Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours… Vraiment ? Il se dit que l’immuable script sentimental aurait du plomb dans l’aile et que d’insolentes alternatives proposeraient d’autres scénarios. Alors que des essais inspirés déboulonnent les normes qui enferment et aliènent pour imaginer une carte du Tendre buissonnière, les plus audacieuses des séries d’aujourd’hui ambitionnent de faire battre nos cœurs sur d’autres tempos. Dans le sillage du très fondateur “Réinventer l’amour”, de Mona Chollet, ce feuilleton se propose de faire dialoguer recherche en sciences sociales et création sérielle qui, dans un même élan contemporain, bousculent et revigorent nos façons d’aimer. Pour recenser, au fil d’une trajectoire amoureuse, ce qui frissonne, chamboule, flamboie autrement. Quatrième étape : la rupture.
Divorce, ex, célibat... Comment les séries ont changé leur regard sur la rupture
L’AMOUR ET LES SÉRIES (4/5) – La fin d’une histoire d’amour n’est plus la fin de tout, l’époque étant plutôt à la multiplication des relations. Sans nier la dureté de ces épreuves, les séries diversifient les représentations et donnent à voir un monde plus complexe.
Ce passage de la série « Fleabag », où l’héroïne pleure à chaudes larmes, a ouvert une brèche sur les représentations de l’échec amoureux. Two Brothers Pictures / BBQ_DFY / Aurimages
Par Émilie Gavoille
Réservé aux abonnés
Publié le 17 août 2023 à 08h00
Mis à jour le 17 août 2023 à 16h39
Ils se marièrent, eurent beaucoup d’enfants et vécurent heureux jusqu’à la fin de leurs jours… Vraiment ? Il se dit que l’immuable script sentimental aurait du plomb dans l’aile et que d’insolentes alternatives proposeraient d’autres scénarios. Alors que des essais inspirés déboulonnent les normes qui enferment et aliènent pour imaginer une carte du Tendre buissonnière, les plus audacieuses des séries d’aujourd’hui ambitionnent de faire battre nos cœurs sur d’autres tempos. Dans le sillage du très fondateur “Réinventer l’amour”, de Mona Chollet, ce feuilleton se propose de faire dialoguer recherche en sciences sociales et création sérielle qui, dans un même élan contemporain, bousculent et revigorent nos façons d’aimer. Pour recenser, au fil d’une trajectoire amoureuse, ce qui frissonne, chamboule, flamboie autrement. Quatrième étape : la rupture.
« Je t’aime. — Ça te passera. » De mémoire de petit écran, on aura rarement connu séparation plus bouleversante que celle de l’héroïne de Fleabag et de « son » prêtre, scellée au soir d’un mariage qu’il a officié, à un arrêt de bus – lieu par excellence de la comédie romantique où les trajectoires sentimentales, souvent, se rejoignent… Pas cette fois. Certes, entre la trentenaire déprimée et l’homme d’Église en plein conflit de loyauté, la passion ne semblait pas forcément promise à de beaux lendemains. Ce que personne n’avait vu venir, en revanche, c’est l’infinie tendresse, plus désarmante qu’un uppercut, dont allait s’armer le pasteur pour imposer sa terrible sentence. Prouvant qu’en amour, l’amour ne suffit pas toujours… Mais aussi que la fin d’une histoire, si éprouvante soit-elle, n’appelle pas nécessairement l’aigreur, les règlements de comptes, la vaisselle qui vole ou encore les noms d’oiseaux.
Hier encore relégués au rang d’enjeux dramaturgiques secondaires au service d’autres récits jugés plus essentiels, le délitement du couple et la déception amoureuse constituent aujourd’hui des sujets à part entière, alors que plus d’un tiers des unions aboutissent à un divorce (44 % en France), et que le nombre de partenaires au cours d’une vie a largement augmenté dans les dernières décennies. Avec les deux saisons de The Split, la Britannique Abi Morgan a ainsi fait de la rivalité de deux cabinets d’avocats spécialisés en droit de la famille, sur fond de Brexit, le point d’entrée pour observer un mariage battant de l’aile. Quant à la récente Anatomie d’un divorce (Disney+), elle offre à voir à rebours, à travers les points de vue rétrospectifs du mari, d’une amie du couple puis de l’épouse, la somme de raisons, petites et grandes, ayant causé la désagrégation progressive de leur amour.
