lundi 1 février 2010

L'ECUME DES JOURS


L’Écume des jours est un roman de Boris Vian publié en 1947.


Composée en 1946, rédigée aux dos d’imprimés de l’AFNOR, où il travaillait alors, l’édition originale, dédiée à sa première épouse Michelle, sera publiée le 20 mars 1947 aux éditions Gallimard/NRF. Boris Vian cite dans ce roman des lieux de composition fantaisistes (La Nouvelle-Orléans, Memphis, Davenport) aux États-Unis d'Amérique où il n’a jamais mis les pieds. Bien que soutenu par Raymond Queneau et Jean-Paul Sartre, qui en publiera des extraits dans le no 13 d’octobre 1946 des Temps modernes, il n’aura aucun succès de son vivant. Les personnages évoluent dans un univers poétique et déroutant, avec pour thèmes centraux l’amour, la maladie, la mort, dans une envoûtante atmosphère de musique de jazz, de climat humide et marécageux, qui rappellent les bayous de Louisiane.


Résumé
Ce qui suit révèle des éléments-clés de l'intrigue
Le lecteur ouvrant ce roman est directement confronté au jeu des inversions qui sous-tend la démarche globale : dans un univers absurde, qui imite l'univers du rêve et des plus étranges, le narrateur présente un personnage particulièrement banal et indéfini.
Le roman est centré sur le personnage de Colin, qui « possède une fortune suffisante pour vivre convenablement sans travailler pour les autres » ; un ami nommé Chick, qui ne dispose pas de cette chance, puisque, étant ingénieur, il est très pauvre (contrairement aux ouvriers). Le troisième personnage masculin est le cuisinier stylé de Colin, Nicolas.
Ce dernier va collectionner les aventures tout en restant aveugle face à l'amour d'Isis, une amie d'Alise et Chloé.
Un jour, Chick fait la connaissance d'une fille, Alise, qui est parente de Nicolas. Colin, jaloux, désire lui aussi connaître une fille, et tombe amoureux de Chloé lors d'une fête. Il se marie avec elle et donne une partie de son argent à Chick pour qu’il épouse Alise. Chloé tombe malade : elle a un nénuphar qui pousse dans son poumon droit. Pour la guérir, Colin doit lui acheter des fleurs, l’envoyer à la montagne et ne lui faire boire que deux cuillères d'eau par jour. Quand elle revient, le nénuphar n’est plus là, mais elle ne peut utiliser maintenant qu'un seul poumon. Colin doit chercher un travail pour acheter des fleurs, quand Chloé tombe de nouveau malade, de l’autre poumon.
Leur maison rapetisse progressivement et devient chaque jour plus triste et obscure, malgré les efforts de leur petite souris grise à moustaches noires pour nettoyer les carreaux et laisser passer les rayons de soleil.
Comme Chick aime plus Jean Sol Partre qu’Alise, celle-ci tue le philosophe avec un arrache-cœur (nom qui sera le titre du roman que Boris Vian publiera ensuite) et brûle les librairies proches de chez elle, mais elle meurt dans les flammes. Pendant ce temps, la police tue Chick parce qu’il ne paye pas ses impôts.
Lorsque Chloé est emportée par la maladie, Colin est ruiné. Comme il ne peut payer le prix fort, les religieux sont irrespectueux lors de l'enterrement. La souris cherche à mourir entre les crocs d'un chat car elle ne supporte plus de voir Colin si triste. Ce dernier semble se laisser mourir de chagrin.

L'avant-propos écrit par l'auteur

Dans son avant-propos, Boris Vian essaie d'intriguer le lecteur au moyen de leçons de vie contradictoires avec celles que l'on nous apprend habituellement. Par exemple, dès la première phrase, l'auteur nous conseille de juger avant de connaître : il semble vouloir provoquer[
Vian introduit son œuvre, qui sera « vraie puisque imaginée ». Il s'oppose aux écrivains réalistes et préfère travailler son imaginaire


Globalement, nous disposons de beaucoup d'indications physiques, mais très peu d'indications morales. D'autre part, nous ignorons son patronyme, sa généalogie, etc. Il y a une certaine recherche d'originalité. De plus, le point de vue utilisé est externe : l'importance est donnée aux détails visuels, le narrateur intervient très peu, et quand il intervient, c'est pour faire des jugements à partir de la façon d'être de Colin. Boris Vian se refuse donc l'omniscience de la narration
L'incipit est in media res, ce qui rajoute un effet de réel. Le lecteur surprend le personnage : on y croit tout de suite car le monde fictif existait déjà
Ce monde fictif est ancré dans un univers réel. On retrouve une scène intime et triviale et on rencontre le champ lexical de la salle de bain. Boris Vian fait du héros un personnage normal, à qui tout le monde peut s'identifier. Cependant, la fantaisie et le merveilleux sont omniprésents. Les événements réagissent à une logique loufoque, décalée (« pour se tailler les paupières en biseaux », « perça un trou au fond de son bain »). L'auteur installe l'anthropomorphisme avec le tapis qui se met à baver. Les allusions au conte sont aussi présents avec une référence à Blanche-Neige (« les comédons se voyant si laid (/si beau) dans ce miroir »), l'utilisation de l'imparfait intemporel et l'inconscience de ce personnage sans généalogie nous plonge dans le merveilleux. Enfin, le ton nous est donné avec le comique grâce à des comparaisons surréalistes et des jeux de mots subtils
D'emblée, Boris Vian nous annonce l'atmosphère du roman : un univers réaliste qui devient loufoque et comique, bien que connotant des thèmes évidents : le cancer, ses traitements coûteux, les mutilations que parfois il entraîne, la gêne économique, le commerce des armes, les banques, les médias, etc

