Affichage des articles dont le libellé est LU POUR VOUS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est LU POUR VOUS. Afficher tous les articles

lundi 5 août 2019

MAGELLAN


À LA UNE
Magellan voulait être le premier à faire le tour du monde. Cela lui a coûté la vie. Mais son équipage a accompli ce rêve du grand navigateur, qui est considéré comme l’Albert Einstein des explorateurs… 500 ans après, il inspire et fascine toujours.
Admiré pour son courage et sa détermination, le navigateur portugais Fernand de Magellan continue d’inspirer les explorateurs du cosmos et des océans qui, 500 ans après la première circumnavigation planétaire, y voient un symbole de la quête du savoir.
« Magellan est toujours une inspiration 500 ans après, car c’est un pionnier d’une époque où les navigateurs, qui partaient dans le vide, avaient une grosse tendance à ne pas revenir », estime le Français Fabien Cousteau, cinéaste et explorateur océanique, comme son grand-père Jacques-Yves Cousteau.
Le Portugais n’a de fait jamais achevé le tour du monde entamé le 10 août 1519 par sa flotte de cinq navires et 237 hommes, partie du port de Séville, dans le sud de l’Espagne. Il est mort dans une bataille contre les habitants d’une île située aujourd’hui aux Philippines et c’est l’Espagnol Juan Sebastián Elcano qui a bouclé ce périple de trois ans, en compagnie d’une vingtaine de survivants à bord du Victoria, le seul bateau à avoir rejoint le point de départ.
« Magellan a payé le prix maximum, mais son équipe a quand même fait le tour et il a marqué un point dans l’histoire qui a changé le monde », a souligné Fabien Cousteau en marge d’une conférence organisée début juillet à Lisbonne par la société américaine The Explorers Club.
« Cela reste aujourd’hui encore un des plus grands exploits de l’histoire de la navigation », assure l’historien américain Laurence Bergreen, auteur d’une biographie de Magellan, premier navigateur à avoir traversé l’océan Pacifique qu’il a d’ailleurs nommé ainsi.
« Un moment dans l’histoire qui a transformé l’humanité »
Ce voyage « marque un moment dans l’histoire qui a transformé l’humanité, qui a pour la première fois embrassé la planète entière », selon l’Américain Alan Stern, ingénieur à la Nasa et directeur scientifique de la mission New Horizons, une sonde ayant récemment survolé l’objet céleste le plus éloigné de la Terre.
« Je dirais même que le voyage de Magellan représente le premier événement planétaire, de la même façon que Youri Gagarine a signé le premier événement extra-planétaire », a-t-il ajouté en référence à l’astronaute russe qui a été le premier à voyager dans l’espace en 1961.
La réplique du bateau de Magellan. (Photo : Cristina Quicler / AFP)
Magellan a marqué la géographie en découvrant un passage entre l’océan Atlantique et l’océan Pacifique, le détroit qui porte son nom à l’extrémité sud du continent américain. Il a marqué l’astronomie en découvrant deux galaxies visibles à l’œil nu depuis l’hémisphère sud, les « nuages de Magellan ». Un télescope géant qui doit voir le jour au Chili portera d’ailleurs son nom.
Laurence Bergreen, qui a été invité par la Nasa à baptiser certaines parties de la surface de planète Mars, a suggéré des noms attribués par Magellan aux caps ou aux baies de Patagonie.
« L’Albert Einstein des explorateurs »
D’après Laurence Bergreen, à la Nasa, le navigateur portugais est considéré « comme une sorte d’Albert Einstein des explorateurs ».
« Nous sommes nombreux au sein du programme spatial à connaître Magellan et d’autres explorateurs, comme ceux qui ont conquis les pôles », confirme l’ancien astronaute de la Nasa Dafydd Williams, qui a participé à deux missions dans l’espace. C’est que « pour préparer des missions à longue durée, on nous apprend que les leçons de l’avenir sont écrites dans le passé »,explique le Canadien de 65 ans.
Le navigateur inspire aussi les exploits d’aujourd’hui. Comme ceux du millionnaire américain Victor Vescovo qui a réalisé le « grand Chelem des explorateurs » : escalader les sept plus hauts sommets de la planète, de l’Aconcagua à l’Everest, et faire plus de 100 km à ski jusqu’aux pôles nord et sud.
L’homme d’affaires de 53 ans, qui bouclera cet été une expédition aux points les plus profonds des cinq océans, dit avoir « découvert Magellan en tant qu’écolier. C’était quelqu’un d’extrêmement intelligent, très déterminé et, bien sûr, un grand leader », dit-il.
« Les histoires comme la sienne plantent des graines dans notre cerveau et quand on a l’occasion de faire quelque chose d’extraordinaire, on veut être comme ceux qu’on voyait dans nos livres d’enfance. »