“Déchirure” et renaissance
Décortiquer la conjugalité, ses promesses déçues, ses affres et ses impasses, c’est aussi le grand sujet de Hagai Levi, star de la télévision israélienne dont l’œuvre fondatrice, BeTipul (En thérapie), accueillait déjà sur le divan deux époux au bord du gouffre. Outre-Atlantique, le showrunneur – deux fois divorcé – a poursuivi son entreprise d’auscultation millimétrée à travers deux autres projets. D’abord The Affair, habile prisme de regards croisés sur un adultère et ses conséquences. Puis Scènes de la vie conjugale, prodigieuse relecture de l’œuvre de Bergman, diffusée pour la première fois en Suède en 1974. Pourquoi l’adapter de nos jours ? Le scénariste s’en expliquait en 2021, dans les pages de l’Obs. « Le mariage était [à l’époque] une institution potentiellement sclérosante pour les êtres. Aujourd’hui, nous sommes incités à nous épanouir, le plus possible, sur le plan individuel. Je voulais raconter ce qu’il en coûte : s’il faut admettre que nous ne sommes pas tous faits pour cette relation monogame de longue durée à laquelle nous aspirons, il faut aussi avoir conscience qu’une séparation est une épreuve hors norme. »
La série « Scènes de la vie conjugale » d’Hagai Levi, est une belle relecture de l’œuvre de Bergman. Photo Jojo Whilden - Home Box Office (HBO) - Endeavor Content
« Une déchirure », comme le dit la philosophe Claire Marin, qui a consacré en 2019 à la question un passionnant ouvrage devenu best-seller (Rupture(s), éd. de l’Observatoire). Mais aussi un levier de transformation, une « occasion de renaître à soi ». « Les ruptures et les recommencements s’entremêlent très souvent, car il y a dans toute rupture le risque de se perdre et l’espoir de se trouver », résumait-elle, au printemps 2023, à Télérama.
Du renouveau, à n’en pas douter, Fleabag en a apporté dans le paysage audiovisuel. Devenu culte, l’épilogue de la série a ouvert une brèche sur le terrain des représentations de la fragilité et du mal-être : grâce à la jeune femme au visage brouillé de larmes et barbouillé de mascara, créée et interprétée par Phoebe Waller-Bridge elle-même, nos doubles de fiction peuvent désormais afficher sans honte leur dépression, leur sentiment d’échec sentimental. Sans elles, aurait-on jamais eu accès au deuil impossible de Ted Lasso, coach sportif inconsolable de la perte de sa femme ? Aux scènes montrant Prune, la stand-uppeuse parisienne imaginée et incarnée par Agnès Hurstel dans Jeune et Golri, pleurer sous la douche après que sa relation avec Francis a pris l’eau et exprimer sa peur de perdre le lien fort qui l’unit à Alma, la fille de ce dernier ?
Constater que l’amour n’est plus là, c’est douloureux mais ce n’est pas censé être honteux ou humiliant.
Marie Kock, autrice de Vieille Fille. Une proposition
Un héritage dont se revendique aussi la scénariste Clémence Madeleine-Perdrillat. Pour l’écriture d’Irrésistible, sa comédie romantique (sur Disney+ le 20 septembre), elle explique avoir « voulu prendre le temps de montrer qu’il en faut, justement, du temps, pour se remettre d’une histoire d’amour, et défendre l’idée que l’on peut aussi ne pas s’en remettre, que ça arrive… C’est faux de dire qu’on repart de zéro à chaque histoire, on reste pétri des précédentes », soutient l’autrice. Adèle, la créatrice de podcasts incarnée par Camélia Jordana dans sa série, rencontre ainsi son nouveau Jules à l’occasion de la sortie d’un livre qu’elle publie sur son ancien petit ami… qu’elle continue, en bonne intelligence, à côtoyer au travail. Un cran au-dessus encore, dans l’art et la manière d’entretenir la proximité par-delà la rupture, le choix de Romane Bohringer et de Philippe Rebbot de sublimer leur propre vécu dans L’Amour flou (le film, puis la série) et de partager leur expérience du « sépartement » dans lequel ils vivent désormais chacun leur vie : deux appartements reliés uniquement par les chambres de leurs enfants.