Les personnages

Les noms de famille des personnages ne sont pas mentionnés, sauf celui d'Isis. Ils vivent avec des personnes de leur génération, dans un cercle d'amis (Nicolas, le cuisinier, deviendra ami avec Colin). Seuls Alise et Nicolas font partie de la même famille.
Colin : Dans le livre, dès les premières pages, il est comparé physiquement à un acteur et à un bébé (à cause de sa fossette, et de son attitude : « il était presque toujours de bonne humeur, le reste du temps, il dormait »). C'est un jeune homme aisé qui aime le jazz et l’amour et qui déteste la violence et le travail. « Il avait la tête ronde, les oreilles petites, le nez droit, le teint doré ». Il trouve le grand amour en la personne de Chloé, un amour fou qui lui fera perdre tout ce qu'il a de plus cher. La maladie de Chloé va l'obliger à travailler pour la première fois de sa vie : son premier emploi consiste à faire pousser des fusils, le second consiste à surveiller une réserve d'or et son dernier, annonceur de mauvaise nouvelle où il apprendra la mort de Chloé.
Chloé : Elle incarne la beauté et la féminité. Elle est la femme parfaite pour Colin, jeune, jolie, douce et attirante, mais fragile. Son nom provient d’un morceau dans l’arrangement de Duke Ellington de la chanson appelée Chloe (Song of the Swamp) - soit « Chloé - la chanson du marais ». Elle meurt d'un nénuphar dans les poumons.
Chick : Il est le meilleur ami de Colin, il est passionné et fou de la philosophie de Jean-Sol Partre même s'il ne comprend rien. C’est à cause de Partre qu’il sera parfois égoïste. Contrairement à Colin, il doit travailler pour vivre. Il est le petit ami d’Alise, mais il lui préférera Partre. Son nom a aussi, comme celui de Chloé un rapport avec le jazz, et constitue une anecdote personnelle de Vian. Il est le double inversé de Colin.
Alise : Elle est une jeune femme sentimentale et aimable. Elle est passionnément amoureuse de Chick et pleine de compassion pour Chloé mais se rend compte parfois que sa vie aurait été plus simple si elle avait épousé Colin. Sa passion pour Chick la poussera dans une folie meurtrière entraînant sa perte.
Nicolas : Il est l'oncle d’Alise et le cuisinier de Colin, disciple de Jules Gouffé. Il ne fait pas partie de la même classe sociale que les autres personnages. Il est en même temps un ami fidèle de Colin. Il a un comportement libertin quant à la sexualité; il ne remarquera pas l'attention d'Isis à son égard.
Isis : Elle est issue de la haute bourgeoisie et la seule à avoir une famille. Elle est amoureuse de Nicolas, même si ce dernier ne le remarque pas. La présence de son patronyme, de Ponteauzanne, permet à Boris Vian de critiquer la fausse noblesse à laquelle elle appartient.
La souris grise à moustaches noires : elle habite chez Colin. Au fur et à mesure que la maison rétrécira et deviendra de plus en plus obscure (elle s'assombrit et rétrécit en fonction de la fortune de Colin), elle essaiera de la rendre aussi lumineuse qu'au début de l'histoire. Mais elle échoue dans sa lutte inégale, et finit par se suicider sous les crocs d'un chat. Amie proche tant de Colin que de Chloé, leur malheur est très partagé.
Les personnages sont des stéréotypes, des caricatures de personnages, ils n'ont pas la nuance de la vérité. Boris Vian se libère ainsi de la conception traditionnelle des personnages. Les réflexions psychologiques sont faites à partir de leurs actions et dialogues. Des trois couples, seul le couple qui se contente d'une relation charnelle, moyenne survit. L'auteur dénonce ainsi que la passion est punie, la société condamne. Les personnages fonctionnent par reflet : Chick est par exemple le double inversé de Colin[

