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jeudi 27 avril 2017

MONTSERRAT



 
 
  on est passé au large de Montserrat
 
 
 

Montserrat est une réelle menace. Rien ne peut être exclu, le volcan n'a pas dit son dernier mot.

Les premiers tremblements de terre se manifestent en 1992. Cette petite île de 15 kilomètres de long sur 10 kilomètres de large fait des siennes, et les îles voisines la craignent désormais. En 1994, l'île connaît l'un des plus impressionnants tremblements de terre de son histoire. Mais c'est en juillet 1995 qu'une équipe de chercheurs est diligentée aux chevets du volcan. Celui-ci est mis sous haute surveillance, car il entre en éruption. L'évacuation de la ville est ordonnée dès 1997. Cette année là, une éruption a tué une vingtaine de personnes et elle a complètement enseveli la capitale sous un tapis de cendres. Il n'y a plus âme qui vive dans le sillage de Soufrière Hills. Il ne reste qu'une poignée d'irréductibles qui vivent dans la partie « sécurisée » au Nord de l'île. Entre 1997 et 2005, le volcan connaît des phases éruptives, avec l'émergence de dômes, suivies de périodes de calmes où les dômes s'écroulent.

Mais, depuis la fin de l'année 2005, les activités volcaniques et sismiques montrent un regain d'énergie et affichent un niveau élevé. La croissance du dôme se poursuit à un rythme dramatique de 1,3 à 1,8  m3 par seconde. Le 27 février 2006 est apparue une aiguille de lave au sommet du dôme. Le 28, une partie de cette aiguille s'effondre, provoquant des nuées ardentes qui ont, à nouveau, ravagé une partie de l'île jusqu'à la côte. Entre les 24 et 31 mars, la croissance du dôme de lave s'est poursuivie avec apparition d'un nouveau lobe en direction de l'Est. Cet appendice s'est effondré le 20 mai. Le nuage tel un champignon atomique est monté à 17 000 mètres. Les images satellites sont formelles. Cet effondrement n'a pas arrêté les effusions du volcan, que du contraire, l'activité à son comble reprend dès le lendemain, et un hélicoptère qui survole Montserrat le 23 mai atteste de la naissance d'un nouveau dôme de lave. Les risques majeurs à venir, sont de type sismiques et éruptifs (nuée ardente et gaz toxiques) Mais il ne faut pas occulter non plus la possibilité de tsunamis qui affecteraient les îles voisines de Montserrat : Guadeloupe, Antigua, Nevis, Saint Kitts...
 
 
infos sur la climatologie de la mer des Caraïbes : cyclone , étude des marées barométriques ainsi que les prévisions météorologique .

lundi 25 avril 2016

DE RETOUR A L ILET AUX COCHONS....



Bon c'est vrai c'est pas la paradis...l'environnement est celui du grand port de commerce qu'est Pointe-à-Pitre...



 Photo aérienne de l’îlet Boissard dans la rade de Pointe-à-Pitre

pourtant toute une page est histoire est là...




Le  Petit  Cul-de-Sac  Marin  et  le  Grand  Cul-de-Sac  Marin  sont  deux  larges  baies  de  Guadeloupe  jalonnées  de nombreux  îlets. Elles  ont  en  commun  un  écosystème  bien spécifique  composé de  mangroves  littorales,  de  récifs coralliens étendus et d'herbiers marins. Les îlets  ont  par le passé été le lieu d'implantation d'activités économiques basées  sur l'exploitation de  cet  environnement. Elles  sont à l'origine  de leur peuplement à  l'époque  coloniale. 


Les habitations des  îlets qui  se  développent  surtout  au  cours  du  XIXème siècle  sont  en  grande  partie  consacrées  à  la pêche  et  à la  production  de  chaux.  La population des  îlets  est  composée  des propriétaires  d'habitations  issus  de catégories  sociales diverses, et de la  main d’œuvre en majorité  servile.  À  la  fin  du XIX ème siècle,  les  îlets perdront leur fonction d'unités de production au profit du tourisme de villégiature qui émerge à cette époque. 
On  compte  une  dizaine  d' îlets  dans  la  baie  aujourd'hui,  mais  leur  nombre  fut  bien  supérieur :  douze  îlets  ont totalement  disparu  depuis la  fin du  XVIII siècle comme  le prouve  la  carte  des  Ingénieurs du Roi  levée  à  cette époque,  et  d'autres  ont  vu  leur  superficie  se  restreindre  considérablement   

L'îlet à Cochons , situé à moins de  900 mètres au  sud-est  de l'îlet  Boissard,  est le plus  grand  îlet du  Petit Cul-de-Sac  Marin. Dès la fin du XVIII siècle  une  partie de  l'îlet  est consacrée à la défense militaire du port de  Point-à-Pitre  mais  cela  n'empêche  pas   l'implantation  d'activités  économiques  menées  par  des  civils  .


Comme  pour  l'îlet  Boissard,  l'îlet  à  Cochons  regroupe  de  nombreuses  propriétés  dès  le  début  du  XIX siècle.








 

jeudi 21 avril 2016

LE BAS DU FORT

 
 
 

Le Bas du Fort

 
L’entrée de la Marina Bas-du-Fort se situe entre la Pointe Fouillole et l’extrémité NW de la presqu’île à Monroux qui borde à l’Est le chenal d’entrée du port. La marina peut accueillir plus de 1000 bateaux de plaisance.

NOUS SOMMES DEPUIS CE MATIN AU DOCK FLOTTANT POUR  NOTRE CARENAGE ANNUEL ESPERONS QU IL N Y AURA PAS TROP DE MOUSTIQUES CE SOIR....