Dans « L’Amour flou », les protagonistes vivent l’expérience du « sépartement », avec deux appartements reliés uniquement par les chambres de leurs enfants. Photo Philippe Mazzoni - Canal+
Faire entrer les ex-conjoints dans le champ de la narration, leur donner une place dans la généalogie de l’histoire d’amour qui se raconte au présent, c’est aussi une manière de les dédiaboliser. Et peut-être de remiser enfin le cliché de l’ex folle. Un vieil avatar misogyne qui a longtemps prospéré grâce au motif de la rivalité féminine, lui aussi frappé du sceau d’un sexisme que l’Américaine Rachel Bloom a copieusement étrillé dans la bien nommée Crazy Ex-Girlfriend.
« On préfère généralement voir les gens fous que les gens tristes, en particulier quand il s’agit des femmes, analyse Marie Kock, autrice de Vieille Fille. Une proposition remarquable ouvrage sur le célibat féminin (éd. La Découverte, 2022), qui loue, elle aussi, la figure très novatrice que constitue Fleabag. « On n’entend quasiment jamais un personnage féminin dire d’une relation amoureuse qui s’est achevée : “Je suis triste parce que ça n’a pas marché.” Constater que l’amour n’est plus là, c’est douloureux mais ce n’est pas censé être honteux ou humiliant. »
Rompre avec l’idéal conjugal
L’essayiste et journaliste, dont le livre témoigne de son choix de sortir de la conjugalité, a eu beau faire défiler les catalogues de Netflix, Prime Video et autres plateformes, force est de constater que « des histoires autour d’héroïnes pour lesquelles l’amour ne se concrétise pas, il n’en existe quasiment pas ». Elle distingue toutefois les célibataires transitoires, dont l’entourage juge qu’il est urgent de les soustraire à ce statut périlleux – les copines d’Elsa dans Plan cœur, qui s’acharnent à vouloir la recaser par tous les moyens possibles – des « vieilles filles consommées, pour lesquelles il n’y a plus d’espoir ».
Seule figure qui lui vienne en tête, Ada Brook, rôle « ultra secondaire » que tient Cynthia Nixon dans la série historique The Gilded Age (OCS). Une femme entre deux âges qui vit au crochet de sa sœur, et qui « n’est qu’un miroir de la vie de sa famille, sans narration propre ». Comme si la perspective de voir des femmes évoluer hors des sentiers battus du storytelling sentimental et rompre avec l’idéal conjugal était décidément trop dérangeante. De fait, « imposer une vieille fille au premier plan, ce serait aller à l’encontre de tous les codes narratifs en vigueur et mettre en échec l’amour romantique, qui tient encore une place prépondérante dans nos récits ». Faute de mieux, Marie Kock dit s’être « plutôt identifiée à des figures de vieux mecs taiseux vivant à la montagne, et pour qui l’enjeu amoureux n’en est pas un », et cite notamment Jeremiah Johnson. Reste à l’inventer, cette héroïne qui préférera, plutôt que traquer le grand amour, couper du bois et chasser le grizzli…
Retrouvez ici tous les épisodes de notre série “L’amour en séries”.
Télévision
Plateformes
L'amour en séries
Séries
amour Je t’aime. — Ça te passera. » De mémoire de petit écran, on aura rarement connu séparation plus bouleversante que celle de l’héroïne de Fleabag et de « son » prêtre, scellée au soir d’un mariage qu’il a officié, à un arrêt de bus – lieu par excellence de la comédie romantique où les trajectoires sentimentales, souvent, se rejoignent… Pas cette fois. Certes, entre la trentenaire déprimée et l’homme d’Église en plein conflit de loyauté, la passion ne semblait pas forcément promise à de beaux lendemains. Ce que personne n’avait vu venir, en revanche, c’est l’infinie tendresse, plus désarmante qu’un uppercut, dont allait s’armer le pasteur pour imposer sa terrible sentence. Prouvant qu’en amour, l’amour ne suffit pas toujours… Mais aussi que la fin d’une histoire, si éprouvante soit-elle, n’appelle pas nécessairement l’aigreur, les règlements de comptes, la vaisselle qui vole ou encore les noms d’oiseaux.
