mercredi 21 avril 2021

 

Comment voir les films en lice aux Oscars?

Le Figaro vous propose tous les mercredis une sélection de films à voir sur les plateformes de streaming ou en VOD. Cette semaine, focus sur ceux nommés aux Oscars, avant la cérémonie, dimanche soir.

Parmi les films à voir, ou pas, cette semaine : Pieces Of a Woman avec Vanessa Kirby, Mank avec Gary Oldman et Borat : Nouvelle Mission Filmée avec Sacha Baron Cohen.
Parmi les films à voir, ou pas, cette semaine : Pieces Of a Woman avec Vanessa Kirby, Mank avec Gary Oldman et Borat : Nouvelle Mission Filmée avec Sacha Baron Cohen. Netflix / Netflix / Amazon Prime Video

À voir absolument

Mank, l'âge sombre d'Hollywood (10 nominations)

Dans MankDavid Fincher rend hommage à Herman J. Mankiewicz, l'auteur de Citizen Kane . En 1940, Orson Welles avait enfermé l'écrivain dans un ranch perdu, loin de toute tentation; «Mank» avait la jambe dans le plâtre. Deux mois pour rendre le script. C'est comme ça qu'on produit des chefs-d'œuvre. Fincher choisit le noir et blanc et une construction en flash-back qui n'est pas sans évoquer les débuts de Welles derrière la caméra. Les références participent du plaisir. Mank avait une voix à la Keith Richards, un sens de la repartie mordante, un je-m'en-foutisme que son entourage lui pardonnait volontiers. Son amie était Marion Davies (excellente Amanda Seyfried), starlette qui était la maîtresse du magnat Randolph Hearst (Charles Dance, impérial). Fincher nage comme un poisson dans l'eau dans cet univers de paillettes et de faux-semblants. Gary Oldman se glisse avec gourmandise dans le tweed dépenaillé du héros. Il avait déjà incarné Churchill. C'est dire s'il est à l'aise avec l'alcool et les bons mots.

Disponible sur Netflix

Pieces of a Woman , Vanessa Kirby magistrale (une nomination)

Pieces of a Woman s'ouvre par le long plan-séquence d'un accouchement à domicile. Martha crie, pleure, souffle. La sage-femme s'affole, mais ne le montre pas. Le pire arrive. La chambre du bébé restera vide. La tragédie déboule dans cette maison de Boston. La famille va voler en éclats. La vie fera semblant de reprendre. L'amour désertera le couple. Le film repose sur les épaules de Vanessa Kirby (The Crown). Hagarde, dévastée, les cheveux peroxydés, elle a des allures de fantôme, d'écorchée vive. Peu d'actrices auraient réussi cet exploit. Elle aurait pu jouer pour Bergman. Kornel Mundruczo (White God ) filme une agonie intime. On n'avait pas reçu une telle claque depuis Manchester by the Sea.

Disponible sur Netflix

Les Sept de Chicago, une joute oratoire (6 nominations)

Le film retrace le procès des organisateurs d'une manifestation contre la guerre du Vietnam lors de la convention démocrate à Chicago en 1968. Une manifestation pacifique violemment réprimée par la police. Mais le nouveau gouvernement de Richard Nixon, fraîchement élu pour succéder à Lyndon B. Johnson, veut faire un exemple et envoyer ces agitateurs en prison. Devant le juge Julius Hoffman, d'une incompétence crasse, se dressent les hippies rebelles et chevelus Abbie Hoffman et Jerry Rubin, l'activiste et futur mari de Jane Fonda, Tom Hayden, ou encore le Black Panther Bobby Seale. «J'ai l'impression d'être aux Oscars de la contestation», dit l'un des protagonistes pour désigner ces prévenus aux intérêts et stratégies parfois contradictoires. Aaron Sorkin reste un dialoguiste génial. Ici, le tribunal est le décor d'une joute oratoire jouissive, porté par des bêtes d'acteurs. Difficile de faire mieux que Mark Rylance dans le rôle de l'avocat William Kunstler, Joseph Gordon-Levitt en procureur, Eddie Redmayne et Sacha Baron Cohen sur le banc des accusés, Frank Langella dans la peau du juge, ou encore Michael Keaton en ex-ministre de la justice. Sorkin ne fait pas qu'amuser la galerie. Il montre l'absurdité et l'arbitraire d'un procès politique. À l'arrière-plan apparaît une Amérique divisée, en proie aux violences policières et au racisme, choquée par l'assassinat de Martin Luther King et de Robert Kennedy cette même année 1968. Une Amérique toujours hantée par ses démons en 2020.