samedi 3 août 2019

ÉLOGE DE LA PARESSE...



Nous sommes programmés pour la paresse ( et ça m'arrange!...)

Résultats de recherche d'images pour « feignasse à temps plein »
La version originale de cet article a été publiée dans The Conversation.

Vous aussi, votre canapé vous tend plus souvent les bras que vos baskets ? Malgré de bonnes intentions, vous êtes peut-être, comme 3 Français sur 4, pas suffisamment actifs. Une attraction vers la sédentarité qui s’explique par l’évolution.

Si vous devez vous faire violence pour sortir de votre canapé et vous adonner à une activité physique, rassurez-vous, vous n’êtes pas seul (e) dans ce cas ! Depuis des décennies, des campagnes de communication nous encouragent à faire de l’exercice. Pourtant, environ 30 % des adultes ont une activité physique insuffisante. Et cette inaction est en constante augmentation, partout sur la planète.
La France ne fait pas exception à la règle. Si « faire davantage d’activité physique » se classe dans le top 5 des bonnes résolutions du jour de l’An, 3 Français sur 4 ne sont pas suffisamment actifs. Pourtant, selon l’Organisation mondiale de la santé, 3,2 millions de décès sont attribuables à ce manque d’activité physique chaque année, soit un mort toutes les 10 secondes.
Un constat qui soulève une question : pourquoi sommes-nous incapables d’être physiquement actifs alors que nous en avons l’intention ?
Le conflit entre raison et émotions
Afin de rendre compte de cette lutte qui s’opère entre nos intentions saines et des pulsions contraires, des théories scientifiques, comme les modèles à double processus, ont été développées. Dans ces modèles, les mécanismes qui expliquent notre comportement sont divisés en deux catégories : les mécanismes rationnels, gérés par le système réfléchi, et les mécanismes émotionnels, gérés par le système impulsif. Ce dernier organise la partie automatique et instinctive de nos comportements. Il peut faciliter ou, au contraire, empêcher le système réfléchi de mettre en place nos intentions.
Ce deuxième cas de figure a été clairement illustré par une étude que nous avons réalisée. Son but était de comprendre les conditions d’efficacité des messages promouvant l’activité physique. Autrement dit, nous cherchions à savoir si la réflexion peut l’emporter sur nos pulsions lorsqu’il s’agit de se motiver à être plus actif physiquement.


