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lundi 21 juin 2021
TARA EN MARTINIQUE
Ce matin 21 juin
Passage de Tara qui manœuvrait pour rejoindre le quai d'accueil du chantier de carénage du Marin
Photos de Christelle Van den Broeck
Très bonne présentation de la mission scientifique en cours et discussions avec des membres de l'équipe de TARA c'était top ! Bravo aux organisateurs, merci d'avoir ouvert plus de créneaux pour permettre à plus de monde de participer c'était vraiment très intéressant.et interactif. Une belle rencontre !Le navire est au bout du quai des Amel/ DreamYacht Marina du Marin pour qlqs temps encore si vous voulez y jeter un oeil (mais pas de visite de l'intérieur, dommage).
Voici l'histoire de la goélette Tara, connue aujourd'hui pour ses missions de sauvegarde de l'océan. Pourtant, son histoire remonte — si l'on veut comprendre sa construction — au 19e siècle, à l'aube de la réalisation de la première dérive polaire. Construite en 1986, ce navire ventru a eu une vie historique avant de devenir une plateforme scientifique.
Tara est conçu par l'explorateur Jean-Louis Étienne qui rêve de se lancer sur les traces du norvégien Fridtjof Nansen, premier explorateur à avoir accompli la dérive transpolaire. Faute de moyens, il revendra son bateau au célèbre navigateur Peter Blake qui s'est notamment illustré sur la Coupe de l'America avant d'être repris par un chef d'entreprise français, Etienne Bourgois, qui l'a transformé en base scientifique sur l'océan. Pour autant, la goélette accomplira la dérive pour laquelle elle a été conçue en 2007. Le 8 mai, Tara et son équipage, mené par le Néozélandais Grant Redvers, passe le 88° 32' N, la position septentrionale jamais atteinte par un navire, autre qu'un brise-glace ou un sous-marin, à 160 km du pôle nord. Alors que Nansen sur son navire avait mis trois ans à accomplir la dérive arctique, Tara n'en mettra que seize.
Voici l'histoire de la goéletteTara, née de l'ambition de son concepteur en 1986 et qui est désormais le navire phare de la Fondation Tara Expéditions, première fondation reconnue d'utilité́ publique consacrée à l'Océan. Si aujourd'hui elle a pour vocation de servir de plateforme scientifique pour prédire et mieux anticiper l'impact du changement climatique, elle est inspirée du Fram, un navire pensé et conçu différemment de codes en vigueur au 19e siècle.
Tara, originellement nommé Antarctica puis Seamaster, est un voilier français destiné à la recherche scientifique et à la défense de l'environnement. Dans le cadre de l'Année polaire internationale2007-2008, ce voilier de type goélette a été utilisé en Arctique par l'expédition Tara Arctic dans le but de faire des relevés permettant de mieux comprendre les changements climatiques qui s'y opèrent. En 2009, dans le cadre de l'expédition Tara Oceans, Tara parcourt les mers et les océans du globe à la découverte du monde planctonique, afin de réaliser une collecte sans précédent des micro-organismes marins et d’établir notamment une cartographie de leur répartition, des modèles de leurs interactions. En 2014, l’expédition Tara Méditerranée va durer 7 mois et son objectif est de comprendre les impacts des micro-plastiques sur l’écosystème marin, dans la mer la plus polluée du monde. D' à , l'expédition Tara Pacific permet d'étudier la biodiversité complète des récifs coralliens - du gène à l’écosystème - et de mieux comprendre leur capacité d’adaptation aux changements environnementaux globaux liés aux facteurs humains et climatiques[1]. Fin , la Fondation Tara Océan lance une nouvelle mission de six mois sur dix fleuves d'Europe aux origines de la pollution plastiques, la Mission microplastiques 2019.
Le Tara le 23 août 2009 devant Port Lay, Île de Groix.
Construite en France à l’initiative de Jean-Louis Étienne, médecin explorateur, en 1989, dessinée par les architectes navals Luc Bouvet et Olivier Petit et baptisée initialement Antarctica, cette goélette a parcouru toutes les mers du globe jusqu’en 1996.
Puis elle fut reprise par Sir Peter Blake sous le nom de Seamaster, pour en faire l’instrument principal de son programme de défense de l’environnement soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Tragiquement, l’aventure s’arrêta en 2001 sur le fleuve Amazone au Brésil à la suite du meurtre de Peter Blake par des pirates et le bateau fut alors laissé à quai pendant deux ans.