Thèmes

L'amour : De nombreuses formes d'amour sont présentes dans ce livre, l'amour fou entre Colin et Chloé, l'amour impossible entre Chick et Alise et l'amour physique entre Nicolas et Isis.
Le monde du travail : Boris Vian dénonce dans cette œuvre les conditions de travail inhumaines. Chaque personne employée est ramenée au rang d'une machine.
La musique : Le jazz est omniprésent tout le long du roman. Il y a de nombreuses références aux musiciens et compositions de jazz. Par exemple plusieurs « Z » de jazz sont à l'intérieur des mots (ex. : Doublezons, zonzonner…) et le nom de Chloé provient de l'arrangement de Duke Ellington intitulé « Chloé ».
La religion : Vian critique la religion à travers un mariage et un enterrement. Pendant le mariage, l'église est présentée comme avide d'argent. Le curé se réjouit de la mort du chef d'orchestre, comme il n'aura ainsi pas à payer les autres musiciens. L'enterrement est l'opposé du mariage, car Colin n'a alors plus d'argent. On jette le cercueil par la fenêtre, les deux porteurs sont sales, le conducteur chante à tue-tête, le Chuiche, le Bedon et le curé font une courte apparition sans avoir pris la peine de s'habiller correctement, lapident Colin, le cercueil est balancé dans la fosse. Le Christ, dans l'église, s'anime et demande à Colin pourquoi il n'a pas donné plus d'argent pour l'enterrement.
L'irréel : Bien que Vian base son roman sur une certaine réalité, l'irréel apparaît assez rapidement, surtout basé sur Colin et la perte progressive de sa richesse. Sa maison rétrécit littéralement au fil des chapitres. Le temps est également malléable et s'accélère : on passe directement du printemps à l'automne.
Le marécage : Le mot « écume » dans le titre de ce roman symbolise la mousse et l'humidité dans la dernière moitié du livre, où il y a beaucoup de références au marécage. L'appartement de Colin semble se transformer en marécage (les pas de Colin font des bruits mouillés et pâteux). On retrouve l'ambiance humide des bayous de la Louisiane, berceau du jazz qu'aime Vian.
Le star-système : Vian dénonce le culte de la personnalité avec le personnage Jean-Sol Partre, philosophe grotesque qui présente des échantillons de vomi empaillés lors d'une conférence. C'est une référence à La Nausée de Jean-Paul Sartre.
La superficialité : Vian critique la superficialité de la société. Colin ne se rend pas compte de combien Chick abuse de son amitié en lui demandant souvent de l'argent pour acheter des livres ou des objets de Partre. Vian se moque aussi de la mode, en prenant comme exemple le phénomène « Jean-Sol Partre », et le caractère insolite des acquisitions de Chick.
La maladie : Chloé est le personnage le plus affecté par la maladie, car c'est elle qui la porte. Tous les autres personnages sont aussi affectés, mais plus particulièrement Colin et Nicolas, qui vivent auprès d'elle. Le comportement de Colin change beaucoup. Il y a d'une part, son apparence négligée et d'autre part, sa perte d'envie de vivre malgré son épicurisme. Il y a aussi Nicolas, qui laisse paraître un vieillissement soudain : « Tu as vieilli de dix ans depuis huit jours. — De sept ans, rectifia Nicolas. » Le thème de la maladie apparaît pour la toute première fois au XXIIe chapitre, soit à la fin de la cérémonie de mariage de Colin et Chloé. Le signe initial de la maladie est la toux subite qui surprend Chloé à sa sortie de l'église. Ensuite, lors de la nuit de noce, le second signe est la neige qui se loge directement sur sa poitrine. Cette nuit passée, Chloé porte maintenant la maladie, le nénuphar. L'eau représente un symbole important, par le biais du nénuphar : celui-ci pousse dans l'eau, il a donc besoin de l'eau pour vivre. Par conséquent, Chloé ne doit absolument pas boire d'eau, car cela permettrait au nénuphar de grandir. De plus, elle doit toujours être entourée de fleurs non aquatiques pour combattre son mal : « Il dit aussi qu'il faut tout le temps mettre des fleurs autour d'elle, ajouta Colin, pour faire peur à l'autre… ». Vian a voulu inverser la symbolique de l'eau, qui représente la vie. Pour Chloé, l'eau est synonyme de tristesse et de mort.
L'espace : Dans ce récit, l'appartement de Colin est le lieu destiné à la maladie. De façon imagée, Chloé représente le nénuphar et sa chambre le marécage, car dans plusieurs passages du récit, il est dit que la chambre a pris une allure de sphère ou de marais : « Le bois du parquet giclait sous ses pas. » Il est aussi dit que l'appartement rapetisse, que l'humidité s'installe et que la lumière diminue. Une sorte d'isolement marécageux s'est établi, dû à la maladie : « Elle se rappelait encore la sensation du parquet froid comme un marécage. »
Le temps : La maladie est détectée tout de suite après le mariage et c'est la fin de l'hiver, soit le début du printemps. Encore une fois, la symbolique de l'eau est très présente puisque la neige fond, les plantes renaissent et les maladies germent. De plus, Vian aborde les thèmes de la chaleur et du froid inversement à la pensée commune. La chaleur est associée à la maladie, alors que le froid est considéré comme un remède : « Tu vas prendre froid ! s'écria Alise. Couvre-toi ! — Non, murmura Chloé, il le faut, c'est le traitement. ».
La discrimination : À la fin du roman au cercueil de la femme décédée de Colin, Chloé n'est pas respectée. En effet, celui-ci est jeté par la fenêtre par les personnes de la morgue. La dépouille ou plutôt le cercueil n'est donc en aucun cas respecté, car Colin n'a plus de moyens pour financer un enterrement convenable à sa regrettée épouse puisque celui-ci s'était ruiné pour la guérir avant son décès. Ici Vian veut démontrer la discrimination entre les personnes riches et pauvres car leur mariage fut somptueux du fait qu'il avait été payé le prix fort alors que l'enterrement est pathétique du fait que Colin n'ait plus d'argent.

Adaptations




L'Ecume des Jours fait apparaître six personnages principaux qu'on peut aisément regrouper de la manière la plus conformiste : en couples d'amis: Colin et Chloé ; Chick et Alise ; Nicolas et Isis.