Il est souvent plus simple de céder à l’impulsion de sédentarité…

Les participants ont tout d’abord assisté à une présentation exposant les recommandations en matière d’activité physique bénéfique pour la santé (30 minutes d’exercices quotidiens répartis en séquences de 10 minutes minimum, la plupart des jours de la semaine). Afin de mesurer leur tendance impulsive à approcher les comportements sédentaires, ils ont ensuite réalisé une tâche expérimentale : le jeu du mannequin.
Celui-ci consiste à déplacer un avatar sur un écran d’ordinateur en utilisant les touches du clavier. Dans l’une des conditions de l’expérience, le participant doit approcher l’avatar le plus rapidement possible d’images représentant une activité physique (marche, vélo, natation…) et l’éloigner d’images représentant une activité sédentaire (télévision, hamac, escalier mécanique…). Dans l’autre condition, c’est l’inverse, l’avatar doit être approché des images évoquant la sédentarité et éloigné des images d’exercice. Plus le participant est rapide à s’approcher des images sédentaires plutôt qu’à s’en éloigner, plus on considère que sa tendance impulsive envers la sédentarité est forte.
Devant les messages de prévention, nous ne sommes pas tous égaux
Après cette tâche, les participants ont été munis d’un accéléromètre destiné à enregistrer leur activité physique quotidienne, puis sont rentrés chez eux. Une semaine plus tard, le débriefing a eu lieu.
Les résultats de cette expérience révèlent que des messages de santé bien formulés peuvent s’avérer efficaces pour susciter une intention. En effet, les participants qui avaient reçu le message promouvant l’activité physique ont formulé une plus forte intention de pratiquer l’exercice que ceux qui avaient reçu le message promouvant une alimentation saine. Mais avoir l’intention de faire de l’exercice physique ne signifie pas qu’on va réellement s’y mettre, et tous les participants n’ont pas réussi à convertir leur intention en comportements.
Seuls ceux qui présentaient une faible tendance impulsive à approcher les comportements sédentaires ont réussi à le faire. À l’inverse, les participants chez qui cette tendance était forte n’ont pas été capables de transformer leur intention en actes. En d’autres termes, l’intention consciente d’être actif perdait le combat contre une tendance automatique à rechercher les comportements sédentaires.
Pourquoi ces comportements sédentaires sont-ils si attractifs alors qu’ils sont nocifs pour notre santé ?
La loi du moindre effort : un legs encombrant de l’évolution


La sédentarité est bien ancrée dans notre cerveau... 

Si cette attraction vers la sédentarité paraît paradoxale aujourd’hui, elle est logique lorsqu’on l’examine à la lumière de l’évolution. En effet, quand l’accès à la nourriture devenait difficile, les comportements sédentaires permettaient de sauvegarder l’énergie qui s’avérait décisive pour la survie.
Cette tendance à minimiser les efforts inutiles pourrait expliquer la pandémie d’inactivité physique actuelle puisque les gènes qui permettent aux individus de survivre sont plus susceptibles d’être présents dans les générations suivantes.
Dans une étude récente, nous avons cherché à évaluer si notre attraction automatique vers les comportements sédentaires était inscrite dans notre cerveau. Les participants à cette étude devaient également se livrer au jeu du mannequin, mais cette fois, des électrodes enregistraient l’activité de leur cerveau.
Les résultats de cette expérimentation montrent que pour s’éloigner des images de sédentarité, notre cerveau doit déployer des ressources plus importantes que pour s’éloigner des images d’activité physique. Dans la vie quotidienne, s’éloigner des opportunités de sédentarité omniprésentes dans notre environnement moderne (escalators, ascenseurs, voitures…) nécessiterait donc bien de vaincre une attraction sédentaire qui serait ancrée dans notre cerveau.
Efficients, pas paresseux
Il ne faut néanmoins pas croire que nous avons uniquement évolué pour minimiser les efforts inutiles ; nous avons aussi évolué pour être physiquement actifs. Voici environ 2 millions d’années, lorsque nos ancêtres se sont convertis à un mode de vie de chasseurs-cueilleurs, l’activité physique est devenue partie intégrante de leur vie quotidienne : ils parcouraient alors 14 km par jour en moyenne.
La sélection naturelle a donc favorisé les individus capables d’accumuler une grande quantité d’activité physique tout en s’économisant. Ces individus étaient ceux chez qui l’activité physique était associée à la sécrétion d’hormones antidouleurs, anxiolytiques, ou encore euphorisantes.
La bonne nouvelle, c’est que ces processus hormonaux sont toujours présents chez nous et qu’ils n’attendent qu’une chose : être sollicités. Le premier pas vers un mode de vie actif est de prendre conscience de cette force qui nous pousse vers la minimisation des efforts. Cette prise de conscience permet de mieux résister aux innombrables opportunités de sédentarité qui nous entourent.


Il faut éviter de céder à la facilité...

