[ANALYSE]. Violences urbaines en Martinique : la fin des exactions est-elle proche dans la crise que traverse l'île ?

Des individus cagoulés en train de brûler des biens face aux forces de l'ordre qui tentent de les disperser dans un quartier de Schoelcher en Martinique (illustration - octobre 2024).  
L’arrêt des violences gratuites est-il envisageable à court terme en Martinique, afin que la revendication pour l’égalité des droits des consommateurs reprenne le dessus ? Du reste, qui est capable de lancer un appel au retour à la sérénité ?


À qui profitent les exactions, pillages, destructions, qui prolifèrent ces jours-ci ? Quels sont les commanditaires du racket imposé à ceux qui veulent franchir les barrages routiers pour aller travailler ou se soigner ? Les malfaiteurs déguisés en émeutiers ont-ils conscience des dégâts qu’ils occasionnent aux entreprises et aux salariés quand ils saccagent des petits magasins, des stations-service et, comble de l’ignominie, des pharmacies et des cabinets médicaux ?

Entre un barrage filtrant provisoire et pacifique, comme ceux qui ont été tenus au Carbet, à Sainte-Luce, à Saint-Joseph ou au Lorrain, et ceux qui visent à bloquer pour bloquer avec menaces, propos racistes, propos sexistes et violences, il existe une grande différence. La colère de la population s’exprime par différents moyens d’action sans violence aucune.

Une colère légitime détournée

Cependant, cette colère face à l’injustice est mise à profit par des délinquants et aussi par des laissés-pour-compte qui trouvent là une occasion facile de se venger d’un système qui ne les intègre pas. Sauf que la contestation légitime contre les conditions de vie est dévoyée, voire rejetée par une partie de la population.

Quand donc cesseront ces violences gratuites sur les biens et les personnes ? Un millier d’emplois et 200 entreprises sont menacés de disparition à cause des vols et des destructions. Les conséquences immédiates en sont l’augmentation du chômage, la perte de revenus et la faillite d’artisans et de commerçants. Sans oublier l’anxiété et la morosité qui planent sur le pays. Ce climat amoindrit l’attractivité du territoire, provoque le désistement des investisseurs et favorise les départs de ceux qui ne se sentent plus en phase avec leur pays.

Des violences inutiles salissent le mouvement

Il est temps que la revendication populaire puisse reprendre le dessus sur les violences périphériques injustifiables. Or, qui possède le pouvoir d’appeler à la raison et au retour au dialogue ? La majorité de la collectivité territoriale campe sur son optimisme, en dépit du désastre en marche. Les maires ? Beaucoup se sont dépensés sans compter pour éviter des drames. Les syndicats ? Sont-ils encore audibles ? Les autorités religieuses ? Ce n’est pas leur rôle, ni leur mission.

Devant ce silence assourdissant, est-ce aux citoyens de se mobiliser contre la violence inutile ? Quand nous constatons que c’est une association qui a pris à bras-le-corps cette énième lutte contre la vie chère, pourquoi pas une autre initiative venant du peuple pour qu’il se sauve lui-même ?