Colin

Colin est un jeune garçon insipide et sans caractère bien défini (au moins au début du roman). On saura qu'il est "gentil" ce qui pourrait se traduire sans doute par "niais" car c'est bien sa situation affective devant Chloé. Tout ce qui le détermine (notamment le portrait de la première scène) évoque l'absence de la personnalité forte qu'on s'accorde à reconnaître chez les héros des romans classiques. Son prénom évoque celui qui "fait dodo" (quand il ne sourit pas, il dort !), en quelque sorte, le "petit frère" de l'auteur (la lucidité et l'ironie en moins !). En effet, les analogies avec Vian sont nombreuses (il aime le jazz, l'amour, a un intérêt certain pour la vie facile et le snobisme, il n'aime pas le travail, la hiérarchie, la violence, les ennuis, les difficultés relationnelles, etc.). On peut signaler que le colin est un poisson insipide et blanc, comme notre personnage qu'on rencontre dans l'eau de sa salle de bain. Propre et attentif à sa toilette jusqu'à l'excès, Colin ne ressemble qu'à un stéréotype : celui d'un acteur qui n'est même pas nommé ("celui qui joue le rôle de Slim") dans une comédie musicale de second ordre. En résumé, ce personnage est, dès l'abord ridiculisé par son créateur, incapable d'agir seul (il doit sans cesse avoir recours à des amis, pour séduire, pour manger comme pour mettre sa cravate, etc.), faible, timide, superficiel, velléitaire, assisté, tête en l'air (on ne traverse pas une patinoire sans regarder !), snob (goûts littéraires à la mode, décoration volontairement de mauvais goût). Ce personnage sans épaisseur est reduit à sa plus simple expression physique par un portrait insuffisant et stylisé (taille moyenne, "tête ronde", "oreilles petites", etc.). Son seul signe distinctif (la fossette au menton) est le résultat de son humeur sans consistance et de son sourire permanent.

Colin s'ennuie et se sert de ses amis pour se distraire n'hésitant pas à se montrer généreux s'il en tire un quelconque avantage. Ses activités sont restreintes (dormir, manger, boire), ou superficielles (tourner en rond sur la glace, écouter son cuisinier lui lire une recette). Son esprit est vide comme sa vie au début du roman et il a besion de faire-valoir pour exister. Ses préoccupations affectives tardives sont plus nettement sexuelles qu'amoureuses. En cela, la caricature canine que donne Vian de son personnage chez Isis est révélatrice. Comme la plupart des autres personnages de Vian, Colin nous est présenté sans famille, sans parents, sans biographie, sans origine. Enfin, il est riche, sans aucune notion de la valeur de l'argent, généreux par inadvertance, négligeant les biens matériels tant qu'ils abondent, séduit par tout ce qui brille ou est coloré (jaune et violet de préférence !)

Pourtant, malgré tous ces handicaps, c'est Colin qui sera le personnage principal de ce récit. Ainsi, nous allons assister à la métamorphose par l'amour d'une vie sans intérêt en une destinée tragique. Le personnage va perdre de sa superficialité au travers des épreuves qu'il va endurer et devenir réellement un héros face à l'adversité. Il vaincra ses répugnances les plus tenaces, perdra son insouciance, partagera le sort de Chloé, verra disparaître son monde, ses amis, sa vie. La transfiguration sera complète car le jeune homme souriant de l'incipit deviendra une ombre au rire désespéré.

Colin estriche, snob, niais, souriant, dormeur, superficiel...
Colin aimela patinoire, l'amour, le confort, le jaune et le violet, le jazz...
Colin n'aime pasle travail, la maladie, le mensonge, les fusils, la mort...
Colin deviendrapauvre, naturel, lucide, triste, insomniaque, profond...



Chloé

Chloé incarne la beauté et la féminité. Elle est l'objet de l'amour de Colin. Elle se présente d'ailleurs davantage comme un objet qu'un sujet. Elle porte le nom d'un morceau de Duke Ellington et l'amalgame est fait par colin lui-même : c'est un beau morceau ! Elle est jeune et jolie, insouciante (jusqu'à son mariage !) et sensuelle. Elle ne brille pas par son intelligence (l'argumentation au sujet du travail !), n'aime pas les situations compliquées, elle aime rire. Elle aime l'amour et les attentions de Colin mais semble souffrir du désintérêt de ce dernier qui, dès le mariage contracté, la néglige. L'amour qu'elle porte à Colin apparaît superficiel. Elle rit davantage de Colin qu'elle en est amoureuse. Elle tombe immédiatement malade après son mariage (toux sur le perron de l'église) et seul le geste de lui offrir des fleurs semble apaiser son mal. Elle dépérira comme une fleur sans qu'on puisse la soigner. Elle est la cause de tous les bonheurs et de tous les malheurs de son compagnon. Son sort est pathétique car, en réalité, elle meurt d'ennui. Ce personnage ne présente aucne épaisseur psychologique n'a pas de passé, pas d'avenir, pas de désirs identifiables, sa souffrance même lui échappe.

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Chloé estjolie, jeune, niaise, souriante, attirante, superficielle...
Chloé aimela patinoire, se promener, l'amour, le confort, la protection, les fleurs, les câlins...
Chloé n'aime pasle travail, les travailleurs, la maladie, les difficultés, l'ennui, le mariage...
Chloé deviendra malade, faible, morte...



Chick

Chick est le meilleur ami de Colin en apparence (un chic type !) mais son comportement avec Colin est celui d'un profiteur méprisant, égoïste et méchant. Sa mort en est une cruelle illustration. Aucune description physique du personnage n'est donnée mais sa psychologie perturbée de monomaniaque collectionneur montre un personnage envieux et frustré (il travaille alors que Colin est rentier !). Il extorque de l'argent à son oncle, à son ami. Il fera le malheur d'Alise et le couple apparaît comme le négatif de celui de Colin et Chloé. Leur mariage n'aura pas lieu et l'égoïsme de Chick répond à l'amour altruiste de Colin pour Chloé. Sa folie pour Partre est d'une totale superficialité (il n'en comprend pas un traitre mot !) et d'une complète déraison.

Chick est jeune, profiteur, menteur, envieux, superficiel...
Chick aimePartre, la patinoire, le confort, l'argent...
Chick n'aime pasle travail, les travailleurs, les impôts, le mariage...
Chick deviendraaigri, fou, mort...



