Si vous m'écoutez régulièrement vous avez remarqué que ça fait maintenant cinq ans que je cherche à définir le macronisme (c'est devenu un running gag très fin qui devrait me permettre d'intégrer - mon rêve ! - l'équipe de Par Jupiter). En réalité, je cherche une définition au-delà du fameux 'dépassement du clivage droite gauche', autre version du mot de François Mitterrand 'ni droite ni gauche ça veut dire ni gauche'… Mais le macronisme n'est pas simplement une droitisation du social-libéralisme… c'est plus compliqué. Croyez-moi, je m'y esquinte !
Je vous donne un exemple. Cette semaine, un matin, j'avais rendez-vous pour deux cafés successifs avec deux pontes de la macronie. Je ne vous dirais pas qui, il faut préserver ses sources… Mais le premier m'expliquait qu'il travaillait à une proposition de thème central de campagne pour Emmanuel Macron : l'éducation. Son idée, c'était de continuer et d'accentuer la ligne Blanquer, retour aux fondamentaux de l'enseignement et affirmation puissante des valeurs de la république par une lutte sans merci contre le wokisme dans le secondaire et à l'université. Il ne savait pas ce que le président-candidat allait penser de son idée, mais il avait bon espoir, d'après quelques conversations et sms avec le saint des saints (entendez le président lui-même ou Alexis Kohler). Bon. Deuxième café à l'autre bout de Paris. Mon interlocuteur estimait que le président devait faire une proposition 'wahoo !' C'était son terme. Une proposition révolutionnaire sur l'éducation : suivre l'exemple des pays du nord. Donner une bonne dose d'autonomie aux chefs d'établissements, en finir avec ce que l'on croit être l'égalité scolaire sur tout le territoire et qui n'est, en fait, qu'une uniformité inégalitaire car trop souvent inadaptée aux conditions sociales particulières des enfants. Il fallait aussi innover dans les programmes, peut-être même en finir avec les notes. Il avait, lui aussi commencé à en parler en haut-lieu et on ne l'avait pas dissuadé ! Bref, tout le contraire de ce que proposait mon premier interlocuteur.
Emmanuel Macron va donc avoir ces deux propositions antagonistes sur son bureau. Et personne ne peut dire s'il en choisira une et si oui, laquelle. Ce qui veut bien dire que nous n'avons pas (les macronistes eux-mêmes) le moindre indice idéologique pour entrevoir la colonne vertébrale du macronisme. Un troisième larron En Marche à qui je racontais tout ça me dit 'eh bien c'est ça le macronisme ! Il prendra sans doute ce qu'il y a de mieux dans ces deux idées'… Mais en fait de syncrétisme ou de pragmatisme, cette façon de faire reviendrait à dire, devant un steak-frites et un baba au rhum, 'tiens, je vais prendre ce qu'il y a de meilleur dans ces deux plats pour faire un met délicieux'… Vous touchez du doigt mon dur métier ! | | |
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