 
 
 
 
 
 
 
 
 



Spécificités
Capacité de levage maximal : 800 t
 
 
 
 
 
 
 

dimanche 10 mai 2015

INAUGURATION DU MEMORIAL ACTE A PAP PAR FRANCOIS HOLLANDE






Dimanche 2015 mai, 10
François Hollande a inauguré dimanche à Pointe-à-Pitre le Mémorial ACTe, centre caribéen d'expressions et de mémoire de la traite et de l'esclavage, au son grave des tambours et des conques, avec lesquels communiquaient les esclaves.
Le chef de l’État a coupé le ruban tricolore, sous un jeu d'ombre et de lumière distillé par le treillage métallique qui coiffe le bâtiment, entouré des ministres Ségolène Royal (Écologie), Christiane Taubira (Justice), Fleur Pellerin (Culture), George Pau-Langevin (Outre-mer), Annick Girardin (Francophonie), du président de l'Assemblée Claude Bartolone, ainsi que du président de la région Guadeloupe Victorin Lurel et du maire de Pointe-à-Pitre Jacques Bangou.
Le président est ensuite entré dans le bâtiment, passant d'abord devant une sculpture monumentale dans le patio central, un arbre métallique symbolisant le "poto mitan", pilier des cultures antillaises et métaphore des racines.
memorial esclavage
François Hollande avait déjà fait une visite très privée samedi soir en compagnie de Victorin Lurel, porteur du projet et ancien ministre des Outre-mer, de la secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF), Michaëlle Jean, et du président haïtien, Macky Sall, admirant ainsi les éclairages nocturnes qui donnent au Mémorial ACTe l'allure d'un phare à l'entrée de la baie de Pointe-à-Pitre.
"C'est avec émotion que j'ai inauguré le mémorial ACTe. Les œuvres exposées, les faits restitués, les personnages rappelés, et surtout le souvenir des femmes, hommes, enfants victimes de la traite, nous font obligation de ne rien oublier et de lutter encore aujourd'hui pour la dignité humaine", a écrit le président sur le Livre d'or, signé également par les ministres qui l'accompagnaient.
Le discours de François Hollande
Lors de son discours inaugural, François Hollande s'est de nouveau insurgé, comme il l'avait fait la veille en Martinique, contre les "nouveaux négriers" tels ceux qui œuvrent en Méditerranée pour faire passer des migrants. Mais il a écarté tout amalgame entre l'esclavage passé, système légal, et les formes présentes d'esclavage, condamnées par les institutions internationales.
"La seule dette qui doit être réglée, c'est de faire avancer l'humanité. C'est ce que ce Mémorial (ACTe) nous rappelle", a déclaré le président de la République.
S'adressant directement au président haïtien Michel Martelly, chez qui il se rendra mardi, François Hollande a dit sa "fierté" de le voir participer à ce 10 mai un peu particulier. Il a souligné "l'exceptionnel combat pour la liberté d'Haïti", "première colonie libre, première république noire ayant fait échec au rétablissement de l'esclavage" par Napoléon en 1802.
Haïti a dû verser une "rançon d'indépendance" à la France jusqu'au milieu du XXe siècle. "Eh bien, quand je viendrai à Haïti, j'acquitterai à mon tour la dette que nous avons", a-t-il affirmé, chaudement applaudi par l'assistance.
Le Mémorial ACTe a vocation, "en évoquant le passé, de prévenir les fléaux qui menacent" et notamment "le poison du racisme", érigé en grande cause nationale en 2015 en France, a souligné le président français.
Il a aussi rappelé les étapes qui ont jalonné le travail de mémoire et de prévention dans le pays: loi Taubira en 2001 sur la reconnaissance de la traite et de l’esclavage comme crime contre l'humanité; loi de 2013, qui introduit dans le code pénal la définition de la traite, de l'esclavage, et de la servitude. Le nombre de condamnations est passé de "presque rien en 2006 à 150 aujourd'hui", a-t-il précisé.
"La France toute entière est engagée dans cette reconnaissance au-delà des sensibilités, des philosophies. La France est capable de regarder son histoire, parce que la France est un grand pays qui n'a peur de rien et surtout pas d'elle même", a affirmé François Hollande.
Il a consacré un long passage de son discours (dont Mme Taubira avait écrit la trame), à l'histoire souvent occultée des actes de créativité, des révoltes, des rébellions des esclaves qui ont finalement pris "leur part dans leur libération".

"Il arrive par moment que le monde soit un seul lieu, aujourd'hui c'est ici", a pour sa part témoigné Christiane Taubira, alors que Ségolène Royal estimait: "La liberté est un combat pour le passé, le présent et le futur, cet endroit exceptionnel le rappelle au monde entier."
"Ce monument, sur ces côtes qui ont accueilli tant de navires de la traite négrière, nous impose un devoir de mémoire indispensable pour comprendre le présent et construire l'avenir", a estimé Michaëlle Jean, secrétaire générale de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), citant Aimé Césaire: "L'avenir n'est rien si on ne se souvient pas."
Pour Lilian Thuram, présent à la cérémonie, "c'est un jour très fort: 167 ans après l'abolition de l'esclavage il y a enfin un lieu en France où discuter du discours qu'a produit l'esclavage niant l'humanité de gens en fonction de leur couleur de peau". "Cela doit nous amener à réfléchir aux discours qui enlèvent l'humanité aujourd'hui", a dit l'ancien footballeur international, citant "les immigrés, les sans-papier".
Élus, intellectuels, artistes, représentants de toutes les religions, chefs d'entreprise et simples citoyens avaient aussi été conviés à ce 10 mai, journée nationale de commémoration de la traite et de l'abolition de l'esclavage, aux allures internationales cette année.
De tous les déplacements outre-mer, celui de ce week-end est sans doute le plus important pour François Hollande sur le plan politique, surtout s'il espère obtenir un second mandat en 2017. Car si de manière générale, les habitants de ces territoires éloignés de métropole ont largement voté pour lui en 2012, les martiniquais et plus encore les guadeloupéens lui ont fait massivement confiance. Dans les deux cas, le candidat socialiste avait obtenu plus de 50% des voix dès le premier tour, atteignant carrément 72% des voix au second tour en Guadeloupe.



