bien là. Enfin, tous les déchets solides organiques, triés et convoyés par un réseau interne sous vide, sont transformés dans une centrale à Hope Estate par bio méthanisation qui fait ensuite tourner un classique générateur. Rien ne se perd. Génial. Surtout que dans le même temps, les climatiseurs sont bannis. A cette altitude (350 m), il fait déjà en moyenne 3 à 4 degrés plus frais qu'au bord de la plage, avec en prime l'alizé que rien n'arrête et qui ventile agréablement les maisons qui ont été étudiées en fonction de ce principe. Bien sûr, cela nécessite une adaptation. Plus question de laisser des papiers sur une table sans un poids dessus, sinon tout s'envole. Mais c'est bien peu payer. Les éclairages, même urbains, sont évidemment à led et tout gaspillage est chassé, vérifiant l'évidence que la première des énergies vertes est l'économie.
Dans les rues, nous croisons de nombreux groupes, chinois, japonais, américains, français aussi (quand même) ou européens, chercheurs, architectes, urbanistes, économistes, industriels, tous sont pilotés par des guides locaux, avenants et multilingues, qui dressent le portrait de ce village du XXIIème siècle. Tous se pressent dans un joyeux brouhaha. Les habitants, eux, habitués à ce flot continu de visiteurs toute l'année, n'y font même plus attention et vaquent à leurs occupations. Beaucoup sont artistes, d'autres sont des retraités, mais on trouve aussi de nombreux cadres de Saint Martin ou des chefs d'entreprises, des jeunes de partout attirés par ce symbole d'un autre monde possible, mêlés à une population d'apparence plus modeste. Nous avons même croisé le Préfet, aperçu hier à notre arrivée, et qui nous avoue sereinement habiter un logement de fonction ici.
Nous achevons notre visite en découvrant une belle route, un peu pentue, mais bordée de cocotiers élancés, qui plonge vers un hôtel cinq étoiles qui surplombe Grand Case, un peu en contrebas du sommet du morne. On y voit une belle piscine et un original téléphérique qui relie directement l'hôtel à la plage, par dessus la route et les maisons. Plage d'ailleurs largement plus étendue qu'il y a quelques années, sans doute engraissée artificiellement. Un quai s'élance tout droit dans la mer auquel sont accostés une dizaine de mégayachts."

" Après un excellent repas dans le meilleur restaurant du village, sous des voûtes qu'on dirait centenaires si l'on ne savait qu'elles ont été créées de toutes pièces voici une dizaine d'années, mais agréablement fraîches, nous avons repris la navette pour regagner la voiture .  De rond point en rond point, sans choisir de redescendre par Hope Estate, nous revenons sur nos pas pour retrouver la route des crêtes qui nous ramène vers Quartier, non sans passer dans un deuxième petit ensemble résidentiel, manifestement de luxe, ouvert cette fois vers l'Atlantique. Ils ont certainement dû payer la route panoramique qui relie les deux côtés de l'île... D'une pierre deux coups et un investissement qui n'aura coûté à la Collectivité que de dire oui à la modification de ce qu'on appelait dans le temps le POS (plan d'occupation des sols). La descente vers Quartier d'Orléans nous fait arriver presque à la frontière hollandaise à Belle Plaine au sein d'un important complexe de bâtiments devant lequel, d'un côté de la rue, trône un premier panneau annonçant fièrement "International University of Saint Martin" tandis que de l'autre, un non moins fier panneau affiche "Cirque de la Lune" du nom sans doute de cette célèbre troupe spécialisée dans les arts du cirque. Un peu plus loin, c'est tout un complexe sportif entouré de bâtiments, qui, pour être fonctionnels, n'en sont pas moins esthétiques, que nous découvrons, informés là aussi par un panneau, "l'International Institute of Saint Martin for Sport and Education".  Les bâtiments, typiquement créoles, sont dispersés dans un grand parc. Une rivière (la seule de Saint Martin en fait) serpente même, alimentant un petit étang. Des étudiants de toutes nationalités, jeunes gens et jeunes filles, se croisent ou se détendent à l'ombre des grands arbres. Les deux campus se jouxtent et sont un modèle de propreté. Manifestement, cela a déteint sur la ville en elle-même, car elle est devenue maintenant une bourgade mieux organisée, car tout semble plus neuf. Restent malgré tout les anciens immeubles de la zone sociale, mais j'imagine qu'avec le temps, ils vont finir par les raser et faire un habitat plus humain.
L'après midi commençant à toucher à sa fin, nous en profitons pour faire un dernier petit saut jusqu'à Oyster Pond où nous prenons un verre sur les pontons au resto du Captain Oliver. Ici, rien n'a vraiment changé. Quelques maisons en plus, mais toujours la même tranquillité. Nous apprenons au moment de payer, en euros, chose surprenante puisque avant c'était systématiquement en dollars, que le vieux contentieux territorial est enfin résolu et la marina est maintenant bien en partie française. Les Hollandais se sont enfin résolus à ratifier la convention de Montego Bay qui rejoint maintenant la vérité historique du partage des eaux tel que l'avait voulu le Traité de Concordia. Ce qui n'est que la simple logique.
 