En 2003, le directeur général d’agnès b., Étienne Bourgois, acquiert le bateau et le rebaptise Tara. Il lance conjointement le projet Tara Expéditions pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement et développer une connaissance de haut niveau sur l'océan. Depuis, Tara a réalisé de nombreuses expéditions scientifiques dont l'expédition Tara Arctic,Tara Oceans, Tara Méditerranée et enfin Tara Pacific (en cours jusque fin 2018). Le projet est dirigé aujourd'hui par Romain Troublé.
En 2016, le projet acquiert le statut de Fondation et devient la Fondation Tara Océan - ex Fondation Tara Expéditions - à laquelle Etienne Bourgois confie la goélette Tara.
Avec sa coque en forme de « noyau d'olive », le bateau a pu se laisser bloquer par les glaces car il a été conçu pour résister aux pressions extrêmes que la banquise exerce. Analogue dans sa mission au Fram de Nansen, qui pesait 800 tonnes, la goélette Tara a bénéficié de la technologie moderne du soudage de l'aluminium, et ne pèse que 130 tonnes. Sa coque en aluminium permet de mieux résister aux températures polaires, contrairement à l'acier qui perd de sa souplesse et devient cassant par grand froid.
Programme DAMOCLES
Le projet pilote DAMOCLES (Developping Arctic Modelling and Observing Capabillities for Long-term Environmental Studies) fait partie intégrante du projet Tara Artic 2007-2008. Ce projet de l’Union européenne, coordonné par Jean-Claude Gascard, vise à observer, comprendre et quantifier les changements climatiques en Arctique afin d’aider à la prise de décisions face au réchauffement de la planète. DAMOCLES regroupe 45 laboratoires, issus de 10 pays européens, des États-Unis et de Russie. Pour ces scientifiques, la goélette Tara a représenté un poste avancé incomparable.
Ils avaient pour mission de faire des mesures scientifiques concernant l'ensemble « atmosphère-banquise-océan » :
les données océanographiques : température, salinité, pression de l’eau jusqu’à 4 000 m de fond ;
les radiomètres indispensables pour rendre compte des modifications de l’albédo. La banquise recouverte de neige réfléchit 80 % du rayonnement solaire : c’est ce qu’on appelle l’albédo, le pouvoir réfléchissant. Avec la disparition de la glace, ce rayonnement sera absorbé par l’océan à 80 %, renforçant davantage encore son réchauffement ;
la composition de la glace et les caractéristiques de la neige, lesquelles influent sur les échanges marins ;
l’épaisseur des glaces autour de Tara ;
le « trou d’ozone de surface » de l’Arctique. Au printemps, les concentrations d’ozone chutent en effet dramatiquement à la surface de l’océan Arctique et non dans la haute atmosphère comme c’est le cas en Antarctique, un phénomène encore mal expliqué ;
l’origine des eaux douces de surface par analyse chimique de l’eau ;
la nature des aérosols, des particules atmosphériques, et des polluants en suspension dans l’air ;
l’analyse biologique des bactéries spécifiques de la glace ;
la dérive a été de 5 200km soit 2 600 km en « ligne droite » ; la plus grande dérive a été de 50 km par jour et la moyenne fut de 10 km par jour ;
l'essentiel de la trajectoire a été au-delà du 80e parallèle ; et Tara s'est approché à 170 km du pôle Nord, le ;
il a été enregistré 230 nuits complètes, 230 jours permanents et 47 jours « ordinaires » polaires ;
l'enregistrement de la température de l'air la plus faible a été de - 41 °C, la plus chaude + 9 °C ; le nombre de jours au-dessus de 0 °C a été de 50 jours entre le et le ;
le ballon-sonde s'est élevé jusqu'à 1 500 m d'altitude mais a rencontré des problèmes de givre ;
en ce qui concerne la glaciologie, il a été mesuré une épaisseur moyenne de glace de 1,5 m, mesurée à l'EM31 (radar spécialisé) ; il a été effectué des carottages et a été enregistré des données sismiques ;
la sonde Océan spécifiée en conductivité-salinité, température, densité (CTD) a été parfois endommagée mais a recueilli toutefois des données significatives.
