Pas de son, pas d’images en direct, c’est sur la carto de la course que l’on a pu suivre le nouveau départ des Ocean Fifty et des Class40 partis sous la pluie dans une mer encore agitée par les soubresauts de la tempête.
Tout d'abord éviter les Coureaux de Groix qui sont des bas-fonds rocheux situés entre l'île de Groix et la rade de Lorient. Ils forment un détroit situé entre le Morbihan continental (communes de Plœmeur, Larmor-Plage, Port-Louis et Gâvres), au nord, et l'île de Groix, au sud. Un Coureau (avec un seul "r") est un terme de marine qui désigne une "sinuosité entre des bas-fonds et des roches que l'eau recouvre. Les Coureaux de Groix permettent l'accès aux ports de Lorient. Ils sont redoutés par les navigateurs en raison de la force importante des courants en cet endroit, particulièrement lors des marées à fort coefficient.
Pas simple de repartir après une semaine compliquée comme celle-là avec des conditions météos qui se sont calmées mais loin de s’être assagies avec 18-20 nds d’ouest et encore 3-4m de creux. La flotte des 6 Ocean Fifty est repartie ainsi que 41 Class40, trois équipages ayant abandonné.
Il fallait se lever tôt, et ne pas oublier d’enfiler son ciré pour saluer les 46 équipages au saut de leur reprise de course sur cette Transat Jacques Vabre Normandie Le Havre.
À Lorient, les aurevoirs intimes et chaleureux pour la grande chevauchée océanique qui les attend avaient une couleur familiale et une saveur amicale particulières. Parmi ceux qui ont répondu à l’appel du ponton les co-skippers de Dékuple, William Mathelin-Moreaux et Pietro Luciani, qui ont annoncé officiellement leur forfait faute d’avoir pu réparer à temps leur avarie survenue sur le premier tronçon, cachaient difficilement leur légitime pincement au cœur. Mais pour leurs camarades, pour lesquels le jeu continue, il est temps d’y aller. À 8h40, les 6 Ocean Fifty et les 40 Class ont enfin quitté les pontons de Lorient La Base où ils s’étaient mis à l’abri dès lundi 30 octobre.
Sur le plan d’eau, les conditions sont soutenues, ou plutôt «engagées », comme le veut le vocabulaire des marins qui s’élancent dans un régime météorologique dépressionnaire.
À 10h30, les Ocean Fifty entrent dans la danse. Et c’est à Viabilis Océan (Quiroga-Treussart) que revient le droit de couper la ligne de départ lorientaise en premier.
Un quart d’heure plus tard, c’est au tour des Class40 de se jeter à nouveau dans le grand bain du parcours qui les attend via Port Santo à Madère.
Le vent a molli à 15 nœuds, mais un gros grain à l’horizon annonce que cette accalmie sera de très courte durée.
Au top IBSA (Bona-Santurde Del Arco), Café Joyeux (D’Estais-Debiesse), Project Rescue Ocean (Trehin-Riou) ou encore Edenred (Le Roch-Bourgnon), à gauche de la ligne, côté île de Groix, sont dans le coup.
À la bouée de dégagement, Seafrigo Sogestran (Chateau-Pirouelle), de retour en course après une mission commando pour réparer un bateau bien abîmé en baie de Seine, annonce la couleur. Il faut bel et bien compter avec lui.
À la marque, il ouvre la marche de la flotte devant Interinvest (Perraut-Bloch), Legallais (Delahaye-Douguet), ou encore La Manche #Evidence Nautique (Jossier-Loison)…
Devant les étraves de cette flotte compacte : la promesse de 48 heures aussi toniques que stratégiques, au cours desquelles il faudra à la fois préserver le bateau et ne pas traîner en si bon chemin pour « dégolfer » et rejoindre le cap Finisterre. Tout un art en somme, plus facile à dire qu’à faire au louvoyage, avant d’entamer la grande descente vers des vents portants…
À noter que l’équipage d’Engie DFDS Britanny Ferries (Lee-Ragueneau) a dû rentrer au port de Lorient La Base. Plus d’informations à suivre…
Les impressions au ponton de Lorient La Base
. Erwan Le Roux (Koesio), Ocean Fifty : « Le départ a été donné dimanche dernier au Havre, c’était magnifique dans la brise. Maintenant, c’est l’étape deux qui commence. On a le même état d’esprit que la semaine dernière, avec l’envie de bien faire, en essayant de faire une belle trajectoire sur le parcours un peu technique qui nous attend sur les deux premiers jours, avec pas mal de molles, de risées, et un vent très instable. Il va falloir se frayer un chemin dans tout ça. C’est assez piégeux : il faudra être vigilants et concentrés. Mais il ne faudra pas traîner non plus en route pour échapper à une deuxième dépression qui passe au cap Finisterre demain soir. »
. Ambrogio Beccaria & Nicolas Andrieu (Alla Grande Pirelli), Class40 : « On est très heureux de partir, même si cela reste une course de brise, au près pendant les deux premiers jours et demi. Il ne faut pas trop baisser la garde. Mais on a bien navigué sur la première étape. On va essayer de rester bien dans le coup, parce qu’il ya des portes qu’il ne faut pas rater. On aborde cette étape deux, comme on abordait la course il y a une semaine, même si on a maintenant derrière nous les écueils des courants et des cailloux de la Bretagne Nord. Mais à part ça, il reste tout à faire. A nous de jouer pour nous battre comme des chiens et ne rien lâcher pendant 15-16 jours de course. »
. Erwan le Draoulec (Everial), Class40 : « Départ pluvieux, mais départ heureux, parce qu’on est bien contents d’y aller. On va passer les 24-48 premières heures face au vent, dans des conditions solides, mais moins fortes, je pense, que celles qu’on a eues en Manche. Mais il y a beaucoup d’irrégularités dans le ciel, beaucoup de grains. Ce ne sera pas si simple que ça, même si on part sur un grand tribord amure, cap sur le cap Finisterre. On aura des premières difficultés d’entrée de jeu. On devrait passer un front mercredi. Il sera très actif, mais on sera très près du centre, et on a du mal à savoir ce qu’il va se passer et comment il va falloir s’en dépatouiller. »
. Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en Peloton), Ocean Fifty : « On est toujours au mois de novembre en Atlantique Nord, mais on a vraiment hâte d’y aller. Cette deuxième étape, on l’aborde comme la Medal Race, parce que normalement c’est celle qui va compter pour de vrai. On a 24 heures pour dégonfler et se rappeler qu’on est sur le départ de la Transat Jacques Vabre, même si on part un peu en décalé. Ce sera moins rude que le premier morceau, mais on aura peut-être plus de régate, dont a déjà eu un premier échantillon sur le premier leg. L’avance dont on bénéficie, c’est juste un petit grade qui peut nous faire du bien si les choses se compliquent à l’arrivée. Mais ce n’est pas cette petite avance au regard des douze jours de mer qui nous attendent qui nous donne une forme de confort. »
. Achille Nebout & Gildas Mahé (Amarris), Class40 : « Sur les premières 48 heures, on attend des grains assez forts. La première nuit, on attend le passage d’une petite dépression, pas trop violente mais très incertaine, mais il y aura des coups à faire. Et surtout , on aura un bon front à passer la deuxième nuit au large du cap Finisterre, qui va être plus costaud. Une fois qu’on aura passé ces deux difficultés, on pourra faire du sud pour enfin accrocher des vents opus portants, et trouver un peu de chaleur. On sait tous quel point on vise, mais on va peut-être prendre des routes différentes pour y arriver. »
. Amelie Grassi (La Boulangère Bio), Class40 : « Sur les premières 48 heures, il faudra à la fois faire un peu le dos, tout en mettant de l’intensité, dans la mesure où ce qui nous attend devant sur le parcours sera crucial pour la suite du parcours. C’est vraiment un nouveau départ qui part directement sur un parcours large. On repart vraiment de zéro. »
. Pierre Le Boucher (Groupe SNEF) : « C’est un peu comme au Havre, il va ne pas falloir casser de bateau, mais ce serait bien aussi d’arriver tôt aux avant-postes de la flotte au cap Finisterre, où cela devrait s’échapper par devant. On va affiner la météo et la stratégie par rapport aux derniers fichiers météo qu’on pourra récupérer après une heure de course. Notre objectif reste de bien naviguer, et si on pouvait faire un peu mieux que la première étape, ce serait très bien ! »
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