❓2 questions à Christian Dumard, routeur météo de Gilles et Yvan sur le trimaran Groupe GCA - Mille et un sourires pour cette Transat Jacques Vabre 2021
propos recueillis par Julie Nedelec Andrade
🎤 Bonjour Christian, La transat Jacques Vabre à un nouveau parcours cette année qui comprend notamment pour les Océan Fifty de franchir deux fois l’équateur et son réputé Pot au noir avant d’arriver en Martinique, pour toi quels sont les passages clés de ce parcours ?
💬 CD : La transat Jacques Vabre a un parcours bien différent en 2021 par rapport à l’édition 2019, elle est un peu plus longue que d’habitude avec un parcours de 5800 milles (10 141 km sur la route théorique) puisque les Ocean Fifty vont descendre au niveau du Brésil pour virer l’île de Fernando de Noronha, puis remonter vers les Antilles avec une arrivée en Martinique à Fort de France.
Les passages clés de cette transat, seront déjà de sortir de la Manche. Bien sortir de la manche, ce n’est jamais facile, il y a souvent du vent fort dans la Manche et une tendance à l’avoir dans le nez à faire du près, c’est usant des le départ. Il peut y avoir de la grosse mer à la jonction avec l’océan Atlantique et il va falloir choisir des options souvent très rapidement après Ouessant. Donc il peut déjà y avoir des choix qui se feront dès le lundi matin après le départ du Havre, rester proche de la côte française ou au contraire longer l’Angleterre pour ouvrir l’angle de vent.
Ensuite, une fois l’Atlantique rejoint, il va falloir choisir sa façon de contourner l’anticyclone des Açores, comment plonger vers le sud, où placer son point d’empannage après avoir gagné dans l’ouest. Ce point sera un passage délicat car il conditionne la descente pour aller chercher les Alizés (vent portant) au niveau du Portugal et trouver où plonger au point d’entrée du pot au noir. Le premier passage du pot au noir est une zone très perturbée, un petit peu au nord de l’équateur, c’est toujours compliqué avec des zones de grains, de convections et de vent faible. La sortie du pot au noir se fera sur un bord rapide en direction de l’île de Fernando de Noronha.
Sur la partie retour après avoir contourné l’île, la flotte passera très loin dans l’ouest et sera assez proche de l’Amérique du Sud. Là, le pot au noir y est beaucoup moins actif, ils vont le re-franchir dans son ouest qui sera moins problématique. Ensuite, le vent va tourner progressivement en se rapprochant des Antilles où il va falloir bien négocier ces bascules, tirer des bords au vent arrière et garder de la vitesse. Il y aura des obstacles aussi (zone de pêche, plate-forme pétrolière…) et les déchets qui vont flotter sur la mer car on sait qu’à la sortie du fleuve Amazone, beaucoup de bout de bois et de déchets flottent emportés par le courant de l’estuaire.
En tout cas, c’est un parcours intéressant, il se fera environ en 17/18 jours pour les Ocean Fifty qui peuvent être les premiers de toutes les classes à franchir la ligne d’arrivée. Il y aura de belles options à prendre et ça devrait aller vite sur l’eau.
🎤 Tu connais bien Gilles et Yvan pour avoir déjà travaillé avec eux sur le routage de différentes courses, est-ce que tu peux nous dire selon toi, quels sont leurs points forts et leurs atouts dans ce duo pour cette transat Jacques Vabre.
💬 CD: Effectivement, je connais bien Gilles et Yvan et eux deux se connaissent de longue date également puisqu’ils ont déjà navigué ensemble sur une précédente JV et ils étaient concurrents à l’époque des Orma.
Individuellement, j’ai travaillé avec Yvan en course et sur d’autres projet puis avec Gilles ou j’étais déjà son routeur sur la JV 2019 qu’il a remporté avec Antoine Carpentier. Gilles et Yvan sont deux navigateurs avec des styles différents et très complémentaires ce qui est important dans la marche d’un bateau, les deux aiment bien naviguer et passer du temps au large où ils s’y sentent très à l’aise. Ils savent très bien régler et faire avancer les bateaux notamment les trimarans sur lesquels ils cumulent beaucoup de milles à eux deux. Et puis ils ont une grande expérience de ces parcours puisqu’ils ont fait beaucoup de transatlantiques sur différents supports.
Il faut noter qu’ils ont déjà remporté chacun une Jacques Vabre, Yvan en 1997 avec son frère Laurent et dernièrement Gilles qui détient le trophée de l’édition 2019. Bref, ils savent faire. Ce sont deux navigateurs très expérimentés sur l’eau et en météo, l’inconfort des trimarans ne les perturbe pas et je sens qu’ils ont faim de performance. Ça devrait aller vite avec eux deux et bien fonctionner à bord.
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