samedi 5 février 2022

" Je suis sur le point de conclure…"




Elysée 2022 : J - 77
 
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FRANCE INTER PRÉSENTE...
 
Samedi 15 janvier 2022, 
 
Je suis sur le point de conclure…
 
Rapport de force

Ça ne bouge toujours pas. Et pourtant, il y a une candidate de plus : Christiane Taubira. Les premiers sondages sont bien mauvais puisque la championne de la Primaire Populaire vient prendre sa place dans l'étiage médiocre des candidats de gauche à un chiffre (et un petit !). La sauveuse n'est qu'une candidate de plus. La grande question à gauche est maintenant la suivante : quand ? Quand l'une d'elles jettera l'éponge : Christiane Taubira n'a pas vocation à faire de la figuration et à faire un score en dessous du seuil de remboursement des frais de dépenses de campagne : 5 %. Il lui faut quand même un petit mois de décence… Le temps de laisser sa chance au produit.

Anne Hidalgo qui maintenant est au niveau rase-motte des dits petits candidats, ceux qui sont en trop et qui dérèglent tous les équilibres de temps de paroles… Au PS, Olivier Faure n'entreprend aucune démarche dans un sens ou dans l'autre. L'équipe des maires socialistes des grandes villes (moins Benoit Payan, de Marseille qui a choisi Taubira) se fait assez discrète : ils participent à la campagne de leur collègue parisienne comme on va chez le dentiste. Bernard Cazeneuve a-t-il le sentiment d'aller se faire arracher une dent en acceptant de prendre la tête du comité de soutien de la candidate socialiste ? Toujours est-il que dans son livre (à sortir cette semaine) Le sens de notre Nation (Stock) l'ancien Premier ministre ne semble trouver personne au niveau dans le cheptel politique actuel. Anne Hidalgo est faite d'acier trempé et ne cannera pas, dit-on au PS. Mes interlocuteurs socialistes sont frappés par les certitudes de son ordinateur… Entendez son mari polytechnicien (et son principal conseillé de l'ombre) Jean-Marc Germain. En privé et avec des camarades socialistes, celui-ci continue à affirmer que ça va décoller et qu'il ne faut pas désespérer… Non pas seulement de faire un bon score, mais même de gagner ! Comment lui dire…

Quant à Yannick Jadot, il ne désespère pas non plus. Lui a compris que ce ne sera certainement pas pour cette fois. Mais son entourage est persuadé que ça va finir par prendre et qu'il peut faire un 'deux chiffres'. Chaque semaine, il se trouve une nouvelle étape à franchir bientôt et après laquelle, c'est sûr, ça prendra. Leur argument sonne un peu comme la certitude de Jean-Claude Dusse, toujours sur le 'point de conclure'… Sur un malentendu.
Cette semaine l'étape à franchir, c'est la fin du mirage Taubira. Le but maintenant, c'est de rejoindre Mélenchon et de le dépasser au premier tour, pour être en pole position de la reconstruction de la gauche qu'il faudra bien entamer à partir de juin prochain. 
 
Ma vie de macroniqueur (en un mot)

Si vous m'écoutez régulièrement vous avez remarqué que ça fait maintenant cinq ans que je cherche à définir le macronisme (c'est devenu un running gag très fin qui devrait me permettre d'intégrer - mon rêve ! - l'équipe de Par Jupiter). En réalité, je cherche une définition au-delà du fameux 'dépassement du clivage droite gauche', autre version du mot de François Mitterrand 'ni droite ni gauche ça veut dire ni gauche'… Mais le macronisme n'est pas simplement une droitisation du social-libéralisme… c'est plus compliqué. Croyez-moi, je m'y esquinte !

Je vous donne un exemple. Cette semaine, un matin, j'avais rendez-vous pour deux cafés successifs avec deux pontes de la macronie. Je ne vous dirais pas qui, il faut préserver ses sources… Mais le premier m'expliquait qu'il travaillait à une proposition de thème central de campagne pour Emmanuel Macron : l'éducation. Son idée, c'était de continuer et d'accentuer la ligne Blanquer, retour aux fondamentaux de l'enseignement et affirmation puissante des valeurs de la république par une lutte sans merci contre le wokisme dans le secondaire et à l'université. Il ne savait pas ce que le président-candidat allait penser de son idée, mais il avait bon espoir, d'après quelques conversations et sms avec le saint des saints (entendez le président lui-même ou Alexis Kohler). Bon. Deuxième café à l'autre bout de Paris. Mon interlocuteur estimait que le président devait faire une proposition 'wahoo !' C'était son terme. Une proposition révolutionnaire sur l'éducation : suivre l'exemple des pays du nord. Donner une bonne dose d'autonomie aux chefs d'établissements, en finir avec ce que l'on croit être l'égalité scolaire sur tout le territoire et qui n'est, en fait, qu'une uniformité inégalitaire car trop souvent inadaptée aux conditions sociales particulières des enfants. Il fallait aussi innover dans les programmes, peut-être même en finir avec les notes. Il avait, lui aussi commencé à en parler en haut-lieu et on ne l'avait pas dissuadé ! Bref, tout le contraire de ce que proposait mon premier interlocuteur.

Emmanuel Macron va donc avoir ces deux propositions antagonistes sur son bureau. Et personne ne peut dire s'il en choisira une et si oui, laquelle. Ce qui veut bien dire que nous n'avons pas (les macronistes eux-mêmes) le moindre indice idéologique pour entrevoir la colonne vertébrale du macronisme. Un troisième larron En Marche à qui je raco​​​​ntais tout ça me dit 'eh bien c'est ça le macronisme ! Il prendra sans doute ce qu'il y a de mieux dans ces deux idées'… Mais en fait de syncrétisme ou de pragmatisme, cette façon de faire reviendrait à dire, devant un steak-frites et un baba au rhum, 'tiens, je vais prendre ce qu'il y a de meilleur dans ces deux plats pour faire un met délicieux'… Vous touchez du doigt mon dur métier !
 
La polémique à la c… noix

Un après-midi de cette semaine (et je n'étais même pas dans un taxi), je suis tombé sur Les Grosses Têtes de RTL (je rêve aussi d'en être un jour sociétaire…). Pendant 10 minutes - c'est-à-dire entre deux pubs - il n'était question que de Paris, de sa saleté et de ses embouteillages 'attention pour faire Opera/La Villette, il faut prévoir trois jours…' et de 'la mère Hidalgo'. Les humoristes des Grosses Têtes font sans doute partie de cette population (2% des Franciliens) qui ne se déplacent qu'en voiture dans la capitale ; ils ne sont pas contents. Imaginez l'effet politique de cet humour en ce moment. Et dire qu'à France Inter, on est sans cesse accusé d'avoir des humoristes engagés 😃
 
A samedi prochain, 
​​​​​​​Thomas Legrand
 
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