Par ailleurs étant donné que, comme nos ancêtres, la grande majorité d’entre nous ne pratique une activité physique que lorsque c’est amusant ou nécessaire, la meilleure façon de promouvoir cette dernière est de la rendre agréable. Il faut donc (re) structurer nos environnements pour la favoriser, notamment lors de nos déplacements quotidiens.
Les politiques publiques devraient par exemple développer des infrastructures et des espaces publics ouverts, sécurisés et bien entretenus afin de favoriser l’accès à des endroits propices à la marche, au vélo et à toute autre activité physique. L’architecture des nouveaux bâtiments devrait aussi favoriser notre activité physique tout au long de la journée, en privilégiant l’accessibilité aux escaliers, les postes de travail debout, etc.
À nous, ensuite, de savoir profiter de ces opportunités pour réduire notre sédentarité… Allez, à vos baskets !
The Conversation

jeudi 1 août 2019

BREGANCON


ACTUALITÉ

À quoi ressemble Brégançon, le fort où les Macron passent les vacances ?


Les présidents de la République, depuis 1968, ont leur résidence d’été à Bormes-les-Mimosas, dans le Var. Alors, c’est comment ?
(Infographie : Visactu)
Le 26 août 1964, Charles de Gaulle se réveille bougon. Il vient de passer une fort mauvaise nuit dans un lit trop petit pour son 1,93 m. Il a fait trop chaud. Et quand il a ouvert la fenêtre en pleine nuit, des hordes de moustiques n’ayant aucun respect pour la fonction présidentielle ont fondu sur lui. C’est juré : plus jamais il ne dormira dans le fort de Brégançon, austère bâtisse où ses services, faute de trouver un hôtel de disponible, l’ont logé pour la nuit. De Gaulle séjourne alors dans le Sud pour les cérémonies du 20e anniversaire du Débarquement allié de Provence.
Brégançon n’est à cette époque pas la résidence d’été des présidents français mais une ancienne forteresse qui se cherche un nouveau destin. Depuis 2 500 ans au moins, le coin est fréquenté par des hommes en armes. On prête aux Ligures, un peuple venu d’Italie encore assez mal connu, l’initiative des premières fortifications. Elles étaient modestes et situées sur le continent. Il faut attendre plus de 1 000 ans pour que les Mérovingiens – et bien d’autres après eux – édifient une fière forteresse… qui n’était toujours pas celle dans laquelle le grand Charles passa une si courte nuit.
Pour cela, il faut attendre 1483 et un certain Jean de Baudricourt. Son père Robert était compagnon d’armes de Jeanne d’Arc ; lui, à 50 ans, a plutôt réussi sa vie. Il a l’oreille des rois (Louis XI, notamment), dont il est un des plus puissants officiers. Son verdict est sans appel : un fort sur le continent, c’est nul. Stratégiquement parlant : il protège mal le royaume de France de ses turbulents voisins. C’est décidé : une nouvelle forteresse militaire surplombant les flots sera bâtie sur l’îlot rocheux.

vendredi 31 mai 2019

LA CIVILISATION DU POISSON ROUGE

CLIC


Résultats de recherche d'images pour « la civilisation du poisson rouge »
Bruno Patino, directeur éditorial France d'Arte et auteur de "La civilisation du poisson rouge : petit traité du marché de l'attention".
Le titre du livre de Bruno Patino fait référence au poisson et à l’attention d’un poisson rouge "qui est de 8 secondes". "Un employé de Google", explique Bruno Patino, "m’a dit que le temps d’attention des millenium est de 9 secondes" 
Les poissons rouges, c’est nous, et le bocal, ce sont nos écrans 
"Nous les plus jeunes on a besoin d’être sur-sollicités toutes les neufs secondes, ce à quoi s’emploient beaucoup de services numériques", dit Bruno Patino. 