À voir

Une ode américaine , l'Amérique profonde vue par Ron Howard (2 nominations)

Lors d'une soirée universitaire, un étudiant en droit à Yale tente de se faire engager par un cabinet d'avocats. Agacé par le ton méprisant d'un convive qui raille ses origines modestes, le jeune J.D.Vance souligne avec un certain dépit que l'utilisation du terme «redneck» est à la limite de l'injure raciale. Un appel interrompt la prise de bec qui apprend au héros que sa mère (Amy Adams) a été hospitalisée à la suite d'une overdose d'héroïne. Notre homme va devoir replonger au cœur d'une famille dysfonctionnelle et affronter son passé. Glenn Close, méconnaissable en grand-mère fan de Terminator, est assez incroyable. Mais le film de Ron Howard (avec tous ses défauts) met surtout le doigt sur les plaies à vif d'une Amérique fracturée. Cet émouvant récit initiatique dérange. Il tend un terrifiant miroir aux Américains, miroir qui ne semble pas, hélas, si déformant que cela…

Disponible sur Netflix

Le blues de Ma Rainey , l'ultime film de Chadwick Boseman (5 nominations)

Dans une atmosphère décontractée, sur cette estrade bricolée, la chanteuse Ma Rainey (admirablement incarnée par Viola Davis) donne un concert sauvage dans les bois. Ma Rainey est devenue la «Mère du blues». L'intrigue se situe en 1927, à Chicago, lors de son dernier enregistrement en studio. Parmi les musiciens de son groupe, un jeune trompettiste fougueux prénommé Levee (Chadwick Boseman) ne peut s'empêcher de vouloir briller autant qu'elle. Il est turbulent et se montre un peu trop pressé de renverser la vieille idole de son piédestal...

Adapté d'une pièce à succès d'August Wilson, Le Blues de Ma Rainey, est un film poignant en forme de duel aussi musical que générationnel sur fond de crispation raciale. En mettant en scène un huis clos théâtral entrecoupé de passages musicaux, George C. Wolfe plonge le spectateur au cœur d'un chaudron bouillant, celui de la création musicale mêlé aux prémices de la lutte raciale qui infuse déjà dans l'Amérique des années 20-30. C'est aussi et surtout le long-métrage posthume de l'acteur de Black Panther tragiquement décédé à 43 ans d'un cancer du côlon. L'ultime performance de Chadwick Bosemanest poignante.

Disponible sur Netflix

La Mission, western psychologique (4 nominations)