Vue générale du site où Tara s'est laissé prendre par les glaces
Vue de nuit de Tara
Tara enneigée
Expédition Tara Oceans (2009-2013)
Du à , Tara s'est engagé dans une nouvelle expédition : traverser les océans pour étudier le monde encore très peu connu du plancton[2] et à travers ces micro-organismes (zooplancton, phytoplancton, bactéries, virus), le piégeage des molécules de gaz carbonique (CO2) , mais aussi le génome de l'océan, les interactions, répartitions, fonctions.
Tara est finalement revenu à Lorient en . L'itinéraire de la dernière année avait été grandement modifié : l'expédition abandonna sa visite de l'Asie-Pacifique et de l'Arctique pour se rendre à New York plus tôt () en passant par le canal de Panama[5]. Sa traversée de l'Arctique est reportée à [6].
L'équipage comprenait quatorze personnes dont cinq marins et quatre reporters qui devaient se relever tous les trois mois et en permanence cinq scientifiques relevés quant à eux environ toutes les trois semaines, en liaison et en collaboration avec une équipe de cent chercheurs restés à terre[2],[4]. Parmi les équipements scientifiques, dont le montant est de 1,5 million d'euros, l'expédition a embarqué une rosette, un cytomètre en flux, un microscope 3D entre autres. Le coût de fonctionnement de l'expédition était prévu à 3 millions d'euros par an, entièrement financé par des fonds privés dont un tiers par Agnès Troublé[2].
Le , la prestigieuse revue scientifique Science publie les cinq premiers grands résultats scientifiques de l'expédition Tara Oceans.
L'objectif est un état des lieux, d'un point de vue biologique et climatique, de l'océan Arctique. Les équipes scientifiques de l'expédition précédente participent également à cette nouvelle campagne, complétant les études sur le plancton faites sur les autres océans[8].
Entamée le à Lorient, cette expédition s'est achevée le après avoir parcouru 25 000 km[9].
Le Tara le 23 août 2009 devant Port Lay, Île de Groix.
Construite en France à l’initiative de Jean-Louis Étienne, médecin explorateur, en 1989, dessinée par les architectes navals Luc Bouvet et Olivier Petit et baptisée initialement Antarctica, cette goélette a parcouru toutes les mers du globe jusqu’en 1996.
Puis elle fut reprise par Sir Peter Blake sous le nom de Seamaster, pour en faire l’instrument principal de son programme de défense de l’environnement soutenu par le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE). Tragiquement, l’aventure s’arrêta en 2001 sur le fleuve Amazone au Brésil à la suite du meurtre de Peter Blake par des pirates et le bateau fut alors laissé à quai pendant deux ans.
En 2003, le directeur général d’agnès b., Étienne Bourgois, acquiert le bateau et le rebaptise Tara. Il lance conjointement le projet Tara Expéditions pour faire prendre conscience de la fragilité de l’environnement et développer une connaissance de haut niveau sur l'océan. Depuis, Tara a réalisé de nombreuses expéditions scientifiques dont l'expédition Tara Arctic,Tara Oceans, Tara Méditerranée et enfin Tara Pacific (en cours jusque fin 2018). Le projet est dirigé aujourd'hui par Romain Troublé.
En 2016, le projet acquiert le statut de Fondation et devient la Fondation Tara Océan - ex
Expédition Tara Méditerranée (2014)
L’expédition Tara Méditerranée répond à un objectif de sensibilisation sur les enjeux environnementaux en Méditerranée et d’étude scientifique sur le plastique. De mai à , la goélette Tara a sillonné la mer Méditerranée afin de promouvoir les efforts d’associations locales et régionales sur les nombreux enjeux environnementaux liés à cette mer : la multiplication des difficultés liées à la pollution, notamment de la pollution plastique et sa probable incorporation dans la chaine alimentaire.
L’étude scientifique a pour but de quantifier et d’analyser la présence de micro-plastiques ainsi que de comprendre l’impact de cette pollution sur l’écosystème de la mer Méditerranée.