samedi 6 avril 2019

A SAINTE HÉLÈNE




Sainte-Hélène, l’île dont un seul prisonnier s’est évadé


Isolée au milieu de l’Atlantique sud, Sainte-Hélène a toutes les apparences d’une prison sûre. Napoléon l’a appris à ses dépens. Et pourtant un prisonnier est parvenu à se faire la belle.
Lorsque les Portugais ont découvert l’île de Sainte-Hélène, ils lui ont donné de fausses coordonnées pour qu’on ne puisse pas la localiser sur les cartes.
Quand les Anglais décident de déporter Napoléon (1770-1821), ils choisissent cette île volcanique de 122 km², située à 8 000 km de la France, près de 2 000 de la Namibie et plus de 3 000 du Brésil. Ils ne veulent pas que se reproduise l’épisode de l’île d’Elbe d’où l’Empereur s’était enfui pour reconquérir son trône.
La terre la plus proche est l’île d’Ascension, située à 1 130 km, que le gouverneur Lowe s’empresse de conquérir pour empêcher qu’elle ne serve de base à une flotte chargée de délivrer Napoléon. Une garnison de 3 000 hommes monte la garde. Et la baie de Jamestown est peuplée de nombreux navires de la Royal Navy.
On sait ce qu’il advint, après cinq ans de captivité, l’Empereur expire le 5 mai 1821 à Longwood House, sans que les projets d’évasion plus ou moins farfelus dont celui du sous-marin de l’Irlandais Tom Johnson, n’aient pu aboutir.
Le roi zoulou
Napoléon n’est pas le seul prisonnier de Sainte-Hélène. Les Anglais ont compris le parti qu’ils peuvent tirer de l’isolement de l’île mais aussi du fait qu’il est difficile d’y débarquer. Il n’y a que deux petites plages battues par des rouleaux. Elles sont agrémentées de nombreux forts, construits par le gouverneur Lowe et armés de canons.
Napoléon n’est pas le seul homme d’État à avoir connu l’exil hélénien. En 1890, débarquent à Jamestown Dinizulu kaCetshwayo (1868-1913), le dernier roi Zoulou, et une délégation de 12 autres personnes dont deux de ses oncles et leurs épouses.
Dinizulu, dernier roi des Zoulous, en costume traditionnel avant sa captivité, puis vêtu à l’européenne. 
Le roi non reconnu par les Anglais a été fait prisonnier par ces derniers alors qu’il guerroyait contre eux en 1889. Sa captivité à Sainte-Hélène sera sans commune mesure avec celle de l’empereur. Il est bien logé. Dinizulu abandonne le costume traditionnel s’habille à l’européenne. Il commande ses costumes à Londres. Il apprend à lire et à écrire l’anglais, se met au piano… Il se convertit au christianisme. Il est finalement libéré en 1897 et retourne en Afrique du Sud.
La rumeur dit qu’il a laissé sept enfants sur l’île. Le 11 juin 1907, 25 nouveaux prisonniers zoulous sont déportés sur l’île. Leur séjour n’a rien à voir avec celui de Dinizulu. Vêtus d’un uniforme de prisonniers, logés dans une caserne, ils sont employés à casser des cailloux et à réparer les routes. Ils y séjourneront deux ans.
Les Boers
Saint-Hélène s’avère un instrument efficace pour la politique coloniale de l’empire britannique. 10 avril 1900, le général Cronjé, son épouse et le colonel Schiel débarquent sur la jetée de Jamestown. Ils sont accompagnés par 511 personnes. Des prisonniers comme eux. Ils font partie de l’armée Boer, en guerre contre l’armée anglaise. On appelle ça la Seconde guerre des Boers.
Pour faire simple, elle oppose des fermiers d’origine hollandaise de deux républiques indépendantes, 
l’État libre d’Orange 
et la République sud-africaine du Transvaal, 
aux soldats du Royaume-Uni (qui louche sur les mines d’or découvertes dans la région de Johannesburg(. Le général et son épouse sont logés dans un cottage. Les hommes de troupes dans un camp de toiles entouré de fils de fer barbelés. Préfiguration de ce que seront les camps de concentration.
Prisonniers Boers regroupés à Jamestown, la capitale de Sainte-Hélène. (Photo : sthelenaisland.info)
Un deuxième navire débarque sa cargaison de prisonniers le 29 avril. Au total, jusqu’en 1902 date de la fin de la guerre, Saint-Hélène va accueillir plus de 5 500 prisonniers de guerre. Autant que d’habitants.
Le premier camp ne suffit pas. Il faut en construire d’autres. D’autant qu’il y a des dissensions. Certains prisonniers ont émis le souhait de devenir britanniques à la grande fureur des Boers. Il faut les séparer. Il y a aussi des clivages entre ceux du Transvaal et ceux d’Orange. Et c’est ainsi que la carte de Sainte-Hélène porte encore aujourd’hui la mention de trois camps Boers. Les plus récalcitrants sont embastillés au High Knoll Fort qui domine Jamestown.
La vie s’organise dans les camps. Un café, une brasserie, un prêteur sur gages, un commissaire-priseur… voient le jour. Il y a même un journal en langue afrikaner Kamp Kruimels. Des prisonniers trouvent à travailler chez des particuliers.
Résultats de recherche d'images pour « Kamp Kruimels »
Ils ont le droit d’écrire à leur famille mais le courrier est soumis à la censure. Le contact avec la population locale se passe plutôt bien. Deux Boers auront le droit d’épouser des "Héléniennes".
Il y a parfois des heurts. Bombardées de cailloux et autres objets, les sentinelles ouvrent le feu causant la mort d’un prisonnier. Au total 101 Boers trouvent la mort durant les deux ans qu’a duré leur captivité. Victimes d’une épidémie de typhoïde. L’Église anglicane a refusé qu’ils soient enterrés dans le cimetière de la cathédrale Saint-Paul. « Pas de païens ni d’ennemis du Roi chez nous ! » L’Église Baptiste a érigé un cimetière à part. Les tombes portent un numéro et les noms des morts sont gravés sur deux obélisques fournis par le gouvernement sud-africain.
Un évadé
Tout le monde ne se satisfait pas de sa condition de prisonnier. En février 1901, cinq prisonniers se battent avec des pêcheurs pour s’emparer d’un bateau dans le sud de l’île. Les pêcheurs ont toutefois eu le temps de confisquer les rames. Les prisonniers fabriquent des rames de substitution à l’aide de planches. Sans succès. Ils tentent de soudoyer les pêcheurs en leur offrant de l’argent mais la garde surgit et ramène les candidats à l’évasion en prison.
Andres Smorenburg, évadé dans cette malle, repris à Ascension. (Photo : domaine public)
Andres Smorenburg a réussi à quitter Saint-Hélène. Il s’est caché dans une malle avec des vêtements, des allumettes, de l’eau et des vivres pour 20 jours. Il avait pris soin de marquer sur la caisse « fragile, à manier avec précaution » et d’indiquer « haut et bas ». Cela n’a pas suffi. Embarquée à bord du courrier qui fait la navette avec l’île d’Ascension, la caisse a été ballottée. Au point que Smorenburg a perdu son eau et gagné une commission cérébrale. Il a été découvert puis renvoyé à Sainte-Hélène.
Comme les autres prisonniers, il a été libéré après la signature du traité de paix le 31 mai 1902.
Le Sultan de Zanzibar
Août 1917, un nouveau chef d’État foule le sol de Sainte-Hélène : Sayyid Khalid bin Barghash Al-Busaid (1874-1927), 6e Sultan de Zanzibar, cet archipel de l’océan Indien au large de la Tanzanie.
En fait Sayyid Khalid n’est resté sur le trône que 38 minutes ! À peine autoproclamé Sultan, il se voit déclarer la guerre par les Anglais qui lui préféraient son cousin. Quelques coups de canons de la flotte et Khalid s’enfuyait du palais pour se réfugier au consulat allemand. Il est exfiltré en Afrique orientale allemande, les actuels Rwanda, Burundi et Tanzanie. Il est finalement capturé à Dar es Salam par les Anglais en 1916 et exilé d’abord aux Seychelles puis à Sainte-Hèlène en 1917.
Il y a peu de détails sur son séjour. C’est la guerre et la censure règne. On sait que le Sultan a débarqué avec son harem. En tout 25 personnes gardées à la caserne de Jamestown. Elles ont laissé le souvenir d’être particulièrement élégantes dans leurs costumes de soie.
En 1921, le groupe est transféré aux Seychelles.
Les princes de Bahreïn
