Le Venezuela a établi samedi le record mondial Guinness du « plus grand orchestre du monde » après que des milliers de musiciens locaux ont interprété la Marche slave de Tchaïkovski.
Le Venezuela bat le record du plus grand orchestre du monde
« Vous êtes officiellement incroyables ». Des milliers de musiciens ont réussi l’exploit de former le « plus grand orchestre du monde » en interprétant la Marche slave de Tchaïkovski.
12 000 musiciens
Le record a été obtenu par les musiciens du Système national d’orchestres pour la jeunesse du Venezuela, délogeant ainsi la Russie, qui avait établi le dernier record en 2019 avec un orchestre de 8 097 musiciens.
Surnommé « El Sistema » (le système), l’orchestre vénézuélien, financé par des fonds publics, a été fondé en 1975 par le défunt maestro José Antonio Abreu pour donner accès à une éducation musicale à des milliers d’enfants issus de classes populaires.
« Je confirme que cette initiative a été une réussite, félicitations », a déclaré la personne chargée d’annoncer la décision lors d’une cérémonie au siège d’« El Sistema ». « Vous êtes officiellement incroyables », a-t-il ajouté.
Bien que le concert avait rassemblé quelque 12 000 musiciens, dont des enfants, le 13 novembre dans la cour de l’Académie militaire vénézuélienne à Caracas, les examinateurs du record n’en ont finalement reconnu que 8 573.
« Le plus grand orchestre est composé de 8 573 musiciens et a été réalisé par le Système national d’orchestres pour la jeunesse du Venezuela à Caracas, le 13 novembre 2021 », indique le certificat de Guinness Records.
Une œuvre de 12 minutes
Le modèle d’« El Sistema » a été reproduit dans des dizaines de pays. Gustavo Dudamel, directeur musical de l’Opéra de Paris et de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles, est l’un de ses anciens élèves les plus célèbres. Il a félicité l’orchestre dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.
L’œuvre de Piotr Ilitch Tchaïkovski, longue de 12 minutes, avait été composée en 1 876 comme un hymne destiné à inspirer les soldats russes et serbes lors de la guerre contre la Turquie.
« El Sistema » avait déjà rassemblé plus de 10 000 musiciens pour rendre hommage au maestro Abreu lorsqu’il est décédé. Mais il avait été impossible de certifier un record en raison des délais et de la documentation demandés par Guinness.
Venezuela : l’opposition met fin à quatre années de boycott des élections
Les Vénézuéliens sont appelés, ce 21 novembre, à élire des maires et gouverneurs de région. Bien que locales, ces élections ont leur importance : l’opposition a décidé d’y participer, pour la première fois depuis quatre ans. Un retour en ordre dispersé qui s’annonce difficile.
Au-delà de la brochure du Conseil national électoral que Jose Enrique tient entre les mains, quelques affiches placardées sur les murs de la ville et des militants disséminés aux coins des rues rappellent que le pays est en période électorale. Mais la campagne a été « un peu molle », selon les journalistes locaux. Un manque d’enthousiasme qui s’explique non seulement par l’enjeu du scrutin - une élection locale dans un pays aux pouvoirs très centralisés - mais aussi par l’absence aux élections antérieures de l’opposition, et un retour cette année en ordre dispersé.
Les principaux opposants de Nicolas Maduro avaient disparu de la scène électorale depuis quatre ans. Difficile, après ce long boycott, de parvenir à motiver des électeurs résignés. Surtout face au « chavisme », dont les partisans se mobilisent généralement beaucoup. Tous attendent dimanche une « marée rouge » - les couleurs du Parti socialiste unifié du Venezuela (PSUV).
Si l’opposition a déserté les élections, c’est que participer au scrutin présidentiel aurait, selon elle, permis de « donner une apparence de légitimité » à Nicolas Maduro, dont les manœuvres politiques avaient, l’année précédente, mis en échec une assemblée nationale démocratiquement élue, dont les deux tiers avaient été remportés par l’opposition. Quatre ans plus tard, la stratégie du boycott s’est révélée un échec.
Pour José de Bastos, qui anime depuis Washington un podcast sur le Venezuela (la Venezuela Global), l’opposition était convaincue que « grâce à la reconnaissance du gouvernement intérimaire par le “monde démocratique” - ils entendaient par là l’Europe et les États-Unis -, la pression internationale serait trop forte pour Nicolas Maduro ». Mais, alors que des dizaines de pays ont reconnu Juan Guaido comme président en 2019 (« président en charge » selon la formule de Paris), le chaviste Maduro est toujours à la tête du Venezuela aujourd’hui.