En 1870, le capitaine Kidd, ancien confédéré, sillonne le Texas pour apporter les ­nouvelles à des foules plus ou moins ­illettrées. Les faits divers sont déclamés de sa voix de baryton - on la reconnaîtrait les yeux fermés. Il serait dommage de ne pas les garder ouverts pour admirer La Mission, ce western épique, sombre, inspiré. L'homme semble en avoir gros sur le cœur. La guerre ne lui a apparemment pas laissé que des bons souvenirs. Ce vétéran verra sa vie bouleversée par la découverte d'un noir lynché et d'une gamine de 10 ans abandonnée. Elle est deux fois orpheline, puisque ses parents ont été massacrés par les Indiens qui l'ont élevée et qui ont été tués à leur tour. L'homme a une mission : ramener la petite à ce qui lui reste de famille. D'ici à San Antonio, il y a 800 kilomètres. Au début, elle l'irrite. Il ne sait pas par quel bout la prendre. Elle s'accroche à ses souvenirs, avec ses yeux bleus, son air buté, ses lèvres toujours prêtes à être déformées par le chagrin. On le sent envahi de regrets, dévoré de nostalgie. Son pays continue à se déchirer. Ces temps sont difficiles. Par moments étrangement contemplatif, Paul Greengrass délaisse la frénésie des Jason Bourne. L'action se déclenche lorsque les héros ne peuvent pas s'en sortir autrement. L'Ouest a ses lois. Cela donne quelque chose entre La Prisonnière du désert (une scène évoque le fameux plan où la silhouette de John Wayne s'encadre dans la porte du ranch) et Cent ­dollars pour un shérif. Solide, laconique, protecteur, Tom Hanks, avec sa barbe blanche de dieu antique, porte le film sur ses épaules. Helena Zengel, repérée dans Benni, lui tient tête, au milieu de ces tempêtes de sable, de ces prairies jonchées de cadavres de bisons. Elle est au bord des larmes et, tout d'un coup, son visage s'éclaire d'un sourire radieux. Pour elle, on affronterait des blizzards et les fantômes du passé. C'est encore loin, la paix ?

Disponible sur Netflix

On peut voir

One Night in Miami... un faux biopic par Regina King (3 nominations)

Le premier film de l'actrice oscarisée Regina King. L'action se déroule à Miami un soir de 1964. Ce jour-là le jeune Cassius Clay devient champion du monde de boxe, catégorie poids lourds. Une victoire qu'il ne peut célébrer comme il se doit en compagnie des autres sportifs à cause de la ségrégation raciale. L'homme rejoint donc ses amis, l'activiste Malcolm X, le chanteur Sam Cooke et la star du football Jim Brown pour dessiner les contours d'un nouveau monde.

Disponible sur Amazon Prime Video

Soul , pas le meilleur Pixar (3 nominations)

Joe Gardner, musicien noir new-yorkais, n'a pas la réussite de son père pianiste. Quand il décroche un concert avec le quartet de la star Dorothea Williams, au grand dam de sa môman qui préfère la sécurité de l'emploi à la vie d'artiste, il a la malchance de trépasser en tombant dans une bouche d'égout. Quand Joe retourne à New York avec l'âme 22 (oui, c'est bizarre) et se retrouve dans la peau d'un chat (bizarre aussi), la comédie fantastique arrive un peu à «jazzer», gimmick qui semble signifier que la vie ne vaut la peine d'être vécu sans étincelles. Mais Docter, à force de lancer des pistes, finit par ne plus trop savoir laquelle suivre. Soul essaie de conjurer deux peurs profondément humaines et typiquement américaines. La peur de l'échec et la peur de la mort, décidément au cœur de la plupart des derniers Pixar (En avantCoco). Pourquoi pas. Mais les moyens qu'il met en œuvre pour y parvenir ne convainquent qu'à moitié.

Disponible sur Disney +

Également disponible sur les plateformes de streaming ou en VOD

Le Tigre blanc (nommé la catégorie «Meilleur scénario adapté»), de Ramin Bahrani, disponible sur Netflix.

Da 5 Bloods , de Spike Lee (nommé dans la catégorie «Meilleure musique originale»), disponible sur Netflix.

Eurovision Song Contest, the Story of Fire Saga (nommé dans la catégorie «Meilleure chanson originale»), de David Dobkin, disponible sur Netflix.

Burrow - Mon terrier (nommé dans la catégorie «Meilleur court-métrage d'animation»), de Madeline Sharafian, disponible sur Disney +.

Judas and the Black Messiah, (nommé dans 6 catégories dont «Meilleur Film»), de Shaka King, disponible en VOD.

En avant (nommé dans la catégorie «Meilleur film d'animation»), de Dan Scanlon, disponible en VOD.

Shaun le mouton le film, la ferme contre-attaque (nommé dans la catégorie «Meilleur film d'animation»), de Will Becher et Richard Phelan, en VOD.

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