Le soir tombe quand nous reprenons la voiture.  Pour aller plus vite, nous choisissons cette fois le tunnel qui part de la ravine de Grand Fond à Quartier pour passer sous la montagne et retomber dans les hauts de Spring au rond point du téléphérique, avant que la route plonge vers la ville en rejoignant le quartier de l'ancienne sucrerie, apparemment restaurée. En quelques courtes minutes, le tunnel nous ramène à Marigot où nous retrouvons, dès le débouché, l'imposante tour Soualiga rivalisant de hauteur avec le Fort Louis. Marigot est toute illuminée et partout la foule joyeuse se presse, aux terrasses ou dans les rues piétonnes. Demain, nous irons faire une autre promenade, notamment voir cette Nouvelle Créole que l'on dit si romantique, en traversant au passage une sorte de nouveau Port Grimaud que, paraît-il, ils ont construit un peu avant les Terres Basses. C'est un véritable petit village lacustre dont les canaux serpentent entre les résidences, les bateaux étant amarrés devant les maisons. Uniquement résidentiel, avec seulement quelques petits commerces de proximité, il paraît que c'est calme et agréable. L'attraction principale étant les gros yachts gagnant majestueusement le lagon par le nouveau chenal creusé. On verra cela demain..."
 
A ce moment, un violent coup de tonnerre ébranle l'air et me réveille brutalement. Mince, cela n'a pas dû tomber très loin. Je jette un oeil dehors pour constater qu'une fois de plus la centrale électrique a sauté!
Marigot est dans le noir...
Où est passée la féerie dont il y a encore une minute.....?
Je rêvais.....
Mais pourquoi diable n'était-ce qu'un rêve?

mais non, c'est pour de rire !
 

Bien sur, qu'on est bien dans les Caraïbes, pays des pirates!!!!!!





Faites de beaux rêves et à bientôt!!!




