vendredi 18 juin 2021

COMMÉMORONS LE 18 JUIN 40





Barbara rend hommage à sa mère et à son grand-père


En ce nouveau 18 juin

Marie-Thérèse JOLIVET-MUDÉS 

se souvient : « Date exceptionnelle où mon cher Papa  a rejoint  le Général de Gaulle. À  l’appel du 18 Juin 1940 de Londres auquel il a répondu, il part de la Rochelle où il était ancré avec le Phryné et met le cap sur l’Angleterre. Son équipage est d’accord pour sauver la France, notre Pays, envahi par les Allemands déjà au nord et l’occupation de notre capitale Paris. D’autres bateaux ont suivi  Papa au commandement du Phryné pour aller de l’Atlantique à la Manche, depuis le grand port de Brest avec d’autres navires marchands. Des navires de guerre patrouillaient dans la Manche. L’ordre de l’Amiral était de diriger la flotte vers les ports de la mer du Nord pour contre-attaquer les Allemands qui déjà, hélas, étaient prêts au combat !... Mon père,  le Commandant Fernand Mudès, à bord du Phryné de la marine marchande, a fait passer un message à l’Amiral et à sa flotte pour lui exposer le danger de la mer du Nord et celui-ci lui a répondu qu’il continuait vers Dunkerque et le Havre. Mon cher Papa connaissait depuis toujours le danger que ça représentait, son métier de marin, son tour du monde « à la voile »  sur la goélette de son père, de la marine marchande lui aussi et capitaine lui aussi, a alors lancé un vibrant « au revoir » à l’amiral…Après des heures et des heures de traversée, son bateau suivi par d’autres bateaux, il est arrivé sur la côte anglaise à Plymouth, et, dès le large,  papa a hissé le drapeau ‘tricolore’ : ce bleu-blanc-rouge a fasciné les postes anglais, des bateaux l’ont escorté jusqu’à Portsmouth où le Phryné a jeté l’ancre. Il s’est présenté à l’Amirauté britannique à la « garde du port », qui immédiatement a pris contact avec l’Amiral Muselier qui  venait lui aussi de rejoindre le Général de Gaulle : par message il s’empressa de lui dire de venir le rejoindre dans les Forces Françaises Libres et lui donna le commandement du Châteauroux. Dans la tourmente que la France venait de vivre depuis juin 1940 et dès cette date, mon père, le Commandant Fernand Mudès, et son équipage de la Marine Marchande, était prêt à sauver la France et à lever bien haut nos trois couleurs pour l’honneur et le salut de la patrie. Nous avons mis sous verre à la maison l’ordre de mission signé de l’amiral Muselier.

Le Châteauroux a disparu coulé en mer le 2 novembre 1944.

