Alise

Alise est une jeune femme sentimentale et aimable. Elle ne sera pas décrite physiquement (pas plus que les autres personnages) mais présente une psychologie plus aboutie car elle est capable d'intérêt pour le bonheur de Colin et la maladie de Chloé. Elle regrettera rapidement de ne pas avoir rencontré Colin à la place de Chick. Elle est la preuve que la vie est mal faite car un couple Colin et Alise est souvent dessiné en contrepoint dans le roman. Son désespoir face à la folie de Chick est total ce qui la conduira au meutre de Partre qu'elle rend responsable de son malheur. C'est un personnage pathétique.

Alise est jeune, joile, aimable, altruiste, intelligente...
Alise aimela patinoire, l'amour, le mariage, l'amitié...
Alise n'aime pasPartre.
Alise deviendra
désespérée, meurtrière, abandonnée, morte...



Nicolas

Nicolas est un subalterne qui deviendra un ami de Colin, probablement un des plus fidèles. Il n'appartient pas à la même catégorie sociale que les autres personnages principaux et on ne cesse de le rappeler au début du roman. Cuisinier obséquieux, il se transformera dès qu'il reprendra sa liberté en un être grossier et salace, personnalité qu'il ne faisait donc que dissimuler. Séducteur, volage et arriviste, réputé pour sa virilité (il fait pour cela l'admiration de tous !), il formera un couple équilibré avec Isis malgré les différences sociales qui les caractérisent. Il reste fidèle à Colin et se montre plus fiable que Chick. Il représente l'équilibre et la réussite, l'intelligence, le bon sens (si toutefois il y en a un dans l'Ecume des jours !).


Nicolas estobséquieux puis vulgaire, séducteur, intelligent, qualifié, altruiste, fidèle...
Nicolas aime les filles riches, l'amitié...
Nicolas n'aime pasrien car tout l'indiffère
Nicolas deviendramarié, riche, attentif au sort de Colin...

Isis

Isis est la seule à posséder un patronyme (Ponteauzanne) un famille un père et une mère (absents mais mentionnés) un appartement immense en centre ville une fortune importante. Elle est issue de la haute bourgeoisie et tombe amoureuse de Nicolas pour son côté vulgaire et populaire. Elle est une entremetteuse qui a arrangé la rencontre de Colin et Chloé pour débarrasser Chick de l'intérêt de Colin pour Alise. Son rôle est mineur mais elle imprime une présence sensible en arrière plan et conserve un intérêt sincère pour le malheur de Colin jusqu'à la fin du roman.

Isis estriche, intelligente, capable de compassion...
Isis aimeles hommes du peuple, l'amitié...
Isis n'aime pasrien car tout l'indiffère
Isis deviendramariée, attentive au sort de Colin...



Jean-Sol Partre

Jean-Sol Partre est l'anagramme de Jean-paul Sartre dont Vian était l'ami. C'est un hommage (note de musique dans le prénom !) au grand penseur qui le fait figurer dans le roman, mais un hommage à la Vian : irrespectueux, caricatural et drôle. Partre est un prédicateur obscur et cérémonieux qui manie les foules (intellectuelles, snobes ou qui se prétendent comme telles !) en maître vénéré et impérieux. En fait, il dit n'importe quoi et personne ne le comprend alors que tous se réclament de lui. C'est à peu près la situation au moment de la rédaction de l'Ecume des jours dans l'intelligentia parisienne ! L'exagération, comme toujours dans le roman, rend compte de la réalité avec davantage de finesse qu'une objective description. Source des maux de Chick (drogué au Partre !), puis d'Alise, il accepte volontiers, en philosophe, son propre meurtre.

Partre estphilosophe, cabotin, incapable de compassion...
Partre aimeles honneurs, rire du malheur des autres...
Partre n'aime pasrien car tout l'indiffère
Partre deviendramort



L'antiquitaire

L'antiquitaire est un alter ego de Colin, que ce dernier rencontre quand il doit se défaire de son pianocktail. Il est, comme lui, bringueur, buveur, musicien, faible en discussion commerciale, attachant, capable de compassion.

L'antiquitaire est musicien, gentil, capable de compassion, intelligent, alcoolique...
L'antiquitaire aimele jazz, rire, boire, ne pas travailler...
L'antiquitaire n'aime pasla maladie
L'antiquitaire deviendra une aide temporaire pour Colin



Mange-manche est davantage un clown qu'un médecin. Son aspect sérieux n'est qu'une apparence (a-t-il avalé un manche à balais ?) car il boit et fait semblant de travailler pour s'adonner à une passion enfantine : celle des maquettes. Tout en lui est donc positif pour Vian (il n'est pas "le premier venu") mais il ne peut enrayer la maladie qui prend source chez Chloé plus profondément.

Mange-manche estclown, cabotin, capable de compassion, intelligent, alcoolique...
Mange-manche aimeles maquettes, rire, boire, ne pas travailler...
Mange-manche n'aime pasla maladie
Mange-manche deviendraincapable de soigner chloé

dimanche 31 janvier 2010

L'UCHRONIE

Tout d'abord, qu'est-ce que l'uchronie?