Hier encore relégués au rang d’enjeux dramaturgiques secondaires au service d’autres récits jugés plus essentiels, le délitement du couple et la déception amoureuse constituent aujourd’hui des sujets à part entière, alors que plus d’un tiers des unions aboutissent à un divorce (44 % en France), et que le nombre de partenaires au cours d’une vie a largement augmenté dans les dernières décennies. Avec les deux saisons de The Split, la Britannique Abi Morgan a ainsi fait de la rivalité de deux cabinets d’avocats spécialisés en droit de la famille, sur fond de Brexit, le point d’entrée pour observer un mariage battant de l’aile. Quant à la récente Anatomie d’un divorce (Disney+), elle offre à voir à rebours, à travers les points de vue rétrospectifs du mari, d’une amie du couple puis de l’épouse, la somme de raisons, petites et grandes, ayant causé la désagrégation progressive de leur amour.
“Déchirure” et renaissance
Décortiquer la conjugalité, ses promesses déçues, ses affres et ses impasses, c’est aussi le grand sujet de Hagai Levi, star de la télévision israélienne dont l’œuvre fondatrice, BeTipul (En thérapie), accueillait déjà sur le divan deux époux au bord du gouffre. Outre-Atlantique, le showrunneur – deux fois divorcé – a poursuivi son entreprise d’auscultation millimétrée à travers deux autres projets. D’abord The Affair, habile prisme de regards croisés sur un adultère et ses conséquences. Puis Scènes de la vie conjugale, prodigieuse relecture de l’œuvre de Bergman, diffusée pour la première fois en Suède en 1974. Pourquoi l’adapter de nos jours ? Le scénariste s’en expliquait en 2021, dans les pages de l’Obs. « Le mariage était [à l’époque] une institution potentiellement sclérosante pour les êtres. Aujourd’hui, nous sommes incités à nous épanouir, le plus possible, sur le plan individuel. Je voulais raconter ce qu’il en coûte : s’il faut admettre que nous ne sommes pas tous faits pour cette relation monogame de longue durée à laquelle nous aspirons, il faut aussi avoir conscience qu’une séparation est une épreuve hors norme. »
La série « Scènes de la vie conjugale » d’Hagai Levi, est une belle relecture de l’œuvre de Bergman. Photo Jojo Whilden - Home Box Office (HBO) - Endeavor Content
« Une déchirure », comme le dit la philosophe Claire Marin, qui a consacré en 2019 à la question un passionnant ouvrage devenu best-seller (Rupture(s), éd. de l’Observatoire). Mais aussi un levier de transformation, une « occasion de renaître à soi ». « Les ruptures et les recommencements s’entremêlent très souvent, car il y a dans toute rupture le risque de se perdre et l’espoir de se trouver », résumait-elle, au printemps 2023, à Télérama.
Du renouveau, à n’en pas douter, Fleabag en a apporté dans le paysage audiovisuel. Devenu culte, l’épilogue de la série a ouvert une brèche sur le terrain des représentations de la fragilité et du mal-être : grâce à la jeune femme au visage brouillé de larmes et barbouillé de mascara, créée et interprétée par Phoebe Waller-Bridge elle-même, nos doubles de fiction peuvent désormais afficher sans honte leur dépression, leur sentiment d’échec sentimental. Sans elles, aurait-on jamais eu accès au deuil impossible de Ted Lasso, coach sportif inconsolable de la perte de sa femme ? Aux scènes montrant Prune, la stand-uppeuse parisienne imaginée et incarnée par Agnès Hurstel dans Jeune et Golri, pleurer sous la douche après que sa relation avec Francis a pris l’eau et exprimer sa peur de perdre le lien fort qui l’unit à Alma, la fille de ce dernier ?
Constater que l’amour n’est plus là, c’est douloureux mais ce n’est pas censé être honteux ou humiliant.