Dernier de Kinard Yves








Nous contournons St Martin par l’est puis par le nord et nous atteignons notre latitude nord extrême pour cette année 2015:
18°07'819 N – 63°01'996 W
avant d’arriver au Marigot, la capitale française. St Martin est un port franc et nous souhaitons y acheter quelques équipements. L’île est surprenante à plus d’un titre. Avant tout pour son extraordinaire coexistence politique. La France et les Pays-Bas se partagent ce petit territoire dans la plus parfaite harmonie depuis 1648. Christophe Colomb découvrit l’île en 1493 lors de son second voyage (toujours la même histoire) mais les Espagnols s’en désintéressèrent vite (manque d’eau, pas d’intérêt stratégique). Quatre Français et cinq Hollandais qui habitaient l’île prévinrent leur gouvernement respectif du départ des Espagnols. Chaque pays envoya une flotte. Et pour une fois, au lieu de s’empoigner et de se trucider, les deux nations décidèrent de se partager l’île par traité. Trois siècles plus tard, l’accord tient toujours. Et nul douanier ni contrôle policier à leur frontière.
Les habitants sont majoritairement noirs et parlent … anglais. Les paquebots débarquent leurs cargaisons de touristes américains qui envahissent les boutiques hors taxe de Phillipsburg, la capitale hollandaise. Dans la partie sud de l’île, hollandaise, l’influence américaine est en effet prépondérante. La partie nord, française, est rattachée administrativement à la Guadeloupe et en a suivi l’évolution politique, sous la forme d’un canton.
A Marigot, il n’y a pas grand-chose à voir ou à faire, à part la marina et le bord de mer, le marché du mercredi ou du samedi matin ou, vers le port, les vieilles maisons en bois de style caraïbe. Il y a aussi l’immense lagon de Simpson Bay, traversé par la frontière, et où sont installés les marinas, la plupart des ateliers de réparation et les shipchandlers free tax.
Dans la grande baie de Marigot il y a des centaines de bateaux. Le mouillage n’est pas très confortable à cause d’un fort clapot quasi permanent. La vue sur la côte n’offre pas d’attrait particulier. La plage est surmontée de nombreuses constructions. Au large, en face, se déroule l’île d’Anguilla, toute en longueur, également très bâtie. Le soir, Anguilla n’est qu’un long ruban illuminé.
Nous passons quatre jours à Marigot, occupés par l’avitaillement, travaux d’entretien, la lessive, le repérage du matériel à acheter chez le grand shipchandler installé dans la partie hollandaise du lagon, l’achat du matériel. Pendant une longue navigation, certains équipements s’usent et doivent donc être remplacés, d’autres doivent être améliorés pour faciliter la manœuvre.


Nous quittons (enfin) le Marigot pour un petit mouillage comme je les aime, calme et isolé, à la Anse Marcel. Là, nous allons avec notre dinghy découvrir le chenal qui démarre en bord de plage et qui mène à la superbe petite marina de Port Lonvilliers. C’est le meilleur trou à cyclones de l’île, complètement fermé et protégé de toutes les directions. Le chenal est vraiment très étroit mais il a été creusé pour avoir 3 mètres de fond. Il forme un bras de mer derrière la plage.
















Nous partons le lendemain vers l’île de Saba




Nous avons décidé pour descendre de visiter le maximum d’îles qui se présentent sur notre route, quitte à faire de petits détours.

La plupart des bateaux qui quittent St Martin pour le sud descendent directement sur Antigua. Nous préférons poursuivre la découverte des Antilles néerlandaises Sous le Vent, en passant par Saba et Saint Eustache (Statia de son petit nom).

Nous quittons l'Anse Marcel et St Martin avec environ 15 nœuds de vent, juste assez pour que AFRODITE aille bien. Les côtes de St Martin nous paraissent plus belles depuis que nous avons découvert d’autres mouillages que le Marigot. Un bout d’arc-en-ciel nous fait risette. Anguilla se prélasse, longue et plate, à tribord. Les îles se bousculent dans ce coin ; derrière nous, à part Anguilla au nord, on voit St Barth dans le prolongement sud de St Martin. En face de nous, Saba, notre destination du jour, et dans l’alignement sud-ouest, St Eustache, St Christopher (St Kitts pour les intimes) et Nevis.



La traversée est calme. La houle est de sud-est et le vent aussi. Plus tard le vent faiblit et nous faisons les deux dernières heures au moteur.


Des îles aussi petites qu'un cachet d'aspirine


Entre Saint Barth. et la Guadeloupe, Saba, Statia, St Kitts et Nevis sont de toutes petites îles volcaniques.

Arrivée à Saba, îlot de 13km² (Antilles Néerlandaises-colonie autonome), l'atmosphère est humide, il pleut par intermittence et le ciel est gris. Au loin, on aperçoit un rocher, abrupt, isolé du monde par le peu de mouillages abrités. La houle rend son accès difficile. Un escalier taillé dans le roc mène à la "old customs house" et aux quelques maisons. L'endroit est superbe, dénudé de sable et confère à ce lieu un caractère insolite et inhospitalier. Nous n'y resterons qu'une nuit.


Saba nous fait très forte impression. C’est un volcan éteint de seulement 3 km de diamètre, qui surgit de la mer en un pic de 940 mètres. Très spectaculaire ! La petite taille de l’île ne lui permet pas d’offrir beaucoup de protection contre la houle dominante. Nous mouillons à « Ladder Bay » (qui n’a rien d’une baie), sur l’un des cinq corps-morts disponibles, par presque 20 mètres de fond, au bord de la falaise qui plonge abruptement dans l’eau. Le paysage est grandiose.

On se sent tout petits face à cette masse volcanique qui nous domine. Nous sommes aux pieds du « Ladder », cet escalier de 800 marches creusées dans la roche, qui a longtemps été le seul moyen d’accès de l’île. Aujourd’hui un minuscule port a été construit, un peu plus au sud, ainsi qu’un petit aéroport sur la seule partie plate de l’île (uniquement pour pilotes chevronnés et passagers amateurs de sensations fortes !).

Nous passons la soirée à bord à admirer les tortues carets et le coucher de soleil, savourant notre bonheur d’être là. Le lendemain matin nous mettons l’annexe à l’eau, sans le moteur hors bord car les rouleaux qui déferlent sur les 20 mètres de galets noirs qui servent de plage de débarquement nous rendent méfiants. Nous arrivons sans encombre, malgré le petit vent et les vagues, au pied de cet escalier si raide que même un âne n’en voudrait pas.
Nous gravissons courageusement les marches les unes après les autres. Il fait lourd. Une averse nous rafraîchit en arrivant à The Bottom, la petite capitale. Il y a seulement 3 villages sur cet îlot sauvage : le Bottom (qui est plus un « haut » qu’un « fond »), Windwardside et Hell’s Gate.
Tout un programme !
Jusqu’en 1958, les villages n’étaient reliés que par de petits sentiers escarpés. Bien que des experts en Génie Civil aient déclaré que la construction d’une route était impossible sur un tel relief, les habitants leur ont donné tord en la construisant eux-mêmes. Et quelle route, avec de sérieuses grimpettes et des virages hyper serrés !
Les villages sont soignés, proprets et pittoresques, avec des maisons en bois blanches aux volets verts surmontées de toits rouges. La vie y est tranquille. Les habitants sont cordiaux et apprécient de tailler une bavette avec les rares visiteurs. La langue officielle est le néerlandais mais tous parlent anglais.
Après les formalités de clearance et un tour de l’île, nous redescendons le Ladder vers notre dinghy. Le vent s’est levé mais la mise à l’eau s’effectue sans problème malgré les vagues. Par contre le retour au bateau à la rame est épique. Nous avons le vent et la mer contre nous. On n’avance pas. Je dirai même qu’on recule, et vers le large. Je m’épuise à lutter contre le vent pendant que Jean m’encourage puis s’énerve devant mes faibles forces. Lui a de sérieux biscoteaux. Moi je ne suis qu’une faible femme (…). Bon, l’heure n’est pas aux engueulades ni à programmer la remise en forme de mes biceps. Face à l’urgence de la situation nous nous agrippons au premier (et d’ailleurs seul et unique) bateau situé entre la plage et AFRODITE. Nous l’agrippons est bien le mot, nous souquons ferme pour y arriver, j’y mets mes dernières forces et nous l’attrapons de justesse avant que le courant nous fasse passer à côté. C’est un tout petit catamaran, il n’y a personne à bord , personne dans les environs, rien que les vagues et le vent, et Petrushka à 200 mètres à peine, inaccessible. Je reprends mon souffle, j’ai les muscles qui tremblent, tétanisés. Il ne faut compter que sur nous-mêmes. Profitant d’une petite accalmie de vent, nous décidons de repartir à la rame. Gros effort. Petits coups de rame rapides et cadencés (beaucoup plus efficace, soit dit en passant, que les longues brassées que me recommandait Jean jusqu’ici…) et nous y sommes ! 40 minutes pour parcourir 350 mètres ! Il me faudra une bonne sieste puis un petit bain de mer pour m’en remettre.Entre-temps, le vent est devenu très fort, soufflant du nord et notre mouillage n’est pas abrité. La nuit sera agitée, Afrodite faisant des ruades et se cabrant sur son corps-mort. Rodéo dans une forte houle. Nous nous levons chacun plusieurs fois pour vérifier la tenue de notre amarre qui craque et vibre.
Au petit matin, nous nous concertons : nous aurions aimé approfondir notre découverte de Saba, mais dans de telles conditions il est préférable de poursuivre notre route et de chercher un mouillage plus abrité.
Direction Statia
Au mouillage, nous avions un vent rabattant de nord, mais en se dégageant de l’île de Saba, il se révèle être en réalité de SE, c'est-à-dire en plein pif ! Il est fort, d’environ 25 nœuds, et les creux atteignent 2,5 m. La navigation est très inconfortable. AFRODITE enfourne sèchement dans les vagues. Le moteur tourne à 2000 tours et nous n’avançons qu’à 3,5 nœuds de moyenne. On prend des paquets de mer sur bâbord. Heureusement, le soleil est toujours là. Il forme des croûtes de sel sur le pont du bateau et sur notre peau...







