À Glasgow, les limites des COP s’exposent au grand jour En 2015, la COP21 s’était clôturée avec les larmes de joie, d’émotion, de fatigue entremêlées de son président Laurent Fabius sur un accord de Paris estimé historique — celui-ci étant le seul accord universel qui existe à ce jour, avec un objectif chiffré… mais non contraignant. Six ans plus tard, la COP26 de Glasgow vient de se refermer sur de nouvelles larmes, mais cette fois de déception assumée, de son président Alok Sharma, « sincèrement désolé ». Et comment faire autrement que pleurer des torrents de larmes, de découragement, de colère face aux tonnes d’espoirs douchés, face aux avalanches de promesses non tenues ? Car tandis que s’amplifie l’immense et irréversible chambardement climatique, force est de faire le même constat, une fois de plus : encore une COP et encore une occasion manquée, certes avec quelques avancées (cela aurait pu être pire, diront les esprits plus positifs) mais tellement, tellement loin des politiques indispensables pour contenir une hausse maximale de la température moyenne de 2 degrés. Ce constat d’impuissance des États, ressassé depuis des décennies de négociations climatiques, explose comme jamais au grand jour. Car depuis l’accord de Paris, ce ne sont pas les politiques climatiques qui ont (temporairement) infléchi les courbes des émissions de gaz à effet de serre. Ce sont les mesures liées au combat contre la pandémie de Covid 19. Alors, à quoi sert encore le mécanisme des COP (lourd, ruineux, et coupé comme jamais des sociétés civiles) ? À Glasgow, nous avons atteint les limites de ce qui était censé être le meilleur outil multilatéral de négociations à ce jour. Bref, l’avenir de la lutte contre le changement climatique et de l’adaptation qu’il réclame se joue décidément sur d’autres fronts.
La COP26 se termine sur un texte « de compromis » | • Que contient le pacte de Glasgow ? | La COP26, la 26e édition d’une conférence des Nations unies sur le changement climatique, s’est terminée samedi après deux semaines de négociations à Glasgow, en Écosse (Royaume-Uni). Près de 200 pays ont accepté le pacte de Glasgow, qui contient une mention inédite des énergies fossiles : il appelle les pays à « intensifier les efforts vers la réduction progressive de l’énergie produite à partir du charbon sans systèmes de capture » de CO2 et à « l’élimination des subventions inefficaces aux énergies fossiles ». Le pacte de Glasgow a réaffirmé l’objectif mondial de limiter l’augmentation de la température moyenne en dessous de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels et de poursuivre les efforts pour la limiter à 1,5°C, contenu dans l’accord de Paris. Il appelle également les États à relever leurs objectifs actuels d’émissions de gaz à effet de serre d’ici l’année prochaine. | • Pourquoi le texte est-il jugé décevant ? | Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a estimé samedi lors de la clôture de la COP26 que le pacte de Glasgow était un « compromis », qui n’a pas réussi « à surmonter certaines contradictions profondes ». Il a appelé à « éliminer progressivement le charbon ». Le président de la COP26, Alok Sharma, s’est excusé samedi « pour la façon dont le processus s’est déroulé », évoquant ainsi les changements de dernière minute introduits sur la question des énergies fossiles à la demande de la Chine et de l’Inde afin de remplacer le terme de « suppression » par « réduction ». « Ils ont changé un mot, mais ils ne peuvent pas changer le signal qui sort de cette COP, que l’ère du charbon se termine », a commenté l’ONG de protection de l’environnement Greenpeace. Le ministre indien de l’Environnement a défendu samedi à la COP le « droit » pour les pays en développement « à un usage responsable des énergies fossiles ». | • Comment a évolué la production de charbon dans le monde ? | Le charbon, dont la combustion est fortement émettrice de CO2, est l’une des principales énergies fossiles avec le pétrole et le gaz. Il représentait 27 % des énergies primaires (énergies fossiles, nucléaire, renouvelables) utilisées dans le monde en 2019, derrière le pétrole (33 %) et devant le gaz (24 %), selon le rapport sur les marchés mondiaux de l’énergie publié par la compagnie pétrolière britannique BP. Il s’agit de son plus bas niveau depuis 16 ans. Sa production a toutefois augmenté de 1,5 % en 2019 dans le monde, principalement en Chine et en Indonésie, alors qu’elle baisse dans les pays les plus développés. Les émissions de CO2 liées au charbon ont diminué en 2019 dans le monde de 1,8 %, portées par les baisses enregistrées aux États-Unis (-14,6 %) et dans l’UE (-18 %), alors qu’elles ont augmenté en Chine (0,7 %), selon le Global Carbon Project, un consortium scientifique international. |
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