Si la pandémie de coronavirus ne faiblit toujours pas à travers le monde, certains recoins du globe résistent encore au virus. C’est le cas de l’île de Giglio, petit bout de terre toscan niché en mer Tyrrhénienne où aucun cas positif n’a été recensé dans la communauté des 800 insulaires qui compose la population de l’île depuis avril dernier.
Une situation surprenante alors que l’Italie fait partie des pays les plus touchés avec plus 246 000 cas recensés et plus de 35 000 décès. Un bilan négatif qui surprend même le docteur Armando Schiaffino, l’unique médecin de l’île depuis 40 ans.
« Chaque fois qu’une maladie infantile ordinaire, comme la scarlatine, la rougeole ou la varicelle frappe, en quelques jours, pratiquement tous les habitants sont infectés sur Giglio », explique-t-il à l’agence de presse Associated Press. Comment expliquer une telle anomalie sanitaire alors toutes les conditions semblaient réunies sur place pour que les contaminations n’explosent ? L’île de Giglio est en effet connue pour ses ruelles étroites et ses maisons densément peuplées où la proximité est un art de vivre.
« Personne n’est malade »
Pour en savoir plus, la chercheuse Paola Muti, épidémiologiste spécialisée dans la lutte contre le cancer du sein à l’Université de Milan, s’est penchée sur ce phénomène pendant plusieurs semaines, rapporte l’Associated Press. « Le Dr. Schiaffino est venu me voir et m’a dit : « Hé, regarde, Paola, c’est incroyable. Dans cette pandémie complète, avec tous les cas qui sont venus sur l’île, personne n’est malade ». Alors je me suis dit : « Bon, ici on peut faire une étude, non ? Je suis ici. » »
Si aucun habitant insulaire n’a contracté le Covid-19, des touristes étrangers ou voyageurs de passages ont été testés positif au virus. C’est le cas du premier cas de Covid-19 connu de Giglio. Un sexagénaire était arrivé le 18 février pour des funérailles d’un parent, soit quelques jours avant que le premier « cas indigène » italien ne soit diagnostiqué dans le nord du pays. Bien qu’il ait « toussé pendant toute la cérémonie », précise Paola Muti, il n’y a pas eu contaminations. Par la suite, aucun cas n’a été recensé même après la levée du confinement national début juin.
723 insulaires testés sur 800
À cette date, des kits de dépistage ont été envoyés entraînant une très forte réponse positive de la population. Sur les quelque 800 résidents à l’année de l’île, 723 se sont portés volontaires pour passer le test afin de déterminer s’ils avaient en contact avec le virus. Parmi les insulaires, une seule personne possède les anticorps, signe de son contact avec un malade. Mais toujours pas de cas positif.
Chance ? Disposition génétique ? Selon Paola Muti, la non-contamination des habitants pourrait s’expliquer par « le fait qu’ils n’aient pas suffisamment été en contact avec le virus », souligne-t-elle, relayée par l’Associated Press.
L’autre théorie pouvant expliquer cette anomalie est évoquée par Massimo Andreoni, responsable des maladies infectieuses à l’hôpital Tor Vergata de Rome. Certains patients seraient moins capables de propager la maladie pour des raisons qui ne sont pas encore connues.
Plus tranché, Daniel Altmann, immunologiste à l’Imperial College de Londres, estime auprès de l’Associated Press que le facteur chance a joué un rôle important. « C’est peut-être plus trivial comme solution. Personne n’a été contaminé car avec un peu de chance il y a eu très peu de contact ». Si les théories sont nombreuses, le mystère de cette non-contamination reste entier.