en route vers Saint Eustache (Antilles Néerlandaises), île de 25km².




Cette île fut découverte par Christophe Colomb, surnommée le "rocher d'or" au XIIIe siècle pour la richesse de ses habitants. Aujourd'hui, il ne reste plus de cette période faste que quelques ruines d'entrepôts sur le rivage, le Fort Oranje et la très célèbre tombe de la sœur de Bart De Wever.



la très célèbre tombe Anna Maria  De Wever.







Arrivée à Statia vers 15H00, à Oranjestad, la seule petite ville de l’île. Il y a ici une vraie baie et même si elle est très ouverte nous sommes plus abrités qu’à Saba. Nous nous installons calmement. Nous sommes samedi et nous ne comptons pas trop nous montrer aux autorités, pour éviter les formalités d’entrée (les bureaux sont fermés le WE et nous serions en "overtime".
Le lendemain nous partons à la découverte d’Oranjestad, le fort, les nombreuses églises de confessions différentes, les cimetières, les ruines de la synagogue, l’ancien chemin des esclaves, …
Barbara a sympathisé avec un grand chien jaune qui nous suit partout !
Statia est à la fois assez jolie mais un peu déserte, assez coquette dans l’ensemble mais un peu sale dans les coins, l’ambiance est feutrée, un peu étrange. La population est majoritairement noire, beaucoup de rastas. Le dimanche dans ces petites îles, après la distraction matinale de la messe, il reste la bière et la télé. Un peu comme dans certaines de nos campagnes…
Il est assez difficile d’imaginer que cette île minuscule a été autrefois le centre du commerce des Antilles ; pendant la guerre d’indépendance américaine, quand les colonies britanniques fidèles n’eurent plus le droit de commerce avec les rebelles américaines, Statia la hollandaise profita de sa neutralité pour commercer avec les deux parties sans se poser trop de questions. La petite population devint alors très riche. Plus tard, lorsque la Grande-Bretagne déclara la guerre aux Pays-Bas, l’amiral Rodney mit à sac Statia et lui confisqua ses richesses. Aujourd’hui, les ressources de l’île sont l’agriculture et la pêche, et récemment des équipements de stockage et de réapprovisionnement en produits pétroliers sont venus aider l’économie de la plus pauvre des îles des Antilles néerlandaises. Le tourisme est devenu la première ressource, Statia étant une destination pour voyageurs avertis qui apprécient sa tranquillité.

Départ à 7H00 pour St Kitts.

Le vent s’est levé à nouveau et souffle à 30 nœuds. Il est boute!
La mer aussi est contre nous. Très inconfortable. AFRODITE nous joue la seconde version de « La Chevauchée Fantastique ».Nous ramassons vagues et embruns ! Heureusement, il n’y a pas très loin jusque St Kitts et dès la pointe de l’île, la terre nous protège et les conditions sont plus faciles et on peut admirer la côte. L’île est très belle, très verte. Elle compte deux massifs volcaniques et beaucoup de vieilles pierres et d’anciennes distilleries.



  .

 
.