Expédition Tara Pacific (2016-2018)
2016, une nouvelle expédition est montée afin d'enquêter sur l'avenir du corail marin, de plus en plus menacé par le réchauffement climatique et le phénomène d'urbanisation[10]. L'expédition, embarquant à son bord soixante-dix scientifiques, parcourt près de 100 000 km, visite trente pays, analyse quarante archipels et recueille plus de 40 000 échantillons[11]. Le départ a eu lieu le à Lorient[12]. Jusqu'au mois de , Tara traverse sept mers et océans : océan Atlantique, mer des Caraïbes, océan Pacifique sud, mers de Chine orientale et méridionale, mer des Salomon, mer de Corail. La traversée la plus longue sans escale durera 31 jours, entre Taïwan et les îles Fidji en [13]
Expédition Tara Microbiomes (2020-2022)
Cette mission "Microbiomes" étudie le microbiome de l’océan et étudier l'impact du changement climatique sur lui.[14]Le 31 mars 2021 la goélette se trouve le long des côtes du Chili.
Océans et mers traversés au cours des expéditions de Tara
Cette section contient une ou plusieurs listes. Le texte gagnerait à être rédigé sous la forme de paragraphes synthétiques (octobre 2018).
Tara est le plus grand dériveur polaire du monde. Il a été conçu pour résister à la compression des glaces en mouvement et aux très basses températures.
Traitement des déchets : 1 broyeur et 1 compacteur
Habitacle : alors que l'habitacle du Fram, une goélette à trois mâts construite en 1892 pour des expéditions polaires, était doublé en poils de renne et de feutre dans du linoleum, celui de Tara a été réalisé en une « peau » de mousse synthétique en sandwich entre des plaques de contreplaqués, qui évite ainsi tout contact avec l'aluminium de la coque. Les vitres sont en double-vitrage plexiglas. La ventilation est assurée afin d'éviter toute condensation d'humidité.
Tara est le plus grand dériveur polaire du monde. Il a été conçu pour résister à la compression des glaces en mouvement et aux très basses températures.
Traitement des déchets : 1 broyeur et 1 compacteur
Habitacle : alors que l'habitacle du Fram, une goélette à trois mâts construite en 1892 pour des expéditions polaires, était doublé en poils de renne et de feutre dans du linoleum, celui de Tara a été réalisé en une « peau » de mousse synthétique en sandwich entre des plaques de contreplaqués, qui évite ainsi tout contact avec l'aluminium de la coque. Les vitres sont en double-vitrage plexiglas. La ventilation est assurée afin d'éviter toute condensation d'humidité.
Apport scientifique des expéditions de TaraModifier
L’expédition Tara Oceans a permis d’identifier 40 millions de nouveaux gènes microbiens et 200 000 virus marins grâce à l’étude de 35 000 échantillons collectés dans les océans. Tara Oceans a collecté la grande majorité de la biodiversité du plancton, constituant ainsi la plus grande base de données jamais rassemblée de manière quasi simultanée.
« Les informations issues de Tara Oceans représentent à elles seules 80 % des gènes marins désormais déposés en banques de données. Et plus de 80 % d’entre eux sont totalement inconnus. Si les biologistes marins ne partaient pas de rien, l’apport de Tara Océans va permettre de passer un cap décisif dans l’exploration de cette biodiversité foisonnante. »[16]
Ces données, rendues disponibles à la communauté scientifique mondiale, ont permis de faire évoluer la façon d’appréhender le changement climatique et d’étudier les océans. Les résultats issus de cette expédition, ont permis la parution d’une étude dans un numéro spécial de la revue Science en , pour laquelle la revue a offert sa couverture à la goélette Tara et également dans Nature. Publiés en couverture de Cell Press en avril et , les derniers résultats ont révélé l’importance de l’océan Arctique comme réservoir de virus marins ainsi que la variation de la diversité et des fonctions des espèces planctoniques selon la latitude.
Les expéditions de recherche scientifique Tara Oceans et Malaspina (Espagne) ont démontré une nouvelle zone d’accumulation de débris de plastique flottants en Arctique, issus du transport à grande échelle de ces derniers depuis l’océan Atlantique. L’étude, qui a été publiée dans Science Advances, confirme ainsi la gravité de la pollution marine, jusque dans des zones très éloignées des populations et encore vierges[17].
L’étude scientifique menée pendant Tara Méditerranée sur le plastique, durant laquelle près de 2 300 échantillons ont été prélevés, a fait ressortir un constat préoccupant : « cela va de 5 000 plastiques par kilomètre carré jusqu’à 2,5 millions dans la mer Tyrrhénienne »[18] selon la scientifique Maria Luiza Pedrotti (Laboratoire Villefranche) qui a participé à l’expédition.
