Procès Pelicot : une famille déchirée à la barre
Le procès des viols de Mazan est rentré cette semaine dans sa dernière phase, après deux mois et demi d'audiences au tribunal d'Avignon.
Ce matin, Gisèle Pelicot a de nouveau pris la parole face à son ex-mari Dominique, accusé de l'avoir droguée, violée et livrée à des dizaines d'inconnus entre 2010 et 2020. À la barre, la septuagénaire a appelé la société à "changer le regard sur le viol". Son histoire, depuis racontée dans le monde entier, a fait d'elle une icône des luttes féministes. Depuis deux mois, des foules se déplacent au tribunal d'Avignon pour l'applaudir ou lui offrir des fleurs en sortie d'audience. Plusieurs manifestations ont également eu lieu pour dénoncer la "culture du viol" dans la société française, dont une prévue le 23 novembre dans toute la France. À Avignon, les plaidoiries des parties civiles devraient démarrer mercredi, avant le réquisitoire puis de longues semaines pour les plaidoiries de la défense, jusqu'au verdict le 20 décembre.
Au-delà de Gisèle Pelicot, ce sont les trois enfants du couple qui ont exprimé leur détresse à l a barre lundi. "Ce procès n’est pas uniquement celui de Gisèle Pelicot. Il est celui de toute une famille anéantie", a lancé David, l'aîné de la fratrie. "Tu es le diable en personne. Notre famille a complètement explosé. On fait comment ? C’est quoi le mode d’emploi ?", s'est quant à lui écrié Florian, le benjamin. Caroline Darian, la fille, a elle déclaré se sentir "comme la grande oubliée de ce procès". La quadragénaire, dont des photos nues ont été retrouvées dans l'ordinateur de son père, n'a jamais su si elle avait également été victime des sévices de Dominique Pelicot. "La seule différence entre Gisèle et moi, c’est que pour elle, il y a des preuves", explique-t-elle aux juges de la cour criminelle du Vaucluse. Les semaines précédentes, Dominique Pelicot avait juré qu'il n'avait jamais touché à ses enfant, ni à ses petits-enfants. Caroline Darian a depuis lancé l'association "M'endors pas", qui vise à sensibiliser sur le phénomène de la soumission chimique, que ce procès a mis en lumière et qui fait l'objet de plusieurs milliers de plaintes chaque année.
Un autre phénomène, tout aussi pervers, inquiète les autorités. La prostitution de mineurs prend de l'ampleur en France. Selon les différents experts, près de 20 000 d'entre eux seraient concernés, entre ceux pris en charge par l'Aide sociale à l'enfance et ceux qui passent sous les radars des services sociaux. En rupture avec leur famille, de plus en plus d'adolescentes en fugue se retrouvent prisonnières de réseaux de prostitution. Selon un rapport publié en 2023 par la fondation Droit d'enfance, un tiers des fugues avérées sont liées à la prostitution. Pour les enfants placés en foyer, le phénomène est encore plus pervers. Des "lover boys" profitent de la situation précaire de ces jeunes pour les attirer dans leurs réseaux. Dans les grandes villes comme Marseille, des foyers pour mineurs sont ainsi devenus de véritables lieux de recrutement pour de jeunes proxénètes.
Quel sont les enjeux de la fin du procès des viols de Mazan ? Pourquoi cette affaire est-elle devenue un symbole de la lutte contre les violences sexuelles en France ? Et pourquoi le phénomène de la prostitution des mineurs inquiète-t-il les autorités ?
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