mercredi 9 décembre 2020

5 questions simples sur la troisième vague




Philippe Juvin, chef de service des urgences de l'hôpital Georges-Pompidou, répond à nos questions sur la troisième vague. 
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1. On parle de plus en plus d'une troisième vague, pourquoi ?

La possibilité d'une troisième vague est évidemment réaliste. Moi, dès qu'on a déconfiné au mois de mai dernier, j'ai expliqué que je ne savais pas s'il y aurait une deuxième vague, mais qu'en revanche, ce que je savais, c'est qu'il fallait s'y préparer. Eh bien là, c'est pareil. Je ne sais pas s'il y aura une troisième vague, mais il faut dès maintenant se préparer à cette troisième vague et pas nous faire le coup de la deuxième pour laquelle on n'était pas prêts.

2. Est-ce qu'il est possible d'être prêt pour une troisième vague quand on n'était pas prêt pour la deuxième ?

Il est possible d'être prêt pour cette troisième vague si on tire les leçons de la première et de la deuxième. Si on n'est pas prêts pour la troisième, si elle arrive bien sûr, parce qu'on ne peut pas encore le dire, c'est vraiment que l'on n'aura rien appris de cette épidémie qui dure depuis un an et que l'on est bons à rien.

3. Cette troisième vague, qu'est-ce qu'elle aurait de différente des deux autres ?

Je ne sais pas répondre à cette question. Quand on regarde la première et la deuxième vague, il y a eu, certes, des différences, mais le principe commun, c'est que le système de santé a été submergé. Et c'est pour ça qu'on a des confinements successifs. Ce qu'il faut, si la troisième vague arrive, si elle doit arriver, c'est qu'il n'y ait pas de confinement. Il faut cette fois se donner les moyens, en cas de remontée de l'épidémie, d'éviter que cette remontée n'impacte durement le fonctionnement de la société. À la fois le fonctionnement hospitalier et le fonctionnement de la société en général. Il faut qu'on arrive à ne pas arrêter l'activité économique, l'activité des écoles, l'activité culturelle… Toutes ces choses qu'on a payées très cher et qu'on va devoir payer très cher parce qu'on n'était pas prêts. Qu'on n'ait pas été prêts pour la première vague, OK, on ne pouvait pas prévoir. Qu'on n'ait pas été prêts pour la deuxième, c'est inexplicable, et si on n'est pas prêts pour la troisième, c'est carrément inexcusable. 
 
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« Il y a des tests dans les pharmacies, allez-y ! »
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4. Quelles sont les solutions pour éviter ce confinement ?

En faisant des choses qu'on n'a toujours pas faites. Premièrement, en ayant des capacités hospitalières plus grandes, parce que vous comprenez bien que plus vous avez la possibilité d'accueillir les malades à l'hôpital, moins vous avez besoin de confiner. Deuxièmement, en ayant une vraie stratégie de testing et d'isolement, ce qu'on appelle le tracing : ce sont des choses qu'on a mal faites. On a testé beaucoup, mais mal, et on n'a presque pas isolé. Si on fait bien ça, on peut diminuer le risque d'être confiné. Et ça, il faut absolument le faire.

5. Est-ce qu'il faut vraiment mettre fin au deuxième confinement qui a lieu quand on sait qu'un troisième peut potentiellement avoir lieu ?

Un confinement, c'est un pis-aller, c'est quand on ne peut pas faire autrement. Le confinement, c'est la conséquence d'un équilibre que les autorités doivent trouver entre protéger la population et le système de santé d'une part, et permettre à la société de vivre et de consommer. Il est très clair que si vous confinez en permanence les gens, vous allez tuer la circulation du virus, mais vous allez aussi tuer l'économie. C'est comme dans Molière, vous savez, dans ses pièces : le malade meurt guéri. Et moi, je ne veux pas qu'on meure guéris. Il y a un juste équilibre à trouver. On voit aujourd'hui que les gens en ont assez, ils sont excédés, ils sont crevés, ils en ont marre. Je pense que ça serait très compliqué de leur dire qu'on part comme en 14 et qu'on referme pour Noël. Si on fait ça, ça ne va pas. Je pense qu'on peut imaginer des décisions différentes d'une région à l'autre parce que les situations sanitaires ne sont pas les mêmes d'une région à l'autre. Il faut aussi pousser les gens à se tester avant Noël, 24 heures avant les dîners de famille. Il y a des tests dans les pharmacies, allez-y ! Et peut-être la semaine avant Noël, limitez vos interactions sociales.


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