L’expédition Tara Microbiomes prend le parti d’une approche globale par l'étude du premier acteur présent dans toutes les facettes de l'écosystème marin : le microbiome.Cette expédition a démarré le 12 décembre 2020 et se prolonge jusqu'en 2022.
Les expéditions à bord de Tara s’inscrivent dans le cadre des actions menées par la Fondation Tara Océan, première fondation reconnue d’utilité publique consacrée à l’Océan en France. Elle développe une science de l’Océan ouverte, innovante et inédite qui nous permettra demain de prédire, anticiper et mieux gérer les risques climatiques. Elle utilise cette expertise scientifique de très haut niveau pour sensibiliser et éduquer les jeunes générations, mobiliser les décideurs politiques au plus haut niveau et permettre aux pays émergents et en développement d’utiliser ce nouveau savoir autour de l’Océan.
Véritable laboratoire scientifique flottant, la goélette Tara a déjà parcouru plus de 375 000 kilomètres, faisant escale dans plus de 60 pays lors de 4 expéditions majeures, menées en collaboration avec des laboratoires internationaux d’excellence (CNRS, le CEA, l’EMBL, le MIT ou PSL, la NASA...).
La Fondation Tara Océan agit aussi pour renforcer la conscience environnementale en sensibilisant le grand public aux enjeux écologiques liés aux océans. Elle développe de nombreux dispositifs de sensibilisation également à destination des plus jeunes à travers des programmes d’apprentissage pour mieux comprendre l’Océan, et découvrir la science à bord de Tara.
Elle œuvre en faveur de l’amélioration de la gouvernance pour l’Océan. En 2015, la Fondation Tara Océan a reçu le statut d’Observateur spécial aux Nations unies et participe activement aux différentes commissions et conférences de l’ONU. Elle y apporte une expertise scientifique de haut niveau sur les enjeux océaniques. La Fondation Tara Océan a également pour vocation de renforcer la coopération scientifique internationale. Depuis 2015, elle agit pour renforcer les compétences des scientifiques des pays en voie de développement en leur permettant de se former dans les laboratoires partenaires : biologie moléculaire, bio-informatique et génomique.
↑« Tara Oceans : Découverte d’une importante zone d’accumulation de plastique dans l'Arctique », Tara, un voilier pour la planète, (lire en ligne, consulté le5 juillet 2017)
↑(fr + en + ja) Fondation Tara Expéditions, Tara, la nouvelle exploration, , 175 p.(ISBN978-2-906496-65-1), p. 122
L'océanconstitue l'écosystème le plus vaste et le plus important de notre planète. Il reste pourtant l'undes plus méconnus au monde. C'est pour percer ses secrets que la goélette Tara sillonne depuis plus de quinze ans les eaux du globe avec à son bord des dizaines de scientifiques. Et c'est une nouvelle aventure qu'elle va bientôt entamer.
Le navire quittera le port de Lorient le 12 décembre prochain pour se lancer dans un itinéraire de 70.000 kilomètres qui prendra fin à l'automne 2022, selon le calendrier dévoilé. Cette mission constituera la cinquième expédition majeure du laboratoire flottant de trente-six mètres de long.
Après s'être intéressé au plancton,à la pollution plastiqueetaux récifs coralliens, c'est sur une nouvelle problématique que l'équipe de Tara va se pencher : le microbiome, ce peuple invisible caché sous la surface. "Cette mission est dans la continuité directe des précédentes", a précisé Romain Troublé, directeur général de laFondation Tara Océan.
"Elle vise à répondre à de nouvelles questions pour comprendre comment cet écosystème (l'océan, ndlr) fonctionne", a-t-il poursuivi lors d'une conférence de presse.
Un monde invisible mais essentiel
Le microbiome désigne les micro-organismes - virus, bactéries, archées et protistes - qui évoluent dans l'écosystème océanique et interagissent entre eux, avec les autres organismes et l'environnement. Or, si ce petit monde est invisible à l'oeil nu, il occupe une place immense puisqu'il représente plus des deux-tiers de la biomasse marine.
Plus important, il constitue un maillon essentiel de la chaîne alimentaire et joue un rôle primordial dans le maintien des grands cycles et des équilibres écologiques de la planète. Par exemple, ces micro-organismes captent ledioxyde de carboneatmosphérique et délivrent en retour la moitié de l'oxygène que nous respirons.