Alors qu’en plein Caracas Carlos arrête sa voiture pour laisser passer la caravane qui suit un candidat à la mairie, il siffle entre ses dents : « Guaido, il nous a laissés tomber, moi je n’y crois plus. » Le candidat en question, qui salue depuis la place arrière d’une moto, c’est Tomas Guanipa, un homme de Guaido parachuté dans la capitale pour « Mesa de Unidad », une coalition de forces politiques opposées au PSUV.
Juan Guaido, qui avait fait naître beaucoup d’espoir au sein des anti-chavistes, n’a pas tenu ses promesses. Lui qui revendiquait la présidence en se basant sur la Constitution a oublié que ce même texte l’obligeait à organiser des élections dans le mois suivant son autoproclamation. Alors deux années et demie et des soupçons de corruption ont mis fin aux espoirs que les anti-chavistes plaçaient en lui.
Carlos, au volant de sa voiture, confesse qu’il croit plutôt en Maria Corina Machado, la frange extrémiste des opposants à Maduro, plus divisés que jamais en cette veille d’élection. La dirigeante du mouvement « Vente Venezuela » raconte, depuis son luxueux duplex sur les hauteurs de Caracas, entourée d’œuvres d’art contemporain : « Ces mafiosos ont tout enlevé à ma famille. Tout. Ce sont des criminels. » Des larmes dans les yeux, elle lance : « Je suis interdite de sortie de territoire. Mes enfants sont à l’étranger et je n’ai pu aller à aucune de leur remise de diplômes. »
On estime que plus de 5 millions d’habitants ont quitté le pays - moins pour étudier à l’université que pour des raisons économiques. Pour la plupart, ils restent séparés pendant des années, car il leur est impossible de rassembler les quelques centaines de dollars du billet.
Pour la femme politique, participer à ces élections, c’est donc « légitimer le pouvoir du régime en place, c’est accepter que ces ravisseurs, dont nous sommes tous prisonniers, ne soient pas ennuyés ». Elle est en tête de file de ceux qui considèrent que le boycott ne doit pas cesser. Et, par conviction ou par apathie, ils sont nombreux au Venezuela ceux qui, comme elle, resteront chez eux dimanche.
Du côté du pouvoir, pourtant, tout est fait pour restaurer la confiance des citoyens et les ramener aux urnes, expression désormais obsolète dans ce pays qui utilise le vote électronique. En mai dernier, deux opposants ont intégré le Conseil national électoral, l’autorité en charge de superviser le bon déroulement des processus électoraux. En septembre, gouvernement et opposition s’asseyaient à la même table au Mexique pour un processus de négociation, via la médiation de la Norvège.
Une délégation de l’ONU est présente pour le scrutin. Et enfin le gouvernement, pour la première fois depuis quinze ans, a invité une mission électorale de l’Union européenne à venir observer les élections, ce 21 novembre. Un geste symbolique important qui débouchera sur la publication d’un rapport, le 23 novembre. Une opération séduction est en marche et elle a un but précis : permettre de faire lever quelques-unes des sanctions américaines qui pèsent sur le Venezuela.
Ces sanctions économiques, notamment un embargo sur le pétrole vénézuélien, ont été imposées par les États-Unis en réaction aux violations des droits de l’homme du gouvernement de Nicolas Maduro. Ces mesures, ajoutées à la crise déjà en chemin dans le pays (due notamment à une gestion douteuse des infrastructures publiques et à la chute des prix du pétrole), n’ont fait qu’empirer la situation humanitaire.
À chaque inauguration, à chaque discours, à chaque sortie de Nicolas Maduro, le chef de l’État n’oublie jamais de rappeler que son pays est victime d’une « guerre économique ». Et c’est un argument que l’on retrouve sans cesse chez les partisans du président.
Employé chez PDVSA (la compagnie pétrolière d’État), William assiste avec des collègues au meeting de fin de campagne pour le candidat Héctor Rodríguez, dans le quartier très populaire de Petare. On est loin de la foule captivée des meetings de Chavez, mais ils sont tout de même nombreux à être venus voir leur candidat. Pour William, il n’y a pas de doute, la crise que vit le Venezuela est entièrement due aux sanctions américaines : « Notre gouvernement n’est pas responsable de ce que nous vivons, au contraire, il nous a appris à vivre dans la crise. Ce n’est un secret pour personne, nous vivons un blocus international qui nous oblige à lutter au quotidien. »
Et lutter au Venezuela, c’est un euphémisme. En 2019, plus de 9 millions de Vénézuéliens vivaient en situation d’insécurité alimentaire. D’après une enquête ENCOVI de 2021, ils seraient plus de 76 % à vivre avec moins de 2 dollars par jour.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire