vendredi 1 décembre 2023

 

Retour à La Base. Transat retour pour 30 solitaires, Jean Le Cam et Tanguy Le Turquais en retard

FORT DE FRANCE, MARTINIQUE - NOVEMBER 30 : Imoca competitors are pictured during start of the solo sailing race Retour à la Base, in Fort de France, Martinique, on November 30, 2023. (photo by Jean-Louis Carli / Alea / Retour à La Base)

Les 30 solitaires en Imoca ont quittés Fort-de-France direction Lorient. Premier à franchir la ligne et profiter d’un léger alizé d’une dizaine de nœuds, Sam Goodchild (For the Planet) a pris un bref avantage, vite repris par Jérémie Beyou (Charal) et Yoann Richomme (Paprec-Arkea). Seule de son côté de la ligne, Samantha Davies (Initiatives Coeur) a également réussi à tirer son épingle du jeu, offrant un joli spectacle aux heureux spec
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Un dernier goût de soleil vite effacé par une première ligne de grain, avant-goût humide et instable de ce qui attend les marins sur cette première édition de la transatlantique retour vers Lorient, que les premiers devraient atteindre à partir du 9 décembre.

Les 30 marins seront rejoints en course, d’ici quelques jours, par deux autres inscrits au Retour à La Base, mais dont la transatlantique aller a pris du retard : Tanguy Le Turquais (Lazare) et Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor Lux). Pas le temps de profiter des charmes de la Martinique, il y a un challenge sportif à relever, et une qualification au Vendée Globe à assurer !

Jean Le Cam est en approche de la Martinique et franchira bien la ligne de départ du Retour à La Base qui reste ouverte jusqu’au 7 décembre à 18h. Tanguy Le Turquais devrait finir la transat Jacques Vabre ce 1er décembre.

Jusqu’aux dernières minutes avant le départ, les marins hésitaient sur la garde-robe à dégainer, tant les conditions météorologiques étaient aussi légères qu’instables, ce jeudi 30 novembre au large de Fort-de-France. Preuve de ce climat d’incertitude et d’effervescence, Fabrice Amedeo (Nexans – Art & Fenêtres), lancé un peu trop tôt, a franchi la ligne quelques secondes avant que ne résonne le « Top départ » du Retour à La Base, écopant ainsi immédiatement d’une pénalité de cinq heures, qu’il devra réaliser en mer.

Après cette incartade, dans un alizé de 6-9 nœuds, rompu par les lignes de grains qui ont déchiré toute la matinée la majestueuse baie martiniquaise, c’est Sam Goodchild (For the planet) qui s’est finalement extirpé en premier de la flotte, avant d’être rattrapé à la faveur d’une risée par Jérémie Beyou (Charal).

Option au large et rase-moustaches à la côte

Seule de son côté de la ligne, évitant prudemment tout risque de collision, l’expérimentée navigatrice britannique Samantha Davies (Initiatives Cœur) semblait tirer son épingle du jeu, avant de s’arrêter dans la baie, voile battante. Car à la grande loterie du souffle léger, c’est finalement Boris Herrmann (Malizia) qui a remporté la timbale sur une option plus au large, lui évitant les pièges de la côte et de ses nombreux casiers de pêche disséminés.

Le navigateur allemand était néanmoins suivi de très près par Louis Burton (Bureau Vallée 3) et Yoann Richomme (Paprec-Arkéa), bien calés dans son sillage, tandis que derrière, le skipper néo-zélandais Conrad Colman (Mail Boxes etc…) faisait aussi une belle opération, s’amusant même à écraser l’un contre l’autre les deux favoris de la course, Thomas Ruyant (For People) et Jérémie Beyou (Charal). Un rapprochement à rase-moustaches sous tension, pour le plus grand bonheur des spectateurs à proximité, mi-effrayés, mi-fascinés !

Escale technique pour Sébastien Marsset

Seule ombre à ce tableau de carte postale, Sébastien Marsset (Foussier – Mon Courtier Energie) a été contraint à une escale technique suite à des problèmes d’énergie, rencontrés dès le premier bord. Le skipper de Port-La-Forêt, qui avait bien franchi la ligne de départ, a pu cependant repartir en course, moins de deux heures après ses congénères.

Un handicap qui devrait donc s’avérer très léger, en comparaison de celui des deux solitaires toujours attendus sur la ligne de départ : Tanguy Le Turquais (Lazare) et Jean Le Cam (Tout Commence en Finistère – Armor-Lux), encore en approche de la Martinique. Les deux marins devraient toutefois pouvoir défendre leurs chances sur cette transatlantique retour, étape indispensable sur la route du Vendée Globe. Ils ont jusqu’au jeudi 7 décembre 13h heure locale (18h heure de Paris) pour franchir la ligne de départ virtuelle.

« Ce sera une transat’ rapide »

C’est d’ailleurs avec cet objectif en tête que bon nombre des solitaires ont quitté ce jeudi matin les pontons, cherchant encore le bon compromis entre leur ardeur de compétiteur et l’impérieuse nécessité pour beaucoup de boucler la course sans trop causer de dégâts à leur monture. « On sait que ce sera une transat’ rapide, je vais le faire comme je le sens, en regardant aussi comment se comporte la concurrence. Mais s’il y a l’opportunité d’aller la gagner, je la saisirai ! », expliquait ainsi Thomas Ruyant, qui vient de remporter une impressionnante série de trois transatlantiques et qui fera ses premiers bords en solo sur son nouvel IMOCA For People.

Frustré de n’avoir pu défendre ses chances sur l’aller, Damien Seguin (Groupe Apicil), n’avait pour sa part aucun doute sur son envie « d’appuyer un peu sur le champignon » ! « Le schéma météo avec des dépressions qui arrivent de derrière, c’est aussi quelque chose qui se rapproche de ce qu’on peut vivre dans les mers du Sud lors du Vendée Globe. Il y a donc plein d’enseignements à en tirer ! », expliquait le skipper lorientais.

D’autres marins devraient toutefois avoir une approche un peu plus prudente de cette ascension de l’Atlantique par la face Nord, dont les premiers pourraient atteindre le sommet lorientais autour du 9 décembre. « J’irai un peu mollo avec le bateau pour être en sécurité autant lui que moi. C’est une course d’apprentissage, je veux arriver au bout tout en engrangeant de l’expérience », expliquait ainsi Violette Dorange (Devenir), qui s’élançait, à 22 ans, sur sa toute première course en solitaire à bord de son IMOCA. « C’est le plus gros challenge que j’ai jamais réalisé », admettait la benjamine de la course, heureuse de retrouver l’océan, mais aussi de mettre le cap « vers la maison » pour conclure une intense saison 2023 pour toute la flotte IMOCA. Prochain arrêt : La Base de Lorient !

Les dernières émotions au ponton : Nicolas LUNVEN (Holcim PRB) :
« Il y a beaucoup d’envie, je vais être content d’être en mer et en course ! Où mettre le curseur entre l’apprentissage, la compétition, l’envie et la nécessité d’arriver au bout de cette course ? Ce curseur va certainement évoluer au cours de la course selon les conditions météo qui vont permettre de tirer plus ou moins sur la machine. Si je peux aller plus vite que les copains, je prends ! »

Clarisse CREMER (L’Occitane en Provence) :
« Je suis forcément un peu fatiguée parce que j’ai une Transat Jacques Vabre en double dans les pattes, mais je suis contente de partir malgré un peu d’appréhension : c’est quand même un gros morceau une course retour en solo au mois de décembre, c’est un peu engagé. La dernière fois que j’ai fait ça, c’était le Vendée Globe ! En même temps, c’est ça que je viens chercher… Et il faut vraiment que je termine, comme d’autres, pour assurer ma sélection pour le Vendée Globe.»

Damien SEGUIN (Groupe Apicil) :
« Il y a beaucoup d’envie chez tout le monde, en tout cas chez moi il y en a ! J’ai confiance en moi et en mon bateau. Le schéma météo avec des dépressions, qui arrivent de derrière, c’est aussi quelque chose qui se rapproche de ce qu’on peut vivre dans le grand Sud. Je serai la poignée dans le coin, raisonnablement certes, mais avec des bateaux comme ça c’est difficile de mettre le curseur au milieu. C’est l’occasion aussi, à un an du Vendée Globe, d’appuyer un peu sur le champignon ! »

Thomas RUYANT (FOR PEOPLE) :
« Après douze jours en Martinique, c’est bien de repartir maintenant et de faire du solo. Il y a forcément un peu de tension, mais je sais que ça va vite se remettre en place. On a un début de course qui permet aussi de rentrer tout doucement dans le rythme. Il va falloir voir mon état de forme après cette année bien remplie et une Transat Jacques Vabre intense. Je vais le faire comme je le sens, en regardant aussi comment se comporte la concurrence. Mais s’il y a l’opportunité d’aller la gagner, je la saisirai ! »

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