http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=87059



PREMIÈRES HEURES DE LA MARINE MARCHANDE DE LA FRANCE LIBRE

Débuts et premières heures de la marine marchande de la France Libre

Débuts et premières heures de la marine marchande de la France Libre

La marine marchande de la France Libre est née au début du mois de juillet 1940 par l’ordre n° 1 de l’amiral Muselier, me chargeant de toutes les questions touchant la marine marchande aux Forces Françaises Libres.
La situation de nos marins de commerce était alors suffisamment confuse. Les Britanniques, ayant intercepté les ordres de sabotage émanant de Vichy, avaient d’autorité débarqué les équipages pour les interner à l’Olympia, causant auprès de nos hommes qui, en grande majorité, désiraient continuer à servir, un malaise profond mais bien compréhensible, ce qui rendit notre recrutement très difficile d’autant plus que les consuls de Vichy encore en place menaient contre nous une lutte sans ménagements.
Du côté matériel, la situation n’était pas meilleure, car par suite du secret absolu entourant les mouvements des navires, il était pratiquement impossible de savoir, même très approximativement, quelles unités se trouvaient en Grande-Bretagne et dans quel port elles étaient.
Ce n’est qu’après de nombreuses démarches, grâce à nos relations amicales avec le ministre du War Transport et ses collaborateurs, que nous arrivâmes progressivement à obtenir une vue d’ensemble de ce que pouvait être la flotte de la marine marchande française libre. Mais il fallait démarrer malgré les difficultés. Entre temps j’étais parvenu à constituer un noyau de collaborateurs de choix.
Avec nos différents services, nous allâmes d’abord camper au quatrième étage de Carlton Gardens où, nous nous trouvâmes, selon la règle commune, dans le plus complet dénuement (au point de vue matériel de travail, équipement, etc.). Aussi acceptâmes-nous avec plaisir l’hospitalité offerte par le War Transport et c’est ainsi que nous allâmes nous installer dans l’immeuble de Berkleyst – chambre 8032 et annexes – où nous eûmes tout de suite l’aide indispensable. Simultanément, j’avais lancé à la B.B.C. un appel à tous les marins français, leur faisant connaître la constitution de la marine marchande de la France Libre, leur rappelant qu’il était du devoir de tout Français, libre de disposer de sa personne, de continuer la lutte aux côtés du général de Gaulle et les assurant qu’ils trouveraient auprès de nous l’accueil le plus amical.
La question de la marine marchande fut étudiée aux réunions de Gaulle-Churchill au cours desquelles se mettaient au point l’action et le fonctionnement de la France Libre. Pour fixer l’orientation de ces conversations je remis au général de Gaulle, le 17 juillet 1940, une note qui, dans mon esprit, établissait les grandes lignes de notre activité future. Finalement les conversations de Gaulle-Churchill aboutirent à l’accord du 7 août 1940.
D’autres diront, mieux que je ne puis le faire, ce qu’est devenue la marine marchande de la France-Libre au cours de la guerre ; la seule chose que je puis affirmer est qu’elle a servi tout simplement dans l’abnégation de l’anonymat à peu près absolu.
La marine marchande est habituée à servir sans éclats ni fanfares ; les services vitaux qu’elle rend ne se prêtent pas à l’admiration des foules, ni aux honneurs du communiqué. Mais je dois dire hautement que nos marins de 1940 ont été les dignes continuateurs de nos plus belles traditions maritimes et que ceux du Celte, du Félix-Roussel, du Doumer, ont su, au moment du sacrifice et de l’action, s’élever à la hauteur sublime de nos ancêtres. Il est juste qu’à l’occasion de ces réminiscences la France donne une pensée reconnaissante à ses enfants qui ont si bien mérité d’elle au jour du sacrifice et leur ancien directeur les salue avec émotion.

Pierre de Malglaive

Liste des bâtiments de la marine marchande F.N.F.L.

Anadyr* (Cargo). Cap Cantin (Cargo). Cap El Hank (Cargo). Capitaine Illiaquer (Cargo). Capo Olmo (Cargo). Cap St-Jacques (Paquebot). Cap Tarifa (Cargo). Casamance* (Cargo). Celte (Cargo). Charles L.-.D* (Cargo). Châteauroux (Cargo). Commissaire Ramel* (Paquebot mixte). Cuba* (Paquebot). Daphné* (Cargo). Désirade (Paquebot). Djurjura* (Cargo). Dorine (Cargo). Egée (Cargo). Elvy (Cargo). E.M.R. (Cargo). Espérance (Cargo mixte). Félix-Roussel (Paquebot). Forbin* (Cargo). Formigny (Cargo). Fort Binger (Cargo). Fort Médine* (Cargo). Fort de Troyon (Cargo). Franche-Comté (Pétrolier). Graveline* (Cargo). Île-de-Batz* (Cargo). Île-de-Bourbon (Cargo). Île-de-France (Paquebot). Indochinois (Cargo). Jean L.-D. (Cargo). Joseph-Duhamel (Cargo). Lisieux (Cargo). Loyauté (Cargo). Maréchal Galliéni (Paquebot mixte). Maurienne (Cargo). Morlaix* (Cargo). Myson* (Cargo). Nevada* (Cargo). Néo-Hébridais (Cargo). Octane (Pétrolier). Orne (Cargo). Ostrevent (Cargo). Padonco (Cargo). Pasteur (Paquebot). Petrophait (Pétrolier). Phoque (Cargo). P.L.M. 17 (Cargo). P.L.M. 22* (Cargo). P.L.M. 27* (Cargo). Polynésien (Cargo). Président Doumer* (Paquebot). Roxane (Pétrolier). St-Bertrand (Cargo). Saintonge (Pétrolier). S.N.A. 8 (Cargo). S.N.A. 10 (Cargo). Tombouctou (Paquebot). Touareg* (Paquebot). Vaite (Cargo). Victor-Guilloux (Drague). Ville d’Amiens (Cargo mixte). Ville de Strasbourg (Cargo mixte). Ville de Majunga (Cargo mixte). Ville de Tamatave.

Ce signe * indique que le bâtiment a été coulé ou perdu.

Extrait de la Revue de la France Libre, numéro spécial, 18 juin 1951.





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