Jusqu’au bout de nos rêves à la voile
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Extrait :
Confortablement installé sur des coussins à l’intérieur de mon cockpit, je savoure avec modération un délicieux cocktail local à base de jus de fruits exotiques et d’un « doigt » de rhum australien. Mon voilier, « Le Grizzly », se balance nonchalamment, ancré dans trois mètres d’eau turquoise, parfaitement translucide. Aujourd’hui, l’alizé souffle mollement, apportant par intermittence l’odeur pharmaceutique et entêtante des eucalyptus et des niaoulis d’une île voisine. A une vingtaine de mètres, un petit îlot désert en forme de croissant, bordé d’une minuscule plage de sable d’un blanc insoutenable. Une maigre végétation et quelques crabes : voici toute la faune et la flore de ce petit éclat de terre. Oui, mais quel éclat !
Je suis ici, par rapport à la France, de l’autre côté de la planète, loin, très loin… là-bas, au bout de cette immensité nommée Pacifique entre des dizaines d’îles et de terres que l’on ignore presque et des centaines d’autres que l’on imagine à peine. Le soir tombe à pas feutrés , la nuit s’annonce belle, un somptueux coucher de soleil embrase l’horizon, striant de rose tout le couchant. Dans le Sud, un grand vol de frégates s’élève, noires, bruyantes, tourbillonnantes, impatientes de voler aux sternes le produit de leur pêche. Dans cet environnement paradisiaque, sorte de minuscule jardin d’Éden des temps originels miraculeusement préservé des souillures de l’humanité, il n’y a pas d’autres bateaux, ni âmes qui vivent d’ailleurs, à trente kilomètres à la ronde.
La seule chose qui vient troubler ma sérénité, c’est un flot continu et de plus en plus persistant d’effluves alléchants, mélange subtil de parfums de lait de coco, d’ail et de citron, qui monte de l’intérieur du bateau. Mon épouse s’active à la préparation du repas du soir composé en majorité de la pêche du jour. Au menu : poisson cru assaisonné à la tahitienne, queues de langoustes grillées, riz et fruits tropicaux. Heureuses réjouissances en perspective ! Mon matou, probablement affamé, mène une bruyante sarabande sur le pont, manière bien à lui de nous faire comprendre sa ferme intention de participer au festin.
Le nez planté au ciel, je contemple les premiers scintillements de l’Étoile du Sud. Calme et détendu, je laisse mon esprit vagabonder dans l’étrange univers des rêves, surfant au gré de mes fantasmes et de mes chimères habituelles. Comme toujours sous les tropiques, la nuit tombe brusquement, amplifiant le bruit sourd de la mer qui brise au loin, sur la barrière de corail. Soudain, jaillissant de mon inconscient, un flot de souvenirs canalise mon attention, me laissant dérouté et perplexe. Je réalise avec étonnement que, depuis une décennie, je n’avais eu ni le temps, ni vraiment le désir de me soucier ou de me préoccuper de mon passé. Alors que se passe-t-il aujourd’hui ? Une évidence bien simple que chacun a tendance à oublier dans la vie : c’est qu’il y a toujours un temps pour toutes choses ! Ce temps où je dois me retourner pour bien mesurer le long du sillage qui ma mené jusqu’ici semble venu pour moi ce soir. Comme pour le confirmer, une deuxième vague de réminiscences, bien vivantes, me submerge. Bonjour la nostalgie ! Mes souvenirs me rattrapent ici, dans ce mouillage du bout du monde. L’osmose entre le présent et mon passé s’effectue doucement. Alors je me souviens …
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L'écrivain voyageur
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