  St. Kitts and Nevis,
St. Kitts   Brimstone Hill


Saint Kitts (Saint Christophe, état indépendant du Commonwealth, île de 168km) fut l'île mère des Petites Antilles de laquelle les colons français et britanniques partirent pour conquérir les îles voisines en 1624. Terre fertile, on y cultivait la canne à sucre, le coton et le tabac. Aujourd'hui, le paysage vu de la côte dévoile de nombreuses anciennes cheminées de sucrières qui témoignent de la richesse d'antan. Le relief de l'île est dominé par 2 massifs volcaniques. Sur les versants inférieurs poussent la forêt tropicale et les sommets plus élevés servent de pâturage.



La ville principale de Basse Terre est jolie, mais on en a vite fait le tour.


Côte Nord Ouest de St Kitts; île verte en vue...


Obligation de faire les formalités de douane et d’immigration à Basseterre, la capitale, avant de pouvoir aller mouiller ailleurs. Basseterre c’est un peu l’enfer pour le plaisancier. Nous voulons accoster à la marina, le temps de faire les formalités, mais on ne veut pas de nous et nous sommes renvoyés vers le « Deep Water Port », tout à fait de l’autre côté de la baie, au sud, au milieu des cargos et des gros rafiots de pêche.

Mouillage à Deep Water Port

On ancre face à un dock cradingue. On débarque au milieu de rochers glissants, sans même un piquet pour sécuriser notre annexe. Il faut traverser une zone portuaire pas très nette, au milieu des débarquements de containers. Ensuite il faut chercher les bureaux de la douane dans des baraquements miteux. Il est 15H30 et les quelques fonctionnaires sont déjà très fatigués… Pour les formalités d’immigration ? Et bien il faut retourner en ville au bureau de police. Nous reprenons notre annexe direction la marina, en passant sous les piles du débarcadère pour les énormes paquebots de croisière (il y a là le Golden Princess et le Queen Mary 2). Nous voulons laisser notre dinghy à la marina mais ce n’est possible que moyennant 5 US$. Ca commence à être fort …ce cirque ! Tout est fait ici pour les visiteurs des paquebots de luxe, les autres on les parque côté poubelle ! Dégoûtés, nous allons amarrer notre annexe au dock des pêcheurs à côté. C’est pas pratique, il faut escalader un mur de 2,5 m sur des gros pneus de camion bien peu ragoûtants. Avec ma jupette, ils rigolent bien les pêcheurs ! Et pour couronner le tout, le bureau de police est fermé !
Basseterre est la ville coloniale la mieux préservée des Antilles anglaises. Elle ne nous fait cependant pas un gros effet. Nos mésaventures d’arrivée ne nous aident pas sans doute à la considérer avec bienveillance. La nuit sera de plus à nouveau difficile, avec de grosses rafales de vent. AFRODITE tire sur sa chaîne et se daie beaucoup.
Le lendemain, courbaturés, nous sommes pressés de quitter Basseterre après les paperasses d’immigration. Nous trouvons asile dans la jolie baie de White House, au SO de St Kitts. C’est un beau mouillage sauvage, juste une plage avec de gros galets où des vaches viennent s’abreuver le soir (j’ignorais que les vaches pouvaient boire l’eau de mer…?). Nous sommes entourés de collines rocheuses et sèches. Entre deux de ces collines, en face, on distingue le sommet du volcan de Nevis, l’île voisine et politiquement unie à St Kitts au sein d’une même fédération indépendante depuis 1983. Aux extrémités de la baie il y a de gros cailloux qui se prolongent dans l’eau. Notre carte marine nous indique de ne pas les approcher de trop près. Quand nous plongerons avec nos masques et tubas, nous y trouverons l’épave d’un chalutier.

Après une nuit tranquille -la première depuis St Martin- nous partons découvrir notre environnement. On se croirait plus en Ecosse qu’aux Antilles ! Des collines couvertes de maigre végétation où courent des vaches et des chèvres. Un grand lac salé, asséché à cette époque de l’année, dégage un fumet vaseux. C’est une ancienne saline.
On fait un brin de causette avec un pêcheur solitaire installé sur un caillou, qui remonte un long poisson au nez pointu toutes les 3 minutes (ben non, pas toujours le même poisson…). Il nous explique qu’il y a des singes dans les collines, les seuls qu’on trouve dans les Petites Antilles ; des grands noirs et des petits verts. Mais nous ne verrons pas la queue d’un durant les deux jours paisibles et agréables que nous passons à White House.
Discussion entre
pêcheurs....









