Un comité de défense des Salines, représenté par Garcin Malsa, organise ce dimanche une journée de sensibilisation et de mobilisation afin d'alerter les Martiniquais sur la nécessité de préserver ce site naturel exceptionnel, qui serait menacé « de bétonisation et de privatisation ». La mairie de Sainte-Anne dément l'existence d'un tel danger sur ce secteur, autour de l'étang des Salines, désormais classé et protégé.
Le secteur des Salines, un site naturel en danger ? C'est ce qu'affirme le comité de défense des Salines. Ce groupe, à la tête duquel on retrouve la figure bien connue de Garcin Malsa, organise ce dimanche 3 avril une manifestation de sensibilisation sur les risques qui pèseraient sur cette zone naturelle chère aux Martiniquais, en raison d'une activité humaine potentielle, voire d'ores et déjà avérée, aux alentours de l'étang des Salines. Et ce, bien que ce site soit protégé depuis plusieurs décennies. « Les institutions de tutelle s'accommodent et acceptent que des travaux de bétonisation et de privatisation se déroulent impunément depuis 2015 sur cet espace », alerte l'ancien maire de Sainte-Anne, cofondateur de l'Association pour la sauvegarde du patrimoine martiniquais (Assaupamar), dans une lettre ouverte adressée à Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale de Martinique. « Les Salines sont en danger », affirme sans ambages M. Malsa dans cette missive datée du 23 mars.
Le comité de défense des Salines dénonce, dans un « appel à la mobilisation générale » adressé à la population via les réseaux sociaux, une « reprise des activités déguisées d'urbanisation » depuis plusieurs années. Dès lors, le groupe donne rendez-vous aux Martiniquais ce dimanche, dès 8 heures, à l'entrée de Fond Moustique.
Le spectre du projet Asatahama
Des velléités de privatisation du secteur des Salines ? D'aucuns pensaient pourtant que ce chapitre était définitivement clos. Les anciens ont en mémoire le projet hôtelier Asatahama de 1974, un plan pharaonique qui prévoyait la construction, à la pointe sud de la Martinique, de six hôtels d'une capacité totale de 11 000 lits, avec une marina, trois casinos, un golf, un aéroport... « A l'époque, la question de la protection de l'environnement n'était pas à l'ordre du jour », se remémore Garcin Malsa. Face à la mobilisation des Martiniquais, ce projet a finalement été abandonné. Dans les années 1980, d'autres projets fonciers de grande envergure ont été torpillés par les organisations écologistes, dont l'Assaupamar.
Le site est désormais protégé des appétits des investisseurs. Ainsi, l'étang des Salines a été intégré à la convention de Ramsar, un traité international pour la préservation et l'utilisation durable des zones humides d'importance significative. « Il faut être sur le qui-vive en permanence, car ce qui est fait peut être défait », s'inquiète Garcin Malsa. L'ancien maire de Sainte-Anne énumère les menaces qui pèsent aujourd'hui sur ce site : « Les producteurs de melons qui étendent leurs exploitations », accentuant le déboisement et l'érosion du sol, et qui utilisent du plastique et « des intrants qui arrivent in fine dans la mer » ; le propriétaire de l'ancienne usine du Marin qui « avance ses clôtures dans l'étang » ; ou encore la construction récente d'« une route avec de la caillasse à proximité de l'étang ».
Du point de vue de la mairie de Sainte-Anne, de telles allégations sont infondées. « Le secteur des Salines est en " opération grand site " depuis 2013. Rien ne peut se faire sans l'avis du ministère (de l'Environnement, ndlr) », rétorque Jean-Michel Gémieux, le maire de la commune. « Pour faire un projet sur les Salines, il faut un permis de construire », martèle le successeur de M. Malsa, soulignant qu'aucun permis de construire n'a été délivré et que le secteur de l'étang des Salines est désormais classé en zone agricole protégée.
Par ailleurs, la commune, ajoute l'édile, « va continuer d'assurer la gestion opérationnelle » du site Ramsar au moins jusqu'en octobre 2023, date à laquelle l'accord devrait devenir caduc. Les cosignataires de la convention - la municipalité et le Conservatoire du littoral -, pourraient alors décider de transférer la compétence de la gestion opérationnelle du site à l'Espace Sud.
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