Ce mot est basé sur la racine grecque U (non) et CHRONOS (temps) : un temps qui n'existe pas ... ou du moins pas physiquement. Voici la meilleure définition que j'ai pu trouver :
«Uchronie, n.f. :(de chrono- d'après utopie; 1876) Philos. : reconstruction historique d'événements fictifs, d'après un point de départ historique et un ensemble de lois. »

(Larousse, Dictionnaire de la Langue Française, Lexis 1992)


Car ce temps peut exister dans les songes de chacun. L'uchronie c'est ... un monde où l'empire romain a perduré, où Christophe Colomb n'a pas découvert les Amériques, où Napoléon n'a pas perdu la bataille de Waterloo, où les Nazis ont gagné la Seconde Guerre Mondiale. L'uchronie c'est donc un monde où, à un moment donné, il y a eu une divergence par rapport au nôtre.
Dans cette définition de l'uchronie, je prends en compte les divergences par rapport à l'Histoire que nous connaissons: aussi bien la véritable notion d'uchronie, comme elle apparaît dans Fatherland de R. Harris, que les univers parallèles, à partir du moment où il est fait mention d'une divergence historique, comme par exemple dans L'avènement des chats quantiques de F. Pohl .


En France bien des ouvrages ont été édités sur le sujet mais sont-ils tous connus?
Sait-on par exemple que le premier roman uchronique a été écrit par un français au XIXème siècle? Et que Jean d'Ormesson (de l'Académie Française, s'il vous plaît) a écrit un roman uchronique?


Je vous recommande aussi fortement la lecture du livre de Éric B. Henriet L'Histoire revisitée qui propose un excellent panorama du genre, accompagné d'une formidable bibliographie francophone et internationale.


Ce sont ces mondes-là et bien d'autres que je vais tenter de vous faire visiter à travers tous les livres publiés en France sur le sujet (ou du moins tous ceux que je connais ...).
La gloire de l'Empire (1971)
Folio n° 2618 (1994)
693 pages
2-07-038941-3
Uchronie. Date de la divergence
Quatrième de couverture : En écrivant la chronique d'un fabuleux empire imaginaire où toutes les passions humaines ont servi les ruses de l'histoire diplomatique et militaire, Jean d'Ormesson à retrouvé le ton des grands historiens du XIX ème siècle. Il a pastiché avec le plus grand brio les récits historiques classiques, les querelles d'érudits, tout en créant une aventure romanesque pleine de bruit et de fureur, d'amour et de poésie, autour du règne d'Alexis aux prises avec les hordes barbares.
Histoire de la Monarchie universelle: Napoléon et la conquête du monde (1812-1832)
Taillandier (1983)
388 pages
2-2-3501-5301
Uchronie. Date de la divergence : 1815




Quatrième de couverture
Les éditions Taillandier apportent avec ce livre une pièce décisive au délicat dossier de la vérité historique. Pour quelles obscures raisons (idéologiques?) nous fait-on croire que Napoléon (1769-1832) s'est embourbé en Russie? Quel masochisme malsain- et non fondé- nous a soufflé que, vaincu en 1814, il aurait été exilé dans une première île, d'où il se serait échappé (comme si on s'échappait d'une île!) pour être battu à nouveau et relégué dans une seconde île (quelle manque d'imagination!) où il serait mort en ... 1821, un frère de Louis XVI régnant alors sur la France! Pourquoi toute cette intoxication? Pourquoi les historiens "officiels" ont-ils censuré et occulté le seul livre véritablement historique consacré à l'apogée de L'Empire (1812-1832) et publié à chaud 4 ans seulement après la mort de l'Empereur- soit en 1836- par Louis Geoffroy.
Puisse cette réédition ouvrir les yeux des jeunes générations et leur apprendre ce qui s'est réellement passé: après avoir conquis Moscou en 1812, Napoléon est entré à Petersburg puis, fort des ressources de tout le continent et de l'appui moral du nouveau pape, le cardinal Fesch, son oncle, a réussi le deuxième débarquement en Angleterre de l'histoire: tous les pays européens sont alors devenus des royaumes vassaux du Souverain de l'Europe. Il y eut ensuite la conquête de l'Empire ottoman, de l'Afrique, de la Chine, de l'Australie et des Amériques. Napoléon devint alors- il faut tout de même qu'on le sache- le seul monarque universel que la terre ait jamais porté...
Fantasmes? Voire! Érigée sur le mont Valérien, la gigantesque pyramide que nous connaissons bien n'est-elle pas là pour attester que l'Empereur, qui y est inhumé, est mort dans son lit, à Paris? Est-il permis d'ignorer qu'il fit, au retour d'une expédition en Afrique, miner l'île de Sainte-Hélène, bientôt engloutie par les flots et qu'aucune carte maritime ne mentionne plus? Voilà, entre mille autres faits avérés, deux preuves bien concrètes des assertions de Louis Geoffroy.
Cet ouvrage solide et documenté, dont la force de conviction réside aussi dans un accent de vérité qui ne saurait tromper, nous incite donc à opérer une véritable révolution copernicienne des idées reçues sur Napoléon. Ce qui n'est pas le cas- c'est le moins qu'on puisse dire- du texte, présenté à la suite en guise de récréation, dans lequel
J.B. Pérès prétendit, en 1827, du vivant même de l'Empereur, démontrer au terme d'une argumentation délirante comme quoi Napoléon n'a jamais existé.

