Leur voilier était une épave. Incendié dans le port du Havre en 2019, il n’aurait jamais dû courir cette Transat Jacques Vabre. Personne n’y croyait. Sauvé par Louis Duc, ce bateau qui s’appelle aujourd’hui Kostum-Lantana Paysage est pourtant bien arrivé en Martinique ce lundi 29 novembre avec Marie Tabarly, la fille d’Éric, à son bord. Louis et Marie ont livré leurs premières impressions sur les pontons de Fort de France. Enthousiastes !
Il avait été tellement endommagé par un incendie dans le port du Havre en 2019 que jamais il n’aurait dû connaître les joies d’une arrivée de course… ni même celles d’un départ d’ailleurs, ce joli voilier à dérives droites, cet IMOCA qui s’appelle depuis quelques mois Kostum-Lantana Paysage. Personne n’y croyait.
« P’tit Louis » s’est démené comme un forcené
Personne sauf Louis Duc, que tout le monde appelle affectueusement « P’tit Louis » dans le milieu. Il s’est démené comme un forcené. Pour recueillir des fonds, pour emmener avec lui des passionnés dans cette belle histoire, pour reconstruire ce bateau qu’on croyait définitivement perdu… puis embarquer à son bord Marie Tabarly, la fille d’Éric, figure du commandeur de toute la voile française. Et enfin pour réussir à prendre le départ de la Transat Jacques Vabre et mener l’aventure à son terme, ce lundi 29 novembre, en bouclant le parcours de la Transat Jacques Vabre. En faisant traverser l’Atlantique une nouvelle fois à ce bateau-phénix, en un peu moins de 22 jours en mer et autant d’aventures. Quelle histoire !
Une 14e place aux saveurs de grande victoire
Alors bien sûr Louis Duc et Marie Tabarly ne sont « que » quatorzièmes. Mais il y a des quatorzièmes places qui ont des saveurs de grande victoire. En outre il y a six bateaux derrière eux (plus deux abandons en début de course) mais surtout cela n’a aucune espèce d’importance : ils n’avaient aucune pression de résultat, ils savaient qu’ils ne pouvaient pas combattre à armes égales avec les derniers-nés à grands foils des IMOCA, les bateaux du Vendée Globe.
Ce que Louis Duc et Marie Tabarly ont réussi véhicule bien d’autres symboles que la sécheresse des chiffres de leurs vitesses moyennes, d’ailleurs très honorables au vu des conditions rencontrées. Mais ce que « P’tit Louis » et Marie Tabarly ont montré, c’est bien plus qu’une grande victoire. Ce qu’ils montrent c’est qu’avec beaucoup de passion, l’amour de la mer et d’énormes doses de courage et de volonté, on peut faire de grandes choses. On ne peut que s’incliner devant cette « autre performance ». Un immense bravo pour avoir mené à bien cette belle histoire… qui en appelle d’autres. Marie Tabarly et Louis Duc se sont promis de revenir dans quatre ans sur cette même Transat Jacques Vabre. Voici leurs mots recueillis par le service presse de la Transat Jacques Vabre ce lundi, au ponton de Fort de France.