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En Guadeloupe, Hollande commémore l'abolition de l'esclavage en version internationale

Le Point - Publié le - Modifié le

Avec une trentaine de dirigeants africains et caribéens, il célèbre la Journée nationale de commémoration de l'abolition de la traite et de l'esclavage.

François Hollande est en Guadeloupe pour sa grande tournée caribéenne.
François Hollande est en Guadeloupe pour sa grande tournée caribéenne.
François Hollande en Guadeloupe avec une trentaine de dirigeants africains et caribéens, la militante américaine Angela Davis à Nantes : la Journée nationale de commémoration de l'abolition de la traite et de l'esclavage revêt cette année un caractère international. Le chef de l'État français doit inaugurer dimanche le plus grand centre au monde d'expressions et de mémoire sur la traite et l'esclavage, à Pointe-à-Pitre.
Ce Mémorial ACTe "permettra à la Guadeloupe et au-delà à la Caraïbe toute entière, avec un lien profond avec l'Afrique, de dire au monde que ce combat pour la dignité humaine n'est pas achevé", a déclaré samedi M. Hollande depuis la Martinique, étape précédente de sa vaste tournée dans la Caraïbe qui le mènera ensuite à Cuba et Haïti. Il a fustigé les "nouveaux négriers" de migrants en Méditerranée tout comme l'exploitation des enfants-soldats, entre autres formes modernes d'esclavage.

"Combattre l'esclavage aujourd'hui"

"Ce Mémorial n'appartient pas seulement aux Guadeloupéens, aux Français ou aux peuples qui ont cette sombre histoire en partage", a dit Michaëlle Jean, secrétaire générale de la Francophonie, qui sera présente dimanche. "Il interpelle aujourd'hui le monde entier sur l'abomination de l'esclavage tel qu'il a été pratiqué pendant des siècles, mais aussi sur l'impérieuse nécessité de demeurer vigilants face à toutes les formes d'exploitation, de trafics d'êtres humains et face au racisme dangereusement banalisé", ajoute cette Canadienne née en Haïti.
Christiane Taubira, qui accompagne le président dans tout son périple, a, elle, critiqué la confusion entre "l'esclavage historique" et l'esclavage moderne faisant notamment valoir que le premier était "codifié, régulé", alors que le second n'est "pas un système autorisé". Pour la garde des Sceaux, "on doit combattre l'esclavage aujourd'hui, mais la confusion est mauvaise conseillère et en plus elle est l'apanage des imbéciles".

Une inauguration sera retransmise en direct

Le chef de l'État visitera le MACTe le dimanche matin, avant les allocutions officielles. Les comédiens sénégalais Aliou Sissé et français d'origine guadeloupéenne Jacques Martial (aussi président de la Villette) diront des textes des poètes et penseurs martiniquais Édouard Glissant et Aimé Césaire ainsi que de Louis Delgrès. Ce héros de la résistance à la réintroduction de l'esclavage en Guadeloupe en 1802 est resté célèbre pour s'être fait sauter à l'explosif avec ses camarades de lutte plutôt que de se rendre aux troupes napoléoniennes, fidèle à la devise révolutionnaire "Vivre libre ou mourir". Cette inauguration sera retransmise en direct vers 18 heures au jardin du Luxembourg à Paris, où se tiendra la traditionnelle cérémonie du 10 mai, présidée par le Premier ministre Manuel Valls.
À Nantes, premier port négrier français, la commémoration sera célébrée en présence d'Angela Davis, figure du mouvement noir américain et de la lutte pour les droits civiques dans les années 70. La médaille de la ville lui sera remise sur le parvis du Mémorial de l'abolition de l'esclavage érigé en 2011 sur les bords de la Loire, au coeur de la ville, d'où partaient les expéditions négrières. Après le moment de recueillement sur la passerelle Schoelcher (acteur de l'abolition définitive de l'esclavage en 1848), une exposition photographique sera inaugurée. Dans la région des Guyanes, Nicola Lo Calzo est allé à la rencontre des peuples issus du "marronnage", descendants des "nègres marrons", ces esclaves ayant fui les plantations. Ces peuples, par leurs langues, leurs rituels, leurs pratiques culturelles témoignent de leur capacité à avoir su préserver une culture de résistance.
À Brest, une sculpture, baptisée "Mémoires", sera inaugurée dimanche. Haute de 10 mètres, installée sur le domaine public, "à la pointe de la France et de l'Europe", "la sculpture représente deux masques, l'un regardant le continent européen, le second les quatre autres continents. Ces deux masques représentent l'universalité des mémoires de l'esclavage", a commenté l'initiateur de ce monument, Max Relouzat, président de l'association Mémoire des esclavages, et lui-même petit-fils d'esclave.

Lire aussi :
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François Hollande en outre-mer
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lundi 9 mars 2015

HISTOIRE DES ILETS DU PETIT ET DU GRAND CUL-DE-SAC MARIN EN GUADELOUPE

 Photo aérienne de l’îlet Boissard dans la rade de Pointe-à-Pitre

Le  Petit  Cul-de-Sac  Marin  et  le  Grand  Cul-de-Sac  Marin  sont  deux  larges  baies  de  Guadeloupe  jalonnées  de nombreux  îlets. Elles  ont  en  commun  un  écosystème  bien spécifique  composé de  mangroves  littorales,  de  récifs coralliens étendus et d'herbiers marins. Les îlets  ont  par le passé été le lieu d'implantation d'activités économiques basées  sur l'exploitation de  cet  environnement. Elles  sont à l'origine  de leur peuplement à  l'époque  coloniale.

Les habitations des  îlets qui  se  développent  surtout  au  cours  du  XIXème siècle  sont  en  grande  partie  consacrées  à  la pêche  et  à la  production  de  chaux.  La population des  îlets  est  composée  des propriétaires  d'habitations  issus  de catégories  sociales diverses, et de la  main d’œuvre en majorité  servile.  À  la  fin  du XIX ème siècle,  les  îlets perdront leur fonction d'unités de production au profit du tourisme de villégiature qui émerge à cette époque. 



