Bicentenaire de Napoléon: 10 mai 1796, la gloire en Italie
Après avoir écrasé les Sardes, Napoléon remporte à Lodi une victoire éclatante sur les Autrichiens.
La page corse est tournée. Bonaparte se retrouve projeté dans l'histoire d'une Révolution qu'il a jusqu'alors dédaignée. Il réintègre une armée qui n'est plus royale mais révolutionnaire. Il devient montagnard, la cause fédéraliste s'étant confondue avec un Paoli désormais honni.
Le voilà capitaine d'artillerie, assiégeant en septembre 1793 Toulon avec l'armée de la Convention. C'est là que se révèle son génie militaire. Ses canons précipitent la chute du port alors aux mains des royalistes et des Anglais. L'époque est aux promotions foudroyantes. En récompense, le 22 décembre 1793, il est nommé général de brigade. Mais il doit cette nomination au frère de Robespierre. La chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor (27 juillet 1794) lui vaut dès lors d'être destitué et, un temps, mis en état d'arrestation. S'est-il à nouveau trompé dans son choix ?
En proie aux difficultés financières, il est à Paris à la recherche d'un commandement lorsque la Convention doit faire face à une insurrection royaliste. Barras, qui défend l'Assemblée, sollicite les généraux républicains qui se trouvent dans la capitale. Parmi eux, ce Bonaparte qu'il a rencontré lors d'une mission dans le Midi. Les canons du jeune général vont une nouvelle fois faire merveille le 13 Vendémiaire (5 octobre 1795) alors que la Convention est cernée par 25 000 insurgés. Bonaparte n'avait pas assisté en vain à la prise des Tuileries, le 10 août 1792. Il avait été marqué par la violence et l'efficacité de l'émeute. Il empêche cette fois la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant les avenues donnant accès au quartier par des pièces d'artillerie. Il y est aidé par un jeune chef d'escadrons : Joachim Murat. Sans doute ne canonnent-ils pas la foule sur les escaliers de Saint-Roch, comme le prétendra la légende (la topographie des lieux s'y oppose), mais ils dispersent sans faiblesse les émeutiers. Il n'y aura pas de restauration monarchique. La place est libre pour le Directoire. Paris, selon le mot de Michelet, va redevenir très gai.
Bonaparte est pour la première fois dans le camp des vainqueurs. Il y a gagné la main d'une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, et le commandement de l'armée d'Italie qui doit faire une manœuvre de diversion quand les armées de Sambre-et-Meuse (sous Jourdan) et du Rhin (sous Moreau) porteront les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. Ce commandement, Bonaparte l'a passionnément souhaité, car il avait déjà élaboré plusieurs plans d'invasion de la péninsule sous Robespierre.
Le 26 mars 1796, il est à Nice. Le lendemain, il reçoit les généraux placés sous ses ordres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Ils ont mal accueilli sa nomination : ce général ne compte à son actif qu'une opération peu glorieuse de maintien de l'ordre, il est nouveau sur les champs de bataille de l'Europe. Masséna le considère comme un intrigant, Augereau le tient pour un imbécile. La légende veut que, d'un seul regard, il les ait subjugués.
Autre légende : le dénuement de l'armée d'Italie, qui a été exagéré. Dernière légende : la fameuse proclamation que lui aurait adressée Bonaparte : « Soldats, vous êtes nus, mal nourris ; le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. (…) Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde. (…) vous y trouverez honneur, gloire et richesses. » Rien de tout cela n'est vrai. La harangue date de Sainte-Hélène.
En face, l'armée austro-sarde compte 80 000 hommes contre à peine 60 000 pour les Français, mais elle est commandée par des généraux âgés : Beaulieu a soixante-dix ans, Wurmser soixante et onze. Bonaparte, comme Joubert, en a vingt-six.
Il va appliquer là, d'emblée, ce qui va devenir son principe favori : la surprise. Elle repose sur la rapidité de ses déplacements, et la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres sans se disperser ses adversaires. Il surgit par le col de Cadibone le 11 avril 1796, entre les forces autrichiennes et l'armée sarde, et en trois jours les sépare. Il repousse les Autrichiens à Montenotte le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Déjà très éprouvés, coupés des Autrichiens, les Sardes sont enfin anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu'à Turin.
Bicentenaire de Napoléon: 10 mai 1796, la gloire en Italie
WEBSÉRIE 2/12 - Le Figaro Hors-Série consacre un numéro exceptionnel à Napoléon Bonaparte. Après avoir écrasé les Sardes, Napoléon remporte à Lodi une victoire éclatante sur les Autrichiens.
La page corse est tournée. Bonaparte se retrouve projeté dans l'histoire d'une Révolution qu'il a jusqu'alors dédaignée. Il réintègre une armée qui n'est plus royale mais révolutionnaire. Il devient montagnard, la cause fédéraliste s'étant confondue avec un Paoli désormais honni.
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Le voilà capitaine d'artillerie, assiégeant en septembre 1793 Toulon avec l'armée de la Convention. C'est là que se révèle son génie militaire. Ses canons précipitent la chute du port alors aux mains des royalistes et des Anglais. L'époque est aux promotions foudroyantes. En récompense, le 22 décembre 1793, il est nommé général de brigade. Mais il doit cette nomination au frère de Robespierre. La chute de l'Incorruptible le 9 Thermidor (27 juillet 1794) lui vaut dès lors d'être destitué et, un temps, mis en état d'arrestation. S'est-il à nouveau trompé dans son choix ?