Le 27 janvier 1957, débarquent de nouveaux prisonniers royaux : les princes Abdali Al Alaiwat, Abdulrahman Al Bakir et Abdulaziz Al Shamaln de Bahreïn, une monarchie pétrolière du golfe persique. Ce sont des nationalistes réformistes qui militent pour un État libéré de la tutelle coloniale britannique, démocratique et où sunnites et chiites auraient les mêmes droits. Ils ont été condamnés à quatorze ans de prison pour atteinte à la sûreté de l’État. Les Britanniques ont accédé à la demande du monarque arabe de les emprisonner sur un de leurs territoires.
Leur détention va durer quatre ans car chacun à son tour, les trois hommes ont intenté une action en justice auprès de la Cour Suprême de Sainte-Hélène au titre de l’habeas corpus. La troisième action fut la bonne et les trois hommes sont libérés en 1961 et même dédommagés par la couronne.
Willem Merk
Pas de sang royal pour Willem Merk, sujet néerlandais qui a écrit une drôle de page dans l’histoire de Sainte-Hélène. Merk est en effet le seul prisonnier à avoir réussi à s’échapper de la prison de Sainte-Hélène ! Only Crybeams Have Regrets, un livre écrit par Peter R. de Vries, raconte cette histoire.
22 décembre 1990, la police de Sainte-Hélène investit le Frontier, un cargo néerlandais venu se ravitailler. La fouille est fructueuse. Derrière le poêle de la cuisine du bord, les policiers découvrent une cache et 5 tonnes de cannabis emballé dans des sacs noirs. L’équipage composé de Hollandais et de Ghanéens est interpellé. Ils sont jugés sur place et condamnés le 18 juillet 1991 à de la prison ferme. Le capitaine, William Merk, un Néerlandais de 55 ans à l’époque, écope de quinze ans qu’il doit effectuer dans la prison située juste à côté du commissariat et de l’église de Jamestown.
La une du St Helena News, l’hebdomadaire de l’île, après l’évasion de Willem Merk. (Photo : Ouest-France)
Au matin du 5 avril 1994 – il y a 25 ans jour pour jour – le lundi de Pâques, les gardiens découvrent une cellule vide. Des vêtements cachés sous la couverture donnaient l’illusion d’un corps et un magnétophone diffusait des ronflements ! Selon Peter de Vries qui a discuté avec William Merk baptisé Kapitein Iglo en raison de sa barbe blanche, l’évasion a été minutieusement préparée.
Tout d’abord, il a fallu fabriquer une clef. Merk en a pris l’empreinte à l’aide d’un morceau de savon. Puis avec une scie qu’il a dérobée et un morceau de métal, trouvé lors d’une de ses promenades à l’extérieur, il a confectionné cette clef.
Pour quitter l’île, il a utilisé un voilier confectionné par un insulaire complice et qu’il a baptisé Napoleon’s Revenge (La Vengeance de Napoléon). Merk a attendu quelques jours avant d’embarquer après s’être caché dans la montagne. Il dit avoir mis trois semaines à gagner le Brésil. Il s’est orienté grâce aux étoiles. Il s’est nourri avec des boîtes de haricots accumulées en prison, du poisson pêché et de l’eau douce provenant d’un jerrican. Captain Igloo a ensuite regagné les Pays-Bas.
Les Héléniens ne croient pas à cette version. Pour eux, William Merk a forcément bénéficié de complicités. L’histoire de la clef fabriquée, une foutaise. La porte de la cellule comprend trois serrures. Trois semaines pour parcourir plus de 3 000 km à bord d’un voilier qui tenait plus du radeau qu’autre chose, impossible !
En fait les soupçons se portent sur un Sud-Africain qui a été prisonnier en même temps que Merk. L’homme qui possédait un voilier ancré dans le port aurait dû quitter l’île une fois sa peine purgée mais il est resté quelques jours de plus en raison de problèmes de batteries. Il est finalement parti le matin du lundi de Pâques. Les autorités ont bien tenté de le rattraper, une fois l’évasion découverte, mais le voilier était déjà dans les eaux internationales. Merk est rentré ensuite aux Pays-Bas. Il n’a pas été poursuivi par les autorités de son pays.
Peu importe le scénario, Willem Merk est bien le premier prisonnier à avoir pu fuir l’île dont on ne s’évadait pas.

  Sur CNews et C8, l’évangile selon saint Vincent Bolloré Élise Racque Dans la nuit corse de Sartène, le cliquetis des chaînes résonne. Un p...