L'incroyable ouvrage de Louis Geoffroy, Napoléon Apocryphe, publié en 1836 est peut-être bien l'ancêtre et le chef-d’œuvre des textes de politique-fiction.
Eric B. Henriet

L'HISTOIRE REVISITÉE

Panorama de l'uchronie sous toutes ses formes (1999)
Encrage / Les Belles lettres (Novembre 1999)
226 pages.
2-911576-16-9 (Encrage) 2-251-74103-8 (Les Belles Lettres)

L'HISTOIRE REVISITÉE Deuxième édition revue et augmentée

Quatrième de couverture
« Uchronie » est un néologisme du XIXe siècle fondé sur « utopie » et « chronos ». Il s'agit donc « d'utopies temporelles » ou, en d'autres termes, de récits dans des temps « qui auraient pu être » mais ne sont pas... Ce mot figure pour la première fois dans le titre d'un livre que Charles Renouvier fit paraître en 1876, Uchronie, l'utopie dans l'Histoire. Il s'agit pour Renouvier de réécrire près de mille ans d'histoire européenne telle qu'elle aurait pu être (si les Antonins avaient banni les chrétiens en Orient) en décrivant le « développement de la civilisation européenne ». Un nouveau genre littéraire était né dont l'ampleur ne fera que croître au XXe siècle puisqu'on dénombre aujourd'hui des centaines de récits à caractère uchronique. Avec cette prolifération de textes, apparaissent des ramifications en sous-genres de plus en plus nombreux. C'est un panorama complet de l'uchronie sous toutes ses formes que nous propose Eric Henriet, ingénieur, polytechnicien, passionné de science-fiction et d'histoire.

Sommaire
Préface, par Eric Vial
  • En guise d'introduction, un peu d'étymologie
  • A la recherche d'une définition
  • Limites de la classification
  • L'événement fondateur ou point divergent de l'Histoire...
  • ...et sa relation avec le temps du récit
  • Aux origines du genre étaient...
  • L'uchronie : un outil pour historien ou un jeu pour auteurs de SF ?
  • Uchronie ou uchronies : deux visions antithétiques
  • Quelques grands thèmes à la mode
  • Le cas particulier des uchronies portant sur la seconde guerre mondiale
  • Le steampunk, un sous-genre très récent
  • Autres pays, autres mœurs...
  • Un genre exclusivement littéraire ?
  • Un texte inclassable et visionnaire !
  • En guise de conclusion
Annexe 1 : Compléments pour découvrir l'uchronie et ses avatars
Annexe 2 : Ebauche d'une chronologie du genre jusqu'à 1939
Annexe 3 : Uchronies en francophonie
©La Porte des Mondes et Icarus
Toutes les critiques sont copyright © 1999 par leurs auteurs.






mercredi 18 novembre 2009

Dis pourquoi papy ?









P O E ME

 

 
 

 
" Dis-moi pourquoi Papy je te vois si souvent
Défiler dans la ville avec tous tes copains ?
Vous portez des drapeaux, dans la pluie, dans le vent
Marchant du même pas, unis main dans la main.
Dis-moi pourquoi Papy, de l'église au cimetière
Au monument aux morts, on entend le clairon ?
Vous déposez des fleurs sur des dalles de pierre
J'aimerais bien savoir : quelle en est la raison ?

   
Dis-moi pourquoi Papy  brillent sur vos poitrines

Ces médailles, colorées que vous portez fièrement

Pourquoi vos défilés sont silencieux, si dignes


Et ce que signifient tous vos rassemblements?"
 

   

" En réponse mon petit, notre Patrie la France
Pour être grande et forte compte sur ses enfants
Beaucoup d'entre eux sont morts le cœur plein d'espérance
Pour que vous puissiez vivre en paix tout simplement.
V
Regarde-les passer, respecte leurs emblèmes
Car tous ils ont donné avec le même élan
Leur jeunesse, leur sang, le meilleur d'eux-mêmes
Sois fier de leur passé, ce sont des combattants."

  



 

   

«
(Jacques HEIN)

 


dimanche 7 juin 2009

MACHA MERIL

Macha Meril a écrit :
« Un jour je suis morte…"
"J’ai eu du mal à m’en remettre, je ne m’en remets pas en vérité… »

« Je ne l’ai pas su tout de suite
Que j’étais morte
Les signaux sont apparus petit à petit…
On ne peut pas accepter une chose pareille d’emblée
C’est intenable…

Peu à peu tout a changé
Le présent, l’avenir, la couleur du ciel, la couleur de mes yeux…

La couleur…
La simple couleur…

Ma vie a continué pourtant
En gris, sans contrastes, d’une manière étale
Rien de saillant, aucun évènement à souligner, à mettre en gras
Autrefois on disait de l’écriture qu’elle avait des pleins et des déliés : j’étais déliée…
Je ne connaissais pas le plein
Les pleins sont devant, j’étais derrière, je venais après, en mince filigrane…


Si le soleil est la vie, j’étais la lune !

Je n’ai pas le sentiment d’avoir une existence propre !je récolte les restes d’énergie gaspillée autour de moi, comme une glaneuse ramasse le blé oublié dans les champs…
Cette existence parallèle n’est pas pénible : j’ai, comme les autres, des moments heureux, des moments joyeux, qui ont toute l’apparence du bonheur. A me regarder, on pourrait m’envier…