Le  Petit  Cul-de-Sac  Marin  et  le  Grand  Cul-de-Sac  Marin  sont  deux  larges  baies  de  Guadeloupe  reliées   par  la Rivière  Salée,  chenal  maritime  séparant la  Basse-Terre de  la Grande-Terre. Les  nombreux îlets  qui  les  jalonnent en  font  de nos  jours  des lieux privilégiés de  villégiature  le  week-end. Par le passé, leur intérêt ne se limitait  pas à leur  cadre  enchanteresse.  Dès  le  milieu  du  XVII  siècle  en  effet,  le  célèbre  chroniqueur  le  Père  Du  Tertre considère ces deux baies comme étant les « deux mamelles de notre île, desquelles tous les habitants tirent le lait de  leur  nourriture ;  ou  plutôt  comme  deux  magasins,  ou  tout  ce  qu'il  y  a  de  beau,  de  bon  et  de  riche  dans  la Guadeloupe, est enfermé »




Les  îlets,  dont  la  superficie  varie  d'une  centaine  d'hectares  pour  le  plus  grand,  à  quelques  centaines  de  mètres carrés  seulement pour  les  plus  petits,  ont jadis  été le  lieu  d'activités  économiques qui exploitaient les  ressources liées à leur  environnement original : en  effet, les baies du  Petit et du  Grand  Cul-de-Sac Marin se caractérisent par des  récifs  coralliens étendus,  des herbiers de     Magnoliophytes marins (1)  et  des mangroves littorales (Bouchon et al., 2002). Les  activités  économiques  qui  y  sont  liées  ont été  en  grande partie  à  l'origine  de l'occupation  humaine  de ces petits bouts de terre au XVIIIème et surtout au XIXème   siècle.

Nos  recherches  réalisées  majoritairement  à  partir  des  archives  notariales  ont  permis  de  retracer  l'historique  de l'occupation  de  plusieurs  îlets,  et  de  comprendre  les  dynamiques   de  peuplement  de  ces  milieux  spécifiques  à l'époque coloniale. L'administration coloniale les a parfois utilisés pour la signalisation maritime, la défense militaire ou encore l'installation de  lazarets (2). Nous nous sommes toutefois limités dans le présent article à l'habitat privé des îlets.




 2. Le Petit Cul-de-Sac Marin



Situé  au sud de  la Rivière Salée, cette baie  bien  protégée  du vent  et  de  la houle atlantique en  partie  grâce à  un chapelet  d'îlets,  constitue  un  excellent  mouillage  pour  les  navires            (Fig.  1).  Cette  caractéristique  ajoutée  à  sa position centrale à la jonction de la Basse-Terre et de la Grande-Terre a conduit à la création de la ville de Point-à-Pitre en 1764.




On  compte  une  dizaine  d' îlets  dans  la  baie  aujourd'hui,  mais  leur  nombre  fut  bien  supérieur :  douze  îlets  ont totalement  disparu  depuis la  fin du  XVIII siècle comme  le prouve  la  carte  des  Ingénieurs du Roi  levée  à  cette époque,  et  d'autres  ont  vu  leur  superficie  se  restreindre  considérablement            (Fig.  2) . 


Cette  disparition  progressive s'explique  par  une  érosion  importante  due  à  un  ensemble  de  facteurs,  tels  que  les marées cycloniques accentuées  dans  les  baies  comme  le  Petit  Cul-de-Sac  Marin,  la  mort  des  coraux  qui  servent  de  brise-lames naturels,  la  destruction  de  la  mangrove  qui  retient  les  sédiments,  l’élévation  du  niveau  marin  et  les  épisodes sismiques





Fig. 2 :  Plan du Petit Cul-de-Sac Marin avec localisation des îlets disparus depuis le XVIII  °        siècle




L'îlet Feuille  est situé en face de la Pointe  Jarry, à une centaine de mètres du rivage  seulement. Appelé aussi îlet à Petrelluzzi, du  nom  de la famille qui en  est propriétaire depuis  1903, cet  îlet  ne fait  qu'1,5  hectare  de superficie. Au  début  du XVIII siècle, il  fait partie du  Marquisat  du Houëlbourg qui  fut créé au  profit  de  Charles  Houël, l' un des seigneurs propriétaires de Guadeloupe. 


L'îlet  est  vendu  en  1752  à  la  famille  Lecointre  de  Berville  qui  en  octroie  l'usufruit  en  1788  à  deux   pêcheurs.  Ils s'installent  sur  l'îlet  qui  leur  sert  de  tête  de  pont  pour  la  pêche  dans  le  Petit  Cul-de-Sac  Marin,  propice  à  cette activité  puisque  les  poissons  se  trouvent  en  abondance  dans  sa  zone  récifale.  Ils  possèdent  de  nombreuses sennes  et des pirogues et sont propriétaires de 8 esclaves.

Dès  1839  une  nouvelle  activité  est  attestée  sur  l'îlet :  celle  de  la  production  de  chaux  réalisée  à  partir  des madrépores   de coraux qui sont brûlés. En 1842, deux nouveaux copropriétaires fondent une société de commerce pour  développer  cette activité.  La présence  de  pinces en fer et de pirogues dans l'équipement de  l'établissement illustre  le  mode  de  collecte  utilisé  par  leurs  26  esclaves :  en  eaux  peu  profondes,  aux  alentours  de  l'îlet,  les récoltants se mettent à l'eau à partir de leurs embarcations et arrachent le calcaire corallien à l'aide des pinces. On sait  par  le  témoignage  de  Saint-John  Perse,  pseudonyme  d'Alexis  Leger,  dont  la  famille  est  propriétaire  de  l'îlet vers 1880, que de la chaux y est toujours produite à cette époque.


L'îlet  Chasse ,  d'une superficie  comparable  à  l'îlet  Feuille,  n'en  est  éloigné  que  de  400 mètres environ. Il  tire  son nom  du sieur  Lazare  Chasse  qui en fait l'acquisition  en 1804.  En  1820,  outre  Lazare  Chasse  qui  en  est  toujours propriétaire, un   libre  de  couleur ,   chaufournier   de  profession,  y  réside  avec  sa  mère.  De  la  chaux  est donc  très vraisemblablement  produite  à  l'époque  sur  l'îlet.  En  1829,  ce  libre  de  couleur  rachète  la  totalité  de  l' îlet  pour mener une activité  de  pêche : il dispose alors d'une  pirogue,  d'une senne et d'esclaves.  À  la fin du  XIX siècle, son  fils  qui a hérité  de l'îlet réside à Pointe-à-Pitre  où il est secrétaire d'un juge  d'instruction, mais  l'utilise  comme lieu de villégiature.




L'îlet Boissard , appelé aussi îlet à Chantereau au XIX siècle, est d'une superficie de 4 hectares et se localise à 250  mètres  à  l'est  de  l'îlet  Chasse.  Il  est  l'objet de  nombreux  morcellements  de propriété  tout  au  long  du  XIX siècle et il est, en conséquence, compliqué d'en retracer l'historique complet. Notre recherche a malgré tout permis d'identifier différentes activités  économiques qui s'y sont  succédées.  En 1804,  on trouve  sur  l'îlet  une tannerie : le choix  d'un  îlet  pour  son  installation  peut  s'expliquer  à  la  fois  par  les  odeurs  nauséabondes  dégagées  par  cette industrie  qui  sont  susceptibles  d'incommoder  les  habitants  de  la  ville  de  Pointe-à-Pitre,  et  par  les  besoins importants en  eau nécessaires aux opérations de traitement des  peaux.  L'eau de mer est sans  doute ici utilisée.  Il y  a lieu  de  s'interroger  sur  la provenance des  peaux  travaillées,  ont-elles une  origine  locale  ou proviennent-elles des importations via le port de Pointe-à-Pitre ?

En  1821, une parcelle de l'îlet  est vendue avec  tous les ustensiles  nécessaires  à la fabrication de la chaux et à la pratique  de la pêche, ainsi qu'avec huit esclaves et neufs  pirogues. L'activité  de pêche est attestée  par l'inventaire d'une  autre  parcelle  établi  en  1830 :  la  propriété  de  Guillaume  Gauthier  est  vendue  avec  deux  sennes  et  deux pirogues.  Un  vivier destiné à conserver les poissons est  également  présent. En  1870, c'est  encore  un pêcheur  de profession,  Valcourt  Barrièra,  qui  se  portera  acquéreur  de  cette  même  parcelle.  En  1901  cependant,  il  se reconvertit dans la location de plusieurs maisons de villégiature sur l'îlet.


L'îlet à Cochons , situé à moins de  900 mètres au  sud-est  de l'îlet  Boissard,  est le plus  grand  îlet du  Petit Cul-de-Sac  Marin. Dès la fin du XVIII siècle  une  partie de  l'îlet  est consacrée à la défense militaire du port de  Point-à-Pitre  mais  cela  n'empêche  pas   l'implantation  d'activités  économiques  menées  par  des  civils  .


Comme  pour  l'îlet  Boissard,  l'îlet  à  Cochons  regroupe  de  nombreuses  propriétés  dès  le  début  du  XIX siècle.


Dans les  années  1820, trois  producteurs  de  chaux  y  sont  installés.  Des  vivres  sont  également produits  sur  l'îlet, comme  l'illustre  la  présence  d'une  cocoteraie  et  de  100  bananiers.  L'élevage  est  une  autre  activité  attestée, puisqu'on trouve deux loges pour lapins  et « rats d'Inde ». Le terme « rat d'Inde » désigne probablement le cochon d'Inde  qui est traditionnellement consommé  en Amérique du  Sud et  élevé ici pour sa viande au même  titre  que  le lapin. 

Toujours dans les années 1820, l'îlet est le lieu de résidence d'un pilote du port de Pointe-à-Pitre, chargé de guider les navires de fort tonnage entrant dans la rade. Une activité de pêche y est aussi menée par certains résidents qui possèdent  pirogues, sennes,  palans  , ainsi qu'un vivier à poissons et un autre à tortues. À la fin  des années 1820, un  entrepreneur  de gabares  réside  sur  l'îlet : les  gabares sont  des embarcations  légères  utilisées  pour  charger et décharger  les  marchandises  des  navires  de  commerce  qui  ne  peuvent  venir  à  quai  ou  s'approcher  trop  près  du rivage.  La  présence  de  nombreux  magasins  prouve  que  l'îlet  sert  à  entreposer  des  marchandises  issues  du commerce  maritime.  Dans  les  années  1840,  de  la  chaux  est  encore  produite  sur  l'îlet.  Entre  1877  et  1884,  le négociant Émilien Brumant constitue un vaste domaine de plus de 15 hectares en rachetant cinq parcelles de l'îlet.

À  cette  époque,  comme  pour  l'îlet  Boissard,  l'îlet  à  Cochons  se  tourne  vers  le  tourisme  de  villégiature :  des maisons  s'y  louent,  une  case  à  bains  sur  pilotis  y  est  construite  et  des  canotiers  sont  chargés  d'effectuer  le trans port de passagers.




L'îlet  du  Gosier  d'une superficie  d'un  peu  moins  de  trois  hectares  se  situe  à  l'est  du Petit  Cul-de-Sac  Marin,  en face  du  bourg  du  même  nom.  Au  début  du  XIX siècle,  s'y  trouve  une  petite  habitation  comprenant  plusieurs bâtiments  ainsi  qu'une  lapinière  et  un  colombier.  Plusieurs  esclaves  y  travaillent  et  résident  sur  l'îlet.  L'îlet  sert aussi de  carrière de  sable, probablement  pour la  fabrication de  mortier  de chaux. Vers le  milieu du  XIX siècle, plus  aucun  bâtiment  n’y  subsiste.  Cela  préfigure  de  la  nouvelle  destination  de  l'îlet :  à  cette  époque  un  premier phare y est construit et à la fin du XIX  siècle, un poste pour les pilotes chargés de faire entrer les navires  dans la rade de Pointe-à-Pitre est établi.






3. Le Grand Cul-de-sac Marin








Au nord de la Rivière Salée, la baie du Grand Cul-de-Sac Marin présente une superficie d'environ 10 000 hectares.


Elle est protégée par un récif  barrière  orienté  est-ouest,  le  plus  grand  de  toutes  les  Petites-Antilles, sur  lequel se brise la houle. De nombreux îlets d'une superficie variable parsèment cette vaste étendue d'eau dont la profondeur n'excède pas dix mètres  (Fig. 3)




Fig. 3 :  Plan du Grand-Cul-de-Sac Marin et environnement (D.A.O. T. Yvon).   


  














L'îlet à Fajou  est le plus grand îlet du Grand Cul-de-Sac Marin avec une superficie de plus de cent hectares. Il est bordé à l'est et à l'ouest par deux passes  qui permettent de franchir le récif barrière.


En  1804,  il  est  boisé  et  inhabité  comme  les  autres  îlets  du  secteur  (Lescallier,  1808).  La  première  occupation coloniale dont nous avons pu trouver trace remonte à 1836 : Martin Lestour y installe  alors une fabrique  d'engrais, fabriqué  à partir des pisquettes  qu'il pêche  en grand nombre à proximité  de l'îlet. Ces petits  poissons argentés qui se déplacent  en bancs appartiennent à plusieurs espèces (Parle, 1996). Dans  la  première moitié du XIX                siècle, les  poissons  sont  fréquemment  utilisés  en  Guadeloupe  et  Martinique  comme              fumure    dans  les  plantations  de canne  à sucre (Fouquet, 1855). Il  s'agit d'ailleurs  parfois de morues  avariées  en  provenance  d'Amérique du  Nord (Girardin & Du Breuil, 1865).


Cette production est arrêtée à Fajou en 1840. 


Une autre activité économique, la production de chaux, est attestée au moins dès 1850, comme l'illustre la mention du four à chaux dans les inventaires notariés. Les ruines imposantes de ce four à chaux se dressent aujourd'hui au nord  de  l'îlet   (Fig.  4) .  En  1859,  le fils de  Martin  Lestour  décide  de  reprendre  la fabrication  d'engrais .  En  1864,  la main d’œuvre y travaillant  est composée  de 11 immigrants africains vivant dans plusieurs  cases en bois. En effet, après  l'abolition  de  l'esclavage,  les  premiers  immigrants  sous  contrat  débarquant  en  Guadeloupe  viennent  de  la côte occidentale de l'Afrique (Caty et Richard, 1998). Cependant, en raison du souvenir de la traite négrière encore trop  vivace,  la  France  sous  pression  des  Britanniques,  met  fin  à  cette  immigration  africaine  en  1861.  En compensation, elle sera autorisée à introduire dans ses colonies des travailleurs venant d'Inde. 


En  1868, outre l'établissement de  fabrication d'engrais, on  trouve  sur l'îlet  un troupeau  de bœufs,  de vaches  et de cabris. Si la production d'engrais est  définitivement arrêtée  en 1869,  l'îlet  est utilisé de  1873 à 1878  pour produire de  la  chaux.  Il  est  ensuite  racheté  par  Pierre  Vigneau,  ancien  capitaine  au  long  court  originaire  de  Bordeaux  et négociant à  Pointe-à-Pitre,  qui  le  remet  en  vente  dès  1881.  Le  nombre de  têtes  de  bétail présentes  sur  l'îlet  est alors conséquent : 25 bovins, 65 moutons et 2 à 300 cabris ! A l'aube du X siècle, l'ensemble des bâtiments de l'îlet sont délabrés et il semble qu'il ne soit plus utilisé pour développer des activités économiques.




Fig. 4 :  Four à chaux de l'îlet à Fajou






L'îlet  à  Caret ,  d'un  demi  hectare  seulement  de  superficie,  se  localise  à  l'ouest  de  l'îlet  à  Fajou.  En  1846  il  est habité  par  un  pêcheur  noir  et  sa  famille  depuis  25 ans.  Celui-ci,  dénommé  Brutus,  demande  à  l'administration coloniale la concession de l'îlet. En échange, il se propose d'édifier un  petit phare  pour les navires, la dangerosité des  parages étant attestée par les nombreux naufrages  ayant déjà eu lieu dans le secteur. La  demande de Brutus paraît motivée  par la crainte qu'un concurrent ne lui  dispute la  possession  de l'îlet et illustre l'intérêt d'un tel site à l'époque pour la pêche dans le Grand Cul-de-Sac Marin.


Si comme on l'a vu de nombreux îlets ont disparu depuis le XVIII siècle,  l'îlet à Macou  à l'est  du Grand Cul-de-Sac  Marin est  un contre exemple  puisqu'il  s'est formé entre 1804 et  1821. En  1804 en  effet, une carte  représente une  pointe  de  terre  à  l'emplacement  actuel  de  l'îlet.  C'est  vraisemblablement  une  érosion  accrue  due  aux  trois cyclones  qui frappent coup sur  coup  la  Guadeloupe entre juillet et septembre 1809 qui entraîne la disparition d'un bras de terre, et la formation de l'îlet. En 1821, lors de sa vente, il est décrit comme « 1,5 carré de terre, entouré de  mangles   et sans culture ». En 1825, deux hommes libres de couleur, un charpentier et un   maître-calfat, s'en portent acquéreurs et y construisent une maison en bois. Ils sont en outre propriétaires de deux pirogues et de quatre  esclaves.  Cela  illustre  l'ascension  sociale  de  ce  groupe  au  XIX siècle :  en  1835  à  la  Guadeloupe,  les libres  de  couleur  possèdent  646  habitations,  représentant  le  quart  des  terres,  sur  lesquelles  travaillent  6000 esclaves  (Niort,  2003).  En  1828,  l'îlet  est  planté  de  500  bananiers  et  d'autres  vivres  y  sont  également  produits, ainsi  que  de  la  chaux.  En  1838  la  destination  de  l'îlet  a  évolué  puisqu'il  accueille  alors  le  seul  établissement  de pêche de la commune de Morne-à-L'eau, dirigé par un certain Champel.




L'îlet à Christophe   d'une superficie inférieure à un hectare est situé au sud du Grand Cul-de-Sac Marin, à l'entrée de la Rivière Salée. Il est dénommé au XVII siècle îlet Saint-Christophe. Le célèbre Père Labat y fait une halte à cette  époque  avec  le  gouverneur  de  la  Guadeloupe  Auger  pour  y  manger  un  boucan  de  tortue,  mais  l'îlet  ne semble  pas occupé (Labat,  1724). Une cinquantaine d'années  plus tard par contre l'îlet est  bien habité  puisque les registres d'état civil attestent du baptême par le curé de Baie-Mahault , le 14 juin 1749, de la fille d'une Caraïbesse et  d'un  Caraïbe  de  l'îlet  à  Christophe  (Lafleur,  2004).  En  1838,  l'îlet  est  occupé  par  un  établissement  de  pêche appartenant à un libre de couleur du nom de Zénon qui possède onze esclaves et plusieurs sennes de fond.


L'occupation de l'îlet à Christophe au XVIII siècle par un  Caraïbe n'est pas un cas isolé. Les registres d'état civil font état de l'inhumation, le 5 décembre 1782 dans le cimetière de Petit-Bourg, de Thérésine, dont les parents, tous deux  Caraïbes,  résident  habituellement  aux  îlets  dépendant  de  cette  paroisse  (Lafleur,  2004).  Avant  l'attrait économique  des  colons  ou des  créoles pour les  îlets,  ces terres  ont  pu constituer  dans  une  certaine  mesure  un refuge  pour  des  Amérindiens,  leur  permettant  de  maintenir  pour  un  temps  leur  mode  de  vie  propre.  Cela  pose aussi la question de la coexistence et des échanges entre les deux sociétés à cette époque charnière. 




 4. Synthèse




Comme  nous  l'avons  vu,  dès  la  fin  du  XVIII siècle,  de  modestes  habitations  voient  le  jour  sur  les  îlets.  La création  de  la  ville  de  Pointe-à-Pitre  en  1764, et  plus  globalement  la mise  en  valeur  tardive  de  la  Grande-Terre comparativement à la Basse-Terre, expliquent en partie cette chronologie. Si les habitants des îlets produisent des vivres et pratiquent l'élevage comme sur la plupart des habitations de Guadeloupe, il est frappant de constater que leur  activité  est  en  majorité  tournée  vers  la  pêche  et  la  production  de  chaux.  Les  deux  baies  sont  en  effet  très propices  à  ces  activités  économiques  en  raison  de  leurs  caractéristiques  propres :  leurs  fonds  inférieurs  à  dix mètres  et  la  présence  de récifs  coralliens  développés permettent  de  récolter  facilement  des madrépores, matière première utilisée  majoritairement aux Petites Antilles  pour fabriquer de  la  chaux par  combustion .  Cette  chaux  sert  de  matériau  de  construction  mais  est  aussi  utilisée  dans  l'industrie  sucrière  lors  du processus de fabrication pour purifier le sucre.


Les  récifs  servent  également d'abri  à  de  nombreuses espèces de  poissons  dont  l'abondance s'explique  en  partie par  l'environnement  propre  à  ces  deux  baies :  les  herbiers  de  Magnoliophytes  marins  et  la  mangrove  littorale servent  de  véritable  nurserie  pour  les  poissons  juvéniles  qui  y  trouvent  nourriture  et  protection.  Enfin,  la  faible profondeur se  prête bien à la pêche à la senne, type de capture traditionnellement pratiquée aux Antilles en zone côtière.




Un autre aspect de notre travail est celui de l'origine sociale de la population des îlets. Leurs premiers occupants à l'époque coloniale ont sans  doute été les derniers Caraïbes présents en Guadeloupe, avant que le développement de  l'économie  urbaine  lié à la ville de  Pointe-à-Pitre contribue  à  rendre attractif  les  îlets  du Petit  et  du Grand Cul- de-Sac  Marin  pour les  colons  et  les créoles.  La  classe montante  des  négociants  est  bien  représentée  au  XIX siècle parmi  les  propriétaires  d'îlets,  ainsi  que  la  classe  sociale des  artisans,  blancs ou  libres de couleurs : l'achat d'un  îlet  d'une  superficie  limitée  peut  être  le  tremplin  d'une  ascension  sociale  en  accédant  au  statut  d'habitant, même  si  les  petites  habitations  polyvalentes  créées  ne  tiennent  bien  sûr  pas  la  comparaison  avec  les   grands domaines sucriers .  Les  professions  liées à  l'activité  portuaire  sont  illustrées par  l'exemple de l'îlet  à  Cochons  résident  dans  les  années  1820-1830  un  pilote  de  Pointe-à-Pitre  puis  un  entrepreneur  de  gabarres.  La  dernière catégorie  des résidents se compose de la main d’œuvre travaillant sur  les  habitations des  îlets. Certains esclaves ont  certainement  acquis  les  compétences  indispensables  à  la  pêche  et  la  production  de  chaux,  puisqu'ils  sont revendus  avec  l'habitation.  Ainsi,  Saint-Cloud,  esclav e  âgé  de  25 ans  en  1805,  résidant  à  l'îlet  Feuille,  se  retrouve dans  l'inventaire  de  l'habitation  en 1846.  Il  aura connu au  moins six propriétaires différents,  en  plus  de 40 ans.  Il faut remarquer  que  seule  la population servile, considérée  comme  bien mobilier, apparaît dans les actes notariés.