Nous appareillons pour Nevis. Il n’y a que les « Narrows » à traverser entre ces deux îles qui font partie du même plateau rocheux sous-marin. Après avoir tiré quelques bords à la voile, on remballe tout en arrivant près des côtes de Nevis, faute de vent favorable. Il s’est établi ESE.
On longe la côte ouest, c’est vert, c’est joli, c’est coquet, c’est plein d’infrastructures touristiques plutôt sympas, genre farés et huttes de plage.
On s’arrête à Charlestown, la petite capitale, pour les traditionnelles formalités (et oui, il faut refaire les formalités de douane, mais pas d’immigration !). La petite ville est mignonne, nette et accueillante. Pas grand-chose à voir, on a vite fait le tour. On se prend un « take away » chinois qui sera bien remué dans l’annexe au retour. Miam, la sauce aigre douce dans mes nouilles au vinaigre !
Le "parking" des annexes

Le mouillage est extrêmement rouleur et pour tout dire intenable. Nous bougeons donc pour aller plus près de la plage. C’est à peine mieux. Une nouvelle nuit difficile en perspective. Mais quelle vie on mène!

 


Le volcan de Nevis .
.
Dans les rues, ambiance caraïbe.



Arrivée à Montserrat.
Montserrat est une petite île de 100 km² dans les Iles Sous le Vent. Malgré quelques invasions françaises aux 17è et 18è siècle, elle a toujours été sous domination britannique, depuis sa colonisation par des catholiques irlandais dans la première moitié du 17è S. En 1967, Montserrat est devenue autonome en tant que colonie de la Couronne Britannique et est aujourd’hui un territoire d’outre-mer du Royaume-Uni.
Son histoire récente est tragique. Le volcan la Soufrière s’est réveillé en 1995 après des siècles d’inactivité. L’éruption était annoncée et la population avait été évacuée. L’éruption recouvrit de cendres et de pierres la capitale Plymouth, faisant quelques victimes parmi ceux qui n’avaient pas obéi aux ordres d’évacuation. Plusieurs autres éruptions ont eu lieu au cours des années suivantes. Aujourd’hui encore, les deux tiers de l’île, au sud, le plus fertile, est zone interdite car l’activité volcanique persiste. Cette zone comprend un secteur de un mile de large en mer. Les bateaux ne peuvent pénétrer dans cette zone à cause des coulées de lave pyroclastique à très haute température qui arrivent dans la mer. Le tiers restant de l’île, au nord, est montagneux et offre un choix de randonnées ainsi que d’excellents points d’observation du volcan et de ses effets.


Nous mouillons à Little Bay. Il y a trois bateaux au mouillage. Comme son nom l’indique, c’est très petit.
C’est pourtant le seul endroit d’accès par la mer. C’est aussi très exposé. Nous y passerons deux nuits très rouleuses et inconfortables. Quand nous arrivons, des enfants se baignent dans l’eau sur la plage de sable noir, très abrupte. Il y a quelques gabarres colorées au bout de la plage et une minuscule jetée de l’autre côté, pour (d’improbables ?) navettes. Le lendemain, à 6H00, s’y présente un gros caboteur avec des containers, qui frôle Petrushka. On se sent tout petit dans ces cas-là. Comme il n’y a personne sur le quai pour prendre ses amarres, il va patienter une bonne heure au large avant de venir refaire sa manœuvre. Nous l’observons avant de descendre à terre.
Le tampon des services de l’immigration sur nos passeports coûte très cher. C’est gratuit en semaine, mais nous nous présentons le samedi matin. Si nous avions su, nous nous serions dépêchés hier après-midi pour venir faire ces formalités !
L’officier de douane nous a appelé un de ses copains taximan pour faire le tour de l’île. On ne peut en effet pénétrer en zone interdite qu’avec une personne autorisée. Dali nous emmène donc voir les restes de Plymouth et les énormes coulées de cendre qui ont tout enseveli. Il ne reste quasi rien de cette petite capitale florissante. Dali nous montre différents endroits d’où nous pouvons mesurer l’ampleur du sinistre. Aux abords de Plymouth, beaucoup de grandes et belles villas sont encore debout, mais leur toit est troué par les nuées ardentes et la cendre s’est infiltrée partout. Spectacle de désolation. Pas un bruit, pas une âme qui vive là. C’est poignant. Dali nous montre le quartier où il avait sa maison. Il a dû la quitter comme tous les autres. Lui a choisi de rester malgré tout sur l’île et de reconstruire sa vie un peu plus loin. Environ 5.000 habitants vivent aujourd’hui dans le nord, contre 20.000 avant la catastrophe. Ils tentent de reconstruire ce bout d’île qui leur reste. Le secteur du bâtiment est le principal employeur de l’île. Le gouvernement britannique fournit beaucoup d’aides pour reconstruire les principales infrastructures et donne des subsides aux particuliers.