En proie aux difficultés financières, il est à Paris à la recherche d'un commandement lorsque la Convention doit faire face à une insurrection royaliste. Barras, qui défend l'Assemblée, sollicite les généraux républicains qui se trouvent dans la capitale. Parmi eux, ce Bonaparte qu'il a rencontré lors d'une mission dans le Midi. Les canons du jeune général vont une nouvelle fois faire merveille le 13 Vendémiaire (5 octobre 1795) alors que la Convention est cernée par 25 000 insurgés. Bonaparte n'avait pas assisté en vain à la prise des Tuileries, le 10 août 1792. Il avait été marqué par la violence et l'efficacité de l'émeute. Il empêche cette fois la concentration des sections contre-révolutionnaires en interdisant les avenues donnant accès au quartier par des pièces d'artillerie. Il y est aidé par un jeune chef d'escadrons : Joachim Murat. Sans doute ne canonnent-ils pas la foule sur les escaliers de Saint-Roch, comme le prétendra la légende (la topographie des lieux s'y oppose), mais ils dispersent sans faiblesse les émeutiers. Il n'y aura pas de restauration monarchique. La place est libre pour le Directoire. Paris, selon le mot de Michelet, va redevenir très gai.
Bonaparte est pour la première fois dans le camp des vainqueurs. Il y a gagné la main d'une ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, et le commandement de l'armée d'Italie qui doit faire une manœuvre de diversion quand les armées de Sambre-et-Meuse (sous Jourdan) et du Rhin (sous Moreau) porteront les coups décisifs aux Autrichiens et marcheront sur Vienne. Ce commandement, Bonaparte l'a passionnément souhaité, car il avait déjà élaboré plusieurs plans d'invasion de la péninsule sous Robespierre.
Le 26 mars 1796, il est à Nice. Le lendemain, il reçoit les généraux placés sous ses ordres : Masséna, Augereau, Laharpe et Sérurier. Ils ont mal accueilli sa nomination : ce général ne compte à son actif qu'une opération peu glorieuse de maintien de l'ordre, il est nouveau sur les champs de bataille de l'Europe. Masséna le considère comme un intrigant, Augereau le tient pour un imbécile. La légende veut que, d'un seul regard, il les ait subjugués.
Autre légende : le dénuement de l'armée d'Italie, qui a été exagéré. Dernière légende : la fameuse proclamation que lui aurait adressée Bonaparte : « Soldats, vous êtes nus, mal nourris ; le gouvernement vous doit beaucoup, il ne peut rien vous donner. (…) Je veux vous conduire dans les plus fertiles plaines du monde. (…) vous y trouverez honneur, gloire et richesses. » Rien de tout cela n'est vrai. La harangue date de Sainte-Hélène.
En face, l'armée austro-sarde compte 80 000 hommes contre à peine 60 000 pour les Français, mais elle est commandée par des généraux âgés : Beaulieu a soixante-dix ans, Wurmser soixante et onze. Bonaparte, comme Joubert, en a vingt-six.
Il va appliquer là, d'emblée, ce qui va devenir son principe favori : la surprise. Elle repose sur la rapidité de ses déplacements, et la concentration de ses forces pour affronter les uns après les autres sans se disperser ses adversaires. Il surgit par le col de Cadibone le 11 avril 1796, entre les forces autrichiennes et l'armée sarde, et en trois jours les sépare. Il repousse les Autrichiens à Montenotte le 12 avril, écrase sur sa gauche les Sardes à Millesimo le 13 puis sur sa droite les Autrichiens à Dego le 15. Déjà très éprouvés, coupés des Autrichiens, les Sardes sont enfin anéantis à Mondovi le 21 avril et poursuivis jusqu'à Turin.
Le souverain du Piémont-Sardaigne signe la paix le 15 mai et reconnaît par le traité de Paris l'attribution de la Savoie et du comté de Nice à la France. Il faut maintenant affronter à nouveau les Autrichiens de Beaulieu. Celui-ci a pour principal souci de défendre Milan. Bonaparte franchit le Pô à Plaisance le 7 mai. L'affrontement a lieu à Lodi. Beaulieu a abandonné la ville aux Français pour se replier sur la rive gauche de l'Adda, de l'autre côté d'un pont vétuste qu'il n'a pas pu détruire. Au terme d'une bataille acharnée, les Français le franchissent. L'armée de Beaulieu bat en retraite. La route de Milan est ouverte. Bonaparte y fait une entrée triomphale immortalisée par Stendhal dans La Chartreuse de Parme : « Le 15 mai 1796, le général Bonaparte fit son entrée dans Milan à la tête de cette jeune armée qui venait de passer le pont de Lodi, et d'apprendre au monde qu'après tant de siècles César et Alexandre avaient un successeur. »
Une légende est, de fait, en train de naître.
« Après Lodi, dira plus tard Napoléon, je me regardai non plus comme un simple général mais comme un homme appelé à influer sur le sort d'un peuple. »
le 14/04/2021 à 01:23
La grande majorité des guerres napoléoniennes ont être déclarées par les ennemis de la France et financées par les Anglais.
le 14/04/2021 à 01:22
Vive l’Empereur qui a sauvé la révolution et a propagé les idées révolutionnaires dans toute l’Europe.
le 13/04/2021 à 22:19
Lodi ... Après Waterloo, des milliers de soldats français se sont enfuis en Amérique. Des villes américaines portent les noms de victoires, notamment Lodi, en Californie. Vous avez aussi un Marengo dans l'Illinois. Credence Clearwater Revival a écrit en 1969 une chanson intitulée "Lodi", qui se prononce "low-die", un nom fort pessimiste. vous pouvez l'écouter sur YT.
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