Je ris, j’ai les joues roses, je bronze, je jouis, j’invente…
mais ça ne sert à rien, puisque je suis morte...
Ce que je produis ne s’inscrit nulle part, ni ne peut être retenu, fixé…on passe à travers moi comme à travers un nuage !
Ma présence – ou mon absence –n’a aucune importance…je n’appartiens pas à ce temps,
je suis un maillon manquant qui sera annulé dans la chaîne de l’évolution…
Ma mort n’est pas silencieuse : je suis apparente, vociférante, rigolante…
L’imaginaire est mon terrain : les vies imaginaires, les rôles imitant une réalité amplifiée…
On me regarde, je suis là, mais je ne suis qu’un reflet insaisissable dans un miroir tendu pour vous faire oublier votre réalité, bien réelle ! Mon image a l’efficacité des évocations de l’improbable, des sylphides frémissantes des tableaux, des madones navrantes…. Vous vous confondez avec vous-mêmes, vous croyez que je suis un concentré de vie, or je suis une apparition, une ombre, je n’existe pas…
Je suis convaincante parce que je suis désincarnée mais je suis une victime…
Je fais rire, pleurer, je torture, j’agresse, je réconforte, je donne de l’espoir, mais moi je ne peux pas boire de cette eau-là, je n’ai de pas bouche pour boire, je suis une femme sans bouche…
Vous pensez que je dramatise ? Que je ne suis pas seule dans ce cas ?
Je sais, la nature est peuplée de surgeons inutiles, d’émouvantes pousses illégales qui s’obstinent au pied des arbres et ne fleurissent jamais… D’animaux antiques, magnifiques, qui disparaissent faute de se reproduire…
De tortues aux carapaces préhistoriques…
Je suis une tortue préhistorique !
Cela va s’arrêter là avec moi, avec mes dents intactes et ma douleur …
Vivre avec moi-même n'est pas commode !
pas infaisable puisque je parle, mais incommode...
je porte mon lourd cadavre sur le dos, chacun de mes efforts est multiplié par cette charge pesante...
C'est épuisant certains jours, quand je suis à vif, moins distraite, moins complaisante...

Le plus souvent je tente le coup!
Je tente de faire semblant d'être vivante!
On arrive à tromper la conscience, à l'enfumer...Avec une plat de spaghettis, un bon gâteau, un joli dessin, quelques poèmes, de jolies photos de croisière, avec la curiosité qu'on éveille chez une nouvelle connaissance, quelqu'un "qui ne sait pas, qui ne sait rien" ...
Puis le froid de la vérité revient, ridiculisant mes misérables illusions et les ténèbres reprennent leurs droits...
Tous leurs droits
Toute la place
Je ne peux prétendre à rien, je ne peux rien offrir, puisque je suis morte,


sans enfant, hors de la vie...
Ça y est : le mot atroce est écrit noir sur blanc!A présent je suis démasquée...La supercherie est dévoilée... comme des chefs d'Etat canailles sont promptement épinglés! la justice internationale les rattrape dans des délais qui s'écourtent.
Tôt ou tard moi aussi je suis rattrapée...Je me suis aperçue que j'ai accéléré moi-même le processus du dévoilement, je ne laisse plus traîner, je dissimule de moins en moins, je réduis la période des ersatz du bonheur...
De l'imposture...je ne perds plus de temps à raconter ma vie embellie, à pudiquement cacher mon état! cette honnêteté -ou cette lassitude?- m'oblige à concevoir des pratiques différentes dans cette étape de la conscience : il faut que je trouve une place, ma place, même modeste...Je ne veux plus mentir, sans honte...Je sui une personne "en plus", mais je suis là!
Si j'étais vraiment indésirable, on me l'aurait signifié, je me serais liquéfiée, dissoute...
Si je suis encore là c'est qu'il y a un sens à ce non-être...
A moi de le trouver...
Voilà mon travail nouveau, voilà ma tâche...
Premier pas donc : cesser de feindre! Inciter les autres à me voir telle que je suis, humaine et fantôme à la fois...
Absente et agissante! de l'extérieur on ne voit pas que je suis morte, au contraire! A bien des égards je suis même plus vivante que les vivants!
Au premier coup d'œil on s'y méprendrait! Beaucoup s'y méprennent… Quelques uns vont jusqu'à m'envier!
Quelques flétrissures marquent l'intérieur de mes cuisses et de mes bras, la chair est moins délicate, mais rien de spectaculaire! Rien de catastrophique!
Il ne peut pas y avoir que des désavantages...
Le néant a ses charmes, comme le silence sidéral, l’au-delà temporel...
Figée dans mon inutilité, je suis moins périssable!
Ceux qui vivent s'oxydent, s'usent, se fatiguent, se transforment, se divisent, se décomposent!
Moi je reste intègre, une et inaltérable, le temps n'a pas de prise car je suis hors du temps, transparente... »

Comme c’est bien écrit, comme je m’y retrouve…






samedi 6 juin 2009

TOUJOURS AU MARIN

le mecanicien a oublié de mettre des joints et c est pour ça que le gazoil fuit partout dans la cale !

mais il etait parti en metrople et ne rentre que demain

Jean va prendre rdv avec lui des que possible

sinon nous avons rassemblé près de dix bateaux pour aller au Venez

car il y a pas mal de demandeurs... ou bien il y en a qui renoncent a rester, laissent leur bateau au chantier la bas
et rentrent en metrople pour l été! preferant ne pas prendre de risques!
nous esperons que tout se passera bien

jeudi 4 juin 2009

DU MARIN

a titre indicatif, le plein d eau fait à Pointe-à-Pitre le 1er avril dernier : je suis encore sur le premier réservoir!!
donc moins de 500 litres en deux mois en principe
cela est aussi dû aux précipatations nombreuses qui m'ont permis de remplir mes bidons et d économiser pas mal
nous irons reremplir chez bichik avant de partir
ensuite je sais qu on peut reremplir à Carenero sur le continent venezuelien
je ne me fais donc pas de souci la dessus
par contre le moral n est pas terrible
et puis je souffre de la chaleur et dors mal
suis souvent à dormir dans le cockpit!!! et me retrouve mouillée sous l 'averse!!!