Plymouth, ou ce qu'il en reste...

L’île était pourtant prospère et attirait des hôtes prestigieux. La maison de Paul Mac Cartney est intacte, hors zone interdite. Mais il paraît qu’il vient beaucoup moins souvent.
Nous allons voir l’Observatoire et ses nombreux systèmes de monitoring. Ce jour-là, le volcan est très actif. Il crache des panaches de vapeur ou de cendre à plusieurs centaines de mètres de hauteur. En cas d’éruption, cela peut aller jusqu’à 17.000 mètres d’altitude ! Assez effrayant. La prochaine est prévue dans l’année qui vient.


Cratère fumant


Nous quittons Montserrat  en longeant la côte d’aussi près que permis. On a la gorge nouée. Cette île est si belle, si verte et si tranquille, puis plus loin n’est plus que cendres et ruines. La Nature est capable de tels déchaînements de fureur parfois. Le volcan lâche aujourd’hui encore de gros nuages jaunâtres, brunâtres, en forme de champignon, qui s’élèvent droit dans le ciel. Il n’y a pas de vent. La mer est d’huile. Pas une seule ride à la surface. Panne totale d’alizé.
Nous ferons donc au moteur les 40 miles qui nous séparent de la Guadeloupe. Heureusement que deux dauphins viennent animer un peu la traversée. Ils nous accompagnent pendant 10 minutes, précèdent le bateau, puis dessinent des courbes d’un côté à l’autre de AFRODITE. On jurerait qu’ils s’amusent. On les admire à l’étrave du bateau, on essaie de les toucher. C’est assez jubilatoire.

Arrivée à Deshaies en fin d’après-midi, à l’extrême NO de la Guadeloupe. On vient d’attraper un magnifique thazard de près de un mètre de long avec notre ligne de traîne.
Christian le nettoie en arrivant, pendant que je frotte les grosses tâches de sang qu’il a laissées sur le pont arrière. On garde pour nous environ le tiers du poisson et le reste, Jean va le proposer aux bateaux voisins. Il y a du monde dans cette petite baie bien abritée, très fermée. C’est le passage quasi obligé des bateaux qui quittent la Guadeloupe et de ceux qui y arrivent. L’endroit est charmant. On y reste 3 jours.
A Deshaies, nous visitons le superbe jardin botanique sur les hauteurs de la baie.


Coluche avait acheté le terrain et y avait fait construire une jolie villa. Plus tard il a cédé le terrain à l’Administration, tout en se gardant l’usage de la maison quelques semaines par an.

Fleurs tropicales


Avant de retourner à Pointe-à-Pitre, nous faisons une escale à la « Anse à la Barque » sur la côte SO. C'est joli, petite, simple et paisible. Une courte plage et un beau phare blanc au milieu.


On repart le lendemain, sans même avoir débarqué. Nous décidons de faire un petit crochet vers Les Saintes, que nous avions tellement apprécié lors du voyage aller. Le vent nous est contraire ainsi que la houle et c’est donc une autre navigation au moteur.
Enfin une jolie navigation à la voile