Louis Duc : « Je n’avais jamais vu ça »
Louis Duc : « C’était ma sixième Transat Jacques Vabre et je n’avais jamais vu ça. Ce qui est bien, c’est que c’est différent à chaque fois. C’est hallucinant d’avoir des conditions comme ça, car finalement c’est au Havre que nous avons eu le plus de vent ! Il faut se creuser un peu la tête pour aller au bon endroit et faire moins de bêtises que les autres, donc c’était intéressant. Le pot au noir était assez violent, beaucoup plus long que d’habitude. Nous avons eu un petit peu d’air en sortie de pot au noir vers Fernando de Noronha. C’est la première fois que je passais de jour à côté de Fernando, j’avais envie de m’arrêter, j’étais prêt à faire un mouillage, mais Marie n’était pas d’accord (rires) ! Après nous avons longé la zone interdite, puis il a fallu replonger dans le pot au noir, et ce n’est pas vrai que dans l’Ouest il y en a moins. Il fallait se creuser la tête pour tenter de comprendre ce qui se passe. Nous avions un bateau qui était un peu moins défavorisé dans ces conditions, peut-être que nous aurions eu plus de mal avec 30 nœuds de vent. La navigation c’est la récompense de tout ce qui s’est passé en amont (le sauvetage du bateau, sa reconstruction etc. Voir ci-dessus ndr), donc c’était impossible que la Transat Jacques Vabre se passe mal. Il n’y avait pas de pression de résultat. »
Marie Tabarly : J’adore l’IMOCA, de A à Z tout le projet a été super. Rarement je me suis autant régalée
Marie Tabarly : « C’est bien l’Imoca, c’est drôle, rarement je me suis autant régalée ! Ça va vite, ça glisse. J’adore ce bateau-là. De A à Z, tout le projet a été super. Avec Louis, nous nous sommes dit qu’on repartirait sur la Transat Jacques Vabre dans quatre ans, parce que moi je serai un peu occupée dans deux ans. Mais nous repartirons avec du vent cette fois ! Parce qu’on m’avait vendu des grandes glissades… Même dans les journées un peu pourries, il y avait toujours des moments hyper beaux. Les deux dernières nuits en mer étaient magnifiques. C’est beau, la terre. Nous avons eu un lever de soleil de fou ce matin dans la baie de Fort-de-France, avec les couleurs des maisons créoles… »
Les chiffres de leur arrivée
Ce lundi 29 novembre, à 10 heures 12 minutes et 54 secondes, heure de métropole, Kostum-Lantana Paysage a franchi la ligne d’arrivée de la Transat Jacques Vabre en quatorzième position de la catégorie IMOCA. Le duo Louis Duc-Marie Tabarly a mis 21 jours, 20 heures, 45 minutes et 54 secondes pour parcourir les 5 800 milles théoriques du parcours entre Le Havre et Fort de France à la vitesse moyenne de 10,96 nœuds, et il a réellement parcouru sur l’eau 6 278 milles à 11,96 nœuds de moyenne.
Aprés avoir contourné l'île de Praia dans l'archipel du Cap Vert , cap au NW pour rejoindre l'île de la Martinique, port d'arrivée : "Le Marin".
Et passer entre le rocher du Diamant et la côte.
Mais cette remontée ne va pas se faire en ligne directe vu l'orientation des alizés.
Plusieurs empannages vont se succéder, à moi de les faire au bon moment.
On va avancer en dents de scie comme on dit dans la marine !
Class40 : des choix cruciaux
La flotte la plus nombreuse est aussi celle, qui, en début de week-end, est appelée à prendre les décisions qui pourraient être les plus lourdes de conséquences. La flotte tricote entre les îles du Cap Vert et négocie les dévents pour trouver la porte de sortie.
« Nous jouons avec les petites variations du vent. La journée d’hier (vendredi) fut dense avec le Cap Vert à contourner avec quelques perturbations, soulignait le duo de Project Rescue Ocean (Axel Tréhin et Frédéric Denis). Nous avons enfin réussi à nous dégager et retrouver un vent plus établi en fin de journée. Ensuite, nous avons fait le choix du sud, mais ça n’était pas couru d’avance… »
La plupart réfléchissent maintenant aux trajectoires des heures qui suivent. L’alizé semble plus établi vers le sud, deux choix s’imposent aux quarante pieds. Par l’ouest la route est directe, mais le vent reste incertain et mou. Par le sud le chemin est plus long, mais la vitesse, elle, est davantage assurée. Leur route est encore longue. Et incertaine.
Bon, comme me l'a fait remarquer mon ami Bernard de Sonate, ma trace passe carrément sur l'île de La Gomera... |
Transat Jacques Vabre : Kito de Pavant et Gwen Gbick abandonnent à cause d'une avarie.
Les deux skippers ont fait demi-tour et pensent mettre "une bonne semaine" pour rentrer.
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