Marie Kock, autrice de Vieille Fille. Une proposition
Un héritage dont se revendique aussi la scénariste Clémence Madeleine-Perdrillat. Pour l’écriture d’Irrésistible, sa comédie romantique (sur Disney+ le 20 septembre), elle explique avoir « voulu prendre le temps de montrer qu’il en faut, justement, du temps, pour se remettre d’une histoire d’amour, et défendre l’idée que l’on peut aussi ne pas s’en remettre, que ça arrive… C’est faux de dire qu’on repart de zéro à chaque histoire, on reste pétri des précédentes », soutient l’autrice. Adèle, la créatrice de podcasts incarnée par Camélia Jordana dans sa série, rencontre ainsi son nouveau Jules à l’occasion de la sortie d’un livre qu’elle publie sur son ancien petit ami… qu’elle continue, en bonne intelligence, à côtoyer au travail. Un cran au-dessus encore, dans l’art et la manière d’entretenir la proximité par-delà la rupture, le choix de Romane Bohringer et de Philippe Rebbot de sublimer leur propre vécu dans L’Amour flou (le film, puis la série) et de partager leur expérience du « sépartement » dans lequel ils vivent désormais chacun leur vie : deux appartements reliés uniquement par les chambres de leurs enfants.
Dans « L’Amour flou », les protagonistes vivent l’expérience du « sépartement », avec deux appartements reliés uniquement par les chambres de leurs enfants. Photo Philippe Mazzoni - Canal+
Faire entrer les ex-conjoints dans le champ de la narration, leur donner une place dans la généalogie de l’histoire d’amour qui se raconte au présent, c’est aussi une manière de les dédiaboliser. Et peut-être de remiser enfin le cliché de l’ex folle. Un vieil avatar misogyne qui a longtemps prospéré grâce au motif de la rivalité féminine, lui aussi frappé du sceau d’un sexisme que l’Américaine Rachel Bloom a copieusement étrillé dans la bien nommée Crazy Ex-Girlfriend.
« On préfère généralement voir les gens fous que les gens tristes, en particulier quand il s’agit des femmes, analyse Marie Kock, autrice de Vieille Fille. Une proposition remarquable ouvrage sur le célibat féminin (éd. La Découverte, 2022), qui loue, elle aussi, la figure très novatrice que constitue Fleabag. « On n’entend quasiment jamais un personnage féminin dire d’une relation amoureuse qui s’est achevée : “Je suis triste parce que ça n’a pas marché.” Constater que l’amour n’est plus là, c’est douloureux mais ce n’est pas censé être honteux ou humiliant. »
Rompre avec l’idéal conjugal
L’essayiste et journaliste, dont le livre témoigne de son choix de sortir de la conjugalité, a eu beau faire défiler les catalogues de Netflix, Prime Video et autres plateformes, force est de constater que « des histoires autour d’héroïnes pour lesquelles l’amour ne se concrétise pas, il n’en existe quasiment pas ». Elle distingue toutefois les célibataires transitoires, dont l’entourage juge qu’il est urgent de les soustraire à ce statut périlleux – les copines d’Elsa dans Plan cœur, qui s’acharnent à vouloir la recaser par tous les moyens possibles – des « vieilles filles consommées, pour lesquelles il n’y a plus d’espoir ».
Seule figure qui lui vienne en tête, Ada Brook, rôle « ultra secondaire » que tient Cynthia Nixon dans la série historique The Gilded Age (OCS). Une femme entre deux âges qui vit au crochet de sa sœur, et qui « n’est qu’un miroir de la vie de sa famille, sans narration propre ». Comme si la perspective de voir des femmes évoluer hors des sentiers battus du storytelling sentimental et rompre avec l’idéal conjugal était décidément trop dérangeante. De fait, « imposer une vieille fille au premier plan, ce serait aller à l’encontre de tous les codes narratifs en vigueur et mettre en échec l’amour romantique, qui tient encore une place prépondérante dans nos récits ». Faute de mieux, Marie Kock dit s’être « plutôt identifiée à des figures de vieux mecs taiseux vivant à la montagne, et pour qui l’enjeu amoureux n’en est pas un », et cite notamment Jeremiah Johnson. Reste à l’inventer, cette héroïne qui préférera, plutôt que traquer le grand amour, couper du bois et chasser le grizzli…
Retrouvez ici tous les épisodes de notre série “L’amour en séries”.
Télévision
Plateformes
L'amour en séries
Séries
amour
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire