Au départ, au départ Un homme, une rose à la main Elkabbach au placard La Bastille, la pluie qui vient Au départ, au départ La guillotine au panier Il aurait dit quelle histoire Cinquième semaine de congé
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis la rigueur, et puis Les mots qui blessent, les tensions Moi c’est moi et lui c’est lui
Et la cohabitation
Au départ, au départ C’est toujours le mois de mai Echarpe rouge et chapeau noir La lettre à tous les français Au départ, au départ Des accords à Matignon RMI, Michel Rocard Les affiches génération
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis au bord du canal Un premier mai sans raisons Nos amours se tirent une balle
Et la cohabitation
Au départ, au départ Odeur de gaz et de poudre Les matraques à Saint Bernard J’ai décidé de dissoudre Au départ, au départ C’est tout beau, c’est tout pluriel 35 heures et ça repart c’est les mariages arc-en-ciel
Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis 21 avril Coup de tonnerre, de canon Nos amours qui se défilent
Fin de cohabitation Au départ, au départ Tu sais c’est comme pour nous deux J’y croyais sans trop y croire Au départ c’est toujours mieux Et puis 21 avril Coup de tonnerre, de canon Nos amours qui se défilent Fin de cohabitation
Au départ, au départ Un homme, une rose à la main Au départ, au départ La Bastille, la pluie qui vient Au départ, au départ C’est toujours le mois de mai Au départ, au départ La lettre à tous les français
ARCHIVES. 10 mai 1981 : François Mitterrand, les raisons de la victoire
La volonté de changement, la sérénité de Mitterrand, le rejet de Giscard, les réticences de Chirac ont permis l'élection d'un président socialiste, analysait L'Express.
Par Albert du Roy (en 1981)
Dans L'Express du 12 mai 1981
Quel est l'homme politique qui a dit : "Nous avons gagné, et maintenant les problèmes commencent" ? Il est 19 h 10, le dimanche 10 mai, à l'hôtel du Vieux-Morvan, à Château-Chinon. François Mitterrand, vingt et unième président de la République française, a glissé la question à l'oreille de son vieil ami Guy Ligier avant de s'isoler dans sa chambre. Une demi-heure plus tôt - les grandes villes n'avaient pas encore fini de voter - il avait accueilli par un "Bien, très bien" l'annonce des premières estimations confidentielles réalisées à partir des résultats des petites communes.
Il est 20 heures juste lorsque les Français apprennent la nouvelle. En face du Palais de l'Elysée, dans le faubourg Saint-Honoré silencieux, une fenêtre s'ouvre à la volée et un homme hurle : "Mitterrand est élu !" Devant les portes closes de la présidence, un policier confie à son collègue : "Il va y avoir du changement." A partir de cet instant, de la Bastille à la Canebière, de la place du Capitole de Toulouse aux Champs-Elysées, c'est un déferlement de joie. Voilà vingt-trois ans au moins - depuis la naissance de la Ve République - que les mêmes hommes et femmes, la gauche, avaient accueilli avec tristesse les soirées d'élections.
Les sondages avaient raison
Au même moment, au Q.G. giscardien de la rue de Marignan, on ferme les portes sur un buffet vite déserté. L'amertume a changé de camp. Huit jours avant le second tour, les sondages, dont la loi interdit la publication, mais non la réalisation, couraient le petit monde politique : ils donnaient tous Giscard battu. Et, cette fois, ne se trompaient pas. Mais jusqu'à la dernière heure, devant la course-poursuite forcenée entreprise par le président sortant, on pouvait se demander si, dans l'isoloir, un nombre suffisant de Français n'allaient pas changer d'avis, hésiter devant un geste qui engage le pays pour sept ans.
Mais non ! Valéry Giscard d'Estaing a bel et bien perdu. Plus nettement même qu'il n'avait gagné en 1974. Pourquoi cette défaite ? La victoire de Mitterrand était, d'abord, inscrite en filigrane dans les résultats du premier tour. Si le total des voix de gauche atteignait à peine 47 % , le score remarquable du candidat socialiste et l'échec flagrant de Georges Marchais interdisaient au Parti communiste de mener ouvertement une stratégie anti-Mitterrand. C'eût été suicidaire. Le P.c. a donc joué le jeu. Sans enthousiasme, certes, mais cette discrétion même était un atout pour le candidat socialiste, puisqu'elle ne permettrait pas de réveiller l'anticommunisme de la grande majorité des électeurs. On redoutait un 1er Mai de combat : il fut terne à souhait. Dès lors, il était sûr qu'il manquerait plus de voix de droite au président sortant que de voix de gauche à son adversaire.
