Préambule
Comme vous pouvez le voir sur ce graphique nous entrons vraiment dans la partie statistiquement la plus active de la saison cyclonique. Durant les 7 à 9 semaines qui viennent, on devrait enregistrer 2 fois plus de systèmes nommés et 2,5 fois plus d’énergie ACE cumulée que depuis les 11 semaines précédentes, si l’on s’en tient aux statistiques depuis 1851. Ca ne veut bien sûr pas dire que c’est ce qui va se passer ou que tel ou tel territoire sera forcément impacté. Ca veut simplement dire que, quoi qu’on en pense, le plus dur est encore devant nous et qu’il faut s’y préparer avec beaucoup de précautions.
Et d’autant plus que les 11 semaines précédentes auront été les plus actives sur le bassin Atlantique depuis 1851. Pas moins de 11 cyclones ont été nommés dont 2 ouragans. A titre de comparaison, la saison la plus active à ce jour, celle de 2005, avait enregistré 8 cyclones au 15 août. Nous sommes donc sur des bases hors normes, au sens propre. Et cette donnée est aussi transposable dans l’énergie ACE accumulée qui est elle aussi la plus importante au 15 août.
Il est probable, si vous vivez sur l’arc antillais par exemple, que vous n’ayez pas eu encore de sensation de risque. Ce début de saison anormalement actif a surtout concerné la moitié nord de l’Atlantique tropical avec 60% des systèmes ayant vu le jour au dessus de 20N. Mais ce n’est pas parce que ça ne vous a pas concerné que ce n’est pas réel. Et je peux vous garantir que les habitants de la côte de la Caroline du Sud (ou du Nord) tremblent toutes les semaines avec un système cyclonique qui les menace ou les touche directement.
Le catastrophisme n’a pas lieu d’être. Une saison active prévue sur l’Atlantique ne signifie en aucun cas que VOTRE territoire aura une saison active aussi. La saison de 2005, forte de 26 cyclones nommés, a vu l’arc antillais n’être touché qu’une fois par un petit Cat.1 à l’extrême sud. Mais dans la globalité du bassin il ne fait que peu de doutes que cette saison sera l’une des plus actives de l’histoire.
Mais il n’y a pas non plus lieu d’être un bisounours et penser que “ça n’arrive qu’aux autres”. Une saison comme celle-ci, qui devrait compter bien plus que 20 cyclones, impose beaucoup de prudence, de préparation et d’attention. Ce n’est pas parce qu’on est préparé et prudent que le risque se renforce !
Pour vous donner une idée globale de la situation, voila un assemblage d’images du NHC sur l’Atlantique Nord et le Pacifique Nord-Est !
Résumé
Après un début de saison extrêmement calme jusqu’à début juillet et une agitation anormalement élevée depuis, cette saison semble monter doucement mais sûrement en puissance. Ce qui a permis à l’arc antillais d’être pas mal épargné ces dernières semaines, c’est essentiellement l’air sec et la brume de sable présents de manière continue depuis juin. Même si ce n’est pas la variable d’environnement la plus efficace contre le renforcement cyclonique ça permet de le limiter pas mal. Et même si c’est moins dense qu’en juillet, il demeure pas mal d’air sec et de poussière pour continuer à limiter le développement cette semaine sur l’Atlantique. Pour les autres zones le cisaillement demeure assez présent et permet de limiter un peu le risque lié aux températures de l’eau très élevées.
L’onde la plus proche de l’arc antillais se déplace très rapidement. Cette vitesse et des conditions moyennement favorables ne devraient pas lui permettre de trop se renforcer avant l’arc antillais qu’elle abordera en tout début de semaine.
Pour la seconde c’est beaucoup plus incertain du fait de l’échéance de passage à la longitude de l’arc qui est bien supérieure à 5 jours. Pour le moment, pour celle là, il faut attendre un peu et voir lorsqu’elle sera classée en Invest. A l’heure actuelle aucun modèle “sérieux” ne la développe en gros système. Mais on a vu ces dernières semaines qu’ils ont un peu de mal avec les conditions actuelles en Atlantique.
Situation ENSO
La température de l’eau en zone 3.4 est désormais majoritairement plus froide que la moyenne. On continue à avoir de forts écarts à la hausse et à la baisse mais ça se maintient en phase neutre froide globalement. La prévision d’un maintien en l’état pour l’automne est de l’ordre de 50% même si certains prévisionnistes semblent un peu moins affirmatif.
