DOSSIER DU JOUR
Saint-Pierre, 8 mai 1902 : d'une ville prospère aux ruines fumantes
120 ans après l'éruption de la Montagne Pelée, le souvenir de la catastrophe et de ses 30 000 victimes reste vif dans la mémoire des Pierrotins et des Martiniquais. De nombreuses manifestations sont organisées dès ce vendredi 6 mai, dans le cadre du mai de Saint-Pierre.
En février 1902, la population fut alertée par des manifestations peu communes. Les jours et semaines qui suivirent furent ponctués de phénomènes de plus en plus violents et inquiétants, jusqu'à semer l'effroi dans la population. Le 5 mai, la peur grimpa d'un cran. « Vers 13 heures un torrent de boue brûlante s'échappe de l'Etang Sec, dévale le long des pentes de la montagne Pelée, emporte une partie de l'usine Isnard préalablement évacuée et l'usine Guérin en bord de mer à l'embouchure de la rivière Blanche, et tue une trentaine de personne dont M. Guérin fils et son épouse », ont relaté des Pierrotins.
La montagne en furie
La commission d'observation conclut alors que « les sept rivières qui descendent de la montagne pourraient contenir les caprices du volcan ». La population commença néanmoins à abandonner les zones dites à risque, comme Fond Coré. Dans la baie, un phénomène étrange se produisit : la mer s'était retirée. Elle revint ensuite en force vers la ville. Malgré tous ces signes violents et inquiétants, la vie économique et politique allait continuer. Il fallait absolument que se tienne le second tour des élections législatives.
Après les fureurs de la montagne et les violents orages de la nuit du 7 au 8 mai, les habitants se réveillèrent avec un ciel clair. Le volcan semblait calme, quand une furie soudaine s'abattit sur la cité. Vents, nuée noire, raz de marée, pluie de lapilli, tremblements de terre rasaient l'orgueilleuse ville en quelques minutes confondant dans la mort, les classes, les races, les animaux du ciel et de la terre. Trente mille âmes périrent ce jour-là.
Miraculés
Le 8 mai 1902, Bérèse et Gérôme, se levèrent très tôt, quartier du Mouillage, pour préparer le repas de midi. Bérèse n'avait qu'une idée, quitter rapidement Saint-Pierre, mais Gérôme y était farouchement opposé. Elle avait déjà préparé son baluchon avec ses papiers et quelques linges dans la perspective de s'enfuir au plus vite. La viande se mit à brûler sur le feu, Gérôme s'énerva, elle y ajouta un peu d'eau, rentra dans la chambre, enjamba la fenêtre et s'enfuit en courant, arrivant à contourner les gendarmes chargés de contenir les habitants dans la ville à cause du vote. Alors qu'elle arrivait à Case-Pilote, la terre trembla, Bérèse se retourna et vit cette fumée noire s'élever sur la ville de Saint-Pierre. Elle s'assit par terre en pleurant et s'exclama « Gérôme mô »... Dans sa solide prison, Cyparis survécut à ce cataclysme. Léon Compère, cordonnier qui habitait au pied du Morne Abel, se réfugia dans sa chambre, il vit arriver la famille Delavaud remplie de terreur dans sa maison. Brûlé, Léon Compère s'enfuit par la route de Trouvaillant pour se réfugier à Fonds-Saint-Denis. Il fut ensuite conduit à l'hôpital à Fort-de-France.
Chaque année, la Ville et ses partenaires commémorent cet événement tragique. Exposition, musique, danses, conférences sont au programme de la 47e éditon du Mai de Saint-Pierre (à lire ici).
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