lundi 24 janvier 2022

ASTUCE DE CAMPAGNE

 DU TEMPS DE PAROLE QUI NE COMPTE PAS.....

Dans l’œil de Télérama

Le podcast décidément partout, même chez les politiques

Laurence Le Saux

Après être devenu l’eldorado des marques, le podcast sert aussi d’outil promotionnel aux prétendants à l’Élysée. « Valérie raconte Pécresse, c’est mon podcast de campagne qui vous permettra de mieux me connaître et où je m’adresserai à vous directement et sans filtre », annonce ainsi Valérie Pécresse. Dans le premier épisode, la candidate des Républicains raconte son amour de Tolstoï et Dostoïevski, et son séjour, à l’âge de 15 ans, en Russie. « À l’époque le seul moyen pour y aller était de séjourner dans des camps de vacances communistes », explique-t-elle. Elle part donc avec quelques amis – « alors que nous n’étions pas du tout communistes », précise-t-elle – à Yalta, en Crimée. Entre deux séances de sport ou des visites, il y a « les cours de propagande » (« nous n’étions pas communistes », répète-t-elle, au cas où on imaginerait le contraire) : « Cela m’a vaccinée définitivement contre le communisme », assure-t-elle encore, s’indignant au passage que Boris Pasternak, prix Nobel de littérature, n’évoquait alors rien à ses camarades du camp de vacances. « Au lycée, on parlait de la Russie comme de la deuxième puissance économique après les États-Unis, alors que j’avais vu qu’il n’y avait rien dans les magasins. […] J’ai compris qu’il y a beaucoup d’endoctrinement dans la politique », lâche-t-elle sans ironie. Plutôt à l’aise au micro, elle raconte sa première rencontre avec Vladimir Poutine : « J’ai perçu la méfiance dans son regard quand François Fillon me l’a présenté en disant que je parlais russe […] ; au regard qu’il m’a lancé, j’ai vu qu’il pensait que j’étais en charge des services secrets. » Les sept minutes de confidences autobiographiques s’achèvent sur une promesse de campagne : « Les Russes ne respectent que le rapport de force, moi présidente j’aurai un dialogue mais extrêmement lucide et sans compromission. » Cette utilisation d’un nouveau médium peut rappeler les incursions des candidats dans l’univers virtuel de Second Life en 2007 – Le Dauphiné libéré y avait orchestré un débat, le Front national, ouvert une permanence virtuelle, et Ségolène Royal, inauguré un comité Désirs d’avenir. C’est aussi une façon pour eux de produire un temps de parole qui reste sous le radar de l’Arcom (ex-CSA). Car, même si le podcast est distribué par de grands diffuseurs (ici Spotify, Deezer et Amazon Music), l’autorité ne décompte pas le temps de parole sur les plateformes pour des raisons pratiques – il y a trop de contenus sur YouTube, Twitch, Facebook et consorts pour pouvoir les analyser. Le boulevard est donc grand pour les politiciens technologiquement alertes.

Le podcast décidément partout, même chez les politiques


Laurence Le Saux

Publié le 24/01/22

Au QG de campagne de Valérie Pécresse, candidate LR à la présidentielle.

Au QG de campagne de Valérie Pécresse, candidate LR à la présidentielle.

Photo Olivier Coret / Divergence

Valérie Pécresse, candidate LR, lance son podcast. Un bon moyen pour les prétendants à la présidentielle d’étendre leur audience sans décompte officiel du temps de parole.

Après être devenu l’eldorado des marques, le podcast sert aussi d’outil promotionnel aux prétendants à l’Élysée. « Valérie raconte Pécresse, c’est mon podcast de campagne qui vous permettra de mieux me connaître et où je m’adresserai à vous directement et sans filtre », annonce ainsi Valérie Pécresse. Dans le premier épisode, la candidate des Républicains raconte son amour de Tolstoï et Dostoïevski, et son séjour, à l’âge de 15 ans, en Russie. « À l’époque le seul moyen pour y aller était de séjourner dans des camps de vacances communistes », explique-t-elle. Elle part donc avec quelques amis — « alors que nous n’étions pas du tout communistes », précise-t-elle — à Yalta, en Crimée. Entre deux séances de sport ou des visites, il y a « les cours de propagande » (« nous n’étions pas communistes », répète-t-elle, au cas où on imaginerait le contraire) : « cela m’a vaccinée définitivement contre le communisme », assure-t-elle encore, s’indignant au passage que Boris Pasternak, prix Nobel de littérature, n’évoquait alors rien à ses camarades du camp de vacances. « Au lycée, on parlait de la Russie comme de la deuxième puissance économique après les États-Unis, alors que j’avais vu qu’il n’y avait rien dans les magasins. […] J’ai compris qu’il y a beaucoup d’endoctrinement dans la politique », lâche-t-elle sans ironie.

Extension du temps de parole

Plutôt à l’aise au micro, elle raconte sa première rencontre avec Vladimir Poutine : « J’ai perçu la méfiance dans son regard quand François Fillon me l’a présenté en disant que je parlais russe (...) ; au regard qu’il m’a lancé, j’ai vu qu’il pensait que j’étais en charge des services secrets. » Les sept minutes de confidences autobiographiques s’achèvent sur une promesse de campagne : « Les Russes ne respectent que le rapport de force, moi présidente j’aurai un dialogue mais extrêmement lucide et sans compromission. »

Cette utilisation d’un nouveau médium peut rappeler les incursions des candidats dans l’univers virtuel de Second Life en 2007 — Le Dauphiné libéré y avait orchestré un débat, le Front national, ouvert une permanence virtuelle, et Ségolène Royal, inauguré un comité Désirs d’avenir. C’est aussi une façon pour eux de produire un temps de parole qui reste sous le radar de l’Arcom (ex-CSA). Car, même si le podcast est distribué par de grands diffuseurs (ici Spotify, Deezer et Amazon Music), l’autorité ne décompte pas le temps de parole sur les plateformes pour des raisons pratiques — il y a trop de contenus sur YouTube, Twitch, Facebook et consorts pour pouvoir les analyser. Le boulevard est donc grand pour les politiciens technologiquement alertes.




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