Des travailleurs blancs ou  libres de couleurs  ont  cependant,  comme  à  l'îlet Chasse, fait partie de  la main d’œuvre de  ces  habitations.  Après l'abolition  de  l'esclavage, elle a parfois  été  composée  de travailleurs  africains  comme à l'îlet à Fajou.


À partir de la fin du XIX siècle, les îlets perdent leur fonction d'unités de production et deviennent davantage des lieux  de  villégiature.  Ceux  de  la  rade  de  Pointe-à-Pitre,  tout  particulièrement,  sont  utilisés  comme  lieu  de changement  d'air  par  les  notables  de  la  ville  pendant  la  période  d' hivernage   de  juillet à octobre.  Leur  climat est réputé sain  et conseillé  par  les  médecins .  Une nouvelle économie  se  met  en place : des  canotiers  se spécialisent dans le transport des personnes aux  îlets, les locations  de bicoques s'y multiplient  et des  cases à bains sur pilotis voient le jour. 




Repères chronologiques




 • Houël achète la Guadeloupe, Marie-Galante, les Saintes, la Désirade pour 73 000 livres. Galante, les Saintes, la Désirade pour 73 000 livres.    1649




 • Fin du système des seigneurs propriétaires. L'île est remise à la Compagnie des Indes Occidentales tandis que Houël quitte le Fin du système des seigneurs propriétaires. L'île est remise à ma Compagnie des Indes Occidentales tandis que Houël quitte le pays. 1664




 • Les Anglais après un siège de trois mois s'emparent de la Guadeloupe. Ils développent le commerce et créent la ville de Point Les Anglais après un siège de trois mois s'emparent de la Guadeloupe. Ils développent le commerce et créent la ville de Pointe-à-Pitre. 1759




 • La Guadeloupe est rendue à la France. Elle est séparée administrativement de la Martinique et le restera jusqu'en 1768. La Guadeloupe est rendue à la France. Elle est séparée administrativement de la Martinique et le restera jusqu'en 1768.  1763




 • Début de la période révolutionnaire.  1789




 • Les royalistes s'emparent de la Guadeloupe. Les républicains, sous les ordres de Lacrosse, parviendront à prendre le pouvoir. 1792




       • La Guadeloupe est occupée par les Anglais. Victor Hugues parvient à la reprendre. Il proclame l'abolition de l'esclavage et se livre à une sanglante répression contre les anti anti-révolutionnaires.   1794




 • Victor Hugues est renvoyé en France. Bonaparte chef du pouvoir en France.1798 










 • Bonaparte délègue Lacrosse à la Guadeloupe. Celui-ci est bien accueilli mais ses mesures contre les Noirs le rendent impopulaire. Il est chassé du pouvoir. 1801 




 • Les troupes françaises revenues s'efforcent de reprendre les choses en mains. La révolte des Noirs s'achève par le suicide de Delgrès et de ses compagnons d'armes le 31 mai. Le mouvement révolutionnaire est durement réprimé. L'esclavage est rétabli.  1802




 • Le nouveau gouverneur Ernouf rétablit l'autorité de la France    . 1803




 • Les Anglais s'emparent de la Guadeloupe. Jusqu'en 1814 elle sera gouvernée par un gouverneur anglais appuyé de quelques colons. 1810




 • Le premier traité de Vienne rend la Guadeloupe à la France. Durand de Linois est gouverneur, le baron Boyer de Peyreleau commandant en second. 1814




 • A la nouvelle du retour de Napoléon, Boyer de Peyreleau veut se rallier à l’empereur. Les Anglais reprennent l'île   1815 




    • La domination française est rétablie.  1816




 • Violent cyclone.  1821




 • Répression contre les hommes libres de couleur 1822




 • Nouvel ouragan.1825 




   • Le 8 février un tremblement de terre dévaste l'île et fait 3000 morts. 1843 




 • Abolition de l'esclavage.  1848




 • Second Empire. Le décret du 27 mars fixe le cadre réglementaire de l'immigration de travailleurs destinés à remplacer l'ancienne main d’œuvre servile. Ils proviendront de Madère, de Chine, du Vietnam, d'Afrique et surtout d'Inde  1852




 • Proclamation de la république.1870
















LEXIQUE :






1    Magnoliophytes  : Plantes à fleur et à graines dont certaines espèces sont marines et forment des herbiers.


2    Lazaret  : Etablissement où l'on isole les personnes suspectes d'apporter une maladie contagieuse.


3   Marée  cyclonique  :  Lors  d'un  cyclone,  en  raison  des  vents  violents,  poussée  mécanique  naturelle  de  l'eau  de surface qui s'accumule vers les rivages. Ce phénomène est accentué par les basses pressions atmosphériques.


4    Senne  ou seine : Filet de pêche utilisé sur les fonds sableux


5    Madrépore  : Polype formant des récifs coralliens.


6    Libre de couleur  : Avant l'abolition de l'esclavage, classe juridique formée des affranchis et de leurs descendants,  composée de noirs et d'individus issus du métissage.


7    Chaufournier  : Ouvrier alimentant et contrôlant un four à chaux.


8    Palan  :  Longue  ligne  de  pêche  comprenant  souvent  plusieurs  centaines  d'hameçons  et  se  rangeant  dans  un panier.


9    Fumure  : Engrais destiné à amender un champ.


1 0   Mangles  : Terme désignant les palétuviers et plus généralement la mangrove.


1 1   Maître-calfat  : Dirige une équipe de plusieurs ouvriers chargés de rendre étanche la coque d'un navire.


1 2   Hivernage  : Saison des pluies dans les régions tropicales.

CHEZ POL

LE MOT DU JOUR   " Chouquettes  "     Reste le partage des chouquettes . On termine avec notre jeu du jour. Quel leader politique ...