C'est la deuxième raison de la défaite de Giscard. Ses concurrents issus de la majorité, Jacques Chirac, Michel Debré et Marie-France Garaud, avaient affiché, dans leur campagne, une telle sévérité à l'égard du bilan giscardien qu'il leur était impossible, ensuite, d'être suivis par tous leurs électeurs pour barrer la route de l'Elysée à Mitterrand. Marie-France Garaud ne les y incita même pas, puisqu'elle a voté blanc. Debré y consentit sèchement, à contrecoeur. Et si Chirac le fit par deux fois, mollement le 27 avril, avec plus de détermination le 6 mai, on devinait tant d'arrière-pensées que la mobilisation ne pouvait être totale. Elle ne le fut pas. Bernard Pons, secrétaire général du parti chiraquien, l'a reconnu en remarquant : "Les électeurs de Chirac n'étaient pas décidés à reporter leurs suffrages sur le candidat qui avait fait le même choix de société au second tour." Les militants giscardiens l'avaient bien senti qui, rue de Marignan, accueillirent l'apparition de Chirac sur les écrans par des cris : "Il ose se montrer, alors que c'est sa faute. "
Les Français tournent le dos à Giscard
La troisième raison est l'erreur stratégique commise par Giscard. Non seulement tout au long de sa campagne, mais surtout dans ses derniers jours. Devant le résultat du 26 avril, le président sortant entreprit une double action : rassembler la majorité -- on a vu que ce fut un échec -- et créer un "effet" anti-Mitterrand. Ce fut, par exemple, l'attaque violente contre le Projet socialiste ou, à un autre niveau, l'annonce par le général Alain de Boissieu, grand chancelier de la Légion d'honneur, qu'il démissionnerait si le candidat socialiste était élu. Le message était clair : la France était mise en garde contre un changement de société et contre le passage à l'anarchie. Le faible pourcentage d'électeurs flottants qui devait recevoir ce message ne l'a pas entendu. Ou n'y a pas cru. C'est là que se révèle l'efficacité de la campagne "tranquille" de Mitterrand, qui, face aux questions trop précises, aux critiques trop acerbes, réussit à ne pas se départir du "flou" dont il a entouré son programme économique.
La quatrième raison tient à Giscard lui-même. On sait que le bilan de son septennat a été jugé négatif par une majorité de Français. Mais saura-t-on jamais de quelle désaffection personnelle a souffert le président sortant ? Désaffection due à sa manière froide, voire hautaine, d'exercer le pouvoir, au comportement souvent maladroit de son entourage politique, eu poison distillé dans le pays par l'affaire des diamants. La défaite, pour lui, n'est pas tant politique que personnelle. Quant à son vainqueur, dans la déclaration faite le soir-même de Château-Chinon, il devait donner la cinquième raison de l'événement : "Les Français ont choisi le changement."
Ce que disait, au même moment, à la télévision, avec les mêmes mots, mais évidemment dans un autre esprit, Claude Labbé, président des députés R.p.r. Si la satisfaction d'avoir "changé"a lancé dans les rue des dizaines de milliers de gens, style 1936 revu 68, Ies déclarations faites le soir même par les leaders de parti évoquent plus la IVe République. Chaque phrase était calculée en fonction du jeu politique des semaines à venir. Dans la perspective de l'échéance fixée par le nouveau président : les élections législatives de la fin de juin.
Voici d'abord Giscard : "Je continuerai, bien entendu, à défendre les intérêts essentiels de notre pays." Est-ce l'annonce que le président battu, surmontant instantanément la défaite, se prépare à la prochaine bataille ? Cette ambition, si elle se confirme, risque de provoquer une querelle de légitimité avec l'autre grand patron de ce qu'il faut désormais s'habituer à appeler "l'opposition" : Jacques Chirac. Lui aussi s'est "placé" , le soir même, pour demain, par un appel solennel aux électeurs "à se rassembler sans esprit partisan et à marquer avec cohésion et détermination leur volonté". On ne peut plus nettement prétendre au rôle de chef !
Le premier que cet appel agaça fut le président de l'autre fraction de l'ex-majorité, Jean Lecanuet, U.d.f., qui lâcha amèrement : "Chirac n'est pas le mieux placé pour assurer le rôle de rassembleur." Si Chirac ne l'est pas, qui l'est ? Le vaincu du 10 mai ?
Le PC en embuscade
Les incertitudes politiques qui minent la droite depuis cinq ans n'ont pas été gommées, à gauche, par la victoire. Au contraire. Elles surgissaient en arrière-plan des commentaires. Et d'abord au P.c., où l'annonce du résultat fut accueillie par la clameur des militants présents : "Des ministres communistes !" "Nous sommes prêts à prendre toutes nos responsabilités !" télégraphiait Marchais à Mitterrand. Puis, devant les caméras, il affirmait : "Pour se réaliser, le changement a absolument besoin du P.c." Et il faisait aussitôt savoir aux dirigeants socialistes qu'il était prêt à discuter d'un "contrat de gouvernement". Même si Paul Quilès, secrétaire national du P.s., accueillait les propos du chef communiste d'un "Impeccable, parfait !" fort optimiste, la pression du P.c. risque de faire souffrir le P.s. dans les semaines qui viennent.
A l'intérieur du P.s. aussi, une pression s'amorce : celle de Michel Rocard. Le grand absent de la campagne - il n'apparut qu'in extremis sur le devant de la scène, pour contrer l'opération anti-Projet socialiste de Giscard - n'a pas perdu plus de dix minutes, après la proclamation du résultat, pour se placer sur une orbite originale : "Je n'oublierai pas, dit-il d'emblée, de son fief de Conflans-Sainte-Honorine, que des millions de femmes et d'hommes sont déçus et inquiets, et je sais qu'il appartient à François Mitterrand et aux socialistes de lever leur inquiétude." Aucun autre dirigeant socialiste, dans la soirée, ne s'adressera ainsi, directement, aux vaincus pour leur assurer qu'on penserait aussi à eux. Rocard, quelques instants plus tard, était noyé dans la foule du siège du P.s. rue de Solférino, embrassé par ses censeurs les plus acides, applaudi par tous. Bref, récupéré, banalisé.
Le troisième tour de l'élection présidentielle - les législatives - a donc commencé. Il se conclura vite : dans sept semaines. Les partis auront-ils, en si peu de temps, la volonté de sortir des ornières où, de part et d'autre, ils se sont embourbés ? "Il faut un président à la France", rappelaient les affiches. Elle en a un. Il lui reste à choisir une majorité de gouvernement.
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