"Il faut rappeler que la Terre, durant les trois-quatre de l'évolution du vivant, n'a été fait que du microbiome", a souligné Colomban de Vargas, directeur de recherche au CNRS, biologiste et écologue. "Tous les grands cycles biogéochimiques de la Terre ont été mis en place par le microbiome, bien avant que les macro-organismes évoluent".
Pour illustrer cette importance, les scientifiques n'hésitent pas à faire le rapprochement avec le microbiome humain, ces milliards demicro-organismesqui évoluent dans notre corps. Ceux-ci influencent de multiples processus biologiques et jouent un rôle indispensable dans notre santé. Il en va de même pour l'océan et sa machinerie complexe.
Comprendre le fonctionnement du microbiome
Si le microbiome demeure un monde largement méconnu, lesprécédentes expéditions de Taraont permis de lever le voile sur sa composition. Grâce aux milliers d'échantillons recueillis, l'équipe a pu identifier plus de 200.000 espèces de virus et plus de 200 millions de gènes produits par les organismes dits procaryotes et eucaryotes.
Ces données sont une première avancée considérable mais elles ne constituent qu'une partie du tableau. A quoi servent ces espèces et tous ces gènes ? Comment interagissent-ils dans l'écosystème ? Ou encore comment les changements écologiques tels que le réchauffement des eaux et la pollution plastique affectent-ils ce microbiome ?
Ce sont toutes les questions auxquelles l'équipe de Tara espère répondre avec cette nouvelle expédition dont le parcours a été minutieusement préparé pour se rendre dans des régions clés. La goélette traversera ainsi l'Atlantique Sud pour rejoindre les côtes duChiliavant de remonter vers lesAntillesfrançaises puis de redescendre le long du Brésil.
L'itinéraire quittera ensuite l'Amérique du Sud pour gagner la mer de Weddell enAntarctique. L'étape suivante consistera à rallier les côtes africaines et à les remonter jusqu'à revenir par lePortugalpour enfin conclure le voyage à Lorient aux environs de septembre 2022.
Comme à chaque mission, l'équipe à bord profitera du périple pour collecter des échantillons qui seront plus tard envoyés pour étude dans les laboratoires participant au projet. Dans chaque région traversée, elle mesurera également un grand nombre de paramètres environnementaux dont la température, le taux d'oxygène ou encorela pollution plastique.
Près de 200 scientifiques impliqués à travers le monde
Pour cetteMission Microbiomes, ce sont quelque 80 chercheurs qui se relaieront à bord du navire et près de 200 scientifiques qui seront impliqués à travers le monde. Pour parvenir à comprendre le microbiome de façon globale donc, mais aussi identifier plus finement les mécanismes qui lient ces micro-organismes etle climat.
"Les réponses apportées par cette mission devraient s’avérer particulièrement utiles pour améliorer les modèles de prévision climatique, notamment en y intégrant des paramètres biologiques",a souligné Daniele Iudicone, chercheur à la Station Zoologique Anton Dohrn à Naples et co-directeur scientifique de la mission.
Cette expédition sera également une nouvelle occasion pour Tara de partir à la rencontre du grand public et notamment des scolaires. 23 escales sont prévues sur l'itinéraire pour "partager la culture de l'océan", faire comprendre le fonctionnement de cet écosystème et pourquoi il est si important de le protéger.
D'autres opérations éducatives seront organisées et le public aura la possibilité, tout au long de la mission, de suivre l’aventure humaine et scientifique de la goélette sur laplateforme digitale de la Fondation Tara Océan.
Un départ à suivre en direct sur les réseaux sociaux
Le coup d'envoi devait initialement être donné en septembre dernier mais le départ a dû être reporté en raison de la situation liée au Covid-19. Après cinq mois de préparation et la mise au point d'un protocole sanitaire stricte, l'équipe a désormais hâte de lever l'ancre comme l'a confirmé Samuel Audrain, le capitaine de Tara.
"On est très contents de partir sur cette nouvelle mission. On est même assez émus parce que c'est quelque chose de repartir sur une mission longue de deux ans", a confié le marin dont la première mission à bord de la goélette remonte à 2005. Contexte oblige, la traditionnelle cérémonie de départ n'aura pas lieu mais l'événement sera à suivre en direct sur les réseaux sociaux.
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