Quoi qu’il en soit, compte tenu du faible risque de descente brutale et de passage en phase La Nina très rapide on peu penser que désormais une évolution n’impacterait pas la suite de la saison cyclonique (qui est prévu de toute manière avec une activité habituellement enregistrée en phase La Nina assez intense).
Température de l'eau en Atlantique
Le schéma des anomalies de température de l’eau dans l’Atlantique tropical est toujours largement impacté par la brume de sable, avec des zones qui restent plus froides que la normale sous les poches de brume. Globalement cette situation profite largement à l’arc antillais puisque l’eau reste globalement proche de la température moyenne dans la zone de développement majeure Atlantique.
Par contre, pour la Caraïbe, le golfe du Mexique et la zone Bahamas, les anomalies sont élevées et ça n’annonce rien de bon pour les prochaines semaines, d’autant plus que ces zones sont peu touchées par l’air sec et le sable en général. Il ne reste plus que le cisaillement comme rempart contre les prochains systèmes qui ne manqueront pas de se développer. Heureusement il demeure toujours plutôt présent sur ces zones.
Situation de pression atmosphérique en Atlantique
L’anticyclone des Açores est plutôt à sa place avec une dorsale qui rejoint les Bahamas mais qui devrait être un peu repoussée à l’Est par le passage de ce qu’il reste de Joséphine. Cependant la situation de la pression de surface en Atlantique devrait rester assez stable cette semaine par rapport à la situation d’aujourd’hui ce qui devrait empêcher les perturbations qui circulent sur l’Atlantique de remonter au nord assez rapidement.
3 ondes circulent sur l’Atlantique. Les 2 monitorées par le NHC et une intercalée et totalement encerclée d’air sec.
Sable et air sec
Même si les zones d’air sec et de sable sur l’Atlantique sont moins denses et moins régulières; il n’en demeure pas moins qu’elles sont là et permettent d’un peu limiter le renforcement des perturbation dans la MDR et contiennent pas mal l’augmentation de la température de l’eau.
Je sais que pour beaucoup ces brumes de sables sont difficiles mais elles nous protègent quand même un peu de l’apparition d’un gros système cyclonique sur l’arc antillais. Même si ce n’est pas la panacée, c’est mieux que rien !
Windshear / Cisaillement
Prévision NHC
Le NHC ne chôme pas depuis plusieurs semaines. Et ceux pensent (comme j’ai pu le lire) que ça les amuse de nommer des système “à tour de bras” devraient plutôt les remercier de faire autant pour des territoires qui les concernent pourtant très peu (lorsqu’ils envoient des Hunters dans des systèmes qui ne sont pas prévus pour impacter un de leur territoire directement par exemple). Bref, non, ils ne s’amusent pas essayer de nous faire peur, et ceux qui disent ce genre d’âneries feraient mieux de s’informer et de s’instruire sur le sujet, ça leur éviterait de dire des conneries !
Pour le reste ils suivent Kyle qui se désagrège dans l’Atlantique nord, Joséphine qui d’affaiblie avec le cisaillement et 2 ondes en Atlantique qui menacent directement l’Arc antillais mais ne sont pas classées en Invest pour le moment.
Prévision du modèles GFS
Le GFS ne développe pas de système cyclonique en Atlantique dans son run de 06z à 7 jours. Néanmoins ça reste des prévisions numériques dont la fiabilité est limitée au fur et à mesure que la prévision est éloignée et il faut prendre ces données avec prudence.
Imagerie satellite
Update 18H UTC
Le NHC vient de remonter son risque à 5 jours pour les 2 ondes en Atlantique.
Pour celle la plus proche de l’arc antillais, ça ne change pas grand chose puisqu’elle devrait avoir franchi l’arc avant d’être dans des conditions plus favorables. Elle reste à 20 à 48h (ce qui intéresse l’arc antillais) et passe à 40% à 5 jours dans une zone à priori sans terre pour les 4 premiers.
Pour la seconde, ce changement marque une meilleure prise en compte du risque par les modèles. Mais on est encore à plus de 5 jours et il faudra attendre un peu (qu’elle soit en Invest notamment) pour en savoir plus. Néanmoins c’est un bon candidat à un renforcement avant l’arc.
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